ZEROSECONDE.COM: avril 2005 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Firefox 6 mois après

Je ne me cache pas que je supporte Firefox comme browsers. Depuis l'apparition de la version 1.0 il y a 6 mois, bientôt 50 millions de copies seront téléchargés. IE avait rapidement perdu des parts de marché.

Je disais au lancement que je ne serai pas surpris que la part de marché de firefox passe à 10 % dans 6 mois. Or nous sommes maintenant 6 mois plus tard.

Ai-je eu raison?

Non, je me suis trompé. il n'est que de 9% finalement!

La navigateur les plus populaires sur le web (selon onestat.com):

1. Microsoft IE 86.63 %
2. Mozilla Firefox 8.69 %
3. Apple Safari 1.26 %
4. Netscape 1.08 %
5. Opera 1.03 %

Go Go Go ;-)

Google: A Behind-the-Scenes Look

Les moteurs de recherche sont les applications les plus utilisées sur l'Internet. J'ai soulevé certains défis que cela causer pourle grand public. Il est bon de connaître l efonctionnement de la bête pour mieux l'apprécier (ou s'en méfier)

Il y a un vidéo qui décrit certains systèmes qui sont à la base du moteur le plus connu. Un spécialiste de Google partage quelques observations intéressantes sur les ficelles derrières l'écran.

Google: A Behind-the-Scenes Look
(via Aurel)

Il s'agit d'un caption télévisuelle (de qualité) d'une conférence à l'Université de Washington. Il y en a d'autres aussi sur des sujets entourant le Computer Science.

En fait, l'université a carrément un site appellé University of Washington Television (UWTV). Intéressante initiative. Je parlais récemment de démocratiser l'information académique. Encore une fois les américains montre la voie...

Bibliographie des blogs

Kairosnews (A Weblog for Discussing Rhetoric, Technology and Pedagogy) propose une liste impressionnante de liens vers des pages discutant du phénomène des blogs (184 liens en date d'aujourd'hui). Un excellent point de départ pour ceux qui étudient le phénomène...

En ne prenant que 15 minutes par lien, à raison de 8 heures par jour de lecture, vous aurez fini dans une semaine...

Trouve une idée

Quelqu'un a eu la drôle d'idée de chercher dans Google les mots "Trouve une idee".

Grâce à lui, j'ai découvert que j'arrive premier avec sur la liste de Google.com (pour le billet Causalité et interactions cognitives d'une idée )

Vraiment flatté pour le classement !!

Mais je commence franchement à me dire que Google est de moins en moins un moteur de recherche web et de plus en plus un engin de recherche de blog...

Pouvoir tout faire

(Il y a plusieurs années, Jean Larose, dans sa chronique au Devoir a produit un texte particulièrement brillant. Je le recopie ici pour le bien de l'humanité. Je ne pense pas être en règle avec les lois du copyright, mais il y a des idées qui méritent d'être diffusé malqré tout).
Martin


Pouvoir tout faire

par Jean Larose

"Vous ne lirez plus jamais de la même façon", menaçait dernièrement la couverture d'un magazine scientifique français pour saluer la sortie du livre-écran de poche. J'ai noté que les plus insistants parmi les crieurs de bonne nouvelle multimédiatique – ces "absorbants" du genre "Vends donc tes Shakespeare, tu peux lire toute son œuvre sur un seul cédérom", ou "Bientôt tes livres, ça sera fini, fini, fini! Tu peux consulter trente-cinq mille ouvrages en ligne sur le site de la Bibliothèque nationale de France" – les prophètes du pouvoir tout lire en ligne ne lisent pas. Je sens bien que je les chagrine quand je réponds candidement à leur zèle prosélyte qu'ils peuvent eux-mêmes depuis longtemps aller lire tout Shakespeare, et tout Plutarque, et tout Dostoievski, et tout bien d'autres auteurs merveilleux, anciens ou modernes, glorieux ou méconnus, à la bibliothèque de l'université, ouverte à chacun. En réalité, ce n'est pas Shakespeare qui les excite, ils ne le pratiquent pas plus maintenant sur disque qu'avant sur papier, mais l'idée de "pouvoir le tenir en entier" sur une rondelle de plastique irisée pas plus lourde que quelques pages de livre. Oui, on dirait que moins les gens lisent et plus les enthousiasme, jusqu'à une espèce de manie sacrée, l'idée de tout ce qu'ils peuvent lire ou contempler sur un support informatique.

