ZEROSECONDE.COM: juillet 2010 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Youtube : 15 minutes pour tous les usagers

C'est Warhol qui avait raison: on aura tous notre 15 minutes de gloire. YouTube vient de pousser la limite pour tous les usagers à 15 minutes par vidéo. Anguille sous roche.(Source: Blog Youtube Upload limit increases to 15 minutes for all users)

La limite de 10 minutes maximum par vidéo pour les «non-partenaires» est maintenant levée. N'imaginez pas que les contenus «générés par les utilisateurs» seront de meilleure qualité pour autant (la règle du 90 secondes tient toujours --on n'écoute que de petits segments sur le web et sur les mobiles).

Youtube pro?

Les professionnels devraient pouvoir en profiter davantage; diffuseurs aussi. Les 15 minutes sont amplement suffisantes pour un segment d'émission (les émissions sont saucissonnées au moins 4 fois l'heure). Soit le court-métrage dure 15 minutes, soit qu'il est en deux parties. Et on peut mesurer la popularité par segment.

Youtube BBM?

On peut imaginer des pilotes d'émission sortir sur YouTube en premier et mesurer l'intérêt (un faible différentiel entre la deuxième partie et la première partie indique l'intérêt).

Opération Overlord !

Il m'apparaît que ce changement, associé au Youtube Content ID (qui permet aux ayants droit de contrôler leur contenu sur la plateforme) à Youtube LeanBack (regarder un stream vidéo sans autre intervention que d’avancer ou de reculer) va dans le sens d'un débarquement en règle de Google sur le territoire de la télévision, comme suggéré dans mon récent billet YouTube à l'assaut de votre salon.

15 minutes forment un segment qui peut intéresser les professionnels ou les diffuseurs. Cette segmentation suit davantage les standards de l'industrie télévisuelle... La plateforme YouTube déploie donc ainsi son porte-avions pour court-circuiter à terme les tou.tv ou les Hulu.com de ce monde...

Les chambres de commerce

Les chambres de commerce: c'est du réseautage. Les «club business»en ligne aussi.


Le premier favorise la «présence» et le second les «idées». L'un n'exclut pas l'autre évidemment. Mais chaque structure avantage une approche. Il n'y en a pas une qui est meilleure que l'autre. Ça dépend du groupe.

Mais il est clair que le déplacement vers le numérique des relations d'affaires place les chambres de commerce dans une situation de «concurrence» avec les médias sociaux sur certains côtés.

Synchrone vs asynchrone

Les conversations asynchrones et archivées offrent une «mémoire» (un «accès» à la connaissance emmagasinée) qui n'existe pas dans une rencontre «synchrone» en personne (on ne peut capter la conversation que si on est là)

Dans une rencontre «synchrone», il y au une grande part d'émotion et de relationnel. On brasse des affaires en personne et ça se règle par une poignée de main.

Dans une communauté en ligne, c'est plus un brassage d'idée et un rapprochement des affinités. L'émotif compte moins que le rationnel dans une certaine mesure (l'écrit appelle une rhétorique basée sur la logique). Et émerge nécessairement d'autres leaders : on ne brille pas de la même façon en personne ou par écrit. En laissant «des traces écrites», on est mieux en mesure de juger de la pertinence de quelqu'un...

Émergence d'une nouvelle classe de leaders

Ce à quoi on assiste c'est donc une émergence d'une nouvelle classe de leaders qui brillent non pas par leur «présence» mais par leurs «idées».

Et comme les contacts sont plus fluides en ligne, donc plus efficace, donc valorisé, un réseau alternatif de gens d'affaires peut émerger et faire des affaires différemment...

Linkedin Québec, la «chambre de commerce» en ligne

Le groupe Linkedin Québec géré par Simon Hénault est un bon exemple. Le groupe sur Viadeo sur la microentreprise aussi.

Durant vos vacances, allez-y faire votre tour. La plage, c'est tellement out! ;-)

À 5000 mètres d'altitude, on peut trouver que, comme la surface de l'eau, un club semble impénétrable (et c'est le cas) mais de plus près et lentement, comme la surface de l'eau, on peut s'y plonger sans problème...

Flipboard pour iPad - le magazine de votre réseau social

«Flipboard for iPad» est une application pour la tablette d'Apple et le premier «magazine social» : il fait l'agrégation des nouvelles de votre réseau et filtre le reste du réseau.

Flipboard intègre le flux des utilisateurs de votre Facebook et Twitter pour créer un magazine interactif composé de liens, des nouvelles, des photos et bien sûr de mises à jour de vos amis.

