ZEROSECONDE.COM (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Blogue déménagé sur Zeroseconde.com

Mon blogue est maintenant déménagé ici: http://zeroseconde.com

Veuillez changer vos signets. Merci.

Zéro Seconde a 10 ans (et déménage sur ZeroSeconde.com)

En février 2014, mon blogue a soufflé ses 10 bougies. C'est une décennie complète à observer les impacts du numérique sur nos vies, découpés en 1200 billets! Si je compte aussi ceux de Triplex (environ 250), ça fait près de 1500 billets en 10 ans!
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Source Photo: Jurvetson
Pour l'occasion, mon blogue déménage à ZeroSeconde.com. Oui, je quitte Blogspot et j'ai importé tous les billets sur Wordpress.

Je garde ce blogue-ci ouvert pour ne pas briser les liens entrants, mais il ne sera PLUS MIS À JOUR.

Tous les futurs billets seront publié à ZeroSeconde.com

Veuillez changer vos signets. Côté RSS, je vais faire une redirection et vous n'aurez rien à faire.

3 secrets pour être/devenir viral sur les médias sociaux

On me demande souvent quels sont les trucs que les gourous des médias sociaux ont pour réussir à coup sûr sur 3 grands réseaux sociaux (Twitter, Facebook et YouTube). Je vous les partage aujourd'hui!

Il est possible d’accéder à des boutons cachés si l'on connait les bonnes combinaisons de touches. Ne cherchez pas ailleurs sur le web, ces trucs sont des secrets biens gardés. Il est temps d'en faire profiter tout le monde.

Devenir le compte le plus suivi au monde 

Twitter: Le saviez-vous? Pour augmenter le nombre d'abonnés influencés sur votre compte, il est possible de les forcer à vous suivre.


Quand vous voyez le bouton "suivre", appuyez sur les touches CRTL-ALT-MAJ et *. Le bouton changera par «L'abonner à vous». Pourquoi suivre des gens? Forcez-les à vous suivre! 

Sur Facebook, vous savez que la portée organique a drastiquement baissé. Il est frustrant de savoir que nos pensées profondes ne sont plus aussi bien distribuées. Il est possible de les afficher de force sur tous les comptes.


Au moment de publier votre message, appuyez sur les touches CRTL-CMD et &. Le bouton changera par «Forcer l'affichage sur tous les murs». Aux dernières nouvelles, ça s'affichait sur 1,3 milliard de murs.

Sur YouTube, il est maintenant possible de rendre vos vidéos virales grâce à un bouton caché.


Quand vous appuyez sur CRTL-ALT-MAJ et #, un menu déroulant apparaît qui vous permet choisir le type de catégorie virale: Gangnam Style, Stop Kony, Star Wars Kid, etc

Votre stratégie médias sociaux enfin efficaces!

Faites vite, car on m'a dit que ces trucs ne marcheront plus demain.

[M2 #12] La presse et la souricière numérique (avec B. Boutot)

L'angle mort de la conférence à laquelle j’ai assisté hier aux HEC à Montréal (les modèles d’affaires de la presse quotidienne, une souricière numérique?) a été la question du lecteur. Voici ma balado M2 sur la presse et la souricière numérique, avec Bruno Boutot.


Comment penser la place de la communauté 
dans la nouvelle chaîne de valeur des médias? 
Conversation à chaud avec Bruno Boutot
après la conférence #mousetrap2503hec

Trop longtemps les quotidiens ont demandé à leur lectorat de s’adapter à eux. Pendant que sur les panels les éditeurs et annonceurs se reprochaient mutuellement un manque d’innovation, la question audience est restée vis-à-vis du point aveugle de tout ce beau monde, sauf pour Tom Rosenstiel, auteur de Elements of Journalism et directeur de l’American Press Institute. (Pour plus d'info sur la conférence, lisez mon billet sur Triplex).

Or, à côté de moi, dans la salle, Bruno Boutot trépignait de joie à chacune de ses déclarations. C'est que Rosenstiel venait de dire à la salle suspendue à ses lèvres ce que Bruno Boutot, spécialiste en économie des médias, écrit sur son blogue depuis des années.

