ZEROSECONDE.COM: août 2009 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Les moteurs de confiance

Alex Cambell (DTDigital / OgilvyInteractive, Melbourne) écrit dans son blog aujourd'hui: I no longer depend on Google to find stuff (via BrunoBoutot)
«Today I had a stark realisation: I no longer depend on Google to find stuff. I still use it to locate things: e.g. “find me the Wikipedia page on Ted Kennedy’s acquatic activities”. But I rarely - if ever - use it to find businesses, places to visit, interesting blogs, etc.»
"Je ne dépends plus de Google pour trouver de nouvelles choses" dit-il en substance. Google est toujours utilisé, comme assistance à la recherche, trouver ce que l'on cherche (une page Wikipédia, par exemple) mais les réseaux sociaux servent à trouver des choses, des recommandations, des suggestions, des découvertes... (ex. Twitter, Praized, Facebook, Friendfeeds, Linkedin, Viadeo, etc)

In Google we trust?
Il pointe quelque chose d'intéressant: les réseaux sociaux sont basés sur la confiance ("trust"). Ce que n'a pas Google, dit-il.

Il exagère un peu, mais sur le fond, on peut dire qu'avec la montée en puissance des professionnels du rayonnement web, on peut se demander si la pertinence est toujours au rendez-vous...

Je dirais pour être plus juste, Google est plutôt un outil de popularité. Les réseaux sociaux tablent eux vraiment sur la confiance. Voilà une nuance fort pratique lorsqu'il s'agit d'expliquer la valeur stratégique du web 2.0.

La montée de réseaux sociaux
Le genre de discours que porte Cambell rejoint les échos qui grandissent depuis la montée des réseaux sociaux depuis quelque temps. Son mérite est de le formuler d'une façon percutante et libératrice ("nous ne sommes plus dépendants de Google") et en ce sens il rejoint mon point fait hier dans le billet Les couloirs numériques, où je présente Twitter comme outil de sérendipité professionnel.

Mais Cambell s'arrête en chemin -- il fait une conclusion typique de la blogosphère anglophone très portée sur le fonctionnel et l'impératif ("if your brand is not social then it doesn’t exist"). L'ouverture qu'il a créée mérite que l'on ferme la parenthèse pour lui, pour notre plus grand bonheur cognitif.

Descendre du piédestal
Voilà ce qui se passe : Google est en passe de devenir ce qu'il a toujours été : un simple moteur de recherche, un outil pour trouver quelque chose que l'on cherche. Jusqu'à tout récemment son monopole de succès le rendait maître des lieux. Il représentait par métonymie l'Internet au complet.

Ce que Cambell dit, c'est que la sérendipité («fortuité» selon le Grand Dictionnaire) n'est plus une exclusivité de Google. «Fait de trouver quelque chose alors même qu'on recherche autre chose» se fait en butinant sur les réseaux sociaux maintenant. Mais qu'est-ce que chercher?

IR
Olivier Ertzscheid et Gabriel Gallezot, dans Chercher faux et trouver juste, serendipité et recherche d’information (PDF) expliqué qu'il y avait un sens double à "rechercher".

- Il y a « rechercher » de la recherche d’information (Information Retrieval en anglais, IR)
- Et il y a le « rechercher » de l’épistémé, la recherche (Research en anglais).

Bon, ne vous sauvez pas parce que j'ai employé "épistémé": "recherche" est trop ambigu, alors je garde le terme académique.

Pour l’IR, Google est un outil du traitement de l’information sur un corpus documentaire.

Pour l’épistémé, le but est de découvrir, de produire de nouvelles connaissances.

Vous êtes comme M.Jourdain et vous faites de l'épistémé sans le savoir à chaque fois que vous découvrez quelque chose sur les réseaux sociaux (d'ailleurs comment avez-vous "découvert" ce billet?)

Les trois recherches
Ertzscheid et Gallezot résument les 3 « états initiaux » de l'IR (Information Retrieval / recherche d’information).

1- [Je sais] [ce que je cherche] . On fait alors des requêtes (Querying). C'est l'usage que Cambell semble vouloir faire de Google quand il cherche une page Wikipédia sur un sujet.

2- [Je ne sais pas] [ce que je cherche]. On procède par exploration (Searching), induction et abduction (avec moi vous avez des mots qui comptent triple pour le Scrabble). C'est le type de découverte que vous faites en librairie en repartant avec le livre à côté de celui que vous recherchiez. La structure de l'endroit ou du classement favorise ou non la sérendipité. Un BarCamp permet ce type de découverte.

