ZEROSECONDE.COM: février 2008 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Surcharge informationnelle

"Information overload". Le prochain défi de notre société.

Surplus d'information, trop de bruit, plein de choses : comment préparer l'homme de demain à vivre dans avec une telle surcharge? (Photo d’Al Gore sur Time.com, débusqué par Pilon)


La réponse: l'asservissement des futurs mutants est déjà planifié.....

Trop de choses, plein de bruit, trop d'information.

Nous avons débuté notre propre domestication...
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Lectures :
We Have the Information You Want, But Getting It Will Cost You: Being Held Hostage by Information Overload
How much new information is created each year?

Web-télé: Inspector Bronco

Une série-pastiche bidonnante qui vient de sortir. L'inspecteur Bronco de la Police de Bombay en mission spéciale à New York pour rétablir "l'équilibre de la ville".
Inspector Bronco

Inspector Broco: la web-série
inspectorbronco.com
Facture année 70, filtres couleur, scratchs pellicule et un vrai-faux "doublage" en français comme dans les bonnes vieilles séries étrangères. C'est une production québécoise de Gauthier et Le Guennec.
Web-télé en série
Les producteurs les plus audacieux commencent créer des contenus exclusifs pour les nouveaux médias. On remarque ici, outre le format court qui se prête bien sur le web, que le type de contenu semble très peu "mainstream" par sa facture (fausse série indienne faussement mal traduite avec une fausse mauvaise histoire).

Cinéma vs télé
On remarque depuis un bon 30 ans un transfert du lieu de prédilection de la fiction qui passe du cinéma vers la télé (les années 90-2000 ont été très riches en bonnes séries de fiction à la télé), laissant le cinéma aux prises avec des reprises, des remakes, très stéréotypés, linéaires et finalement peu créatives.

Télé vs web
On voit apparaître une tendance où l'espace créatif pour des scénarios de fictions se déplace de la télé vers le web, où l'espace pour développer des personnages et des intrigues est moins formaté...
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Pour d'autres séries web, vous pouvez allègrement vous rassasier en visitant des listes dans mes posts précédents:
Métamorphoses de la télé
Métamorphoses de la télé (2)
Si vous voulez trouver les nouveautés avant tout le monde: allez voir mon groupe de veille expérimental que j'ai créé sur Facebook.

Hyperconnectivité

Je dois souvent expliquer pourquoi les gens utilisent des outils de réseaux sociaux, ou blogging, ou de communication asynchrone. "Moi je préfère le face à face, je ne comprends pas que l'on veuille rester enfermer devant son écran" disent-ils.

Isolé avec 1 milliard de personnes
Bernard Pouchin - Foule IIL'usage de Twitter, de Facebook, du SMS et des blogues les laisse perplexes. "Je préfère me lever et aller les voir", rajoutent-ils. Bien! faites-le, alors.

Je ne crois pas que l'on utilise ces outils pour s'isoler devant l'écran, mais bien parce qu’on est isolé devant l'écran (généralement pour le boulot) qu'on utilise ces outils.

C'est une manière de rester en contact avec plus de gens que l'on pourrait effectivement le faire. On reste en contact visuel avec ceux que l'on aime, mais ce cercle peut être parfois plus grand que ce qui est possible de soutenir. Ces outils permettent de rester en contact, et de les suivre dans leur cheminement personnel, "intime et ambiant ".

L'intimité ambiante
L’intimité ambiante évoque la capacité de rester en contact avec des gens à un niveau de régularité et d’intimité auquel vous n’auriez pas eu accès habituellement, parce que le temps et l’espace conspirent à rendre cela impossible."

"Ce qui me semble clair, c’est que, pour beaucoup de gens, l’intimité ambiante ajoute de la valeur à leur vie et à leurs relations avec les autres" (source Leisa Reichelt, via Internet Actu

Déplacement du lieu de l'intimité
Je remarque que pour beaucoup de gens de ma communauté de blogueur, un certain usage intime de l'outil blogue s'est déplacé vers ces outils d'hyperconnectivité social. Sur Facebook ou Twitter je retrouve un niveau de conversation "intime" qui était blogué auparavant et qui maintenant est "micro-blogué" sur ces outils.

L'explication que je me donne est que le blogue est devenu un outil de diffusion publique externe et que Twitter est un outil de diffusion intime (Facebook est quelque part entre les deux). Évidemment, la distinction est rhétorique : tout ce qui est sur Internet est en quelque sorte public).

En suivant le fil de twitter de certaines firmes, je suis carrément à côté de la machine à café à écouter leurs discussions et les potins. Et il n'est pas rare ensuite de les rencontrer et de poursuivre la conversation de vive voix.

