ZEROSECONDE.COM: Le climat et la communication : plus que du vent (par Martin Lessard)

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Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Le climat et la communication : plus que du vent

Sur les dangers climatiques, les scientifiques ne convainquent pas. Ils démontrent, par la raison. La population ne veut pas raisonner mais croire. Hum. On va avoir comme un problème, bientôt.

http://www.flickr.com/photos/freeparking/1279927021/ Si on veut du changement et freiner la catastrophe environnementale, on doit tous changer nos comprtements. Mais que faire? Qui croire?

«Les climatologues ont toujours mal saisi la dynamique de la crédibilité et la confiance populaire. Ils tiennent pour acquis que la conviction se bâtit à coup de faits et que le confiance du public s'appuie sur l'autorité institutionnelle. Sauf quelques rares communicateurs hors pair, ils évitent souvent de faire appel à des valeurs plus profondes ou de créer des rapprochements émotionnels avec le public – en fait, ils voient ça comme une atteinte à leur indépendance professionnelle.(George Marshall, The guardian.co.uk)

Or l'enjeu planétaire qui se joue avec le réchauffement du globe ne laisse que peu de marge de manoeuvre: nous devrons communiquer et ce à grande échelle, pour transmettre de formidables et complexes informations: que ce se passe-t-il dans notre écosystème? et que faire pour la protéger?

Un des enjeux dans les prochaines années sera que cette information -- la bonne information -- soit retransmise. Des informations sur l'état réelle de la situation (et de s'entendre sur la façon de la mesurer) et des informations sur comment éviter le pire (et s'entendre aussi sur les actions à prendre).

Gaston Bachelard avait écrit: "La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion."

Mais c'est actuellement l'opinion qui fait bouger les choses. Une adéquation nécessaire est demandée entre les journalistes, les politiciens, les scientifiques et les médias sociaux pour retransmettre les connaissances appropriées à une prise de décision efficace.

Oui j'ajoute les médias sociaux car ils forment une courroie de transmission virale qui pourrait être bénéfique pour une action à grande échelle et sur le court terme...

Du 7 au 18 décembre c'est la Conférence de Copenhague. A quelles conséquences pouvons-nous nous attendre, et que pouvons-nous faire? À suivre de près sur le site de conférence (en français) car peut-être qu'Internet recevra le Nobel de la paix en 2010 (en anglais) ?

(Image : L’aube en hiver)

9 commentaires:

jeudi, novembre 26, 2009 3:16:00 p.m. Jacques Warren a dit...

Salut Martin,

Permets-moi seulement d'être en admiration devant un bloggueur qui cite le vieux Gaston. Coup de nostalgie de mes années universitaires. On devrait le lire plus, même en marketing...

jeudi, novembre 26, 2009 4:57:00 p.m. Martin Lessard a dit...

Jacques, surtout en marketing!

samedi, novembre 28, 2009 6:24:00 a.m. Anonyme a dit...

Croire c'est bien, savoir c'est mieux.

La dynamique de la crédibilité peut servir à tromper les gens, comme M.Madoff a réussit à le faire admirablement avec des banquiers et des investisseurs professionnels attirés par la quête du profit.

Paul

lundi, novembre 30, 2009 10:44:00 a.m. Martin Lessard a dit...

Oh Paul! Je suis ici sur un territoire qui t'es cher, je sais. Et tu as raison, théoriquement. Mais les humains ne sont pas complètement 'rationnels'. Du moins, pas en troupeau.

Je dis dans le sens que je 'crois' que l'univers est ce que les scientifique disent, pour la simple et bone raison que je n'ai pas les moyens de tout valider moi-même. Je ne peut que valider (donc rationlaiser) qu'une faible partie de ma vie.

Sur le terrain environnemental, une logique floue (je ne sais pas si le terme est approprié dans ce contexte) qui consiste à dire que 'dans le doute, mieux vaut y croire' (pcq si on se trompe c'est la grosse catastrophe) risque d'être de la 'savoir' le plus évolué pour plusieurs.

Quant à Madoff, l'adage qui dit que "l'on ne peut tromper tout le monde tout le temps" est vrai...

mardi, décembre 01, 2009 11:31:00 p.m. Anonyme a dit...

Bonsoir Martin,
Oui je m'y intéresse en amateur mais d'autres l'étudient et l'enseignent comme Olivier Ertzscheid que tu connais.
Alors, je ne vais pas m'étendre sur l'épistémologie et la logique mais entre tout valider et ne pas contrôler la cohérence de ce qui nous est dit dans les média de masse il y a un grand écart que personnellement j'évite de faire. Si c'est incohérent, il y a un problème majeur. Si c'est cohérent on peut supposer que c'est probablement vrai avec le niveau de crédibilité qu'on attribue aux sources lues.

oui il faut appliquer le principe de précaution tout en ne cédant pas à la panique ni la psychose induit par les médias comme avec la grippe actuellement.

En indiquant les éléments de crédibilité, on permet aux gens compétents de se faire mieux entendre mais aussi aux escrocs d'être plus convaincant. As tu vu Les Yes Men ? ils ont refait un autre film documentaire récemment. Ça devrait te plaire avec une bonne dose d'humour.

Mad-off a quand même trompé son monde pendant 40 ans. C'est pas tout le temps mais sans la crise financière du siècle il aurait probablement continué encore qq années.

A+ Paul

mercredi, décembre 02, 2009 7:37:00 p.m. Martin Lessard a dit...

