ZEROSECONDE.COM: septembre 2004 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Rechercher, rechercher, il restera toujours quelque chose à trouver

Dans la langue de molière, il n'y a pas de nuance explicite entre 'rechercher' (information retrieval) et 'rechercher' (research). Recherche en français signifie "trouver de l'information", avec un flottement quant à la référence au moyen ou à l'objectif.

Le grand dictionnaire terminologique donne lui aussi plusieurs définitions selon les domaines d'activité : retenons celle de l'informatique ("Fonction qui permet de trouver des données spécifiques") et des sciences de l'information ("Consultation des instruments de travail et des fonds d'archives correspondants dans un but d'information"). La référence au moyen est plus claire en informatique et celle relative à l'objectif est plus évidente en sciences de l'information. (Ce qui expliquerait le fossé entre les programmeurs et les communicateurs dans des projets de Gestion de contenu).

En Information Retrieval, le moyen, ce sont les outils du traitement de l'information sur un corpus documentaire (exemple Google). L'objectif serait de repérer et ramener de l'information pertinente. Le Data Mining, par exemple aurait cet objectif. Le bouton "Search" laisse peu de place au doute sur le sens des découvertes qui sera faite: l'information retournée sera du data.

Mais quand est-il de la connaissance?

En KM (knowledge management - mais je préfère le nouveau terme Knowledge work management) le moyen peut être l'empirisme, l'objectif c'est de découvrir, de produire de nouvelles connaissances.
"Knowledge Management is not about acquiring more information. It is about expanding the ability to get results - even with the same information".
C. Jackson Grayson, chairman and founder of the American Productivity & Quality Center (APQC)
(via Florian Heidecke)

La construction de l'intelligence se fait dans un processus de transformation de l'information:
  • Data : l'information est formellement inscrite sur un support

  • Information : mise en forme des datas

  • Connaissance : formation des idées

Quand nous consultons une page Google, nous ne disposons pas seulement d'une page de résultat provenant d'un savant croisement combinatoire binaire, mais d'une représentation du monde dont la neutralité n'est pas démontrée. Derrière la liste se cachent des principes implicites de classification du savoir et d'organisation de la connaissance.

Rechercher n'est pas un acte technique sans conséquence. La recherche façonne notre conception du monde. Je parlais de findability et de savoir mobile plus tôt, il serait temps de parler de serendipité et du google pagerank comme nouveau mode d'appréhender la complexité entropique de la connaissance sur Internet. Mais pour l'instant, je vais aller me coucher, ce sera pour une autre fois...

Qu'est que l'autorité cognitive?

Patrick Wilson dans son livre "Second-hand knowledge: An inquiry into cognitive authority" donnait cette définition:
“We shall say that person A is a cognitive authority for person B with respect to sphere of interest S to the degree that what A says about questions falling within sphere S carries weight for B. ( source )”
Sur Internet, les usagers doivent utiliser des mécanismes de contrôle pour réduire (filtrer) la masse d'information disponible, en l'absence de contôle de qualité que l'on retouve dans le monde de l'imprimé (revue des pairs, système de référence, réputation des éditeurs, crédibilité d'une institution d'enseignement, etc).

Quels sont les codes de reconnaissance sur lequel un usager d'Internet se repose pour décréter une information pertinente? Autrement dit, sur les 100 premiers liens que suggère Google à une question ouverte, quelle est la stratégie cognitive utilisée par l'usager pour décider de croire ce qu'il trouve?

Wilson propose quatre vecteurs de l'autorité cognitive ( source PDF ):
  1. Autorité personnelle (nom de l'auteur)

  2. Autorité institutionnelle (nom de l'hébergeur)

  3. Autorité du genre (type de document*)

  4. Autorité du texte (plausibilité intrinsèque du contenu)
(* le point 3, type de document: par exemple un dictionnaire possède en soi une crédibilité indépendamment de ces multiples auteurs, ou par exemple un rapport annuel...Sur le web on aurait le wikipedia ou le pdf).