Home twit home
Mais avec Twitter, et c'est ce qui explique qu'il survie encore très bien après l'arrivée de Facebook chez les professionnels du domaine, on restreint de facto la portée à un groupe. "On se sent chez soi", comme au début des blogues...

Et vous, qu'en pensez-vous?
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Image de Bernard Pouchin
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Mise à jour 10h30
Pour lire davantage sur le sujet:
Jaffe Juice : PR in less than 140 characters, 8 octobre 2007
Twitter Fact : First state of the Twitosphere in Canada, 18 décembre 2007
Read/Write Web : Tweeterboard: Who Does That Person on Twitter Think They Are? 19 décembre 2007
Read/Write Web : Ten Common Objections to Social Media Adoption and How You Can Respond 7 janvier 2008

Web mobile

Quand il y a 50 fois plus de demandes de recherche venant du iPhones que tout autre appareil mobile sur le moteur de recherche Google, il ne fait plus de doute que si d'autres opérateurs emboîtent le pas en rendant l'accès au Web accessible directement depuis leur téléphone mobile, on peut réellement penser que le web mobile prendra son envol.

"The world is changing. Users want an internet without fences. They know how to type in Google.com if they want to get to it," (...) "Two years ago the operators were still playing the role of gatekeepers but that is no longer the role for them."

Je crois que le média-web vidéo-clip (à la YouTube) sortira enfin des desktops pour se répandre sur la place publique via les cellulaires mobiles...

Ce qui fait aussi dire à Sébastien Provencher, de Praized media, que le moment où le cellulaire mobile rencontrera l'hyperlocal n'est plus pour très loin.

Via Praized Blog : Quote of the Day: Vic Gundotra from Google on Apple iPhone Traffic
Apple Insider : Google iPhone usage shocks search giant
Financial Times : Google homes in on revenues from phones

Maroc : 3 ans ferme pour un faux compte Facebook

Le Tribunal de grande instance de Casablanca a condamné Fouad Mourtada à 3 ans de prison pour avoir usurpé l’identité d’un membre de la famille royale marocaine sur Facebook. (Écran.fr)

Il semble qu'il a porté « atteinte aux valeurs sacrées du royaume en la personne du prince ». L'« utilisation de données informatiques falsifiées et usurpation d’identité » n'est pas prise à la rigolade au Maroc.

Surfez sans temps morts - pignez sans entraves
Nonobstant une peine exagérée, très exagérée, et outre le fait que la "victime" était Son Altesse Royale, le prince Moulay Rachid (on se demande quels usufruits il a été privé, des pingnages coquins peut-être), il me semble que l'histoire montre que d'un côté on prend le tout un peu trop au sérieux, et de l'autre, pas assez (emprunter une identité facebook est considéré comme une blague)

Les mécanismes de validation sur internet sont pitoyables depuis les débuts il y a 40 ans (où au fond tout le monde se connaissait et le milieu appelait la confiance des pairs finalement) et la recherche d'une solution "technologique" ne semble pas aboutir. Le Maroc montre (parodiquement) la voie. Dans un monde en réseau, tu es ton identité. C'est le retour de Martin Guerre...

À quand la reconnaissance que l'usurpation de l'identité sur Internet n'est pas un conflit d'enfants, mais une chose à prendre au sérieux?
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Bientôt un commissariat virtuel en France?
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MISE À JOUR 19 mars 2008: Fouad est gracié. Le Monde, CasaFree, Le Monde du blog (via Éric Baillargeon dans les commentaires ci-dessous)

Nouveaux medias et monde arabe

Mon envie d'apprendre la langue arabe a été stoppée le jour où j'ai appris qu'il n'y avait pas 1 langue arabe, mais des langues arabes. Par contre, mon envie de connaître cette culture et ce monde ne s'est jamais éteinte. Quand je suis tombé sur l'émission de Thierry Garcin de mardi de la semaine dernière, sur France Culture, mon oreille s'est dressée, car on y parlait du monde arabe et de l'internet. Je vous partage ce que j'ai retenu.

Osman WaqiallaLes nouveaux médias déplacent partout le centre de gravité de la sphère publique, dans l'ensemble du globe. De la démultiplication des voix institutionnelles à la prise en charge des citoyens de nouveaux moyens d'échange, le pouvoir, toujours associé au savoir, se redéfinit partout. Qu'en est-il dans les pays arabes?

Voici ce que j'ai noté [avec mes commentaires entre crochets]. On peut aussi écouter le podcast, 10 min.

الجزيرة
Dans l'émission, on commençait par la chaîne, symboliquement chargée en Occident et dans le monde arabe, Al-Jazeera, qui représente pour cette sphère du monde, une transformation du paysage médiatique : au milieu des années 90, il court-circuite la logique de télévisions nationales en introduisant une télévision transnationale.