Flipboard propose aussi une sélection de nouvelles dans des catégories, telles que les sports, nouvelles, technologies, et de style de vie, triées par des «curateurs».



Flipboard est offert gratuitement sur iTunes.

La compagnie a déclaré qu'elle intégrera un puissant outil d'analyse sémantique pour traiter les données en temps réel afin d'extraire et de les classer en fonction des préférences des réseaux sociaux.

Je l'ai essayé et franchement, si vous aimez twittertim.es, vous aimerez Flipboard!

Filtre social

Je vous parle souvent sur Zéro Seconde que le filtre social est une puissante méthode pour trier l'information. Dans une surabondance d'information, quand il est rationnellement difficile de faire des choix et de trier soi-même, son propre réseau social est une façon toute simple de trouver ce qui «fait sens» (ce qui «fait sens» c'est ce qui l'est pour ma communauté, pour suivre le courant constructiviste).

Avec le iPad, merveilleux outil de consommation de contenu à l'écran, le retour à la qualité de «mise en page» (que l'on avait perdu avec le web) revient en force et donne une autre saveur au contenu

Avec plus de 1 milliard de messages partagés tous les jours, les réseaux sociaux sont en train de devenir le principal moyen de faire découvrir et partager du contenu sur le Web.

Quoi de plus logique que lier la mise en page dynamique du iPad avec le dynamisme des contenus des médias sociaux.

Magazine écran

Flipboard est à la fois «intime, vivant et joli». En redéfinissant le magazine (plus personnel) et en donnant un visuel plus alléchant aux réseaux sociaux (plus graphique) Flipboard est un pas de plus vers la redéfinition de l'édition traditionnelle et de la lecture individuelle.

«La lecture sur écran encourage, elle, à la fabrication rapide de modèles, en associant une idée avec une autre, en nous armant pour nous débrouiller avec les milliers d’idées nouvelles qui sont exprimées chaque jour. La lecture sur écran récompense et nourrit la pensée en temps réel.» (Lire d’une tout autre manière Xavier De La Porte citant Kevin Kelly)

L'émancipation de l'écran de PC est un pas décisif à mon avis pour le passage du papier (qui ne disparaîtra pas) vers l'écran de lecture. Flipboard en donne le meilleur aperçu.

.co lon?

Un autre grand nom de domaine (TLD) vient d'être ouvert: .co. Oui point co, sans le m. Disponibles sur GoDaddy.com, Register.com, Network Solutions, et d'autres.

L'un des premiers à adopter ce nom de domaine: Twitter, qui a le t.co de domaine, qui l'utilisera pour son service de "raccourcisseur de liens".

Comme vous pouvez l'imaginer, la plupart des noms courts (a.co, b.co, et même ta.co) sont déjà pris. Même si le service ouvre au grand public aujourd'hui, il a été depuis longtemps coloniser par les squatteurs...

Ce qui confirme que les noms de domaine sont une forme d'extorsion (ce n'est qu'une répétition des .com) et qu'il faudra éventuellement passer à autre chose (les prochaines générations n'auront plus rien à se mettre comme URL).

HackTheJobMarket.com

Il est temps pour le web de passer à l'assaut du marché de l'emploi. C'est une industrie qui attend toujours sa révolution 2.0. Plus pour longtemps.

Passez le motJ'assiste une startup montréalaise depuis quelque mois pour monter un plan d'attaque et renverser ce marché. Les investissements sont là, l'équipe de conseillers est en place. Prochaine étape cet été: engager deux contributeurs seniors qui ont le potentiel de devenir des cofondateurs (si affinités). Passez le mot.
Recherché: un gestionnaire business, ascendant geek, capable de piloter le navire entre les récifs, comprenant comment la technologie peut conquérir des marchés et sachant manipuler les modèles d'affaires pour arriver aux résultats souhaités.

Recherché: un architecte-programmeur, ascendant business, capable de bâtir des systèmes fluides et solides pour mener à bon port le bateau et ses marins-programmeurs.
Il va sans dire que l'expérience de la haute mer en startup est essentielle et votre livre de chevet est le Cluetrain manifesto

We aim for the world, by the way; so English is part of it. If you think you fit the bill and if you are willing to invest yourself in such an endeavour, go to hackthejobmarket.com

Faites suivre!

Mots-clefs: startup, opportunités, emploi, job, entrepreneur, programmeur, plan d'affaires, product manager, marketing, architecte informatique

Youtube à l'assaut de votre salon

On ne pensait pas que le géant Google allait déployer ses porte-avions aussi vite dans cette guerre de la vidéo en ligne. Dans la chaîne de valeurs de la webTV, Google viendrait-il de positionner YouTube comme le maître de la longue traîne vidéo?

