ZEROSECONDE.COM: mars 2009 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

MARS 2009 : sommaire

Ce mois-ci, on parle bibliothèque et webTV, identité numérique et journaux en ligne. Et on souligne le passage d'Hubert Guillaud d'internet Actu à Montréal.

À lire ce mois-ci sur Zéro Seconde (en gras les meilleurs selon moi)

Montréal Web Video 2009
Annonce. Une conférence-réflexion sur "la présence et l’impact croissants de la vidéo sur Internet".

La crise du crédit expliquée en image
Vidéo. L'origine de la crise du crédit qui sévit est obscure pour tout le monde (en général les innocents) sauf pour quelques-uns (les coupables). Voici le meilleur récapitulatif. Et c'est esthétiquement très bien fait!

Soirée Discussion : Internet et... cinéma, télévision, vidéo
Annonce. Organisé par l'Alliance interne, un panel d'experts invités qui partagent leurs questions et réflexions sur la transformation qu'apporte internet à leur industrie, à leur pratique...

Web social et web vidéo
Annonce. J'anime une conférence sur l'intersection entre le web social et la vidéo sur le web: comprendre et bâtir votre audience en ligne.

Ressources pour une bibliothèques 2.0
Ressource. Deux journées vraiment passionnantes que j'ai animées au Forum des Bibliothèques de Montréal : Bibliothèques de Montréal 2.0. la semaine dernière. Pour ceux qui découvrent ce blogue suite au colloque, voici des ressources incontournables autour du sujet (blogues, livres, vidéos) !

Last.FM radio veut devenir payant
Réflexion. Last.FM vient d'annoncer qu'il souhaite rendre payant l'accès à son service Radio partout où la base d'utilisateurs n'est pas suffisante pour permettre l'introduction de la publicité. Le "quasi-gratuit" serait-il rentable?

Qu’est-ce qu’un livre à l’heure du numérique ?
Compte-rendu. "Développer des liens entre, non pas les auteurs ou les oeuvres, mais les concepts les idées, les raisonnements. (,,,) Faire le lien entre tel auteur et tel autre. Entre telle étude et telle autre. Dresser le fil des connaissances, leur histoire, le parcours de la pensée qui nous amène d’une idée l’autre au niveau de connaissance où nous sommes (et pouvoir regarder derrière, pour mieux comprendre)." Tiré d'un texte de Hubert Guillaud.

Hubert Guillaud est à Montréal
Annonce. Le rédacteur en chef d'InternetActu.net et responsable de la veille à la FING, est de passage à Montréal.

À qui profite l'industrie des journaux ?
Réflexion. Ces temps-ci on lit beaucoup que la fin des journaux est proche. Que la fin pour la plupart des journaux est proche. Les journaux tels qu'on les connaît. Et on sait qui est le coupable. Mais la société n'a pas besoin de journaux. Elle a besoin de journalistes...

L'empreinte des réseaux sociaux s'élargit
Ressources. La blogosphère et les réseaux sociaux accaparent encore davantage d'attention sur ce nouveau média. Attention très précieuse qui n'est pas dédiée à d'autres sites... et d'autres médias.

Votre nom ne vous appartient pas
Réflexion. Vie professionnelle, vie relationnelle et vie personnelle devraient-elles faire partie de tout réseau social en ligne?

Disparition d'internet
Mémo. Les journalistes me demandent souvent quel sera le next big grand truc sur Internet dans 10 ans. Je réponds alors que ce ne sera pas le "web 3.0" (le web sémantique) ni un autre GoogAmazTweeterBook qui fera les manchettes. Mais plutôt, et là je vois leur face déconfite, de l'internet ambiant ou des objets communiquants. Ah ça , ils n'aiment pas, ça ne fait pas un bon scoop.

Vidéo viraux: les 7 R
Mémo. La valorisation de contenu sur le réseau, c'est-à-dire l'ajout d'une plus-value à une information --pas nécessairement financière--, dans le cadre de certaines vidéos virales, prend la forme d'un cycle qui se segmente selon les 7 "R" : Regard, Relay, Reposting, Reacting, Remixing, Re-enacting and Reinventing.

Valorisation de l'information et réseaux sociaux
Reflexion. Il est intéressant de voir que les réseaux sociaux sont aussi un canal de valorisation de contenu. Valeurs pas toujours monétaires : ils permettent de donner une importance relative à une information au détriment d'une autre. Exemple.
(dernière mise à jour 10 mai 2009)

Montréal Web Video 2009

Montréal Web Video 2009 http://webvideo2009.tv/ est une conférence-réflexion sur "la présence et l’impact croissants de la vidéo sur Internet". C'est jeudi prochain.
"L’utilisation de la vidéo est en croissance sur les principaux sites web et démontre le taux de croissance le plus fort sur Internet actuellement."

Quelques sujets me semblent intéressants:

"Le Canada dans la guerre du numérique : chronique d’une défaite annoncée et plan de relève."

"Doit-on être plus créatif sur le web? Quels sont les éléments et obstacles les plus importants : droits, financement, rayonnement-visibilité, ou créativité."

"De quelle façon les innovations technologiques influencent les modèles d’affaires"

En fin de journée, Sylvain Carle animera un VideoCamp en fin de journée.

2 billets à donner
On m'a offert des billets pour y aller. Je choisirai deux (2) personnes parmi ceux et celles qui me laisseront un commentaire qui "permettront d'améliorer les prochaines éditions de la conférence, pour mieux répondre aux préoccupations des acteurs du secteur" . L'idée est d'avoir un feedback de personnes qui souhaiterait y aller et de connaître leurs intérêts...