Il amorce aussi le mouvement de ce qui est appelé, dans l'émission sur France Cuture, le "contre-flux", c'est-à-dire une obstruction du débit de l'information circulant uniquement du Nord vers le Sud.

الثورة
Cette révolution ne nous a pas été télévisée. On ne le montre pas beaucoup dans les médias occidentaux, mais le monde arabe aujourd'hui est globalement soumis à une couverture du monde provenant à la fois de l'international et à la fois, tout récemment, de l'interne. Il n'existe plus d'État "ermite", car les chaînes d'information en continu font partie de leur quotidien et l'ouverture sur le monde y est constant.

Avec l'internet, mais aussi bien avant avec la télévision satellitaire, les "nouvelles", largement politiques dans les pays arabes [et fortement occupés par les activistes ou les militants cherchant à imposer leur interprétation de l'Islam et/ou leurs agendas politiques], ont vu leur "domination" dans la sphère publique (du moins les chez les jeunes Arabes) diminuées face au «divertissement», au sens très large. Ce qui inclut les blogues.

بلوق
En 2005, dit-on, le phénomène des blogues démarre véritablement, où une trentaine de milliers de "blogues durables" [sic] sont actifs, apprend-on, dans tout le monde arabe. [Notez le vocable "durable". On élude ainsi la fallacieuse objectivité des statistiques à la technorati où un bon blogue est (aussi) un blogue mort]. En 2006 ce compte est passé à trente milles, seulement au Maroc, c'est dire l'explosion et la rapidité des évolutions.

Le monde arabe, médiatiquement parlant, était centré sur l'Égypte, et même le Liban à l'époque, et voit aujourd'hui son centre de gravité se décaler vers l'Est, vers la péninsule arabique (on pense au Qatar et à Dubaï), ce qui n'est pas étranger aux énormes développements culturels, architecturaux et touristiques mis en place récemment. [Ceux qui ont de ce coin du monde une image d'Épinal avec un chameau dans un désert ont intérêt à mettre à jour leur banque d'images].

العربية
Ces régions, autrefois très en contact avec le français et l'anglais, ont aujourd'hui rapidement tendance à s'arabiser, par un arabe utilisé dans les médias, transcendant les différences nationales, mais aussi en utilisant sans complexe les différents dialectes locaux, par une réappropriation de la langue au niveau individuel, avec toutes les dérives que cela comporte.

Les pouvoirs du savoir, les institutions voient une certaine jeunesse [numériquement plus importante en proportion que dans les pays occidentaux, ne l'oublions pas] s'accaparer des outils des nouveaux médias pour s'affranchir des poids de leur héritage et regarder l'avenir de façon désinhibée, par rapport au Nord, aux autres langues, mais pour ouvrir une communication horizontale.

الاتصا
Cette communication horizontale, par opposition à une communication du haut vers le bas, d'un émetteur vers une masse qui écoute, est sans doute le fait le plus extraordinaire dans ces sociétés, aux dires du professeur interviewé dans l'émission.

Les enjeux internationaux, la capsule de Thierry Garcin, est toujours trop courte et on en aurait demandé plus. On trouvera sur le site de l'émission, tout en bas, avec profit, une liste de livres et de liens portant sur le sujet. Mais je trouve que nous avons là une bonne mise en place pour comprendre l'impact des nouveaux média dans le monde arabe.

Si le sujet vous intéresse, il y a le carnet du professeur interviewé, Yves Gonzalez-Quijano, maître de conférences à l’université Lumière Lyon-II : culturepolitiquearabe.blogspot.com

Un colloque vient justement de se terminer à Lyon et portant sur les médias arabes et le traitement de l'actualité, on a ici l'invitation (PDF, français, 6 pages) et les actes seront publiés dans la Revue Hermès.

On mettra aussi dans son agrégateur Hou-Hou blog, simplement parce que c'est un bon blogue.
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image : dernière oeuvre d'Osman Waqialla (1924-2007)
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Blu-ray par K.O

Bruno Guglielminetti dans le Devoir de ce matin y va son pronostic : les dés sont jetés, Blu-ray a gagné.

BLU-Ray gagnantAprès les studios Warner en janvier, puis Netflix (location de films par Internet) et ensuite Best Buy qui ont confirmé depuis le début de l'année avoir lâché le format HD DVD, c'est automatiquement son concurrent le Sony Blu-ray qui y gagne.

Vendredi dernier, s'il fallait un signal pour les consommateurs, la chaîne Wal-Mart indiquait qu'elle ne supporterait plus le format HD-DVD d'ici l'été.