Sur mediamachina.boutotcom.com il a observé et partagé tout ce qui marche dans et en dehors des médias; et une constante ressort: hors de la pub, il y a aussi de la vie!


Le Web n'est pas un média, mais un métamédia sur lequel tout le monde (y compris les médias) se retrouve avec les mêmes pouvoirs de création, de diffusion, d'interaction avec et entre les individus, et d'hébergement de toutes ces actions.

Mais les médias ont en même temps - à de très rares et très récentes exceptions près - complètement ignoré tout le potentiel offert par Internet pour les communications entre individus (peer to peer) et l'hébergement de ces communications: les communications créatrices de contenu et les communications commerciales.

Les médias (et le marketing) sont conçus comme des contenus "packagés" et "envoyés" à une audience. Parmi cette audience, il y a une communauté négligée que les médias pourraient mettre à profit pour les aider à faire leur métier.

La souricière numérique, en fait, sujet de la conférence au HEC, n'est qu'une illusion pour ceux qui n'ont pas saisi le changement de culture qu'il y a à faire. Bruno Boutot en connait un rayon!

Je vous partage aujourd'hui une conversation avec Bruno Boutot (MP3) que j'ai eu juste après la conférence sur les modèles d'affaires de la presse quotidienne. Bonne écoute


Bruno Boutot, spécialiste en économie des médias, ex-fondateur de Infopresse, peut être retrouvé sur Twitter (@boutotcomet ici: boutotcom.com

Pour connaître davantage les concepts de Bruno, lisez ces billets:


Voici la référence à la Une de Libé qui prétend n'être qu'un journal et dont on parle dans la balado.

Qu'est-ce que M2?


M2, c'est pour mutation au carré! car le numérique accélère comme jamais les changements dans notre société.

M2 partage des conversations autour enjeux du numérique sur des sujets de l'heure. Cette baladodiffusion propose un pont entre les savoirs des réseaux numériques, des universités, des médias et de la politique.

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Plan maître de la Stratégie Culturelle Numérique du Québec

Le ministère de la Culture et des Communications du Québec a annoncé lundi sa stratégie culturelle numérique (PDF).


Cette stratégie laisse grande place aux recommandations venues des organismes comme la CALQ et la SODEC qui ont consulté leur base pour obtenir le vrai pouls et connaître les vrais besoins.

Le cadre de cette stratégie présenté par le ministre Kotto s'appuie sur celui que j'avais développé pour le rapport de recommandations de la SODEC (PDF) auquel j'ai participé en 2011.

Je suis heureux que cette grille tienne la route si longtemps. Aussi simple qu'elle puisse paraître, elle a l'avantage d'encadrer les diverses demandes émanent des multiples rencontres qu'avait fait la SODEC et qui allaient dans tous les sens.

Dans la synthèse rédigée avec la SODEC, nous avions trois chantiers : un pour combler le retard, un pour soutenir les forces en place, et un autre pour innover pour l’avenir.

Chaque chantier était traversé des trois axes d’interventions : enrichir l’offre de contenu, accroître la visibilité des contenus et offrir des incitatifs propices au développement du numérique.

Cette grille donne les 9 priorités que l'on retrouve aujourd'hui dans la Stratégie.



Dit autrement, on peut résumer ainsi la stratégie en 2 points, qui me tiennent vraiment à coeur.
  • Soutenir ceux qui ont intégré le numérique dans leur production (mais aider aussi ceux qui ont du retard et ceux qui veulent aller plus vite que le peloton).
  • Accroître le rayonnement dans le numérique de notre production culturelle (mais aussi à la fois retourner dans le passé pour numériser nos classiques absents du réseau et encourager l'innovation débridée qui expérimente pour trouver de nouvelles voies).
Je ne peux que constater que le gouvernement a suivi la même approche et le milieu culturel québécois doit être aujourd’hui satisfait que leurs requêtes soient ainsi bien encadrées.

Un contenu culturel qui n’est ni numérisé, ni diffusé en ligne, ni accessible sur les moteurs de recherches, ni agrégé par des sites ou sur les réseaux sociaux est un contenu qui n’existe pas aux yeux des consommateurs.