(laissez votre courriel dans le champ prévu à cet effet ou pointer vers votre site web pour que je puisse retrouver votre courriel)

Ceux qui participent au colloque de Téléfilm où j'ai donné un atelier hier matin sont fortement encouragés à commenter.

La crise du crédit expliquée en image

L'origine de la crise du crédit qui sévit est obscure pour tout le monde (en général les innocents) sauf pour quelques-uns (les coupables). Voici le meilleur récapitulatif. Et c'est esthétiquement très bien fait!

(c'est encore plus clair que la bande dessinée qui circule depuis plusieurs mois et dont j'avais déjà parlé ici)


The Crisis of Credit Visualized from Jonathan Jarvis on Vimeo.

Crisisofcredit.com

"The goal of giving form to a complex situation like the credit crisis is to quickly supply the essence of the situation to those unfamiliar and uninitiated. This project was completed as part of my thesis work in the Media Design Program, a graduate studio at the Art Center College of Design in Pasadena, California."

Soirée Discussion : Internet et... cinéma, télévision, vidéo

Annonce. Vous voulez voir un panel d'experts invités qui partagent leurs questions et réflexions sur la transformation qu'apporte internet à leur industrie, à leur pratique?

Le panel sera composé de :

* Yannick B. Gélinas, réalisatrice indépendante et artiste en nouveaux médias, pionnière de la vidéo sur le web
* Catalina Briceño, productrice et directrice des opérations de Salambo Productions (tetesaclaques.tv) et récipiendaire du prix 2008 de la Relève de l'association Femmes du cinéma, de la télévision et des nouveaux médias
* François Jacob, co-directeur Artistique de Kino
* Claire Dion, Fonds indépendant de production, Fonds Cogeco de développement d'émissions et Fonds de la radiodiffusion et des nouveaux médias de Bell

Les échanges seront animés par Sylvain Carle, Praized Média.

Date : Mercredi 1er avril, à partir de 18 h
Lieu : O Patro Vys - 356, avenue Mont-Royal Est (au-dessus du Bily Kun) - Métro Mont-Royal (Montréal)
Entrée : gratuite (une consommation offerte)

Organisé par Alliance Internet

Web social et web vidéo

L'intersection entre le web social et la vidéo sur le web: comprendre et bâtir votre audience en ligne. Tel est le nom de la conférence que je donne aujourd'hui à Québec.

Salle à l'auberge St-AntoineLe contenu est-il toujours roi sur le web 2.0? hum. Maîtriser les réseaux sociaux est peut-être plus utile... Quoi le contenant avant le contenu?

Il est important de comprendre la chaîne de valeur de l'industrie et la façon dont Internet l'assaille de toute part. Cette crise offre pourtant de multiple opportunités qui s'ouvrent aux producteurs et aux créateurs de contenu. Il est normal qu'ils se concentrent sur le "contenu", mais gérer sa réception auprès d'un public qu'ils peuvent bâtir devient un enjeu clef, peut-être aussi important (sinon plus dans certain cas) que le contenu lui-même...

Un des enjeux de ma conférence sera de leur faire saisir la place stratégique des réseaux sociaux dans la chaîne de la vidéo sur le web. Bâtir une architecture de participation est au coeur du succès des contenus sur le web.

J'aborderai à la fin la logique virale des réseaux sociaux et la façon de concevoir un cycle d'adoption progressif et des paliers d'engagements
interactifs.

Suivra une table ronde pour aborder les impacts pour la production de vidéo en ligne avec nuls autres que Bruno Boutot, spécialiste en communauté virtuelle, Sylvain Carle, président de Alliance Internet (et ah oui, ce n'est qu'un seul de ses nombreux chapeaux), Yannick B Gélinas, artiste et réalisatrice vidéo numérique, Véronique Boisjoly, de urler.tv.

Bibliothèque 2.1

Deux journées vraiment passionnantes que j'ai animées au Forum des Bibliothèques de Montréal : Bibliothèques de Montréal 2.0. la semaine dernière. Pour ceux qui découvrent ce blogue suite au colloque, voici de quoi vous alimenter encore un long bout... jusqu'au web 2.1 ;-)

Blogues de référence sur la galaxie de la bibliothéconomie et consorts


Alain Giffard
"Culture, technologies, lecture, mémoire, hypertexte : Un des blogues les plus sérieux sur le contenu « littéraire » numérique et culturel".

Aldus - 2006
"A la découverte des nouveaux livrels, papiels, e-books, readers et autres "lecteurs" électroniques...

Alain Pierrot
"Spécialiste de l’édition numérique : tout sur le numérique dans le milieu de l'édition et des pouvoirs publics."

Dominique Lahary
"sujets concernant directement ou indirectement les bibliothèques"

Hubert Guillaud
"Observatoire de l’innovation pour comprendre les enjeux de l'édition électronique"

Sylvère Mercier
Le blog 2.0 d’un bibliothécaire bibliobsédé des bibliothèques (2.0)

Oliver Ertzscheid
Affordance: une veille intelligente et intelligible. Plein de chose que l'on retrouvent au hasard, par sérendipité.

Virginie Clayssen
"Une référence dans le milieu du numérique sur l'arrivée des nouveaux outils et des nouvelles possibilités de publication des contenus"

Jean Michel Billaut
"Spécialiste du web 2.0 dans les domaines industriels, avec une vision sur 2-3 ans (autrement dit, l'éternité)"

Jean-Michel Salaün
Directeur de l'EBSI. Passionnant.

