ZEROSECONDE.COM: janvier 2006 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Un tournant pour la blogosphère allemande

La blogosphère germanophone en parle sans arrêt depuis l'automne dernier. "Du bist Deutschland" (l'Allemagne, c'est toi) est une campagne de pub sociale à grand déploiement qui défraie chroniques et manchettes à répétition.

"Du bist Deutschland" est le groupe de mots parmi les plus recherché sur Technorati.com ce mois-ci. Et la campagne possède en plus une entrée sur Wikipedia.de. La communauté internet du pays était affairée dès le début à détourner la campagne avec des parodies postés sur Flickr,

Réaction épidermique sur le web

Le concept original de la campagne est simple : "rendre un peu de sa confiance et de sa fierté à une nation en proie au doute ou à l'inquiétude". Mais l'exécution "Du bist [insérez ici le nom allemand qui a du succès]" a provoqué quelques sarcasmes (notamment le fait que l'on utilise Einstein, lui qui a dû pourtant fuir l'allemagne). Lire l'excellent compte rendu- et le seul à ma connaissance en français- d'André Gunthert.

Or voilà qu'un forum découvre en novembre qu'une campagne nazi utilisait un slogan similaire en 1935 (Denn Du bist Deutschland) et un bloggeur poste la photo controversée.

Évidemment, compte tenu de la sensibilité allemande, dès que l'on fait appel au sentiment national, il y aura toujours quelqu'un quelque part pour relancer le débât sur leur passé fasciste - dans ce cas-ci, encore, l'ego allemand reste toujours sous le traumatisme.

La blogosphère s'empare de l'image et repart de nouveau en guerre contre la campagne.

Les empêcheurs de publiciser en rond
Or le concepteur de la campagne, Jean-Rémy von Matt, dans un email (original allemand, traduction anglaise), attaque ceux qui dénigrent sa campagne. Qui pointent-ils?

  1. les publicitaires (qui ne croient pas que l'on peut "marketer" un sentiment national).
  2. les bloggeurs (qu'il traitent au passage d'écrivains de murs de chiottes - "den Klowänden des Internets)
  3. les intellectuels (les journalistes qui ne sont pas privés de se moquer de la campagne)
Les bloggeurs arrivent avant les journalistes ! Pour des écrits de murs de toilette, c'est leur donner beaucoup d'importance!

La réplique de blogosphère allemande ne s'est pas fait attendre. D'où l'apparition du tag sur technorati. Ce qui a eu pour effet de contaminer les autres blogosphère linguistiques -anglaise notamment- et donner une visibilité "mondiale" à la contre-campagne sur le web*.

Herr von Matt s'est ensuite excusé (en allemand), ce qui a eu pour effet d'associer la blogosphère allemande à une force d'opinion crédible.

Il faut savoir qu'il y a peu la blogosphère teuton était tournée en ridicule par des affirmations du genre "il y a plus de bloggeurs que de lecteurs", des statistiques qui montraient que l'Iran (65 000) avait plus de blogues que l'Allemagne (42 000) et autre liste d'excuses pour ne pas bloguer en Allemagne.

Du bist die Deutsche Blogosphäre
La blogosphère allemande a contrecarrée une campagne médiatique de 20 millions d'Euro. "Politique et publicité ne font pas bon ménage lorsque, pour tirer ce pays en avant, on veut nous faire croire que la seule chose dont nous souffrons est une mauvaise image. Parfois, il peut aussi y avoir une image de trop." (conclusion d'André Gunthert traduite de Fotostoria).

L'image en question était peut-être, au final, anecdotique (il y aura toujours dans le passé nazi quelque chose que l'on peut relier au présent allemand) mais la blogosphère germanique vient, maintenant, de faire son entrée dans la sphère publique comme une opinion citoyenne assez mature pour avoir voix au chapitre (Der Spiegel, en anglais). Wilkommen, Sie sind die Deutsche Blogosphäre.