Sur le web, le nom de l'auteur et l'hébergeur sont des codes de reconnaissances déjà connus. Par contre, la difficulté réside dans le "genre de document" et la plausibilité du texte. Est-ce que le carnet web est un genre de document? Je crois que oui. La montée des blogues corporatifs démontrent que ce type d'outil possède la crédibilité pour construire une autorité cognitive, rapidement. On s'en reparle ici.

Acquisition de Furl par LookSmart

Demain sera annoncé l'acquisition de Furl par LookSmart.

Furl permet, à la manière de del.icio.us de partager ses signets sur le web. Avec la particularité singulière de permettre de conserver une copie de la page et de permettre une recherche plein texte.

Sur ma page, dans la colonne de gauche, j'ai rendu accessible mes signets Furl. Ça donne un bon indice de la saveur de mes prochains billets et de mon intérêt du moment...

P.S. 4 octobre : fil web de mon FURL : http://www.furl.net/members/martinlessard/rss.xml

PPS 1 février 2005 : je l'ai remplacé par del.icio.us maintenant http://del.icio.us/martinlessard

Nouveau paradigme publicitaire

"In traditional advertising models, the advertiser holds all the cards. They decide what they want to spend, and most importantly, where they want to spend it.

But the rise of pay-for-performance networks like Overture and AdWords/AdSense has changed this relationship in significant ways"

À lire sur Robin Good

Findability, CMS & Information Architecture

"Design for Findability : You can't use what you can't find."

Les CMS (Content Management System) ou SGC (Système de gestion de contenu) mettent souvent l'emphase sur, non pas la gestion du contenu, mais sur la gestion de publication. Ce qui est en fait un abus de langage : on devrait dire un SGP, Système de Gestion de Publication.

Les compagnies soucieuses d'avoir un intranet efficace oublient souvent qu'une information ne s'arrête pas à sa publication et à de belles mises en pages ergonomiques. Mais si l'information n'est pas retrouvée, elle n'a aucune valeur.

Les SGC sont conçus pour que les auteurs retrouvent leur contenu, mais pas nécessaire pour que les usagers s'y retrouvent. L'outil de recherche pour les usagers est souvent pensé après coup.

L'architecture de l'information pour un intranet ou un site internet est devenu essentiel. En faisant appel à un spécialiste en SEO (Search Engine Optimization), après coup, au mieux on pourra rendre le site "retrouvable" sur un engin de recherche mais il est trop tard pour permettre de retrouver l'information à l'intérieur. C'est ce que l'on appelle le concept de "findability" (avez-vous une traduction moins barbare que 'retrouvabilité'?)

L'architecte de l'information, Peter Morville décrit ainsi le concept de "findability" et de "Information architecture":
"[Findability is] the quality of being locatable or navigable. At the item level, we can evaluate to what degree a particular object is easy to discover or locate. At the system level, we can analyze how well a physical or digital environment supports navigation and retrieval."

"[Information architecture] is a discipline concerned with the structural and semantic design of shared information spaces."

"Findability is a goal of IA, along with usability, desirability, credibility, and accessibility."


Pour plus d'info, lire l'article de Martin White "It’s Not Just About Searching—It’s About Findability" ( Via Robin Good )

Voici les blogues sur l'architecture de l'information :

Bloug de Louis Rosenfeld
Noise between stations de Victor Lombardi

Voici des articles sur la "findability"
Writing for Search Engines
Writing for the Web
Web Writing
SEO Copywriting
et un blogue :Writing the Web ( via findability.org )

Types de carnet corporatif

Dans une note sur le site du groupe interstructure, j'avais listé 6 types de carnets corporatifs.
Il y a les carnet de type "annonce", comme relais aux communications interne et externe:



1. le blog de service à la clientèle ( voir StonyField farm)