Olivier Le Deuff
"Sur la culture de l'information. Le Guide des égarés existe depuis 1999 et était consacré initialement aux bibliothèques."

Bruno Rives
"Blog consacrés au Web et au numérique"

Thomas Chaimbault
"sur le monde des bibliothèques et les Sciences de l'information"

Pierre Chicoine
"Bibliothéconomie + Communication + Technologie = BiblioFusion"

Martin Jacques
Ses intérêts: les réseaux sociaux, la gestion documentaire, de l'information et de la connaissance

ePaper-france
"Actualité sur le e-paper, e-ink (papier et encre électronique) et ebook."

Homo-numericus.net
« Technologies numériques et société »

Bruits et chuchotements
Un bibliothécaire perdu dans l'information

Par-Dela
Sur l’édition et l’environnement numérique.

EBSI 2.0
Un blogue de la communauté étudiante de l'école de bibliothéconomie et des sciences de l'information

Point Livre
Réflexion sur l'édition et l'internet

Technothécaire
Revue des technos qui sont dans les bibliothèques publiques un peu partout dans le monde.

The shifted Librarian
En anglais et très bon !

Nouvellement arrivé(e)s: Marie D. Martel (Bibliomancienne) et Luc Jodoin (Bibliobabil)

Livres

Anderson, Chris. - La Longue traîne : la nouvelle économie est là !, (The long Tail)
« Les innombrables possibilités de connexion confèrent une liberté d’accès sans filtre à la culture et à des contenus de toutes sortes. ».

BOMSEL, Olivier. - Gratuit ! Du déploiement de l'économie numérique,
« Ce phénomène historique et économique singulier est souvent identifié à la baisse continue des coûts de traitement et de transport de l'information. Or il consiste avant tout dans les " effets de réseau "».

CASTELLS Manuel La galaxie Internet
« Essai d'analyse et d'interprétation du bouleversement subi par l'économie, la politique et la société du fait de l'introduction d'Internet, par une étoile montante de la sociologie, spécialiste mondialement connu de la société en réseaux ».

KEENE, Andrew. - Le Culte de l'amateur. Comment Internet tue notre culture
Mise en garde contre « un projet de société basé sur la gratuité ou la distinction entre le producteur et le consommateur tend à s’effacer, où la foule prend le pouvoir. ».

LEBERT, Marie. - Les Mutations du livre à l'heure de l'Internet, 1999
« L'Internet et les technologies numériques bouleversent le monde du livre. Imprimé sous de multiples formes depuis plus de cinq siècles, le livre se convertit. + une chronologie détaillée et une liste de sites Web ».

MANGUEL Alberto Une histoire de la lecture
« D'une anecdote à l'autre, ce livre, chronique minutieuse des lecteurs et de leurs passions, nous transporte dans un univers quasi mythique ». C'est le livre que suggérait Hubert lors de sa présentation.

SOCCAVO, Lorenzo. - Gutenberg 2.0 : le Futur du Livre,
« Le livre va vivre sa deuxième révolution après celle de Gutenberg, il y a plus de 500 ans. Le livre est un objet qui n'a cessé de connaître des évolutions au fil des millénaires. Il va, durant cette première décennie du XXIe siècle, connaître une révolution, comparable à celle de l'imprimerie au XVe siècle ».

VALADE, Jacques. - La Galaxie Gutenberg face au « big bang » du numérique, rapport d'information fait au nom de la Commission des Affaires culturelles, septembre 2007
« L’avenir du livre dépend en premier lieu – c’est un truisme, mais il faut cependant le rappeler – de l’existence d’un public pour l’acheter et pour le lire. ».

VIGNE, Eric. - Le Livre et l'éditeur
« les conséquences de ce bouleversement du monde de l’écrit sur la fiction, les ouvrages de sciences humaines et l’essai, tente de comprendre cette tendance à partir des pratiques de l’éditeur. »

Accueillir le numérique? Une mutation pour le libraire et le commerce du livre
Vous trouverez aussi d'autres références de livres (je m'en suis grandement inspiré pour ce billet)

Vidéos

Information Overload

Michael Wesch :
-Information R/evolution This video explores the changes in the way we find, store, create, critique, and share information.
- A Vision of Students Today A short video summarizing some of the most important characteristics of students today
- Machine is Us/ing Us (Final Version) "Web 2.0" in just under 5 minutes.

Prometeus :
- The Media Revolution part 1 "The futur of media"
- The Media Revolution part 2 "In the year 2015 People have access to a deep information. However the press as you know it as seed to exist. The road to 2015 began in XX century."

CommonCraft :
- Social Media in Plain English A simple story that illustrates the forces shaping social media
- Social Bookmarking in Plain English A short explanation of the features and benefits of Social Bookmarking sites like Delicious.com.
- Online Photo Sharing in Plain English A short explanation on the benefits and features of online photo sharing
- Blogs in Plain English A video for people who wonder why blogs are such a big deal.

Last.FM radio veut devenir payant

Last.FM vient d'annoncer qu'il souhaite rendre payant l'accès à son service Radio partout où la base d'utilisateurs n'est pas suffisante pour permettre l'introduction de la publicité. (via Access O Web)

Last.FMAcquis par CBS il y a 2 ans, Last.FM compte demander 3 euros par mois pour tous les pays hors des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne. Dans un titre laconique ("Last.FM Radio announcement") sur leur blogue, ils laissent entrevoir que bientôt les membres des autres pays devront payer pour avoir accès au même service --mais la pub en moins: le service étant gratuit dans les 3 pays où il y a de la pub. Last.FM prétend avoir 30 millions d'utilisateurs par mois (le double d'il y a un an).