TVCoup sur coup. Google déploie 3 innovations sur YouTube. Il possède une longueur d'avance pour maîtriser le territoire de la longue traîne des vidéos (comme Amazon possède une emprise sur la longue traîne des livres).

Youtube cherche maintenant à sortir de l'écran d'ordi et à s'installer sur les écrans de salon. Ce qui se joue ici dans cette guerre de salon, c'est qui saura apporter la vidéo à la demande. Google se positionne comme un gros joueur.

YouTube XL

C'est le site de YouTube, optimisé pour la télévision. Épurée et grossie, cette interface lancée en juin se prête mieux que l'original pour naviguer dans son salon.
www.youtube.com/xl

Sachant que l'américain passe en moyenne (!) 5 heures par jour devant la télé, et seulement 15 minutes par jour devant YouTube, Google espère faire monter cette moyenne.

Youtube Leanback


YouTube offre la possibilité depuis la semaine dernière de regarder un stream de vidéos, sans intervention, en plein écran. Bâti sur Flash (désolé iPad, il faudra attendre la version HTML 5), l'usager n'a qu'à cliquer sur les flèches pour sauter au prochain clip (pas de souris).
www.youtube.com/leanback

Que ce soit devant son desktop ou branché à votre télé, vous retrouvez ainsi le plaisir de zapper, sans vous lever, du contenu vidéo. Le choix se fait selon vos préférences et les recommandations de vos contacts YouTube. (Plus d'info sur le blogue officiel de YouTube)

YouTube 4K

YouTube supporte depuis vendredi dernier les vidéos en 4K. Pour vous donner une idée de ce que cela signifie, l'écran idéal pour une projection en 4K est de 25 pieds (plus de 7 mètres et demi).

Voyez par vous-même: liste des vidéos 4K disponibles.

Le full HD (1080p) roule sur YouTube depuis le mois de décembre dernier. Le 4K offre 4096 x 2304 pixels (4 x le Full HD). Inutile de dire qu'il vous faudra avoir la bande passante et le processeur adéquat pour lire correctement le tout. (source Blogue officiel de YouTube).

Un avant-goût de Google TV

On se rappelle de l'annonce de la sortie de Google TV il y a 2 mois. Les grandes chaînes télé comme le canal YouTube de votre neveu dans son sous-sol pourront être regardé dans le confort de votre salon, sur votre grand écran, sur demande.

Avec Google TV, pas de grille horaire, mais un moteur de recherche qui a fait ses preuves («passez moins de temps à chercher, passez plus de temps à regarder»). La télé sur le web n'est pas nouvelle, mais Google et sa légendaire «simplicité» sauront plaire au grand public.

Couplé aux 3 innovations, on a un bon avant-goût de ce qui nous attend.

Mais la vraie clef de la bataille, maintenant, c'est de bien l'arrimer sur les filtres sociaux (seule façon de trier la masse de contenu disponible)...

La TV social [Ajout du lendemain. Merci Laurent]

Avec Bazaar labs, où il a investi des billes en juin, Google a la peut-être la dernière pièce pour avoir cette télé du futur (la TV sociale).

Bazaar Labs développe une application qui permet aux usagers de partager en temps réel leurs «status» (opinions) sur les films et émissions de télé. Comme un genre de FourSquare pour vidéo, les usagers «check0in» et commente les émissions de télé (et acquiert des badges).

Trouver en temps réel ce que recommande que ta communauté est une stratégie gagnante dans la surabondance de contenu...

Mille vies : le roman-feuilleton web

Skibbereen, Montréal, Kingston, Vicksburg, Boston et Lowell, villes naissantes qui marquent les 1000 vies de Molly Galloway, jeune immigrante parcourant l’Amérique du 19e siècle.

À compter du 18 août 2010, tous les mercredis, les bibliothèques publiques de Montréal en collaboration avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec nous offrent Mille Vies, un roman-feuilleton Web de l'auteur, rédacteur et historien Denis Vézina.

Vous pourrez le consulter gratuitement au http://bibliomontreal.com/1000-vies (aucun abonnement requis)

«Le site web de Mille vies est à la fois un livre, un site internet, un moyen de communiquer et assurément une belle aventure [...] Plusieurs suggestions de lecture, plusieurs liens et de nombreuses illustrations permettent d’aller plus loin et d’en apprendre davantage sur les sujets et les thèmes abordés. [...] Si le roman est fictif, la trame historique est réelle et les pistes de recherche internet sont nombreuses et fascinantes.» ( source Bibliothèque de Montréal )

Cacher ce tweet que je ne saurais voir

Lame à double tranchant, les médias sociaux confrontent les médias traditionnels : comment être authentique et rester objectif? Sur le front de la guerre des (nouveaux) médias, une victime haut placée tombe dans une embuscade et y laisse son poste.