Sur le site "Art on the Web", tu peux voir quatre mille tableaux, sculptures et objets d'art de la Renaissance. Sur le site "Greek mug plugged", tu peux voir quarante mille poteries grecques, avec leurs inscriptions traduites en douze langues. Et coetera. Tout usager d'un ordinateur multimédia qui a vaguement musardé sur la Toile connaît ce sentiment grisant, tournant vite au vertige, qui saisit à la découverte de ce qu'il "peut" faire. Quel enchantement, par exemple, en débouchant sur un site où tout Homère est offert dans le texte grec, avec ou sans la traduction juxtalinéaire! Mais pourquoi cette joie, puisque je ne sais pas le grec? Ces pages déroulantes couvertes de belles inscriptions me sont illisibles – mais c'est sans importance, on dirait que j'ai du plaisir à la place de quelqu'un d'autre qui lui saurait le grec, qui chérirait Homère, qui n'aurait depuis la Renaissance attendu que cela, naviguer comme un Ulysse aux cents bittes d'un hyperlien à un autre à travers l'Iliade et l'Odyssée; j'imagine l'affairement béat d'un vieil érudit, je suis témoin de ses larmes de joie. Ce n'est pas Homère que j'aime, mais le pouvoir du réseau, je m'identifie à la machine, je suis un jeune ignorant puissant qui fait tripper à mort un vieux savant impuissant. L'homme-machine ne désire pas tuer l'homme du livre, mais le faire jouir de sa propre mort.

Cette ivresse quasi sexuelle que procure sur le ouèbe la découverte de tout ce que je peux faire est bien différente de la satisfaction d'y mener réellement une recherche à l'aide des ressources documentaires mises à ma disposition. Souvent, entre deux rayons d'un magasin d'appareils électroniques, j'ai surpris la rêverie d'un contemporain venu fuir parmi les machines la tristesse de la fin de l'après-midi dans la grande ville. L'idée de tout ce qu'on pourra faire d'une machine vit dans l'imagination d'une existence indépendante de la réalité des projets et des besoins qu'elle est appelée à satisfaire. On s'invente des besoins pour satisfaire un désir. Pouvoir compte plus que faire. Cliquer n'est pas consulter, surfer est bien différent de lire, et surtout découvrir l'existence de quelque chose ne signifie nullement en prendre connaissance, c'est même souvent le contraire, comme le prouve l'exemple de Christophe Colomb et comme ne semblent pas s'en douter les pédagogues qui croient pouvoir se dédouaner de leur inculture en confiant aux ordinateurs le soin de cultiver les enfants.

Avez-vous tenté de lire un livre, tout un livre, en lettres noires sur un fond scintillant? En connaissez-vous un seul, lecteur de livres sur écran? Ce qu'on peut faire, est-ce qu'on le peut vraiment? De quel pouvoir s'agit-il? De ce qui est possible ou de ce qui est permis? Autrement dit ce qu'on nous permet est-il réellement possible? Faux problème : sur la Toile, c'est le spectacle du pouvoir qui fascine. En apparence, le pouvoir n'est plus séparé de moi comme aux époques où l'autorité se retranchait dans un appareil d'état; les sectateurs d'Internet prêchent que le spectacle de la domination a cessé d'être à sens unique, que je peux y participer, que je suis enfin digne comme Pharaon de soulever le voile d'Isis et de prendre place sur un trône sacré, pour m'offrir à mon tour dans une châsse cathodique à l'émerveillement des croyants. Le livre ou le tableau qui apparaît sur mon écran n'est pas offert à la lecture, mais en spectacle, il est d'une autre nature que ce qu'on appelait naguère un livre. Je peux certes le lire, mais mon pouvoir importe plus que ma lecture. Pour comprendre ce qui se joue là, il ne faut donc pas comparer cet objet avec un livre en papier, mais le ranger dans la catégorie spectaculaire de ces vies privées qui se montrent sans pudeur sur la Toile, soit grâce à une webcam, soit sur Diaryland, ce site où l'on peut écrire son journal intime devant tout le monde, soit comme ce couple adultère de Toronto qui a créé un site pour y raconter son aventure au monde entier, jour après jour, dans les moindres détails physiques et sentimentaux. En ligne, on peut tout montrer. Pouvoir tout faire, pouvoir tout montrer, pouvoir tout lire, signifie "pouvoir" bien plus que faire, montrer ou lire.

Il est urgent de relire Guy Debord : "le spectacle est la conservation de l'inconscience dans le changement pratique des conditions d'existence." ("La société du spectacle"). J'y reviendrai.
Jean Larose

(Tiré de sa chronique au Devoir, date inconnue. Si quelqu'un a plus d'information, me faire signe).
Martin

del.icio.us tag bundle

Une nouvelle fonctionnalité s'est ajoutée dans del.icio.us : il est possible de regrouper les tags par groupe (bundle).

Dans le menu settings il s'agit de créer un regroupement et d'y associer les noms qui vous intéressent. Ensuite dans votre page, les tags, au lieu d'être listés alphabétiquement tout au long, sont listés par groupe.

Utile pour ceux qui ont une longue liste de tags... (exemple d'une longue liste regroupée ici).

Effet secondaire intéressant: il est possible de créer des tags sans avoir nécessairement un url associé. Donc on peut se créer une liste de mot clef en prévision de les utiliser plus tard.

Ce qui manque : la possibilité de choisir parmi les tags existants. En ce moment il n'y a pas moyen de les sélectionner, on en est quitte pour du copier-coller à la main...