Le modèle du tout gratuit semble montrer des signes de fatigue. L'abonnement ne concerne que le service radio et ne touche pas le reste (scrobbling, recommandations, charts, biographies, événements, vidéos...)

3 Euros est le nouveau gratuit
L'industrie musicale est en profonde crise: quel est avenir du disque et de la musique? titrait le Devoir en fin de semaine. Le numérique semblait avoir fait fondre cette industrie obèse et obscène. Les fans s'étant tournés en masse vers les services gratuits (plus ou moins légales) pour accéder à leurs chansons favorites. On n'arrête pas de citer cette industrie comme un dinosaure sans cervelle qui n'a pas vu venir la crise annoncée.

À ma connaissance, ce mouvement vers le payant représente une première initiative d'envergure depuis l'avènement du iTune store pour retrouver un équilibre budgétaire dans le monde la musique en ligne. Last.FM dit payer déjà les redevances aux artistes.

La question est de savoir si 3 euros sera la nouvelle marque pour le "quasi gratuit", c'est-à-dire que les membres voudront se payer une radio libre de pub pour ce montant quasi symbolique.

Utilisateur payeur
Le problème avec ce prix n'est pas sa valeur unitaire, mais son accumulation avec les autres services.

3 euros par mois, ce n'est rien en soi, mais si on se retrouve à payer tous les services gratuits à un coût unitaire "ridiculement bas" de 3 euros, on se retrouve vite avec une facture salée. Remercions toutes ces années de free lunch, de ce buffet ouvert all-you-can-eat : quand vient le temps de payer à l'unité, l'effet modérateur se fait vite sentir.

Je ne crois pas que 3 euros soit un frein pour last.FM. Même si plusieurs marchés du gratuit vont se développer sur ces territoires nationaux délaissés par Last.FM.

La course aux centimes
Dans cette course à la rentabilisation du "gratuit", il faut savoir une chose. Ce sont les premiers qui réussiront à entrer dans le compte de dépense de l'internaute qui gagneront. Les derniers arrivés sur le marché du "quasi gratuit" auront à se battre pour justifier que la dépense ne monte jusqu'à des sommes astronomiques.

C'est toujours la dernière goutte qui fait déborder le vase, n'est-ce pas?...

Qu’est-ce qu’un livre à l’heure du numérique ?

"Développer des liens entre, non pas les auteurs ou les oeuvres, mais les concepts les idées, les raisonnements. (,,,) Faire le lien entre tel auteur et tel autre. Entre telle étude et telle autre. Dresser le fil des connaissances, leur histoire, le parcours de la pensée qui nous amène d’une idée l’autre au niveau de connaissance où nous sommes (et pouvoir regarder derrière, pour mieux comprendre)."

Qu’est-ce qu’un livre à l’heure du numérique ?

Hubert Guillaud nous livre un texte fort, éclairant et puissant sur les avenirs possibles de ce livre que l'on dit moribond. Subissant un mutation, il rebondit et reprend vie par une lecture transformée

"Le propre de l’écriture concrétise une pensée dans sa finitude. Avec le numérique, le texte est liquide, s’inscrit dans une continuité sans fin. Ce qui pose la question de l’homogénéité, de la cohérence dans ce zapping constant. Qu’est-ce qu’on met en place pour restructurer la pensée, pour construire le fil conducteur ? Comment on recompose de la cohérence ?"

Lors de la conférence Bibliothèque de Montréal 2.0 que j'ai eu le plaisir d'animer pendant deux jours la semaine dernière, j'ai assister à un brillant exposé d'Hubert sur ce livre de demain.

" Le livre demain ne sera plus un produit isolé, clos, fermé sur lui-même (pour autant qu’il l’ait été), mais un texte ouvert aux autres textes et aux lecteurs, et qui prendra du sens en s’intégrant dans l’écosystème des livres et des lecteurs. "

La conférence (texte et présentation) est disponible ici, pour le plus grand bonheur de tous : Qu’est-ce qu’un livre à l’heure du numérique ?

Hubert Guillaud est à Montréal

Hubert GuillaudHubert Guillaud, rédacteur en chef d'InternetActu.net et responsable de la veille à la FING, est de passage à Montréal.

Si vous voulez le rencontrer, venez jeudi prochain le 19 mars 2009 au Café Méliès de 18h00 à 20h00.

Qu'est-ce que la FING?
C'est la Fondation Internet Nouvelle Génération, créée en 2000, un organisme qui a pour mission de "faire de la France, en Europe, le creuset d'une dynamique d'innovation numérique au service de la performance économique et du développement humain".

Fing est un groupe de veille prospective technologique (je n'hésite pas à dire que c'est un Cefrio à la puissance 10), une association pour susciter une réflexion sur les usages de l'Internet de demain : multiunivers, ville 2.0 , identité numérique, et tous usages innovants des technologies (internet, téléphone, radio, télévision, énergie)...

Qu'est-ce que InternetActu?
C'est le blogue de veille de la FING où on trouve les réflexions en français les plus pertinentes et les plus réfléchies sur les impact des nouveaux médias sur la société.