3- [Je sais] [que je ne sais pas ce que je cherche]. Ici, nous sommes en mode d'apprentissage (Learning). C'est l'état dans lequel vous êtes quand vous entrez dans un réseau social. Vous pourriez autant trouver la référence au billet de Cambell que le fait que votre ami mange un sandwich...
Google nous a offert pendant plusieurs années ces trois types de recherche. Ce qui a été dit ici, c'est que le troisième type n'est plus l'apanage de Google, qu'il a perdu (définitivement?) son emprise sur ce secteur.

Quand on dit que ne sommes plus dépendant de Google, c'est affirmer que l’influence de la sérendipité en matière de construction de connaissances ne repose plus dans les mains monopolistiques du géant de Mountain View.

Les réseaux sociaux sont nos moteurs de confiance et carbure à notre saine curiosité. Ils répondent à ce besoin de confort communautaire de construction de la connaissance...

Révolution rhétorique?

Narcissique, futile, décadent. Quels ne sont pas les qualificatifs que nous n’entendons pas à propos de la génération Internet. Le plus grand médium écrit de tous les temps, Internet demande pourtant un alphabétisme plus que basique. Rhétorique, stylistique, pragmatique sont en passe de se voir révolutionner par la base comme jamais depuis longtemps.

«new litteracy»Andrea A. Lunsford, professeur à l'Université de Stanford n'hésite pas à aller plus loin: "I think we're in the midst of a literacy revolution the likes of which we haven't seen since Greek civilization" rapporte Wired dans sa dernière édition (en).

Nous oublions bien vite qu'avant Internet la majorité des citoyens n'avaient plus aucune incitation à écrire après l'école ( sauf pour les travailleurs du savoir).

Produire un texte n'était que l'apanage d'une minorité.

Cette expertise se démocratise et Lunsford a trouvé que jauger une audience (on écrit toujours pour une audience) et adapter son ton et sa technique d'écriture pour "passer leur message" devenait une compétence de plus en plus répandue et recherchée.

Voir l'article écrit par Clive Thompson qui n'est pas très long (en anglais): Clive Thompson on the New Literacy (630 mots, 3 min)

Objet trouvé
J'y ai trouvé une notion intéressante : le «kairos», pratique de rhétorique qui gouverne le choix d’une argumentation, dans un but persuasif.

Je m'empresse de voir comment il s'applique à notre domaine.

  • Envoyer un gazouillis à la bonne heure pour maximiser sa diffusion;
  • Usage des mots clefs ou de hastags pour augmenter la probabilité de reprise;
  • Technique de suivi (following);
  • Échange de liens
  • "Followfriday"
Ce sont autant de manières d'attirer l’attention des auditeurs pour augmenter les chances que son message passe. Autrefois réservé aux médias de masse, le «kairos» se démocratise et prend des formes nouvelles. Intéressant.
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Image: Smithsonian

Les couloirs numériques

L'écart grandissant entre la lecture courte et la lecture profonde (voir mon billet sur l'article de Vanderdorpe) attire le regard des observateurs sur l'impact social et intellectuel du microbloggage et particulièrement de l'outil Twitter. Ce dernier entraîne un usage tout à fait original dans le numérique et répond à un besoin très précis: la sérendipité des discussions de couloirs.

LIFE coffee machineTwitter, on conviendra tous, n'a aucun sens, seul. Toute sa valeur repose sur l'engouement de son usage sur le réseau. Affirmer ceci met en lumière un paradoxe étrange: nous voilà devant un cas autogénéré de "l'oeuf ou la poule". Le hasard et la nécessité a créé ce service improbable (il ne répondait à aucun besoin a priori) et pourtant essentiel (pour la technorati, blogorati et la linkerati particulièrement)

Succès exogène
Twitter, je le signale, ne doit son succès qu'à Facebook. Plus précisément au service "statuts " de Facebook. Twitter correspond à cette fonction, mais "désencloisonné" des murs faussement protecteurs du monde numérique artificiel de Facebook. Ce dernier l'a d'ailleurs bien compris, toutes ses récentes mises à jour tournent autour de ce service. Twitter a eu besoin de Facebook pour faire comprendre à quoi il servait. Il faut le comprendre à petite échelle pour saisir son potentiel à grande échelle.