Bruno retrace très bien la brève histoire de la décente aux enfers du HD DVD et les raisons de la fin du combat des plateformes HD.

La voie est maintenant libre : le marché n'attend plus que vous changiez votre parc audio-visuel pour vous être 100% HD.

(source image)

Get to safe area

"Précipitez vous vers un lieu sûr" tel est la consigne que la Northern Illinois University a écrit en page d'accueil de son site web à 15h20 précise, heure locale, aujourd'hui même. Vingt minutes auparavant, un tueur fou venait de décharger toutes ses munitions dans une classe bondée d'étudiants. Le reste, vous savez que vous le trouverez sur CNN, NYTimes, TFI, SRC, Europe1, ChinaNews, Al-Jazira et ... Lipstick.lace.brassknuckles.wordpress.com ?

Sordide époque, ces temps-ci, en Amérique, où il ne fait pas bon étudier sur place, puisqu'il faut ajouter l'adverbe "encore" à "une fusillade sur un campus américain". Ça provoque des tonnes de questions.

Celles que je retiens pour mon carnet sont celles-ci.

Par quel média, cette nouvelle vous a-t-elle rejoint en premier?
Dans mon cas, c'est la radio, plus par hasard que par habitude, sinon je l'aurais appris dans mon journal demain matin. Et je serais le premier surpris que quelqu'un l'apprenne par Zéro Seconde. Ou par la blogosphère. Sauf peut-être par la microblogosphère --les digg-like, les FB status, les Twitter et quelques autres blogueurs accroc à la gâchette facile.

La blogosphère en général prendra le relais très rapidement, pour offrir questions et réponse, cri d'indignation ou conversation émotive, mais elle ne sera pas au centre. Mais elle jouera le rôle de soupape.

Les moteurs du web seront surchargés encore dans les prochaines heures de requêtes concernant ce drame et il y aurait fort à parier que les Google, Yahoo et AOL de ce monde ont su très rapidement que quelque chose se passait à la Northern Illinois University.

Northern Illinois University influence Google Trends

Pourquoi diable l'université a-t-elle écrit sur leur page d'accueil "Get to a safe area"?
Ma dernière réaction aurait été d'aller sur la page d'accueil de mon université. Pourquoi pensait-on que le message pouvait se rendre? Peut-être pcq là-bas, aux États-Unis, le web est beaucoup plus intégré et fiable qu'ici (combien de compagnies sérieuses d'ici ne mettent pas à jour leurs sites ou ne répondent même pas aux courriels envoyés -- ça finit par nous créer des réflexes).

C'est parce qu'il y avait un webmestre présent et qu'il considérait son site web comme un média: "the show must go on". La page d'accueil a été rapidement modifiée et devint la plaque principale pour informer le monde.

Northern Illinois University Page d'acceuil avant et après

Ce qui est étonnant, c'est que le web était apparu dans les médias dans des conditions analogues en 1995. Après le terrible tremblement de terre de Kobe au Japon, des universitaires avaient mis à jour un site pour tenir au courant le reste du monde. Mon étonnement concerne le chemin parcouru depuis 13 ans : avant on utilisait le web pour rejoindre une périphérie qui avait perdu contact, alors que le centre, lui, n'était plus en contact. Autrement dit, le site n'était d'aucune utilité localement (il n'y avait pratiquement plus d'électricité là-bas) mais était une source inestimable pour l'extérieur.

Voilà, aujourd'hui, le web est utilisé pour le local vers le local. De l'extérieur, nous pouvons observer et suivre les événements, comme sur l’holodeck de Star Trek (si vous me permettez la seule image qui me vient à l'esprit tant on se rapproche étonnamment de la science-fiction), mais c'est à une "communication locale à local" auquel on assiste.

Serait-ce une alerte RSS?
"There has been a report of a possible gunman on campus. Get to a safe area and take precautions until given the all clear." (cache) Je ne saurais dire si ce message du webmestre a réellement atteint son audience (des courriels ont aussi été envoyés), mais je vois là, dans une société fortement en "demande de sécurité", s'il ne va pas se mettre en place un système d'alerte via les nouveaux médias portatifs.

On se souvient de la tragédie du tsunami du 26 décembre 2004. Il a été discuté d'un système d'alerte distribué sur le web (un Peer-to-peer Tsunami alert) où un site de surveillance de tsunami serait mis à jour en temps réel afin d'alerter la population. Pas toute la population, seulement un certain nombre dont l'agrégateur aurait reçu une alerte RSS. Le bouche à oreille aurait fait le reste.

