ZEROSECONDE.COM: mars 2014 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

[M2 #12] La presse et la souricière numérique (avec B. Boutot)

L'angle mort de la conférence à laquelle j’ai assisté hier aux HEC à Montréal (les modèles d’affaires de la presse quotidienne, une souricière numérique?) a été la question du lecteur. Voici ma balado M2 sur la presse et la souricière numérique, avec Bruno Boutot.


Comment penser la place de la communauté 
dans la nouvelle chaîne de valeur des médias? 
Conversation à chaud avec Bruno Boutot
après la conférence #mousetrap2503hec

Trop longtemps les quotidiens ont demandé à leur lectorat de s’adapter à eux. Pendant que sur les panels les éditeurs et annonceurs se reprochaient mutuellement un manque d’innovation, la question audience est restée vis-à-vis du point aveugle de tout ce beau monde, sauf pour Tom Rosenstiel, auteur de Elements of Journalism et directeur de l’American Press Institute. (Pour plus d'info sur la conférence, lisez mon billet sur Triplex).

Or, à côté de moi, dans la salle, Bruno Boutot trépignait de joie à chacune de ses déclarations. C'est que Rosenstiel venait de dire à la salle suspendue à ses lèvres ce que Bruno Boutot, spécialiste en économie des médias, écrit sur son blogue depuis des années.

Sur mediamachina.boutotcom.com il a observé et partagé tout ce qui marche dans et en dehors des médias; et une constante ressort: hors de la pub, il y a aussi de la vie!


Le Web n'est pas un média, mais un métamédia sur lequel tout le monde (y compris les médias) se retrouve avec les mêmes pouvoirs de création, de diffusion, d'interaction avec et entre les individus, et d'hébergement de toutes ces actions.

Mais les médias ont en même temps - à de très rares et très récentes exceptions près - complètement ignoré tout le potentiel offert par Internet pour les communications entre individus (peer to peer) et l'hébergement de ces communications: les communications créatrices de contenu et les communications commerciales.

Les médias (et le marketing) sont conçus comme des contenus "packagés" et "envoyés" à une audience. Parmi cette audience, il y a une communauté négligée que les médias pourraient mettre à profit pour les aider à faire leur métier.

La souricière numérique, en fait, sujet de la conférence au HEC, n'est qu'une illusion pour ceux qui n'ont pas saisi le changement de culture qu'il y a à faire. Bruno Boutot en connait un rayon!

Je vous partage aujourd'hui une conversation avec Bruno Boutot (MP3) que j'ai eu juste après la conférence sur les modèles d'affaires de la presse quotidienne. Bonne écoute


Bruno Boutot, spécialiste en économie des médias, ex-fondateur de Infopresse, peut être retrouvé sur Twitter (@boutotcomet ici: boutotcom.com

Pour connaître davantage les concepts de Bruno, lisez ces billets:


Voici la référence à la Une de Libé qui prétend n'être qu'un journal et dont on parle dans la balado.

Qu'est-ce que M2?


M2, c'est pour mutation au carré! car le numérique accélère comme jamais les changements dans notre société.

M2 partage des conversations autour enjeux du numérique sur des sujets de l'heure. Cette baladodiffusion propose un pont entre les savoirs des réseaux numériques, des universités, des médias et de la politique.

Abonnez-vous sur iTunes ou directement sur le fil XML (feedburner) de l'émission,

Pour accéder à tous les billets qui concernent la balado M2, cliquer ici

Plan maître de la Stratégie Culturelle Numérique du Québec

Le ministère de la Culture et des Communications du Québec a annoncé lundi sa stratégie culturelle numérique (PDF).


Cette stratégie laisse grande place aux recommandations venues des organismes comme la CALQ et la SODEC qui ont consulté leur base pour obtenir le vrai pouls et connaître les vrais besoins.

Le cadre de cette stratégie présenté par le ministre Kotto s'appuie sur celui que j'avais développé pour le rapport de recommandations de la SODEC (PDF) auquel j'ai participé en 2011.

Je suis heureux que cette grille tienne la route si longtemps. Aussi simple qu'elle puisse paraître, elle a l'avantage d'encadrer les diverses demandes émanent des multiples rencontres qu'avait fait la SODEC et qui allaient dans tous les sens.

Dans la synthèse rédigée avec la SODEC, nous avions trois chantiers : un pour combler le retard, un pour soutenir les forces en place, et un autre pour innover pour l’avenir.

Chaque chantier était traversé des trois axes d’interventions : enrichir l’offre de contenu, accroître la visibilité des contenus et offrir des incitatifs propices au développement du numérique.