Twitter est un descendant de l’IRC, un canal de chat partagé, mais hybridé avec l'apparition des identités numériques et les conversations du web 2.0.

Le plus pauvre des pauvres sera le premier à entrer dans le royaume du web 2.0
Plusieurs critiquent sa pauvreté d'interface (peu de fonctionnalités, limite de 140 caractères, perte de suivi de conversation, etc.) et propose des "améliorations" qui toutes tombent faute d'appui de la masse: on dirait que les défauts mêmes de Twitter en font son succès.

Et pourtant certains modes alternatives de microbloggage existent et ont même du succès. Mais détrompez-vous, ils ne sont pas sur le même créneau que Twitter.

Vous voulez conserver une trace d'une conversation (ce que le "statut" de Facebook fait de façon remarquable)? vous n'êtes que dans un microforum ad hoc centré sur le commentaire. Vous voulez faire des recherches sur les archives (ce qui est la base même du web)? vous voilà revenu sur le nerf de la guerre des moteurs de recherche.

La beauté cachée des laids des laids
Non, Twitter marche parce qu'il se limite à 140 caractères (le nombre exact importe peu, l'ordre de grandeur davantage), qu'il n'offre pas de suivi de conversation aisé dans le temps (avez-vous déjà reçu un message faisant référence à un de vos gazouillis dont vous aviez oublié déjà l'existence?), qu'il ne conserve pas les messages antérieurs à plus de 10 jours (dans la base de recherche). Voilà de quoi renvoyer à la planche à dessin n'importe quelles applications.

Ce qu'offre Twitter, et en ce sens il se retrouve aujourd'hui inégalé, c'est d'offrir la possibilité de (re)vivre des conversations de couloir. On parle souvent de "Water Cooler meeting" ou ces discussions autour de la machine à café.

Éternel Twitter
Twitter est et restera Twitter tant et aussi longtemps qu'il restreindra ses fonctions à de courtes salves de texte, en temps réel et sans permission de voir le contexte (du moins sans en faciliter le retour en arrière).

C'est exactement ce que vous avez dans une conversation de couloir: vous prenez la conversation au bond, sans pouvoir remonter en arrière (sauf à interrompre la conversation par une demande de mise à jour inopportune) et sans possibilité de suivi quand vous quittez le groupe.

Il faut être là au bon moment.

D'où l'importance de choisir ses couloirs où vous voulez accrocher au hasard une bonne conversation.

ROI, Retour sur l'investigation
La valeur ajoutée? Demandez-le à n'importe quel collègue fumeur. La sérendipité des découvertes sur n'importe quel sujet (futile ou stratégique) se passe dans ces fumoirs et a toujours laissé sur le bas côté de la route les gens soucieux de leur santé pulmonaire. D'ailleurs, je serai curieux de savoir si les mises à pied touchent plus souvent les non-fumeurs vu leurs incompétences à accéder à des informations stratégiques.

Twitter offre ces conversations de couloirs au travailleur du savoir, en général à la pige (freelance en français), soucieux de rester en contact phatique avec leurs pairs pour partager compétence, liens, informations ou simplement le fait qu'il mange un sandwich...

PS (lundi): autre de mes billets sur le sujet écrit le lendemain : les réseaux sociaux comme moteur de confiance, nous ne dépendons plus de Google!
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Photo: Life

La lecture en éclats

"Le véritable supplément à la mémoire n’est plus le document ni même la bibliothèque, mais Google". Christian Vandendorpe, l'auteur de l'excellent Du papyrus à l'hypertexte: Essai sur les mutations du texte et de la lecture, propose un brillant exposé pour raconter le divorce de la lecture longue et de la lecture courte (via JM Salaün).

Star Pupil, 1954Dans La lecture en éclats, publié dans la revue Arguments l'an passé [3400 mots / 15 min], il soutient que "’hypertexte donne au lecteur la même liberté de coq-à-l’âne que la conversation familière". La lecture, on s'en doute maintenant, serait influencée par le support.

Première victime de la "technologie"
Le rouleau de papyrus, par exemple, qui fut durant trois mille ans le support de l’écrit, a été remisé aussitôt le codex apparu. Cet ancêtre de notre livre actuel ayant montré qu'il était meilleur support pour la lecture, nous raconte le professeur au Département de français de l'Université d'Ottawa. Le livre, alors, restera-t-il au côté de l'ordinateur? Il ne va jusqu'à annoncer sa disparition.