(*) Je m'empresse de souligner, tout de même, que le déclencheur c'est le fait que la blogosphère allemande a déplacé le débat sur Technorati et Flickr, c'est à dire dans des chambres d'écho de portée mondiale. Que le "monde" ait peu réagi importe peu. C'est la portée qui crée une crédibilité palpable. Et du même coup ces sites de recherches ciblés aussi gagnent en crédibilité...

Navigation par grappe

TouchGraph GoogleBrowser est un outil graphique permettant de visualiser des sites similaires (selon Google).

Il crée des aggrégations de sites, comme des nébuleuses de sites, que l'on peut naviguer globalement, facilement, sautant d'un groupe à l'autre afin de voir les nuages autour de sujets, de communauté de sujets.

Développé par Alex Shapiro, à partir de la version initiale du Google Graph Browser de Christian Langreiter, basé sur l'applet Java Vanilla-Vista.

Entrez un url de départ, votre blog ou un site de contenu et voyez les relations se développer. Instruction en français si vous avez des questions...

Vision of ashes and snow

La plus belle exposition de photo sur le web qu'il m'a été donnée de voir.

ASHES and SNOW


Le site web offre une expérience magnifique, simple, efficace qui transmet une émotion rare sur Internet. Une poésie à couper le souffle. Des images du paradis, inoubliable!



C'est le site officiel du musée itinérant de l'artiste Gregory Colbert, qui s'est transporté à Santa Monica la semaine dernière (après être passé à new York et débuté à Venise en 2002). Un musée temporaire où des affiches géantes tapissent un espace magique où les animaux et les hommes vivent dans un temps arrêté.

Il y a aussi des vidéos à travers les photos qui rendent le tout tout simplement intense et envoutant.

ASHES and SNOW version haute vitesse ou basse vitesse.

Avancée de Firefox en Europe

Une étude de Xiti montre que Firefox, le navigateur internet libre, gagne du terrain en Europe. Les chiffres semblent dépasser le taux de geek par pays. Donc le grand public embarque dans le mouvement...

Stopbadware.org

Vous connaissez tous l'histoire : vous téléchargez quelque chose d'Internet sur son ordi. Inoffensif? Commence alors la descente aux enfers, l'ordinateur ralenti, bugue, bombe, s'écroule sous une avalanche de publicités instantanés sortant de nulle part.

Vous venez de télécharger un cheval de Troie qui a installé un logiciel espion! Bonjour les dégâts. Et essayer de le retirer même avec un logiciel anti-spyware n'est pas un sinécure.

Ne restez plus un victime, seule dans votre coin : Stopbadware.org ("Regaining Control of Our Computers") est le regroupement pour lutter, identifier et dénoncer ces voyoux qui squattent vos ordis (vos PC sous Windows, en fait, car sur Linux, il n'y a pas ce problème).


Stopbadware.org est organisé par Consumer Reports WebWatch, Berkman Center, Oxford Internet Institute et sponsorisé parSun Microsystems, Lenovo et... Google

Tiens! Microsoft n'est pas présent...Mais Google, oui. Mmm, intéressant comme message... Qu'en pensez-vous?

netvibes

Netvibes - Choisissez votre contenu et faites en votre page d'accueil. Vous connaissez le concept? Mais pas avec Ajax, n'est-ce pas? Le meilleur à date. En Français (en Hindou aussi). Pas besoin d'explication : tout est paramétrable. Le fait de visiter la page, ça devient votre page. Adopté!

Trouvé par hasard sur Franchement
Lien vers le blog de netvibes

Repas électoral - cinq services

Ce soir, je vous propose un menu gatronomique pour accompagner les élections canadiennes. Au diable la dépense, ce sera un menu à cinq services.