Cette grille donne les 9 priorités que l'on retrouve aujourd'hui dans la Stratégie.



Dit autrement, on peut résumer ainsi la stratégie en 2 points, qui me tiennent vraiment à coeur.
  • Soutenir ceux qui ont intégré le numérique dans leur production (mais aider aussi ceux qui ont du retard et ceux qui veulent aller plus vite que le peloton).
  • Accroître le rayonnement dans le numérique de notre production culturelle (mais aussi à la fois retourner dans le passé pour numériser nos classiques absents du réseau et encourager l'innovation débridée qui expérimente pour trouver de nouvelles voies).
Je ne peux que constater que le gouvernement a suivi la même approche et le milieu culturel québécois doit être aujourd’hui satisfait que leurs requêtes soient ainsi bien encadrées.

Un contenu culturel qui n’est ni numérisé, ni diffusé en ligne, ni accessible sur les moteurs de recherches, ni agrégé par des sites ou sur les réseaux sociaux est un contenu qui n’existe pas aux yeux des consommateurs.

Avec tout le talent qu’il y a ici au Québec, il n'y a aucune raison qu'on ne brille pas plus sur la Toile.

Pour occuper l’espace numérique: #faire et non juste #planifier

Sylvain Carle, qui a participé aux premières rencontre de la SODEC, suggère maintenant «d'innoculer de la culture des hackers pour rendre effectif ces plans, stratégies, recommandations».

Ça commence par la création d'une liste collaborative pour que les gens commencent à livrer les solutions. Pour lui, «chaque recommandation est un "bug" qu'il faut régler».

Il a tout a fait raison et sa vision rejoint la mienne. Ce niveau de détail est évidemment trop tactique pour être intégré dans le plan stratégique du ministère présenté lundi. Mais je crois que les leviers qui permettront au Québec de développer une économie du savoir basée sur la créativité passent par toute la population.

Pour commencer à s'y attaquer, je donne ici à lire les points du plan maître de la Stratégie Culturelle Numérique.

Pour l'instant, je m'en tient aux numéros qui sont dans le document en les transformant en #hashtag*. C'est un premier début: faire en sorte que tous connaissent le plan maître.

(*MISE À JOUR: Josée Plamondon dans les commentaire suggère que les hashtags ne devraient pas être par point stratégique mais par projet. Ça tombe sous le sens. Je les garde ici tout de même, plus comme référence ultérieure pour les projets, question de savoir si les futurs projets atteignaient la cible).

À nous de jouer.

(Le document stratégique originale (PDF) du Ministère de la Culture et des Communications)

#SCNQ

#A: Enrichir l’offre de contenus culturels numériques

#A1) Rendre disponible l’offre culturelle existante

#A1a Numérisation des contenus existants
Procéder à la saisie numérique des collections, archives et autres contenus culturels québécois, notamment patrimoniaux.

#A2) Soutenir la création numérique originale

#A2a Développement de nouveaux contenus numériques
Soutenir la création d’œuvres numériques inédites destinées aux plateformes numériques Web et mobiles, ainsi qu’aux écrans des espaces publics intérieurs ou extérieurs.

#A3) Favoriser les pratiques émergentes et inédites

#A3a Expérience utilisateur adaptée et augmentée
Favoriser le développement d’outils de médiation et de personnalisation des contenus selon les clientèles, afin d’enrichir l’expérience culturelle et d’inciter la participation du citoyen à l’enrichissement des contenus.

#A2b Usage du numérique à des fins de valeur ajoutée
Développer des expériences numériques mettant en valeur les contenus non numériques à l’aide d’activités afférentes et d’expositions virtuelles.

#A2c Pôles d’innovation et partenariats
Favoriser l’innovation en soutenant les pôles d’expertise et en facilitant les partenariats.

#B: Assurer la diffusion et l’accessibilité des contenus

#B1) Intégrer les logiques émergentes de demande et de multiplication des accès

#B1a Usage accru de médias sociaux et d’applications mobiles
Développer des interfaces aux contenus culturels adaptées aux dispositifs mobiles et aux médias sociaux.

#B1b Valorisation et visibilité sur les plateformes numériques
Assurer le lien des contenus culturels avec les vitrines existantes, et soutenir la valorisation des contenus dès leur création ou numérisation.

#B2) Investir l’espace culturel global avec des contenus québécois

#B2a Optimisation de la diffusion en ligne
Soutenir la diffusion en ligne des contenus culturels, notamment au Répertoire du patrimoine culturel du Québec du Ministère et à la plateforme Web de diffusion culturelle de Télé-Québec.