Avec tout le talent qu’il y a ici au Québec, il n'y a aucune raison qu'on ne brille pas plus sur la Toile.

Pour occuper l’espace numérique: #faire et non juste #planifier

Sylvain Carle, qui a participé aux premières rencontre de la SODEC, suggère maintenant «d'innoculer de la culture des hackers pour rendre effectif ces plans, stratégies, recommandations».

Ça commence par la création d'une liste collaborative pour que les gens commencent à livrer les solutions. Pour lui, «chaque recommandation est un "bug" qu'il faut régler».

Il a tout a fait raison et sa vision rejoint la mienne. Ce niveau de détail est évidemment trop tactique pour être intégré dans le plan stratégique du ministère présenté lundi. Mais je crois que les leviers qui permettront au Québec de développer une économie du savoir basée sur la créativité passent par toute la population.

Pour commencer à s'y attaquer, je donne ici à lire les points du plan maître de la Stratégie Culturelle Numérique.

Pour l'instant, je m'en tient aux numéros qui sont dans le document en les transformant en #hashtag*. C'est un premier début: faire en sorte que tous connaissent le plan maître.

(*MISE À JOUR: Josée Plamondon dans les commentaire suggère que les hashtags ne devraient pas être par point stratégique mais par projet. Ça tombe sous le sens. Je les garde ici tout de même, plus comme référence ultérieure pour les projets, question de savoir si les futurs projets atteignaient la cible).

À nous de jouer.

(Le document stratégique originale (PDF) du Ministère de la Culture et des Communications)

#SCNQ

#A: Enrichir l’offre de contenus culturels numériques

#A1) Rendre disponible l’offre culturelle existante

#A1a Numérisation des contenus existants
Procéder à la saisie numérique des collections, archives et autres contenus culturels québécois, notamment patrimoniaux.

#A2) Soutenir la création numérique originale

#A2a Développement de nouveaux contenus numériques
Soutenir la création d’œuvres numériques inédites destinées aux plateformes numériques Web et mobiles, ainsi qu’aux écrans des espaces publics intérieurs ou extérieurs.

#A3) Favoriser les pratiques émergentes et inédites

#A3a Expérience utilisateur adaptée et augmentée
Favoriser le développement d’outils de médiation et de personnalisation des contenus selon les clientèles, afin d’enrichir l’expérience culturelle et d’inciter la participation du citoyen à l’enrichissement des contenus.

#A2b Usage du numérique à des fins de valeur ajoutée
Développer des expériences numériques mettant en valeur les contenus non numériques à l’aide d’activités afférentes et d’expositions virtuelles.

#A2c Pôles d’innovation et partenariats
Favoriser l’innovation en soutenant les pôles d’expertise et en facilitant les partenariats.

#B: Assurer la diffusion et l’accessibilité des contenus

#B1) Intégrer les logiques émergentes de demande et de multiplication des accès

#B1a Usage accru de médias sociaux et d’applications mobiles
Développer des interfaces aux contenus culturels adaptées aux dispositifs mobiles et aux médias sociaux.

#B1b Valorisation et visibilité sur les plateformes numériques
Assurer le lien des contenus culturels avec les vitrines existantes, et soutenir la valorisation des contenus dès leur création ou numérisation.

#B2) Investir l’espace culturel global avec des contenus québécois

#B2a Optimisation de la diffusion en ligne
Soutenir la diffusion en ligne des contenus culturels, notamment au Répertoire du patrimoine culturel du Québec du Ministère et à la plateforme Web de diffusion culturelle de Télé-Québec.

#B2b Web diffusion
Soutenir la diffusion Web en direct d’événements culturels.

#B2c Regroupement des initiatives
Soutenir l’agrégation et la distribution de la production culturelle.

#B2d Approvisionnement en contenus
Favorise la diffusion à l’aide d’une stratégie globale d’approvisionnement.

#B3) Encourager la collaboration entre les acteurs d’une chaîne plus intégrée

#B3a Mécanismes de financement
Étudier l’opportunité d’adapter le financement des diverses étapes de la création, de la production, de la diffusion et de la conservation de la culture.