2. le blog d'image de marque (voir Jonathan Schwartz, COO, Sun Microsystems)

3. le "knowledge blog" (voir Éric Baillargeon", spécialisé en positionnement dans les engins de recherche)

Il y a les carnets de type "réflexion", comme mode de communication entre pairs ou fournisseurs :

1. Le blog d'événement (par exemple, Opossum [qui l'utilisait de cette façon cette semaine-là])

2. Le blog collaboratif, (voir ConstellationW3)

3. Le blog "culturelle", comme [interstructure], qui sert à faire partager notre culture d'entreprise et notre vision de la technologie.

Évidemment, un carnet peut être tout ça à la fois aussi.
Inspiré de Beginner's Guide to Corporate Blogging


Je cherchais à ajouter des carnets corporatifs qui ne sont pas dans le domaine technologique. En voilà un de type "réflexion" qui illustre leur culture d'entreprise: http://www.signsneversleep.com/ [EN]. Une boîte d'enseigne sur bois. Simple, efficace, pas marketing pour deux sous et pourtant diablement vendeur...

Certains me demandaient qu'est ce qu'une petite boîte pouvait faire avec un carnet. Dites-moi si vous auriez confiance en cette compagnie qui fabrique des panneaux de bois : la note sur la température dans l'atelier est craquante!

Pour plus d'info sur les carnets corporatifs : Robert Scoble (Microsoft) "Corporate blogs manifesto" (un très beau PDF pour satisfaire l'oeil des "exécutifs pressés") ou l'excellent site www.corporateblogging.info/

Lire aussi "Quelles opportunités pour les PME "ordinaires", pour lesquelles le contenu "immatériel" n'est pas considéré comme l'élément essentiel du métier?"

Le savoir mobile

Je vous avais déjà mentionné Kant et sa révolution copernicienne des concepts dans une note récente. Je suis tombé sur un texte (et je reviendrai sur cette notion fascinante de "tomber sur une information"), sur un texte, dis-je, qui donnait une introduction aux Problèmes et enjeux de l’évaluation de l’information sur Internet : dans l’accès au savoir, la digitalisation de l'information apporte une sorte de révolution copernicienne dans la lecture. (j'ai de la suite dans mes notes, non?).

Auparavant, avec le monde de l'imprimé il existait une certaine fixité du savoir et une mobilité des lecteurs ou des élèves :
[L]'usager, le lecteur, l'élève tournaient autour du savoir, immobile, qui était contenu dans des lieux fixes (écoles), des réserves documentaires (bibliothèques...), des ouvrages (dictionnaires...), concentré, détenu par des acteurs sociaux identifiés (enseignants)...
Alexandre Serres

Sur Internet, c'est l'inverse : le savoir tourne autour de l’élève, les textes autour du lecteur, l'information autour du consommateur. Le savoir devient mobile, en constante circulation sur les réseaux et en constante réorganisation. Le phénomène des carnets et les fils RSS le montrent bien : l'information circule !

Conséquence majeure sur l’école : elle finit de perdre son monopole déjà entamé de dépositaire unique du savoir.

Conséquence majeure pour les compagnies du savoir : la perte de contrôle sur l'image corporative (fin du monopole de transport d'information à la porte du consommateur -dépliants, publicités, images - l'usager peut faire une recherche simple pour trouver une information contredisant le message corporatif).

Les usagers sont désormais confrontés à l’éclatement des savoirs, des informations, de la connaissance, au moment même où le processus d’évaluation de la qualité reposent davantage qu’avant sur eux. (nous reviendrons sur ce thème).

Il faut former à "l’évaluation de l’information" de manière critique, y compris sur "l’évaluation de l’évaluation de l’information". ( Voir ma note sur l'autorité )

"Toto, I've a feeling we're not in Kansas anymore"

Formule du succes pour un carnet

Dave Pollard, dans un (toujours) interessant article (Blog success formula: fill an unmet need) décrit la recette du succès pour un blogue.