Hubert est en ville pour la conférence Bibliothèques de Montréal 2.0 que j'anime pendant 2 jours.

PS: Sylvère Mercier (Bibliobsession) sera peut-être présent aussi parmi nous.

À qui profite l'industrie des journaux?

Ces temps-ci on lit beaucoup (sur Internet, évidemment) que la fin des journaux est proche. Que la fin pour la plupart des journaux est proche. Les journaux tels qu'on les connaît. Et on sait qui est le coupable. Mais la société n'a pas besoin de journaux. Elle a besoin de journalistes...

Clay ShirkyAurions-nous fait exactement ce que nous ne voulions pas faire : détruire cette industrie, trahir les journalistes, fragiliser la société?

- Détruire cette industrie: oui -et elle était voué à l'être;
- Trahir les journalistes: peut-être que oui, mais on prolonge leur mission -faire circuler l'information;
- Fragiliser la société: peut-être que non -ce n'est qu'un mouvement de plaques tectoniques.

Chronique nécrologie
Pour l'industrie des journaux, Clay Shirky a signé hier un billet réaliste et fascinant (Newspapers and Thinking the Unthinkable):

L'Industrie, dans son ensemble profite à toute la société, c'est vrai. Mais elle est menacée de disparaître. Dire qu'elle va nous manquer ne créé pas exactement un modèle d'affaire très solide.

Le modèle d'affaires que l'industrie a mis en place servait à résoudre la très grande difficulté que demande le maintien en place d'une structure complexe de diffusion de l'information. Leur mission était de faire circuler l'information, tout en étant rentable.

L'industrie a rencontré Internet. Un système simple, distribué, décentralisé, qui permet justement de faire circuler l'information. La distribution industrielle traditionnelle arrive à la croisée de chemins.

Les journalistes bien-aimés
Clay raconte l'anecdote de ce jeune garçon de 14 ans qui redistribuait les articles d'un journaliste sur Internet parce qu'il aimait tellement ce qu'il écrivait qu'il voulait que tout le monde le lise. Quand la crise commence non parce qu’on vous hait, mais parce que l'on vous aime, donne un sacré mauvais départ pour les journalistes soucieux de gérer leurs affaires...

On a vu tout le mal que l'industrie de la musique s'est fait en voulant poursuivre de petites victimes...

Plaque tectonique
Comme toujours, les vieilles institutions, dans des cas similaires, se voient épuisées et démolies avant que naissent d'autres institutions. Dans le cas de l'industrie des journaux, on voit maintenant qu'elle met un frein à une autre logique sous-jacente : l'information a besoin de circuler. Et il est clair maintenant qu'elle n'en a plus ce monopole (pensons à craiglist, Wikipédia, Agoravox et à toutes les mailing-lists, par exemple).

Le prochain modèle? Aucune idée. Clay Shirky ne fait que constater que les journalistes devront se réinventer. Je pense que Rue89.com est une bonne initiative. Il dit qu'en déplaçant le problème de "sauvons l'industrie des journaux" à "sauvons la société", nous cesserons de vouloir préserver les institutions en place et commencerons à trouver autre chose....

Newspapers and Thinking the Unthinkable, par Clay Shirky
2700 mots, en anglais, 13 mars 2009
Via Bruno Boutot sur Twitter

L'empreinte des réseaux sociaux s'élargit

Global Faces and Networked Places: A Nielsen report on Social Networking’s New Global Footprint PDF, Mars 2009, 15 pages.
"How social networks are creating a potentially transformational change in consumer behaviour (...) social networks and blogs are eating into the share of time held by other sectors ".


Global Faces and Networked Places: A Nielsen report on Social Networking’s New Global FootprintLa blogosphère et les réseaux sociaux accaparent encore davantage d'attention sur ce nouveau média. Attention très précieuse qui n'est pas dédiée à d'autres sites... et d'autres médias.

(Tout à fait en lien avec la conférence que je donne et la table ronde (avec Sylvain Carle, Bruno Boutot, Yannick Gélinas et Véro B) que j'anime au Festival de cinéma des Trois Amériques: L'intersection entre le web social et la vidéo sur le web: comprendre et bâtir votre audience en ligne. Je vais en profiter aussi pour en glisser un mot à la conférence de Téléfilm sur la chaîne de valeur de la webTV à la fin du mois.)

Quelques extraits de ce qui se dit dans la blogosphère francophone:

Réseaux sociaux et blogs : les stars du web, par Julie Le Vacon (BuzzNews)
"Nielsen sort une nouvelle étude tournée Web 2.0 . On y apprend que plus des deux tiers de la population connectée au niveau mondial visitent les réseaux sociaux et les blogs"

Quand les réseaux sociaux dépassent l’email (Marketing 2.0.fr)
"Nielsen vient de publier les dernières statistiques sur les réseaux sociaux, et les faits sont là: les réseaux sociaux et blogs sont plus utilisés que les emails.

Comment les marques et leurs agences peuvent agir sur les médias sociaux ? (Kinoa)
"Neilsen propose trois principaux ingrédients qui devraient être un bon début de réponse : Conversation, Authenticité, Valeur ajoutée"

Nielsen Online: Facebook bat MySpace aux US, par Aziz Haddad (Mashable France)
"le réseau social MySpace se glisse à la deuxième place [derrière Facebook] dans les derniers chiffres de Nielsen Online." (ok, ok, pas vraiment un extrait du PDF ;-0

Tiens, t'en qu'à tricher:
Whoa, Twitter Mania by Erick Schonfeld (TechCrunch)
"Maybe it is all the TV news mentions, but Twitter is seeing the growth in U.S visitors to its site accelerating."