Premier service : petite salade verte à la sauce Kyoto
Vous ne ferez qu'une bouchée de ce parti vert en céleri rémoulade à la sauce moutarde. Pour la sauce Kyoto, on repassera, car le Canada n'a pas atteint les quotas prévus.
  • 2 cuillerées de citron fraîchement pressé (comme les citoyens à qui on demande de réduire d'une 1 tonne le gaz à effet de serre)
  • 2 cuillerées de moutarde de Dijon (qui nous monte royalement au nez)
  • 1 tasse (25 cl) de crème fraîche
  • Sel, poivre
  • 500 grammes de pieds de céleri
Ajouter tous les ingrédients sauf les céléris dans un bol. Bien mélanger. Assaisonner au goût.
Passez dans un robot les céléris et ajouter immédiatement à la sauce moutarde.
Servir sur de la laitue frisée ou verte.



Deuxième service : Nouveau Pain Démocratique
Sur votre gauche, une autre petite bouchée qui se mange sans faim. C'est un plat toujours apprécié mais pourtant jamais élu dans les grandes cuisines. Vous verrez, il ne devrait rester aucune trace après le repas.
  • 2 courgettes (bien ordinaires)
  • 4 cuillerées d'olives noirs
  • 1 cuillerée de câpres au vinaigre
  • 1 piment rouge (pour enrager les grosses fortunes)
  • Pain de campagne (qui ne lève pas)
  • Huile d'olive
Cuire et éplucher les courgettes puis les écraser à la fourchette dans une terrine. Laisser refroidir. Ajouter les olives noirs, les câpres et le piment rouge. Hâcher le tout finement, bien mélanger et arroser le tout d'huile d'olive.

Cuire 4 tranches de pain de campagne.

Couper chaque tranche en quatre et étaler le hâchis sur les morceaux. Servir


Troisième service : bloc d'agneau québécois mariné dans une sauce 40%
Il est bien important de laissé mariner sur les arrières bancs pendant de longues années. Surtout ne jamais mettre une sauce plus riche, ça pourrait faire séparer le pays. Mais pas moins non plus sinon ça manquerait de cohérence.
  • 1/4 tasse (60 ml) d'huile
  • cubes d'agneau
  • sel, poivre
  • 2 oignons
  • Fines herbes du bas du fleuve
  • 2 tasses (500 ml) de crème 40%
Hacher les oignons et faire revenir dans l'huile. Ajouter la crème et les fines herbes. Faire cuire longuement à petit feu les blocs d'agneaux. Après 1 heure, ajoutez une autre tasse de crème. Couvrir et cuire tout doux encore 1 heure environ.

Servir sur des nouilles plates et nées pour un petit pain.


Quatrième service : Requin libéral dans sa déconfiture rouge
Déservir rapidement le poisson car il a tendance à se corrompre. La technique est de prendre les commandites avant l'arrivée des invités pour en redistribuer un maximum aux amis (mais peut causer l'amnésie). En général, c'est le plat de résistance pour la gastronomie référendaire.
  • 1/4 tasse (60 ml) d'huile
  • 6 échalottes
  • 1/4 tasse (60 ml) de pot de vin blanc
  • 3 cuillerées de crème 35%
  • canneberge
  • 1/2 tasse (125 ml) de beurre
  • darnes de requins (150 gr par personne)
  • 3 tasses (750 ml)de riz au jasmin
  • 3 carottes (sans le bâtons)
  • 4 tasses (1 l) d'épinards frais
  • huile d'olive
  • Sel, poivre

Dans une casserole, cuire la moitié des échalotes avec le vin à feu moyen jusqu'à évaporation presque complète. Ajouter la crème et les canneberges. Laisser mijoter jusqu'à ce que la crème soit réduite de moitié. Faire cuire les carottes, coupées en juliennes.

Ajouter le beurre par morceau en fouettant sans arrêt. Saler et poivrer. Réserver. Griller le requin doucement. Saler et poivrer. Réserver au chaud.

Sauter les épinards et le reste des échalotes dans l'huile d'olive. Saler et poivrer. Ajouter le riz et bien mélanger. Déposer les darnes de requins sur le lit de riz. Naper le poisson de sa déconfiture rouge. Server.