Malheureusement je ne rentre dans aucune de ses catégories, donc pas de succès en vue. ;-(

Mais il termine avec une conclusion qui m'inspire :

But what if you don't care how many readers you have?
I would suggest that, in that case, blogging fills an unmet internal need for you personally. Whether that's the ability to think out loud and clarify your own thoughts, or to keep in touch with a small circle of friends you can't meet face-to-face as often as you'd like, or to practice your writing skills, or to organize and document your personal filing cabinet or your 'personal memory' before information and ideas are lost or misplaced, these are important personal needs (for some of us, anyway) that blogging fills.

Pour comprendre la politique internationale

Enfin, la politique interne de certains pays s'explique ...
The Transitioner.

Résumé d'ascenseur pour...Kant?!

Dans une note antérieure sur le "perfect corporate elevator pitch on blogging", je citais un "résumé d'ascenseur" pour expliquer ce qu'est un blogue à un exécutif pressé durant le temps que prend l'ascenseur pour passer du rez-de-chaussée au onzième étage. (Avouez que "Résumé d'ascenseur" est une belle image, c'est Sylvain Carle qui m'a fait connaître ce concept).

Je m'étais alors demandé si on pouvait me faire un tel résumé pour Kant et sa Critique de la raison pure. (Oui, oui, pourquoi pas!)

Ce livre trône dans ma bibliothèque avec ses 750 pages et je n'ai jamais su par quel bout commencer. Kant y expose sa "révolution copernicienne" qu'il veut imposer dans le domaine de la connaissance...

Et bien voilà un résumé que j'ai trouvé (et qui m'a impressionné par sa concision) pour "Critique de la raison pure":
"Dans l'acte de connaissance, le sujet qui connaît n'est jamais passif, les objets doivent se conformer aux concepts qui résident dans la raison du sujet.

De cette manière, Kant fait apparaître la connaissance non plus comme un simple enregistrement de ce que les objets nous disent, mais bien comme une construction à laquelle la raison, via les concepts qu'elle se donne, prend une part active,

Comme Copernic l'avait fait à propos des mouvements célestes, Kant renverse la perspective en matière de connaissance."

(Initiation à la pensée critique de Claude Paris et Yves Bastarache aux éditions C.G., p.134)


Maintenant ma question est : qu'est ce que je fais si l'immeuble n'a que trois étage?; Je crois que je vais m'en tenir à l'horoscope...;-)

Rechercher une aiguille dans une botte de foin

Un passage dans un document d'Olivier Ertzscheid raconte les multiples déclinaisons de la métaphore de « l'aiguille dans la botte de foin » qui illustre la difficulté (voir l'impossibilité) de trouver quelque chose sur le web.

"Chercher une aiguille dans une botte de foin peut s'appréhender de différentes manières et ainsi correspondre à plusieurs scénarios de recherche :

- trouver une aiguille connue dans une botte de foin connue
- trouver une aiguille connue dans une botte de foin inconnue
- trouver une aiguille inconnue dans une botte de foin inconnue
- trouver n'importe quelle aiguille dans une botte de foin
- trouver l'aiguille la plus pointue dans une botte de foin
- trouver la plupart des aiguilles contenues dans une botte de foin
- trouver toutes les aiguilles contenues dans une botte de foin
- pouvoir affirmer qu'il n'y a pas d'aiguille dans une botte de foin
- trouver des choses qui ressemblent à des aiguilles dans une botte de foin
- connaître chaque nouvelle aiguille qui apparaît dans la botte de foin
- trouver où sont les bottes de foin
- trouver des aiguilles et des bottes de foin, quelles qu'elles soient."

"(...)l'une des déclinaisons non citées de l'aiguille et de la botte de foin : « Mal chercher l'aiguille dans la botte de foin et la trouver quand même".