Ce qu'il fait par contre c'est de décrire le déploiement de la lecture courte et le retranchement de la lecture profonde causé par les nouvelles technologies.

"Le livre étant une totalité finie, il propose implicitement un contrat de lecture qui va de la première à la dernière page." "L’imprimerie a fait de la lecture une activité privée".

"Le roman est [...] le livre par excellence, que le lecteur va lire de la première à la dernière page et dans lequel il peut se laisser absorber au point de perdre toute conscience du monde extérieur."

Cette activité de lecture de la continuité, sur lequel reposait le livre, a volé en éclat. L'art du romancier a comme base le temps, et consiste à retarder le dénouement tout en le faisant désirer de plus en plus fortement, dit-il. La lecture profonde demande un abandon.

L'écran superficiel
Mais on ne lit pas de livre à l'écran. Du moins, premièrement, l'équipement actuel n'autorise ni un confort visuel, ni une aisance dans la position de lecture et deuxièmement l'offre interactive ou sociale se trouvant souvent à un clic, il y a peu de chance que Proust ou Tolstoï puissent compétitionner avec Facebook, YouTube ou vos courriels.

Vanderdorpe appelle cet espace un "espace de séduction" où abondent icônes et couleurs, alertes et correspondance qui ont l'heur de distraire le lecteur de l’attention cognitivement exigeant que la véritable lecture de fond requiert. (Avez-vous réussi à tenir jusqu'ici sans basculer la fenêtre de zéroseconde?)

Lire comme on converse
"L’art d’écrire, tout comme celui de raconter, consistait jusqu’ici à créer des attentes chez le lecteur pour ensuite les satisfaire." rajoute l'auteur, or l’hypertexte offre des occasion à un interlocuteur pour facilement "saisir au bond un élément quelconque pour changer le sujet en suivant ses jeux d’association."

La "conversation" caractérisant le "web 2.0" trouve ainsi sa source.

"[L]e lecteur cédera facilement à la tentation de changer de sujet, de soulager la tension mentale que pose sa lecture en dérivant sur un sujet connexe". Ce qui est l'apanage de la lecture courte.

"[U]ne lecture «en immersion», mobilisant totalement l’imaginaire du lecteur sur une longue période de temps" est la caractéristique de la lecture profonde.

Avec l'arrivée imminente des tablettes et l'amélioration des liseuses electroniques, pourra-t-on revoir resurgir une lecture profonde qui "est une excellente école pour entraîner la mémoire, l’attention au détail et la capacité de synthèse"?

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Image : Superbomba

Rue89 débarque au Québec

Quebec89.com est le nom du site et est l’extension québécoise du site français Rue89. Géré par Branchez-vous! partenaire officiel de Rue89, sa rédaction est entièrement québécoise et indépendante de celle de Rue89 ( et elle est aussi indépendante de la rédaction de Branchez-vous! matin ).

Quebec89

Donc, 65 ans après le débarquement des Québécois en Normandie, les Français débarquent dans le paysage médiatique québécois avec l'aide de la résistance de Patrick Pierra et qui constituera constitue en quelque sorte le «magazine journalistique et participatif d’actualité» du groupe.

Il est annoncé que la filiation entre les deux sites est "directe", mais que "Québec89 présente quelques caractéristiques qui le distinguent de son grand frère" :

- Une spécialisation sur le Québec et l’actualité directement pertinente pour les Québécois (pasi d’information internationale) : politique, médias et société

-Une équipe et des moyens plus réduits (le Québec est dix fois plus petit que le marché français): environ un article est prévu par jour.

- Une fonction « En direct » permettant aux usagers de "publier plus immédiatement leurs informations et leurs commentaires".

- L’association au portail d’information BRANCHEZ-VOUS.com, dont Québec89 constitue en quelque sorte le «magazine journalistique et participatif d’actualité».
Pourquoi «Québec89»? parce que Rue89. Pourquoi «Rue89»? «89» pour évoquer les 3 révolutions: la liberté (Révolution française de 1789), les «murs qui tombent» (Berlin, 1989) et l’invention du Web (1989).

Petits caractères

Vous voulez participer? Le site accepte seulement les contributions les journalistes professionnels (ou les étudiants en journalisme). Tous les autres collaborateurs sont bénévoles. Les articles sont achetés à prix fixe : 50$, quelle que soit sa longueur (Si jamais par la suite, il ne peut être publié alors qu’il a été livré, la compensation de 25$. Maximum 12 articles rémunérés par mois.