Cinquième service : Vague de bleue
Au final, servir 5 types de fromage bleue, amalgame extrème et regroupé sous une seule bannière, d'un fromage qui pue, qui goûte mauvais mais que nous devrons tous se mettre au fond de la gorge et dire qu'on aime parce "ça fait changement".
  • roquefort
  • gorgonzola
  • stilton
  • bleu bénédictin
  • bleubry
Servir avec un alcool fort pour bien assommé et justifier la gueule de bois que nous aurons tous demain en nous levant.

A la recherche du sommeil perdu

Marcel ProustLongtemps, j'ai blogué de bonne heure. Parfois, à peine mon billet publié, ma fenêtre se fermait si vite que je n’avais pas le temps de me relire : « Je m'endors. »

Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de me corriger m’éveillait ; je voulais reposter le billet que je croyais avoir encore dans les archives et passer mon correcteur ; je n’avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais d'écrire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier ; il me semblait que je n’avais pas moi-même écrit ce dont étalait mon carnet: fautes d'orthographes, accord du participe passé, coquilles et temps de verbe.


Ces fautes survivaient pendant quelques secondes à ma relecture; elles ne choquaient pas ma raison mais pesaient comme des écueils sur mes lecteurs et
les empêchaient de se rendre compte que le blog n'est pas une rédaction de journal. Puis elles commençaient à me devenir inintelligibles, comme après la lecture des pensées d'une ado sur skyblog; le sujet du billet se détachait de moi, j'étais libre de m'y appliquer ou non; aussitôt que je rouvrais le billet et j'étais bien étonné de trouver dans le corps du texte une erreur, grammatique et syntaxique pour mes yeux, mais peut-être plus encore pour mon esprit, à qui elle apparaissait comme une faute sans cause, incompréhensible, comme une erreur vraiment élémentaire.

Je me demandais quelle heure il pouvait être; j'entendais le ronflement des enfants qui, plus ou moins éloigné, comme le tictac d'un trotteuse dans une horloge, relevant les distances, me décrivait l'étendue du web où le curseur se hâte vers le lien prochain; et la conversation que je suis va être gravé dans mon souvenir par l'excitation qu'il doit à des hyperliens nouveaux, à des blogs inaccoutumés, à la causerie récente et aux commentaires sous des langues étrangères qui me suivent encore dans le silence de la nuit, à la douceur prochaine du réveil.

J'appuyais tendrement mes doigts contre les belles touches de mon clavier qui, lisses et froides, sont comme les touches d'une Underwood. Je clique un bouton pour regarder l'heure. Bientôt 3 heures AM.


(Alors qu'exténué, souvent j'écris mes obsédants billets sur des sujets passionnants quand tout le monde est couché, sur mon temps de sommeil, irrécupérable, pour évacuer de ma tête trop sollicitée les envies irrépressibles de formuler efficacement une pensée naissante.

En haut, je paraphrase Proust avec un malin plaisir, vous l'avez tout de suite vu, sachant pertinemment que s'il avait été blogueur, on lui aurait reproché ses longueurs qui ont fait justement son bonheur en édition papier. Mais aussi pour signaler que les blogueurs n'ont pas accès à la même machine que dans le monde de l'édition - lecture, relecture, correction, conseils, etc.- et sommes donc obligé de tout faire nous même - de l'encouragement à la correction.

Je vous saurez gré d'excuser les fautes qui, dans mon carnet ouvert à votre curiosité, se glissent par maladresse - et par méconnaissance de la langue - en ces heures tardives, comme c'est le cas pour la majorité de mes billets et j'implore votre indulgence pour celles passées et à venir. Car je mets parfois trop de soin sur le fond, et la fatigue aidant, j'escamote la forme. Je corrige le matin venu quand j'ai plus que... zéro seconde. )

(photo et texte de Proust sur Wikipedia)