#B2b Web diffusion
Soutenir la diffusion Web en direct d’événements culturels.

#B2c Regroupement des initiatives
Soutenir l’agrégation et la distribution de la production culturelle.

#B2d Approvisionnement en contenus
Favorise la diffusion à l’aide d’une stratégie globale d’approvisionnement.

#B3) Encourager la collaboration entre les acteurs d’une chaîne plus intégrée

#B3a Mécanismes de financement
Étudier l’opportunité d’adapter le financement des diverses étapes de la création, de la production, de la diffusion et de la conservation de la culture.

#B3b Collaboration, partage et connectivité
Fédérer et intégrer les fonctions culturelles pour créer des initiatives numériques rassembleuses dans différents secteurs d’activité.

#C: Créer un environnement propice au développement du numérique

#C1) Adapter les outils publics d’intervention 

#C1a Révision de lois, règlements, politiques
Voir à l’adéquation de l’appareillage législatif et réglementaire à la réalité numérique.

#C2) Assurer des conditions d’exercice adaptées pour l’ensemble des milieux

#C2a Chantier sur le droit d’auteur
Créer un lieu de concertation afin de proposer des solutions visant au respect du droit d’auteur en matière de diffusion dans l’univers numérique.

#C2b Infrastructures
Soutenir la mise à niveau des équipements des lieux culturels et leur connectivité par une aide distincte du fonctionnement ainsi que le déploiement d’infrastructures de pointe qui couvre l’ensemble des régions du territoire.

#C2c Formation et mise à niveau des compétences
Appuyer le renouvellement continu de la compétence des milieux culturels.


#C3) Favoriser une culture numérique contribuant à l’économie du savoir

#C3a Recherche et innovation
Favoriser la recherche et l’innovation en matière de contenus numériques.

#C2b La culture numérique comme levier d’une société participative
Offrir des outils de médiation éducative et des espaces virtuels de regroupement d’intérêts et d’expression citoyenne. 

--
Le document stratégique originale (PDF) est ici sur le site du Ministère de la Culture et des Communications

[M2 #11] De quoi le numérique est-il le nom? (avec f.&co)

Qu'est-ce que "le"numérique ? 

Francis Gosselin et Louis-Félix Binette, de f.& co sont mes invités pour cette balado afin de commencer un nouveau cycle thématique autour de ce que devrait être ou ne pas être un plan numérique pour le Québec. #planqc

Pour écouter:

Numérique, adjectif ou nom, est-ce pareil?

Avez-vous remarqué? La révolution en cours porte maintenant le nom de numérique, après avoir porter celle ou révolution informatique ou révolution internet.

En fait, plus que l'informatique et plus que l'Internet, le numérique découle des deux à la fois et les dépasse même. Pourtant, nous sommes bien en mal de définir ce que recouvre ou non le terme de numérique. Au fond, de quoi numérique est-il le nom?

C'est le titre d'un cours billet de Francis Gosselin publié en janvier 2014. On y lit que le numérique comme phénomène autonome porte la promesse de nouvelles possibilités, de nouveaux espaces. En fait, pourquoi substantiver l'adjectif numérique ? De quoi le numérique est-il le nom, paraphraserais-je?

Ayant moi-même participé à la rédaction finale d'un rapport sur le virage numérique des industries culturelles du Québec (où numérique est un adjectif) et dont le ministre de la Culture a donné suite dans ses grandes lignes aujourd'hui même (3 mars 2014), je vois que la première Stratégie culturelle numérique québécoise (PDF) conserve le numérique aussi comme un adjectif.

Le numérique en tant que nom n'est pas quelque chose comme une entité à part.

Mais devrait-il l'être? Qu'entend-on vraiment par le numérique. À quoi peut bien ressembler tout plan numérique quel qu'il soit?

Je vous partage l'enregistrement que j'ai fait il y a 2 semaines d'une conversation que j'ai eu avec Francis Gosselin et Louis-Félix Binette à leur bureau du Vieux-Montréal autour du mot numérique et de sa culture et si éventuellement il faut un plan ou non pour baliser notre entrée dans le numérique...

Qu'est-ce que M2?

M2, c'est M au carré. M pour mutation, mutation au carré! car le numérique accélère comme jamais les changements en société.

M2 se veut des conversations autour des métamorphoses apportées par les technologies numériques. Cette baladodiffusion est un pont entre les savoirs des réseaux numériques, des universités, des médias et de la politique avec des gens qui pensent le numérique.

Abonnez-vous sur iTunes ou directement sur le fil XML (feedburner) de l'émission,

Pour accéder à tous les billets qui concernent la balado M2, cliquer ici