#B3b Collaboration, partage et connectivité
Fédérer et intégrer les fonctions culturelles pour créer des initiatives numériques rassembleuses dans différents secteurs d’activité.

#C: Créer un environnement propice au développement du numérique

#C1) Adapter les outils publics d’intervention 

#C1a Révision de lois, règlements, politiques
Voir à l’adéquation de l’appareillage législatif et réglementaire à la réalité numérique.

#C2) Assurer des conditions d’exercice adaptées pour l’ensemble des milieux

#C2a Chantier sur le droit d’auteur
Créer un lieu de concertation afin de proposer des solutions visant au respect du droit d’auteur en matière de diffusion dans l’univers numérique.

#C2b Infrastructures
Soutenir la mise à niveau des équipements des lieux culturels et leur connectivité par une aide distincte du fonctionnement ainsi que le déploiement d’infrastructures de pointe qui couvre l’ensemble des régions du territoire.

#C2c Formation et mise à niveau des compétences
Appuyer le renouvellement continu de la compétence des milieux culturels.


#C3) Favoriser une culture numérique contribuant à l’économie du savoir

#C3a Recherche et innovation
Favoriser la recherche et l’innovation en matière de contenus numériques.

#C2b La culture numérique comme levier d’une société participative
Offrir des outils de médiation éducative et des espaces virtuels de regroupement d’intérêts et d’expression citoyenne. 

--
Le document stratégique originale (PDF) est ici sur le site du Ministère de la Culture et des Communications

[M2 #11] De quoi le numérique est-il le nom? (avec f.&co)

Qu'est-ce que "le"numérique ? 

Francis Gosselin et Louis-Félix Binette, de f.& co sont mes invités pour cette balado afin de commencer un nouveau cycle thématique autour de ce que devrait être ou ne pas être un plan numérique pour le Québec. #planqc

Pour écouter:

Numérique, adjectif ou nom, est-ce pareil?

Avez-vous remarqué? La révolution en cours porte maintenant le nom de numérique, après avoir porter celle ou révolution informatique ou révolution internet.

En fait, plus que l'informatique et plus que l'Internet, le numérique découle des deux à la fois et les dépasse même. Pourtant, nous sommes bien en mal de définir ce que recouvre ou non le terme de numérique. Au fond, de quoi numérique est-il le nom?

C'est le titre d'un cours billet de Francis Gosselin publié en janvier 2014. On y lit que le numérique comme phénomène autonome porte la promesse de nouvelles possibilités, de nouveaux espaces. En fait, pourquoi substantiver l'adjectif numérique ? De quoi le numérique est-il le nom, paraphraserais-je?

Ayant moi-même participé à la rédaction finale d'un rapport sur le virage numérique des industries culturelles du Québec (où numérique est un adjectif) et dont le ministre de la Culture a donné suite dans ses grandes lignes aujourd'hui même (3 mars 2014), je vois que la première Stratégie culturelle numérique québécoise (PDF) conserve le numérique aussi comme un adjectif.

Le numérique en tant que nom n'est pas quelque chose comme une entité à part.

Mais devrait-il l'être? Qu'entend-on vraiment par le numérique. À quoi peut bien ressembler tout plan numérique quel qu'il soit?

Je vous partage l'enregistrement que j'ai fait il y a 2 semaines d'une conversation que j'ai eu avec Francis Gosselin et Louis-Félix Binette à leur bureau du Vieux-Montréal autour du mot numérique et de sa culture et si éventuellement il faut un plan ou non pour baliser notre entrée dans le numérique...

Qu'est-ce que M2?

M2, c'est M au carré. M pour mutation, mutation au carré! car le numérique accélère comme jamais les changements en société.

M2 se veut des conversations autour des métamorphoses apportées par les technologies numériques. Cette baladodiffusion est un pont entre les savoirs des réseaux numériques, des universités, des médias et de la politique avec des gens qui pensent le numérique.

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[M2 #10] Fracture(s) numérique(s): de quelle division parlons-nous? (avec A. Enkerli)

Quel est le nombre de "fractures numériques" ? 