Paul, la logique scientifique est la plus conquête de l'Homme. Mais je reste fasciné par la logique humaine, trop humaine, des gens en société. Enseigner les rudiments de rhétorique ou de logique formelle ne fera pas de tors à cette société cynique glissant dangereusement vers une foi religieuse qui sert de verni à une pensée magique galopante.

Épistémologie reste un domaine trop peu étudié. Actuellement je lis Marc Angenot, «Dialogues de sourds. Traité de rhétorique antilogique», oeuvre académique fort intéressant qui me démontre comment l'impéméabilité persuasive est la norme dans le discours social. En un mot, la science ne peut pas gagner sur le seul prétexte d'être au-dessus de la mêlée sur le marché des ideés.

Du moins dans la société telle qu'elle est aujourd'hui, j'magine...

samedi, décembre 05, 2009 2:09:00 p.m. Anonyme a dit...

Attention Martin,
La rhétorique, un art oratoire pour convaincre, est assez bien maitrisé par les politiciens français mais c'est la logique "classique" qui l'est moins tout au moins en public. Je ne sais pas si tout ces journalistes, intello et politiciens la maitrisent bien en privé. L'élite de nos société n'est pas pas toujours une élite de la pensée. J'ai même vu des philosophes ne pas la maitriser et faire des amalgames grossiers. Alors la rhétorique et la volonté de convaincre peut pousser certain orateur à mettre a mal la logique pour atteindre son objectif. N'ayant rien à vendre, je n'ai pas ce genre de compromission. J'imagine que sinon je commencerai à être de mauvaises foi3 en public pour mieux vendre mon baratin.

La rhétorique d'un intello ne m'impressionne plus beaucoup ni ses titres honorifiques aussi nombreux soient ils. J'apprécie la rhétorique et la culture encyclopédique d'un intellectuel mais elle a besoin avant tout d'un raisonnement fiable sinon ce n'est qu'un singe savant.

dimanche, décembre 06, 2009 3:11:00 a.m. Martin Lessard a dit...

Paul,

Si "mettre à mal la logique pour atteindre son objectif" est la méthode employée, on a affaire à des sophistes (au sens désagréable du mot).

Mais quand je dis (avec Bachelard), "[l]a science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion", je crois aussi, avec toi, que la science, en tant que science, ne fait pas de compromission.

Mais il me semble que «l'opinion» ne se bâtit jamais exclusivement sur la science pour les «affaires du monde».

Aurais-je une vision cynique de la société (je ne lui accorde pas la possibilité de s'élever au-dessus des mirages)? Ou alors suis-je en train de dire que la science ne peut être se placer sur le terrain du politique (je lui interdit soit de déterminer mes choix, soit la possibilité même de me faire prendre mes propres choix).

Au fond, tu as placé dès le début nos échanges sur le terrain épistémologique. Je me vois contraint de définir plus précisément le sens de mon billet:

La science dit (exemple fictif): la température du globe montera de 5 degrés Celcius (et s'ensuivra un dérèglement climatique). Le politique dit, soit ce n'est pas grave, soit c'est grave (opinion sur un fait). Je crois alors que l'opinion est ce qui nous fait bouger.

Je ne sais pas si mon raisonnement est "fiable", mais je crois qu'elle fait sens...

Par contre si nous débâtions sur le fait que le politique nie la donnée scientifique (par exemple, qu'il se fait une opinion que l'augmentation ne sera que de 2 degrés ), on serait sur le terrain irrationnel, effectivement. Toute la communication entourant tout ce débat y ressemble beaucoup. Quoiqu'elle concerne moins les données proprement dites que les conséquences appréhendées.

Une chose est sûr: en 25 ans le discours du principe de précaution a gagné. Plus personne ne peut défendre le terrain du "laissez-faire" environnementale (même si la mollesse politique est la forme de position la plus pernicieuse en sa faveur). Mais c'est une victoire de l'opinion. Car les données sont alarmantes depuis 40 ans ("Halte à la croissance ?" du Club de Rome)...

dimanche, décembre 06, 2009 6:02:00 a.m. Anonyme a dit...

Je ne suis pas un flateur et tu raisonnes assez bien, Martin :) Ton erreur se situe plutot quand tu veux théoriser la ou je pourrai presque démontrer qu'il n'y a pas de théorie possible. La science ne sait pas tout et parfois elle se paye le luxe de démontrer qu'il est impossible de savoir, certaines choses précises.

Par conséquent c'est normal que des zones d'ombres soient investi par d'autres. Ce qui est plus ennuyant c'est quand la science donne des réponses et que l'élite en place l'ignore volontairement (ou incompétence) pour des considérations financieres ou de pouvoir.

Le RC est un fait mais il faut rester vigilant avec le commerce du CO2. Avec le capitalisme, il faut monétisér les choses pour qu'elle soit prise en compte. Qui prendra en charge le cout de l'apres exploitation des sables bitumeux en Alberta ? les pauvres couillons de contribuables albertains qui ne sont pas encore né ou pas en âge de voter et qui vont payer avec leur taxes pour éponger les dégats environementaux de leurs ainés et politiciens actuels.

Harper qui niait le RC et maintenant se rend dans les conférences internationales. Harper qui ignorait la Chine et qui maintenant s'y rend pour se prendre une belle baffe diplomatique bien mérité du dirigeant chinois. La Chine n'est pas une démocratie et devrait devenir sous peu la 1ere puissance économique. Est ce une victoire de l'opinion ?

Paul

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