Note en passant...
Je remarque que la blogosphère franco commente très peu sur les blogues (en général) sur ce type de contenu, contrairement à la blogosphère anglophone qui est très prolixe. On dirait que le "focus" n'est pas le même...

Votre nom ne vous appartient pas

Vie professionnelle, vie relationnelle et vie personnelle devraient-elles faire partie de tout réseau social en ligne?

Ce qui était posé comme une affirmation sur Twitter ce matin, je le tourne en question ici. C'est qu'il me semble qu'il y a matière à se poser une préquestion : veut-on mélanger vie professionnelle, vie relationnelle et vie personnelle dans les réseaux sociaux?

Si on sépare vie en secteur professionnel, relationnel et personnel, c'est qu'ils sont déjà des zones étanches avec leur propre logique interne. Le choix de les mélanger demande de savoir à qui ces secteurs appartiennent avant.

Vie personnelle: le propriétaire de cet espace, s'il est mature, doit être capable de décider lui-même des traces qu'ils laissent sur le réseau. Où il les laisse est une autre question. On a encore en tête l'histoire de Marc L.

Vie relationnelle: nous sommes copropriétaires de cet espace. La vie amoureuse ou familiale sont des sous-secteurs qui méritent un niveau de protection supérieure ou du moins peuvent et devraient être traités séparément. La vie publique relationnelle doit, elle, cogérer sa présence en fonction des autres espaces de vie personnelle de ceux et celles ont a une "relation". Facebook offre cet espace de coprotection (pour voir la vie relationnelle d'un groupe, on doit faire partie de ce groupe).

Vie professionnelle : elle est et a toujours été la sphère publique de toute personne. On en contrôle une partie, mais elle de l'ordre public. C'est presque un devoir d'être en ligne pour contrôler son identité. J'affirmerais même que nous ne possédons pas notre nom. Je m'explique un peu plus bas.
Si on accepte que la vie relationnelle doive être corégie et qu'il faille alors la cultiver dans des réseaux sociaux protégés (à la Facebook), que penser des deux autres?

La vie personnelle et la vie professionnelle s'opposent. Elles s'opposent, sur le réseau, dans le sens qu'elle réclame le même territoire (soi-même) alors qu'elle devrait occuper deux territoires distincts (le soi intime et le soi public). Dans la vraie vie, cette contradiction se résout en ayant une attitude différente selon le lieu (public ou privée). On agit différemment si on est en situation de "vie publique" ou de "vie professionnelle ".

Traçabilité de vos vies
Sur le web, les deux vies par leurs traces se côtoient simultanément : deux profils ouverts, personnels et professionnels, ouvrent simultanément aux deux sphères respectives le contenu l'une de l'autre sans filtre. Il n'y alors pas de vie professionnelle ou personnelle distincte. C'est la même vie aux yeux de ceux qui y accèdent à travers les réseaux sociaux (prenons ici le cas de deux profils distincts, mais ouverts à tous).

C'est ce qui m'amène à dire que nous ne possédons pas notre nom. Nous n'avons jamais possédé notre nom. Internet n'y est pour rien. Votre nom est associé avec la compagnie qui vous emploie. Essayez de parler en votre nom personnel sur les réseaux à propos d'un élément extrêmement dérangeant pour votre compagnie. De multiples exemples parsèment la blogosphère.

Votre nom ne vous appartient pas
Pourquoi? parce que sur le réseau il est un mot clef avec lequel on peut faire une recherche. Votre nom ne vous appartient pas parce qu'il ne vous permet pas de vous réfugier dans votre vie personnelle (et que vous souhaitiez les amalgamer volontairement, c'est à votre guise, mais mon point tient quand même, vos deux vies ne sont pas séparées et deviennent publiques, donc professionnelles).

Notre nom ne nous appartient pas, car il était déjà public.

Dans les réseaux sociaux, sur le web, comme dans la vraie vie, si vous souhaitez une vie personnelle, il faut la protéger. L'anonymat est une façon de conserver son identité (en général, seuls les intimes savent qui se cachent derrière un nom anonyme).

En public, votre nom appartient à tous, car il est la clef de recherche. Que vous soyez à votre compte n'y change absolument rien. Vous ne faites que reprendre le contrôle du domaine, mais vous êtes à la merci de votre réputation. Vous devez respecter votre propre réputation que vous vous êtes créée. Vous ne faites maintenant que le gérer en fidéicommis. Et si vous le faites bien, vous en contrôlez ce qui en émane, pour vous permettre de créer une vie personnelle ailleurs...

Sur l'identité numérique:
2 barcamps à ne pas manqué via @eogez

Lille 28 mars You on the web premières Rencontres sur l’identité numérique, l’e-réputation et le personal branding en région Nord Pas de Calais.
Paris 4 avril E-Reputation (une centaine de place à la Cantine) ) E-reputation débat public ou privé? Gère t’on de manière différente l’e-reputation d’une personne et d’une entreprise?

Disparition d'internet

Les journalistes me demandent souvent quel sera le next big grand truc sur Internet dans 10 ans. Je réponds alors que ce ne sera pas le "web 3.0" (le web sémantique) ni un autre GoogAmazTweeterBook qui fera les manchettes. Mais plutôt, et là je vois leur face déconfite, de l'internet ambiant ou des objets communiquants. Ah ça , ils n'aiment pas, ça ne fait pas un bon scoop.