Alexandre Enkerli en voit trois. Anthropologue et geek, il décrit les divisions que l'on s'est créé avec l'apparition du numérique dans nos vies. Mais si ces fractures existent, il n'y a pas, dit-il, de "bon" ou de "mauvais" côté.


Le "virtuel" induit-il une rupture dans le "réel"?

Aujourd’hui, je vous fais rencontrer Alexandre ENKERLI. Il se définit comme un ethnographe informel avec un bagage formel en ethnographie.

Il se définit ainsi parce qu'il est un anthropologue spécialisé dans les dimensions linguistiques, culturel et social dans son champ de domaine.

Un ethnographe fait l’étude descriptive des ethnies. Et je trouve que, nous autres, nous qui nous nous intéressons au numérique, devons être considéré par lui comme une ethnie.

Il enseigne à l'Université de Corcordia au département de socio et d'anthropo.

Je l'ai invité pour cette balado à partager sa réflexion sur la notion de fracture numérique.

La vague de changement technologique que l'on vit en ce moment avait été nommée il y a 40 ans "vague post-industrielle" (A. Toffler).

Enkerli a piqué ma curiosité avec un billet qu'il a écrit sur la notion de "post" (Post-Society). Tout usage de "post", comme dans "post-industriel", laisse toujours sous-entendre que la période dans laquelle on entre est en radicale rupture avec la précédente.

Il y a une rupture s'il y a un avant et un après. C'est ce que fait le numérique, il nous semble.

Quelle est cette "vague numérique" (Enkerli nous fait remonter jusqu'aux communautés virtuelles pré-web) qui génère cette fracture? Y a-t-il un "bon côté" de la "fracture numérique" où il ferait bon être?

Liens mentionnés dans la balado:
- Pour en finir avec les natifs versus les immigrants digitaux
Visitors and Residents: A new typology for online engagement (White & Le Cornu) via Jean-Michel Salaün

Note: Avec cette balado, je termine un cycle de 1 an de balados en collaboration avec Martin Girard. Nos chemins se séparent ici. Martin Girard a fait l'enregistrement de la rencontre, j'ai fait le montage de la balado. Je continue M2 en gardant le même concept de conversations sur les mutations numériques. On se retrouve le mois prochain.

Pour écouter cette balado

Allez sur iTunes pour vous abonner à toute la série M2.

Pour écouter juste cette émission: M2 #10 :: Fracture(s) numérique(s): de quelle division parlons-nous? (Alexandre Enkerli)

Qu'est-ce que M2?

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Changement de cycle [3] / Deep Learning, robots et AI: à qui appartiendra l'économie de demain?

«Une économie contributive repose sur le développement des savoirs des individus, et le partage de ces savoirs est facilité par une propriété collective qui n’empêche pas sa circulation.»

Ou comment penser l'après-demain quand l'économie sera pris d'assaut par le deep learning, en éliminant comptables, vendeurs,  rédacteurs techniques, agents d'immeubles, etc...

Posté un peu plutôt aujourd'hui sur Facebook par Alain Depocas, le lien vers cette réflexion de Bernard Stiegler m'interpèle.

«Nous sommes au bout du modèle fordiste, il faut passer à un modèle contributif», dit Stiegler.
L’économie contributive est fondée sur la recapacitation : elle augmente la capacité des gens plutôt qu’elle ne la diminue. Ce terme de recapacitation s’inspire de l’approche par les capabilités d’Amartya Sen (une capabilité est un savoir – un savoir vivre, un savoir faire ou un savoir formel – partagé avec d’autres et qui constitue une communauté de savoir, Sen ayant montré que le consumérisme diminue la capabilité).
Il y a donc une utopie qui peut répondre au modèle capitaliste? Stiegler ne le dit pas dans ces termes («Je ne suis pas contre la notion de propriété, mais il ne faut pas que cette propriété empêche la valorisation collective des savoirs») mais il faut une bonne dose d'idéalisme aujourd'hui pour revendiquer les savoirs comme un bien commun.

Pas que ce n'est pas le cas, le savoir fait parti du bien commun, en théorie, mais dans les détails il y a des zones très grises (notamment au niveau du droit d'auteur).