(Source : Olivier Ertzscheid qui cite Matthew Koll's "Finding a needle in a haystack")


J'aime bien ces déclinaisons car elles illustrent de façon rigolote ce que l'on entend par "recherche sur Internet". J'éloborerai d'avantage sur ce thème dès que j'en aurai l'occasion.

(note originalement publiée sur mon weblog anglais c/c)


Compte gmail à donner

(Mise à jour 30 sept 2004 Monsieur Perrin a gagné le magnifique prix, le concours est terminé merci)

Fidèles lecteurs et lectrices, il me reste un compte Gmail à donner.

Un compte Gmail, c'est un compte courriel gratuit de Google, basé sur le web comme hotmail. Sa particularité est son espace disque : 1 gig d'espace pour stocker ses courriels ! Actuellement, il n'est pas possible de s'abonner sauf sur invitation. J'ai eu la change de faire partie des premiers testeurs. Je veux maintenant en faire profiter d'autres. Google me permet d'envoyer des invitations.

Ca vous dit?

Envoyez un courriel avec comme titre (tout de même une petite difficulté) l'acronyme que j'utilise pour nommer mon carnet (sous ma photo dans la colonne de gauche) à mon adresse martinlessard(a r o b a s)gmail.com (remplacez arobas par un @). J'aime bien ces concours avec des petites conditions pas rapport.

Gmail me permet d'archiver par mot clef dans le titre. Je vais tirer au hasard le ou la gagnante qui se trouvera dans le répertoire la semaine prochaine à la fin du mois*(j'ai encore mon petit générateur de nombre aléatoire en javascript qui date de 1996). Et je vais vous envoyer alors un courriel d'inscription.

C'est gratuit et je ne demande rien en retour.

(*) mouais, je vais quand laisser le temps que la note se répande...

Plus de détails sur Gmail : http://gmail.google.com/gmail/help/about.html

Intranet : tendances 2004

(via judith meskill's knowledge notes...)
Line56.com: Intranet Trends to Watch For

8 tendances intranets (voici les titres:)

1. Intranets return to the domain of the departments
2. The records management and the legal departments get involved
3. All employees become intranet publishers
4. The corporate telephone directory loses its luster
5. The new killer app -- the knowledge management tool
6. Real time information delivery becomes a priority
7. Information retrieval remains unsolved but there's hope
8. Employees demand a more aesthetic user experience

Je pense qu'une approche décentralisée (point 1,3) et axée sur la gestion des connaissances (point 2,3,5,7) demande que l'infrastructure technologique soit légère, basée sur des standards et des logiciels libres. Je suis surpris qu'il ne parle pas des blogs comme pillier d'intranet. Ca va venir...

L'autorité de l'autorité

Il y a quelque chose de fascinant dans cette activité de prendre des notes. Au coin d'une table, stimulé par une lecture (Alexandre Serres, via Allergic), on écrit ses propres réflexions, en espérant capter une pensée figitive et la faire partager.

Récemment, et un peu partout, on a commencé à prendre Internet pour acquis. Erreur d'appréciation. Certes, Internet est présent partout, mais avons nous vraiment assimilé tous les changements qu'il induit?

Je me limiterai à citer 6 points concernant cette évolution subtile (et sans précédent) de la place du grand public face à l'information dans les 10 dernières années.

1-AUTONOMIE: L'affranchissement des usagers face aux spécialistes (documentalistes / bibliothécaires) (Si le sujet vous intéresse : The Information Industry Revolution: Implications for Librarians )

2-DEMULTIPLICATION DES SOURCES: l'auto-publication augmente la quantité de document disponible (surabondance d'information, avalanche de blogues, etc) (Si le sujet vous intéresse : How much Information?)

3-L'ENGIN DE RECHERCHE EST UNE COMMODITÉ: l'outil est devenu en soi un média, nous avons vite oublié que ce n'était pas un outil de tous les jours (Si le sujet vous intéresse : Recherche d’information sur Internet : où en sommes-nous, où allons-nous ?)