SupertweeterCette fois-ci, c'est un haut gradé. Octavia Nasr, senior editor à CNN, 20 ans de service, qui tombe sous les tweets pour avoir gazouillé 140 caractères de trop.

Quand le leader spirituel du Hezbollaha a trépassé, elle a écrit sur Twitter sa tristesse d'apprendre sa mort et combien elle admirait respectueusement cet homme.
@octavianasrCNN: «Sad to hear of the passing of Sayyed Mohammad Hussein Fadlallah.. One of Hezbollah's giants I respect a lot.. #Lebanon» 3:24 AM Jul 4th via Twitter for BlackBerry [cache]
Mal lui en prit. 140 caractères qui ont été mal interprétés. Quand elle prend le temps d'en écrire 4371, le doute n'est plus permis.

Mais que s'est-il passé? Voilà une autre victime du mythe de l'objectivité en journalisme.

L'impartialité simulée

Qu'elle ait eu sa leçon, comme elle dit, «que 140 caractères ne soient pas assez pour s'exprimer sur des sujets controversés ou sensibles, particulièrement de Proche-Orient» (source), on peut comprendre. Qu'elle soit forcée de démissionner est autre chose.

Michael Arrington, de Techcrunch, demande «more opinion in news, not less»[2010]. Plus d'opinions chez les journalistes. Plus on connaît leurs biais, moins on les suspecte (il est moins facile de soupçonner une «intention cachée» quand on connaît la position du journaliste).

David Weinberger, du Cluetrain Manifesto, a la phrase qui résume le drame “transparency is the new objectivity" [2009]. Transparence comme objectivité. La transparence offre aujourd'hui une bien meilleure prise sur la réalité que la soi-disant objectivité. Le temps où nos parents nous filtraient, le monde extérieur est terminé. On veut voir par nous même, avec les vraies couleurs.

Ignacio Ramonet écrivait dans le Monde diplomatique [2005] : «[...] beaucoup de lecteurs préfèrent la subjectivité et la partialité assumées des [blogueurs] à la fausse objectivité et à l’impartialité hypocrite d’une certaine presse.»(source)

Je ne sais si ça sera agréable de vivre dans une société où tous les journalistes affirment leur opinion, mais la recherche de «vérité» est bien illusoire si on ne leur reconnaît pas cette possibilité.

Mythe et information

Le mythe de l'objectivité (à ne pas confondre avec le besoin de tendre vers l'objectivité) est un vernis qui craque de partout dans les vieux médias. Ce n'est pas l'information qui est de mauvaise qualité, c'est la mise en scène qui est insupportable.

La crise actuelle des médias de masse découle de l’effritement d’une croyance culturelle: une information sur un événement ne s’altérait pas tout à fait dans sa transmission. Internet a fait place à la montée de nouvelles modalités d’interprétation de la réalité.

Le mythe veut que la transmission elle-même doive être invisible afin de préserver l'adéquation de «la réalité» de l’événement quand il est transformé en information.

Ce qui émerge aujourd'hui est une exigence de «récits incarnés», ouvertement humains (donc avec des biais) et voulant aller au-delà de simples traces figées de la réalité (ce que l'objectivité tend à faire croire) : la réalité s'expérimente de multiples façons.

Si on a tous des biais, mieux vaut le savoir et on ajustera en conséquence.

Le tabou de l'opinion

Mais voilà. Twitter est là, pour commenter à chaud l'actualité. Quand Sophie Thibault, chef d'antenne à la télé de Québecor, dit «Twitter est le plus puissant des fils de presse», le signal est clair pour les journalistes.

Que des journalistes tombent dans le piège de ne pas «rester objectif» même dans leur gazouillis, on le verra de plus en plus, cela ne fait aucun doute. Mais de grâce, ne les sacrifions pas pour une sacro-sainte objectivité idéalisée.

L'affaire Nasr rappelle le danger pour eux de transgresser le tabou de l'apparence.

On est d'accord pour qu'un journaliste soit digne de confiance (démontrer de saines intentions, être véridique et impartial), c'est la dimension morale de leur travail.

Mais au fur et à mesure que l'écosystème de l'information arrime les médias traditionnels avec les réseaux sociaux, il ne faut pas se surprendre de voir émerger des biais naturels et ce genre de mauvais pas. On se calme et on respire par le nez...