Et en parlant de del.icio.us:

Depuis quelques jours InfoWorld.com utilise del.icio.us pour gérer ses articles thématiques:

"Our edit team is tagging content in del.icio.us. The engineers are pulling down the del.icio.us RSS feeds. And then we create matching logic based on the common tags. We also link back out to del.icio.us pages via the tags for the article on display." (Matt McAllister)

J'utilise déjà del.icio.us de cette façon depuis quelques mois déjà et je trouve cela très utile : à chaque fois que je crée un nouveau billet, je crée un signet dans del.icio.us/zeroseconde . Je peux facilement créer de nouvelles catégories, les reviser ou les enlever. Une façon simple de créer des catégorie dans Blogger.

Au passage: voici blogmarks.net

C'est un del.icio.us français (mais en anglais, allez comprendre) qui possède une interface un peu plus jolie et visuelle (elle offre une copie miniature du site en signet).

Google real estate?

Paul Rademacher a combiné une liste de renseignements immobilier et Google maps pour créer quelque chose qu'on pourrait appeler Google Real Estate (www.housingmaps.com): le listing des maisons à vendre ou à louer dans plusieurs agglomérations urbaines des États-unis. Avec le côté user friendly de Google Map, c'est simple, rapide, efficace. (Ca ressemble à RedFin mais avec une portée nationale quoique sans les photos satellite).
(via CFD)

One small step for Paul, one giant leap for Googlekind...

L'immobilier, même son nom le dit, est un secteur lourd où l'information circule difficilement (sinon il n'y aurait pas tant d'agents immobilier que ça). Ce secteur qui vivait de la friction du mouvement de l'information va définitivement devoir changer. Avec un tel outil, pourquoi passer par un agent?

Google a tout à fait intérêt à développer immédiatement un tel outil. Des milliards de dollars sont à la clef. (Mince! Peut-on encore acheter des actions?! ;-)

Il suffit à Google d'offrir un lieu d'inscription où chacun liste son immeuble, sa maison, son appartement. Google pourrait demander un coût fixe - ou créer un eBay de l'immobilier en demandant 2% de commission (ou moins encore).

"Google's mission is to organize the world's information and make it universally accessible and useful." Il y a peut-être maintenant une opportunité de faire rentrer l'argent aussi...

White House

La nouvelle fonction satellite de Google Maps nous montre tout. C'est proprement fascinant.

Mais ce qui est encore plus fascinant, quand on a maintenant accès à tout, c'est ce qu'on nous ne montre pas...

10 facteurs de crédibilité pour votre site web

Standard Web credibility Research liste dix facteurs (ah ces chiffres ronds!) qui donne de la "crédible" à un site web.

Pour que votre site soit crédible cela dépend de certains traits qu'il est bon de connaître... Listons-les rapidement ici:

1. Make it easy to verify the accuracy of the information on your site.

2. Show that there's a real organization behind your site.

3. Highlight the expertise in your organization and in the content and services you provide.

4. Show that honest and trustworthy people stand behind your site.

5. Make it easy to contact you.

6. Design your site so it looks professional (or is appropriate for your purpose).

7. Make your site easy to use -- and useful.

8. Update your site's content often (at least show it's been reviewed recently).

9. Use restraint with any promotional content (e.g., ads, offers).

10. Avoid errors of all types, no matter how small they seem.

(pour plus de détails, lire "Stanford Guidelines for Web Credibility").

Si j'en crois les références, cette liste a été mise en ligne en 2002, basée sur des recherches remontant jusqu'en 1999 (et non, mon billet n'a rien d'une breaking news)

Ce qui est intéressant ici, c'est que l'on ne peux pas dire que les blogs avaient la popularité qu'ils connaissent aujourd'hui et donc que les recherches soient biaisés par eux.

Or, que remarquons nous? Que les carnets possèdent la très grande majorité des points de la liste:

1. (to verify the accuracy of the information) Les carnets sont reconnus pour citer leurs sources.

2. (a real organization) Le carnet est géré par une personne qui est généralement identifiable.

3. (Highlight the expertise) Le carnet de qualité regroupe des billets sur des sujets que l'auteur maîtrise.

4. (Show honest and trustworthy people) L'auteur signe chacun de ses billets.

5. (Make it easy to contact you) L'auteur laisse souvent son courriel ou permet les commentaires sur ses billets.

6. (Design your site) Les blogues, plutôt simple dans leur design, a donné lieu a une nouvelle esthétique.

7. (Make your site easy to use) Dur d'être plus simple qu'un carnet, avec un système d'archive par date, et les billets à la queu-leu-leu sur une même page.

8. (Update your site's content often). La fréquence de mise à jour raprochée est une condition sine qua non d'un carnet.

9. (restraint with any promotional content) L'écrasante majorité des bloggeurs ne pourront / voudront pas avoir de la pub.

10. (Avoid errors of all types) Ça, par contre, je ne sais pas...

Peut-être avons nous là un mobile supplémentaire de penser que l'engouement pour les blogues ne soient pas une mode passagère mais bien une composante structurelle non conjoncturelle.

Par effet de percolation, les blogs, en ayant les attributs listés ici, ont acquis, par eux même, cette crédibilité car ils correspondaient à l'attente du public.