4-APPARITION DU HASARD COMME FACTEUR DE RÉUSSITE: d'une recherche structurée avec clefs booléen d'antan, on est passé à l'ère où un document se découvre par hasard au détour d'un clic. (Si le sujet vous intéresse : Chercher faux et trouver juste: Serendipité et recherche d'information)

5-DEPLACEMENT DE LA BARRIERE: l'accès à l'information n'est plus un problème, la capacité de traitement de cette information est devenu la nouvelle barrière. (Si le sujet vous intéresse : Problèmes et enjeux de l’évaluation de l’information sur Internet)

6-DEPLACEMENT DE LA VALIDATION DE "L'AUTORITÉ" ("autorité" au sens de "expert en la matière") : les filtres ont été court-circuités et la validation d'un document repose sur l'usager. Auparavant, une série "d'autorités" filtrait l'information (le libraire, le journaliste, le révérent, l'intellectuel, le professeur, le critique) afin de retenir ce qui est digne d'être lu/vu/entendu. Non pas comme censure, mais comme gage de qualité. Peu ou pas de document ne se rendait à l'usager sans la validation de ces filtres. Aujourd'hui, l'usager a accès à ces documents et il lui incombe d'identifier ce qui est digne d'être lu/vu/entendu, bref de reconnaître "l'autorité".

Je m'intéresse beaucoup à ce dernier point, celui qui concerne le rapport de l'usager à "l'autorité". De tout temps, il y a eu des "autorités" pour distinguer les sources possèdant une valeur de celles qui n'en ont pas. L'Université a joué ce rôle. Avec l'arrivée de la première génération Nintendo sur les bancs universitaires, il y a fort à parier que plusieurs diront : "pourquoi venir dans les cours, quand je peux tout trouver sur Internet?". "Qu'est ce que le prof peut m'apprendre de plus que je ne trouve pas déjà sur Internet?".

Comprennent-ils que 300 000 réponses sur Google, ce n'est pas une réponse? Comment peuvent-ils savoir qu'un auteur d'un texte trouvé sur Internet a l'autorité pour discuter du sujet recherché? A-t-on seulement pensé que le choix du mot lui-même est important pour discréminer une bonne recherche d'une infructueuse?

Quel est la stratégie cognitive qu'un internaute utilise pour retrouver cette "autorité"? Quel signe interprète-t-il pour découvrir qu'un lien/un texte possède les caractéristiques nécessaires pour être crédible? Ces questions sont devenues critiques. Dans l'enseignement comme dans l'entreprise.

Dans l'enseignement, il faut surveiller des expériences comme celle de l'institut St-JosephMario Asselin propose une utilisation des outils internet aux plus jeunes. Ces derniers ne seront pas une génération sacrifiée, condamnée à croire qu'elle sait tout grâce à l'illusion du pouvoir de possèder toute l'information...jusqu'à la première panne de serveurs chez Google où l'amnésie totale les guettent. Les enfants de St-Joseph, je crois, sauront être plus habile face à la surabondance de l'information et, surtout, sauront peut-être expliciter pourquoi ils choisissent tel document plutôt qu'un autre. (Si le sujet vous intéresse : Educational Blogging ou suivez les carnets de Opossum, Remolo ou Osmoze)

En entreprise, l'absence de réflexion sur les méthodes employés pour trouver et traiter une information ou un document est déjà un problème. Dans une économie du savoir, il n'est pas rare de perdre entre 10 et 20 % de son temps pour chercher et décoder de l'information. Ici aussi la connaissance des processus d'identification d'une autorité dans une matière peut non seulement sauver beaucoup de temps mais permettre des gains importants. (Si le sujet vous intéresse : L'organisation apprenante ou suivez le carnet de Corporate Blogging)

Ces deux milieux doivent élaborer des stratégies différentes... on s'en reparle.