Il n'est plus impensable aujourd'hui que les Américains instaurent une fil d'alerte similaire qui envoie des messages tous azimuts (XML, courriel, texto, P2P, etc) pour alerter ses "abonnés". Une procédure permettrait de s'assurer qu'un maximum d'étudiants reçoit l'alerte.

Pourrait-on prévenir le pire?
Trouverons-nous des traces sur Internet qui aurait pu prédire cette catastrophe humaine? Un blogue, un forum, comme dans le cas de la tuerie au Collège Dawson à Montréal il y a un an et demi.

Comme le disait le chef des policiers arrivés sur la scène du crime cet après-midi (deux minutes après le début des coups de feu), il est impossible de complètement empêcher de telles violences.

Get to a safe area. Il n'y en a pas...

On s'en désole.
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3 sites, 2 logiciels, 1 lien

Trois sites
issuu : Lisez vos PDF comme vous lisez vos livres (via Olivier Ertzscheid)
ooVoo.: Vidéo-chat à plusieurs. Un seesmic-like, vraiment communautaire.
Hooseek : Méta-moteur de recherche. Et c'est pour les bonnes oeuvres.

Deux logiciels (via Benoît Descary)
Videospin : Montage vidéo gratuit.
Virtualdub : Lui aussi.

Un lien
Yahoo's Flash Developpement Center: ActionScript Toolkit for Rich Applications (via Fred Cavazza)
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Espaces et services branchés

Interface[s] Montréal, les rencontres du génie numérique et des affaires à Montréal, rendu[s] à sa troisième saison, propose[nt] mardi prochain sa deuxième table ronde sur le déploiement accéléré des systèmes intelligents et interconnectés dans les espaces de vie. L'internet des "objets" est à nos portes... avant d'y être complètement dedans.

J'y serai présent si tout s'enligne bien. «Le réseau des objets» correspond à un monde d’appareils interconnectés. Et il me semble que ce moment s'annonce pour la prochaine décennie.



Conférence 2 :
ESPACES ET SERVICES BRANCHÉS
Le maillage des espaces

Mardi 19 février
17h30-21h30, à la SAT

INTRODUCTION
Sylvain Carle - Vice-Président Technologies, Praized Media

ESPACES BRANCHÉS : LA PROCHAINE FRONTIÈRE IP?
René Barsalo, Directeur recherche et stratégies, Société des arts technologiques [SAT]

E-CITÉ: LA DYNAMO DU CYBERESPACE DE LA VILLE DE MONTRÉAL
Jean-François Brucel - Conseiller inforoute, division des relations avec les citoyens, Ville de Montréal

NE MOURREZ PAS PAR ERREUR…
Claude-Michel Morin et Philippe Panzini - Président et Co-fondateur, Medical.MD

LE TOUR DU QUÉBEC EN MOINS DE 50 MILLISECONDES
Michel Côté, Directeur de l'exploitation, RISQ

www.interfacesmontreal.org

Tarifs incluant le buffet (taxes incluses)
Prévente
Conférences-démo = 15 $
Tarif étudiant = 10 $

À la porte
Conférences-démo = 20 $
Tarif étudiant = 10 $

Donner pour vendre?

Mettre gratuitement un livre en ligne peut-il être bénéfique pour les ventes? "Les gens téléchargent, mais ne lisent pas. Ils téléchargent pour se donner l'impression de posséder quelque chose qu'un jour ils vont lire. Mais quand les gens ont envie de lire, ils vont acheter les livres." L'expérience de Paulo Coelho l'auteur de "L'Alchimiste" teste durement les nerfs des éditeurs.

Imprimerie 15e siècleOn apprend sur le site de Bruno Giussani (Paulo Coelho: Why I pirate my own books, 4 fév 2008, anglais, 992 mots) que Paulo Coelho a publié en 2000 sur son site un texte qu'il a écrit spécialement pour le Web : "Histoires pour les parents, enfants et petits-enfants".

En cinq mois, le livre a été téléchargé plus de 1 million de fois. Résultat? "Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai jamais eu de commentaire sur ce livre " dit Paulo. (Repéré par Blogging the news)

Téléchargement à volonté
En d'autres mots, télécharger un document du web ne signifie nullement en prendre connaissance. J'ajouterais que cette pratique prolonge l'acte de "photocopie à tout crin" pour ceux qui sont assez vieux pour avoir connu cette technologie ;-)

Si vous êtes comme moi, vous n'avez pas plus lu ce que vous avez photocopié que ce que vous mettez aujourd'hui dans vos signets. Le téléchargement suit le même chemin.