L'internet ambiant, c'est la disparition d'internet, ou pour être plus précis, la disparition de la frontière rigide entre le "en-ligne" et le "hors-ligne". Les objets se mettront à communiquer entre eux via le réseau, sans notre aide, pour échanger des informations (l'historique des objets, demandes de maintenance, pool de ressources). Nous utiliserons internet sans le savoir et dans la vraie vie, pas nécessairement assis devant un écran.

Je viens de tomber sur une vidéo qui met des images sur ça. C'est de Microsoft. C'est bien fait -très science-fiction aussi- et c'est pour dans 10 ans --là on a les éléments d'un bon papier ;-)

<a href="http://video.msn.com/?mkt=en-GB&playlist=videoByUuids:uuids:a517b260-bb6b-48b9-87ac-8e2743a28ec5&showPlaylist=true&from=shared" target="_new" title="Future Vision Montage">Video: Future Vision Montage</a>

Évidemment, on n'a plus l'avenir que l'on avait. Cette utopie du "tout-relié" est un "image d'Épinal du futur", comme le dit mon frère, qui aime bien me rappeler que c'est comme pour Cosmos 1999: une belle utopie dans la forme. On n'a pas eu notre base Alpha, mais on a quand même maintenant la station International spatiale.

La disparition d'Internet adviendra quand on aura plus à se logger, quand il sera omniprésent et partout à la fois. C'est sûr que si ça vient via Microsoft, ça peut faire peur. Mais en soi, quand on ne parlera plus d'internet comme on ne parle plus du système téléphonique, là on dira qu'on est entré dans une autre étape.


Vidéo viraux: les 7 R

La valorisation de contenu sur le réseau, c'est-à-dire l'ajout d'une plus-value à une information --pas nécessairement financière--, dans le cadre de certaines vidéos virales, prend la forme d'un cycle qui se segmente selon les 7 "R" : Regard, Relay, Reposting, Reacting, Remixing, Re-enacting and Reinventing.

Encore ici, cette valeur est particulière au réseau, comme le cas des photos virales sur les réseaux sociaux dont je parlais hier, et elle ne semble pas pouvoir être produite dans les médias traditionnels (du moins pas de cette façon).

C'est Rahaf Harfoush qui est arrivé il y a deux semaines à ce premier cadre original et qui explique les 5 R of Viral Video-- auquel je me suis permis de rajouter deux autres R, "Regard" et un second R, "Relay", pour le remettre dans un contexte d'écosystème de vie d'une vidéo virale.

Ça n'explique pas le mécanisme viral en soi (pourquoi ça marche), mais donne un cadre sur ce qui se passe quand ça marche (c-à-d les signes extérieurs que le viral marche). N'oublions pas, on ne commande pas une vidéo virale.

En analysant une vidéo de famille anecdotique, Rahaf arrive à montrer qu'un viral de ce type crée une communauté ad hoc de "consommateurs-producteurs " et que le contenu subit de multiples métamorphoses --la vidéo ne se fait pas que se propager-- pour permettre la réappropriation par le public.

Les 7 R des vidéos viraux : Regard, Relay, Reposting, Reacting, Remixing, Re-enacting, Reinventing

(7 R : j'ai toujours un petit faible pour ces cadres conceptuels qui possèdent une poésie rythmique baptismale.)

Je me suis permis d'ajouter deux stades pré-curseurs et modifier un peu son ordre pour avoir un bon portrait de l'écosystème d'un tel viral. J'ai conservé la nomenclature anglaise.

Voyons maintenant comment un viral ne vit pas seul et engendre un nouveau type de "cadavres exquis"...

Regard
La connaissance au poidsÉtape primordiale, évidemment, c'est la façon la plus passive de participer au viral : consommer la vidéo, y porter attention. Elle doit posséder des caractéristiques pour attirer l'attention et la conserver. Elle ne répond pas nécessairement à un besoin ni ne porte de message particulier (même si ça aide). Elle
est intéressante en soi (au moins pour la première personne qui la "trouve"), mais souvent le seul intérêt provient du fait même qu'elle a été transmise (1) par son réseau social ou (2) qu'elle figure dans une liste quelconque. C'est en général le seul contrôle que possède la personne qui souhaite créer un viral : trouver un terreau fertile et y exposer son document.

Relay
5 R du viralÉtape suivante, la relayer. C'est la façon la plus simple de donner une portée au contenu : les gens lie (link) ou encapsule (embed) la vidéo sur leur site, blogue, médias sociaux, réseau social ou l'envoie par courriel. Pour ça, la vidéo doit absolument toucher cette fibre : provoquer l'impression d'être devant une petite perle rare (généralement drôle, esthétique ou parfois morbide) et provoquer le besoin d'être le premier à le faire suivre à son réseau (scoop pour engranger du capital social). À cette étape la seule valeur que possède cette vidéo est d'être distribuée par un réseau social ("Si Alice me l'envoie c'est que ça doit être intéressant"). On peut considérer l'envoi par courriel comme un simple relais si on le considère comme une communication" privée", car elle n'implique pas l'acte de "publier" (point suivant).