Ce qui donne un gros max 600$ (383 EUR) de revenus pour le journaliste pigiste = 7200$ par année (4600 EUR). Finalement, il n'y a pas beaucoup plus de différence que de bloguer gratuitement sur le web...

MàJ : 3 pigistes/correspondants réguliers assureront l'armature du site, et les efforts de développement et de gestion (technique, promotion, vente).(source)

Parler pour ne rien dire

Curieuse statistique : 40% des gazouillis sur l'outil de micro-bloggage Twitter serait du bavardage futile ("pointless babble"), c'est-à-dire "parler pour ne rien dire". Ça a fait le tour du monde... blogosphèrique. L'étude sortie la semaine dernière a fait chauffer beaucoup de pixels. Et si c'était plutôt l'étude qui parle pour ne rien dire?

Et pourtant, elle n'est pas inintéressante, cette étude, au contraire. Rappelons les faits, pour ceux qui étaient offline sur la plage.

Résumons
En capturant au hasard près de 2000 gazouillis, entre 9 heures et 5 heures, du lundi au vendredi, deux semaines de suite et en répartissant les résultats dans 6 catégories, voici le résultat:
  • (3.6%) News: les fils des médias trad comme Radio-Canada ou France-Info (ils excluent Techcrunch et autres médias sociaux)
  • (3,.75%) Spam: ils proposent les mêmes âneries que pour le courriel (en espérant que vous le captiez en faisant une recherche), ils squattent les mots clefs (#hastags) populaires (ex "see how I enlarge you twitter follow-up base")
  • (5.85%) Self-Promotion: ces gazouillis qui redirigent vers le blog ou le site du gazouilleur pour promouvoir son contenu.
  • (40.55%) Pointless Babble (bavardage inutile): "Je mange un sandwich"
  • (37.55%) Conversational: Tout gazouillis dialoguant avec un usager (en utilisant un @)
  • (8.7%) Pass-Along Value (relais): tout gazouillis qui retransmet la conversation d'un autre usage (en utilisant un RT)
Quel titre pensez-vous que la plupart ont utilisé pour transmettre l'information? 40% des gazouillis sont du bavardage inutile.

Pourtant
On aurait pu aussi bien additionner les deux dernières catégories (conversation et relais) comme représentatives du média social (échange des informations bottom up ou à l'horizontale) et obtenir 46% des gazouillis est des informations utiles socialement (37.55% + 8.7%).

Les "conversations utiles" sont divisées en deux à cause d'un vecteur objectif (l'usage ou non du code @ ou RT). Mais quand est-il d'un usage implicite? Si je dis "je suis sortie du métro" et qu'un groupe m'attend au restaurant, ne suis-je pas en train de converser (j'annonce que je ne tarde pas à arriver).

"Je mange un sandwich" peut être une nouvelle pour la famille d'un anorexique ou pour tout un groupe qui l'attend pour commencer une réunion.

Et alors?
"What are you doing?" (qu'est ce que vous faites) était la question originale demandéapr Twitter (il est maintenant "Partager et découvrez ce qui se passe maintenant, partout dans le monde") et alors selon qui vous suivez, ce sera la révolution iranienne ou cette personne qui mange un sandwich.

J'imagine bien Einstein aujourd'hui gazouiller "Wunderbar, E=MC2" et le voilà classé dans le bavardage inutile.

Si on prenait un échantillon de tous les articles publiés, de tous les livres publiés, des émissions de radio diffusées, des appels téléphoniques, nous allons toujours, je dis bien toujours, trouver un nombre effroyable de bavardages insensés, inutiles, futiles, ridicules. Il n'y aurait plus de journalisme, de littérature de reportage, que du babillage. En moyenne.

Parce que, voyez-vous, dans la communication médiatique, sociale ou traditionnelle, on n'écoute pas tout, on choisit. La communication n'est rien d'autre que ça : repérer du signal dans une mer de bruit.

Il est donc inutile de souligner que 40% des gazouillis sont futiles, ce n'est que répéter qu'il y a du bruit (qui ne fait pas de sens pour nous) et on ne fait que parler pour ne rien dire.