"скачать бесплатно" comme disait ma grand-mère
Mais poursuivons l'histoire de Coelho : il a mis une édition russe de L'Achimiste en ligne ("скачать бесплатно" - free download). À ce moment, les ventes du livre flottaient à 1000 copies par année dans l'empire de Poutine. Pas terrible. En 2001, à la grande surprise de tous, ce nombre est monté à 10 000 exemplaires, puis l'année suivante, à 100 000 exemplaires.

La population avait commencé à lire et/ou à en parler, et comme elle aimait le livre, elle l'a acheté. La troisième année, ils ont atteint 1 million d'exemplaires. "Nous sommes maintenant à plus de 10 millions d'exemplaires en Russie." Depuis il a établi un blogue, Pirate Coelho pour faciliter la transmission de copies électroniques de ses livres, dixit Giussani.

Goûter avant d'acheter
"Vous donnez au lecteur la possibilité de lire vos livres et le choix de les acheter ou non." Et d'ajouter Giussani que dans les librairies américaines, il n'est pas rare de feuilleter un livre et de siroter un café avant de faire le choix des livres à rapporter à la maison. Donc ce butinage n'est pas exclusif au web.

Paulo affirme que la distribution électronique alimente la vente en magasin pour ses livres "parce qu'ils [les lecteurs] ont la possibilité de juger ".

Il n'est pas le seul à penser comme ça.

Des actes contre nature (pour les éditeurs)
"Down and Out in the Magic Kingdom", publié en janvier 2003 par Cory Doctorow, a été proposé en même temps gratuitement sur l'Internet.

"I've been giving away my books ever since my first novel came out, and boy has it ever made me a bunch of money." dit-il dans l'article Giving it away (Forbes, 2006, anglais, 1457 mots)

Le même jour, il y a eu 30 000 téléchargements (sans compter les copies de copies que les utilisateurs ont distribuées). Aujourd'hui, au-delà de 700 000 exemplaires ont été téléchargés à partir du site de l'auteur.

"La plupart des gens qui téléchargent le livre ne finissent pas par l'acheter, mais ils ne l'auraient pas acheté de toute façon, je n'ai donc pas perdu aucune vente, je viens de gagner un public" dit-il.

Encore, encore
Seth Godin sort en 2001 son livre "Unleash the IdeaVirus" (qui se résume ainsi: les idées sont des virus et se propagent comme la grippe.) Et comme les idées gratuites se propagent plus vite, il le met en vente tout en le donnant gratuitement sur son site. Résultats? Premier jour: 3000 téléchargements. Puis après: 1 million. Au bas mot 2 millions de copies circulent. et ça lui a rien coûté pour atteindre cette audience. Hum.

Et toujours
Joël De Rosnay et Carlo Revelli ont publié "La révolte du pronétariat, des mass media aux médias des masses " en 2006. Puis après 6 mois, hop, en ligne. Nous préconisons "la mise à disposition gratuite au plus grand nombre d'un ouvrage de référence sur la révolution du Web". Texto.

Et un dernier pour la route
Loïc Lemeur annonce en 2005 qu'il dépose sur son blogue très influent les chapitres de son "Blogs pour les pros". Ces billets deviennent les chapitres de son livre, incluant les commentaires et les corrections des lecteurs.

Reprenons nos sens
Ces cas, on s'en doute, seraient moins probants pour des auteurs ne possédant pas déjà un lectorat mondial bien établi. On est devant l'oeuf et la poule.

Le livre fait parti de ces biens qui ont la particularité de ne pas pouvoir se "consulter" sans affecter sa valeur (contrairement à un marteau dont l'utilité ne disparaît pas avec son utilisation): lire un livre est l'acte de consommation et normalement le livre ne se consomme qu'une seule fois. Il n'y a donc pas moyen de le consulter sans affecter sa valeur. D'où l'apparente contradiction dans ces histoires de "livres gratuits".

Simplicité d'accès
Je crois quant à moi que la logique en place en est une de distribution: quand un livre possède une distribution très fluide, une recherche sur le réseau n'offre pas la même satisfaction ni la même facilité d'accès. Contrairement à ce que l'on pense, trouver quelque chose de précis sur Internet reste une activité ardue (C'est par contre un excellent outil de recherche par sérendipité.)

Dans ce cas, ce sont ceux qui sont archiconnus qui peuvent peut-être en bénéficier -- les moins connus courent au moins la chance de se créer un auditoire.

Quand on veut lire [un livre], on va encore à la librairie ou à la bibliothèque, on ne fait pas des recherches effrénées sur Google. Et de tout façon tant que la lecture [d'un livre] sera plus pénible à l'écran que sur du papier, ce ne sera pas demain la veille.

Où allons-nous?
Une piste: l'accès et la qualité de l'écran s'améliorent. Alors en ont-ils encore pour longtemps? Même RadioHead a mis fin à leur expérience de téléchargement gratuit. Serait-ce la fin de la récré?