Reposting
5 R du viralÉtape souvent cooccurrente et complémentaire à la précédente, on republit la vidéo. Le vidéo doit être recopiée à une autre adresse. Pas seulement lié (link) ou encapsulé (embed) mais bien copié. L'acte de "(re)publier" est beaucoup plus actif que le précédent point. Ça mélange aussi les cartes (on ne sait plus quelle est l'adresse originale et on perd les traces statistiques). À ce moment précis, on rentre véritablement dans le viral réseau (et voilà pourquoi Rahaf commence à cette étape): qu'importe le copyright, le propriétaire du vidéo perd à ce moment le contrôle de sa diffusion.

Reacting
5 R du viralLa "réaction", avec la large bande passante et la démocratisation des webcams et des outils d'enregistrements vidéo, l'apparition des "commentaires vidéo" s'est assez courante sur les réseaux sociaux et les plateformes d'agrégation vidéos. Cette étape consiste à montrer sa réaction (primaire ou réfléchie) au contenu référence. Je ne crois pas qu'il faille y voir un acte artistique, mais plutôt un acte épistolaire ou conversationnel. Le consommateur cherche à donner son point de vue "meta" à l'acte de réception.

Remixing
5 R du viralOn monte ici d'un cran hors de la passivité: une personne reprend l'original et le remixe, généralement en rajoutant une forme de commentaire artistique (musique, image, titre, surtitre, effets spéciaux, voice-over). Parfois, quand c'est bien réussi, cette version possède sa propre vie et peut dépasser l'original. Cette étape démarre le véritable "cadavre exquis", particulièrement fertile sur les réseaux entourant les contenus audiovisuels linéaires. Le consommateur cherche à donner son point de vue "éditorial" (ce qui en fait par définition un producteur de contenu).

Re-enacting
5 R du viralCette étape demande plus que le remixing et implique que les auteurs (ou leurs amis) s'impliquent et jouent dans le vidéo: ils "rejouent" la vidéo. C'est un remake, une parodie, une mise en scène décalée. Actuellement la culture entourant cette étape consiste à répéter mot pour mot le vidéo original à la façon des fans de films cultes. Mais elle peut prendre plusieurs formes et implique toujours une mise en scène de nouveaux acteurs (par opposition à un remixing, qui implique le même contenu ou un mélange de contenus.).

Reinventing
5 R du viralCette étape correspond comme à un spin-off, une suite en quelque sorte, une "réinvention" à partir de certains éléments originaux. Le lien est parfois ténu, mais le contenu demande un véritable travail de création. Créativement parlant, c'est l'étape la plus aboutie et le meilleur hommage au vidéo original. On prend un personnage et on l'exploite autrement, ou on ajoute des personnages pour étoffer l'histoire originale ou la prolonger. Cette étape, par son côté référentiel, confirme l'entrée du vidéo originale dans le panthéon du viral.

En allant sur le billet original de Rahaf vous verrez les principales étapes et des exemples qui les illustrent (en anglais). Thanks Rahat for the insight.

Valorisation de l'information et réseaux sociaux

Il est intéressant de voir que les réseaux sociaux sont aussi un canal de valorisation de contenu. Valeurs pas toujours monétaires : ils permettent de donner une importance relative à une information au détriment d'une autre. Exemple.

Sans enlever le fait que le réseau social (que l'on appelait avant "social software") est aussi à la remorque ("est un parasite") des médias traditionnels, il peut aussi générer une valeur pour une information.

Quand cette valeur est exclusive au réseau, ça devient intéressant. Voyons voir.

Deus ex Ottawa
Prenons cette photo d'Obama en visite récemment dans une marche limitrophe de l'empire.
Obama cachant harper
La photo est cocasse. L'hôte, derrière la main du président iconique, est le dirigeant exécutif du comité directeur du pays qui le reçoit. Les habitants du patchwork territorial en question comprennent immédiatement l'humour de la situation : l'aura d'Obama fait de l'ombre à toute autre personne.

Dans ce cas-ci, vu leur position idéologique antagoniste sur la façon de gouverner, l'ironie est que Obama représente le futur, balayant de la main les idées du passé. Juste image de la situation actuelle.

J'aurais laissé cette anecdote-là où je l'ai trouvé (sur Facebook) s'il n'était pas un (autre) exemple de ce que j'illustre dans mes conférences: le web social crée de la valeur à partir d'éléments sans valeurs pour les médias traditionnels. Je m'explique.

Mood market
Cette photo ne pourrait jamais apparaître sur la page frontispice des quotidiens, ni au TJ de 20h. L'éthique journalistique ne le permet (heureusement) pas. Elle n'a donc aucune valeur pour ces médias (sauf à titre anecdotique marginal).

Cette photo "rejetée" a été valorisée sur Internet. Ce qui était proprement impossible de faire sur les canaux traditionnels, même s'ils le voulaient...

Le message caricatural a trouvé un terreau fertile sur les réseaux sociaux. Comme je l'ai déjà dit à propos du viral "Culture en péril": un viral fonctionne d'autant mieux quand il correspond aux attentes du terrain où il se diffuse: rien de tel qu'un bon terrain fertile pour prospérer.

Culture de net
Bien sûr les médias ne sont pas là pour donner ce que le peuple demande (officiellement, du moins, car par moment, inutile de jouer aux surpris, pour certains médias, on se le demande). Voilà le besoin que remplissent les réseaux sociaux dans le nouvel écosystème de l'information (sujet d'une série de 5 billets que je me promets de terminer) : c'est un média qui leur ressemble (tiens, on dirait un slogan de chaîne de télé populaire).

Ce média valorise l'information qui n'a pas été valorisée ailleurs. Il n'y a que l'élite qui s'offusque de voir le peuple s'occuper de ce qui l'intéresse...