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Post-scriptum du lendemain :

Lire aussi Jean-François Renaud (Adviso) : Twitter, un outil pour rejoindre les ambassadeurs (18 août 2009)
«on dit que 5% des utilisateurs créent 75% de l’activité [Sysomos]. C’est le même constat que l’on fait dans les réseaux sociaux en général où 1 à 10% des utilisateurs créent du contenu dont 100% profite. La question dont peu d’articles font état, c’est la notion d’actif. Est-ce qu’un utilisateur qui ne fait que lire des twitterers plus actifs que lui et qui clique sur les liens proposés doit être considéré comme inactif ?»

Et aussi Danah Boyd Twitter: "pointless babble" or peripheral awareness + social grooming? (16 aût 2008) (via Yann Leroux)
«I challenge each and every one of you to record every utterance that comes out of your mouth (and that of everyone you interact with) for an entire day. And then record every facial expression and gesture. You will most likely find what communications scholars found long ago - people are social creatures and a whole lot of what they express is phatic communication.»

Infidélité online

Vous voilà arrivé à la mi-temps des vacances. En entrant dans votre chambre d'hôtel, vous retombez sur votre iPhone dans le fond de la valise. Votre être bien aimé est sur la plage, vous avez quelques minutes avant de vous retrouver au restaurant. Vous n'arrivez pas à vous retenir. Le crime est si léger, allez, ouvrez internet et hop offrez vous un petit fix: voilà ce qui s'est passé quand vous étiez down dans les 15 derniers jours...

Réalité augmentée chez les commerçants

Je vous parlais des premiers essais de la réalité augmentée en mai dernier. Les marchants s'y mettent déjà: bestbuyin3d.com

Réalité augmentée chez Best Buy

En recevant une carte spécialement marquée, l'acheteur peut se faire une idée du type d'objet que le marchand propose.

Tous ceux qui sont dans la publicité, en particulier le marketing direct, auront de quoi à suggérer à leurs clients pour la rentrée scolaire. Comme toute nouveauté, dans le domaine de la pub, ça ne durera pas longtemps.

En général, ça développe l'expertise dans l'industrie et la connaissance est ensuite partagée dans les autres sphères.

Plusieurs usages peuvent en découler :

  • On peut imaginer des intranets d'entreprise l'offrir à leurs employés dans le cadre de formation ou d'indications demandant un aspect de visualisation spatiale.
  • On peut voir dans les manuels de classe de sciences des exemples "poppant" réellement hors du livre pour expliquer la structure d'une molécule, d'une organe ou d'un objet mathématique.
  • On peut croire que certains agents d'immeuble vont proposer des vues 3 D de propriété éloignée.
  • On peut espérer que les sculpteurs ou les musées présenter des oeuvres dans leur portfolio de cette façon.
  • On peut peut-être raconter des histoires à des petits.
D'autres pistes?

PS (19 août 2009) voir aussi l'excellent récapitulatif de ce qui se fait en termes de réalité augmentée... sur le blogue du longboard-Montréal

Premier Rendez-vous des médias citoyens

Le premier Rendez-vous des médias citoyens offre des échanges autour de la création de contenu, des nouvelles plateformes technologiques et les différents modèles d'affaires pour la communauté des médias collaboratifs. À la SAT le 26 août 2009 à 14h30.

Le Rendez-vous des médias citoyens

L'événement visent les blogueurs, les cinéastes engagés, les photographes et les journalistes citoyens (experts des médias, praticiens des médias alternatifs et autonomes). Il est organisé par Paroles Citoyennes / Citizen Shift et L'Institut du Nouveau Monde et Média@McGill.

Où vont les médias citoyens?"
La programme de la demi-journée tentera de répondre à ces questions:
  • Quels sont les défis inhérents auxquels ces projets médiatiques font face en 2009?
  • En quoi un projet médiatique du web social devient-il structurant pour la communauté?
  • Quelles opportunités devons-nous saisir aujourd'hui afin de propulser des voix multiples et alternatives?
  • Comment pouvons-nous nourrir la participation citoyenne à un projet médiatique sans se brûler?
Plusieurs intervenants sont prévus, dont Véronique Marino (INIS), Geraldine Cahill (The Real News Network), David Beers (The Tyee), Laurent Mauriac (Rue 89) et David Beers (The Tyee, ex-Mother Jones) et animé par Rufo Valencia (Radio-Canada International) + Mahalia Verna (CBC)

L'évènement est ouvert à tous et l'inscription est gratuite, mais obligatoire (attention, les places sont limitées).