Une autre piste (contraire): Le New York Times annonce aujourd'hui que l'américain HarperCollins donne un accès complet et gratuit en ligne à certains de ses livres dans le but d’augmenter les ventes (via TeXtes). Serait-ce la voie à suivre?

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Piste de lecture
-Jean-Michel Salaün : Le web média, Synthèse (Nov. 2006, français, 1185 mots) où il décrit l'économie qui se met en place sur le web pour tout ce qui est contenu numérisé.
-Frédéric Kaplan : Futur 2.0 : Si les livres pouvaient parler (Avr. 2007, français, 1733 mots) où il narre sa vision du livre d'hier à demain.
-teXtes : Donner c'est donner (12 fév. 2008, français, 466 mots) Retrouvez d'autres cas de livres gratuits pour faire vendre.
-Issuu: widget permettant de visionner sur le mode du "feuilletage de page", sur le web, un pdf comme si c'était un livre. Comptes rendus de Hubert Guillaud et Olivier Ertzscheid.
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Adviso - le blog

On se demandait bien quand Adviso Conseil allait ouvrir un blogue bien à eux. On sait que les dirigeants Jean-François Renaud et Simon Lamarche alimentent depuis longtemps le blogue innovationweb de Branchez-vous avec des billets quotidiens. Ils étaient très bien placés pour comprendre la valeur de posséder le leur bien à eux. Le voilà ouvert depuis ce soir. Tour de piste.

Premier constat : le carnet est ouvert à l'interne, ce qui permet aux talents internes de briller à l'extérieur, et de diversifier autant dans le ton que dans les sujets la couverture du carnet, reflétant ainsi les compétences de la boîte sur la place publique. C'est le but d'un blogue corporatif.

Deuxième constat : le carnet a été nourri en circuit fermé depuis plusieurs mois (octobre 2007) ce qui donne une belle panoplie de billets à l'ouverture. J'imagine que ce rodage a permis d'établir quels étaient les billets de bonne qualité tout permettant de mettre en place un protocole de publication corporatif. C'est essentiel pour conserver un certain contrôle sur la communication vers l'externe.

Troisième constat : l'information est totalement tournée vers la diffusion d'informations et de connaissance et non pas une simple vitrine corporative (le contraire aurait été étonnant). Cette approche en fait alors un équivalent d'une veille tout azimut pour leurs clients ou prospects tout en permettant de se positionner dans les moteurs de recherche.
Ils présentent leur blogue comme "une fuite de leur blogue interne" qui nous permettrait d'accéder à des "contenus autrement confidentiels" et "réservés aux érudits de l'Équipe d'Adviso". ;-) Si je me fie à la topologie des blogues corporatifs dont je parlais en 2005, ils sont dans la catégorie blogue à thème de type persuasion : bâtisseur d'image.

Les thèmes abordés concernent le marketing internet, la stratégie web, l'expérience client, l'ergonomie, les réseaux sociaux et le référencement, entre autres. Les textes sont en français et parfois en anglais.

J'imagine qu'il vont éventuellement nous permettre de faire des commentaires, car en ce moment il faut être enregistré et il n'y a aucun bouton pour le faire...

J'ai relevé ces billets pertinents:

Ranking differently on Google.com whether I search from Canada or US
Où on apprend qu'il y a une très grande variation dans les résultats sur Google.com si la recherche est effectuée à Montréal ou à New York par exemple. Mais si les mots clefs contiennent un nom de lieu, alors le résultat ne varie pas selon le serveur ("computer Canada" donnent les mêmes résultats indépendamment du lieu de la requête). Il n'y a donc aucune façon. à partir de l'accueil de google.com, de connaître le positionnement d'un site aux État-Unis si on est basé à l'étranger (le billet propose une solution).

Faire une bonne page 404 — 10 conseils
Où on nous suggère qu'une bonne page 404 est une page qui ne s'appelle pas 404. Et il faut y ajouter un message qui mentionne que c’est votre erreur et non pas celle de l’utilisateur. Plus un champ de recherche et des liens vers vos pages les plus populaires ou les plus récents. Et évidemment, conserver vos menus de navigations -du moins les principaux- et le plan de votre site, ainsi que vos coordonnées.

Le web prend un virage vert
Où on trouve une une liste de portails pour trouver de bons sites sur le développement durable, le commerce éthique, le commerce équitable et et l'attitude responsable.

The Low Down on Email Certification
Où on explique ce qu'est une certification courriel et les compagnies qui les offrent.

Obtenir le mot clé exact pour Adwords
Où on apprend qu'il est possible de croiser les mots clés Adwords avec des données disponibles dans Google Analytics, ppour répondre à cette triple question: "qu’en est-il du mot clé cherché par le visiteur avant de cliquer sur l’annonce? Quelle était l’intention de recherche initiale? Et ultimement, pourquoi certains mots clés Adwords convertissent si mal sur mon site?"

Il y a aussi une critique de l'ergonomie du nouveaux site de voir.ca et une information concernant le taux de rebond qui a une influence significative sur le revenu d'un site de commerce.

Dominic Arpin : Le patrouilleur du net

"Ladies and gentleman, Dominic Arpin hasn't left the building!" De retour après une pause de quelques mois, il reblogue a nouveau sur son carnet tout neuf. Il devient "Le patrouilleur du net".


Dominic ArpinDominic "l'Arpingleur", le cow-boy qui "lemeurise" tout ce qui blogue plus vite que son atom. Un blogue sain dans un corps sain, telle est sa devise.

Je crois que la moindre des choses que l'on peut s'attendre d'un patrouilleur du net c'est qu'il distribue des billets! Nous voilà ravis! Juste à temps pour le Yulblog de ce soir!

Disrupt or destroy : l'accès Internet comme enjeu stratégique

Quand trois câbles de télécommunication alimentant une partie du Proche et Moyen Orient ont été coupés la semaine dernière, toute cette partie du monde s'est retrouvée privée d'Internet ou fortement ralentie. Courriel, VoiP, vidéo, cybercommerce, etc. Quand un quatrième est coupé dimanche, il est difficile de ne pas penser y voir une conspiration.

Miss -détails (Photo de Vincent Lessard)Bien sûr, des câbles brisés, il y en plusieurs par année. ABCnews en compte facilement jusqu'à 50 dans l'Océan Atlantique seulement.

Donc plutôt courant comme pépin, mais quand il manque de redondance, la situation devient préoccupante. Alors quatre bris simultanés? Parle-t-on alors d'attentats? Dans la blogosphère, la rumeur circule. S'agirait-il d'isoler l'Iran? comme le laisse entendre Bloggernews. Les paris sont lancés!

Réseaux stratégiques
Quoi qu'il en soit, les impacts politique, économique et social sont devenus énormes : perdre le réseau virtuel, c'est une panne tout ce qui a de plus "réel". Et si certains pays n'y voient pas tout de suite, il y a fort à parier qu'ils seront fragilisés dans un proche futur.

L'Inde a vu sa dorsale Ouest s'écrouler et a dû se rabattre sur son unique autre dorsale à l'Est (info trouvée sur ABCnews). Pour un pays où la télécommunication fait travailler beaucoup de cerveaux ou de téléservices à distance, c'est un sacré problème.

Les pipelines de l'or numérique
Un plan de redondance stratégique devrait faire partie de tout bon programme d'autonomie nationale ou régionale, au même titre que l'énergie (électricité et pétrole au premier plan).

On apprenait ce matin dans Le Devoir que le Canada n'a pas de réserves stratégiques de pétrole pour protéger les provinces de l'Est, dont le Québec et l'Ontario. Les dorsales d'Internet sont en quelque sorte des pipelines d'information et si l'information est le pétrole du 21e siècle, doit-on penser les inclure dans toutes stratégies de "défenses"?

La cinquième colonne
En tout cas, ce qui circule depuis 1 an ou 2 sur le réseau c'est le un rapport déclassifié du Department of Defense américain, passablement censuré, qui décrit Internet comme une arme aux mains de l'ennemi. Pas sûr, par contre, tant que le président actuel reste en place, de savoir qui est ainsi désigné comme ennemi, mais poursuivons.

L'information est une arme et l'electronic warfare (EW comme il est nommé dans le document) fait partie des mesures que doivent prendre les militaires.

Disrupt or destroy
Intitulé : "Information Operations Roadmap" et signé par Rumfeld en 2003, le document termine en demandant que soit donné le pouvoir "[to] provide maximum control of the entire electromagnetic spectrum".(...)[to] "disrupt or destroy the full spectrum of globally emerging communications systems, sensors, and weapons systems dependent on the electromagnetic spectrum".

De là à penser que couper des câbles relève de cette stratégie, il n'y a qu'un pas. Je ne sais pas si c'est vrai, mais l'existence du document ne laisse plus de doute sur l'aspect stratégique d'Internet pour les états, les régions et les peuples...

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Work begins to repair severed net, BBC (anglais, 758 mots)
The newest Internet whodunnit? Who cut the cables? C|Net (anglais, 327 mots)
Analyzing the Internet Collapse, ABC (anglais, 1378 mots)
"Information Operations Roadmap" Departement of Defense, PDF (anglais, 78 pages)
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