Le modèle contributif ne lutte pas vraiment à armes égales contre l'économie triomphante. Mais Stiegler pense que son temps serait venu:
«L’économie contributive est une économie fondée sur la parité, le pair à pair. Dans cette économie, on dit souvent les initiatives émergentes ou bottom-up. Mais le bottom-up n’existe pas tout seul, il y a toujours quelque part un top-down, c’est-à-dire une organisation qui unit et valorise les dynamiques bottom up. Quand on croit qu’il y a seulement du bottom-up, c’est qu’il y a un top-down caché qui régit l’émergence. Le véritable pair, c’est celui qui est capable d’expliquer le top-down du bottom-up.»
Intéressant, non? Ce qui émerge de façon organique a besoin d'une structure top-down! Il y a donc quelque chose à bâtir. Mais pourquoi le bâtir maintenant? Parce que le temps est compté, dit Stiegler.
«Actuellement, les éléments sont réunis pour que l’automatisation passe à un nouveau stade, seuls les coûts des robots limitent sa progression. On peut penser que lorsque des acteurs comme Amazon annoncent s’y attaquer, l’écosystème industriel va se mobiliser pour produire les économies d’échelles qui rendront les robots moins coûteux que les hommes. Quand cela arrivera, le modèle fordiste sera mort. Car sans emplois, pas de pouvoir d’achat et il n’y aura plus personne pour consommer ce que les robots auront produit. On sera dans une crise majeure, violente et systémique. Si on ne change pas les règles maintenant, on aura de grandes difficultés à y faire face.»

Les compétences cognitives des emplois hérités du fordisme sont à risque


On parle souvent des bons impacts des technologies sur notre vie, mais tout changement amène aussi ses mauvais côtés.

Un économiste et un ingénieur de l’université d’Oxford ont étudié l’impact qu’auront les nouvelles technologies sur l’automatisation de 702 emplois dans les 2 prochaines décennies. La moitié (47%) de ces emplois risquent d’être remplacés par des machines.

Humanoïde.fr résume en une image les futurs gagnants et les futurs perdants.


Avec le recul, on est tous d’accord pour dire que certains emplois répétitifs sont mieux effectués par des machines et indignes de l’homme (comme l’avait si bien illustré Charlie Chaplin dans Les temps modernes).



Aujourd’hui, les technologies numériques viennent menacer des emplois qui n'auront presque plus de valeur ajoutée. Et ce sont des emplois qui pourtant demandent un effort cognitif que l'on croyait inaccessible aux robots. (L'Intelligence artificielle avait déçu de ce côté dans les dernières décennies du 20e siècle).

Regardez la liste plus haut, les comptables sont en 2e position (!!).

Je ne mettrais pas ma main au feu que cette profession va disparaître, mais si j'étais un jeune qui s'oriente vers cette carrière, je me questionnerais sérieusement sur les raisons qui ont poussées les chercheurs de prédire l'éradication totale de ce métier dans 10 ou 20 ans!

Le second souffle de l’intelligence artificielle 

L’alignement des astres technologiques (réseaux, mobiles, « Big Data ») entre en conjoncture avec la montée en puissance des ordinateurs et un marché de plusieurs milliards de dollars. L'intelligence artificielle sort des laboratoires et  trouve écho sur le marché, grâce au "deep learning".

Le deep learning, l’apprentissage par représentations profondes, part du postulat connexioniste, celui qui suppose qu’un ensemble de noeuds connectés en réseau peut simuler la façon dont le cerveau apprend par lui-même.

Par essais et erreurs, à force de répétition, un patron de connexions entre noeuds finit par émerger pour représenter des abstractions.

Avec la montée fulgurante des médias sociaux dans la dernière décennie et la déferlante des objets connectés annoncée pour la prochaine, il y a un corpus de contenus à interpréter proprement astronomique, qui peut alimenter en continu des algorithmes qui n’attendent que ça pour s’améliorer.

Le deep learning se nourrit du «Big Data».


Les robots et la technologie numérique seront meilleurs à tout ce qui demande de suivre des règles et qui est routinier.

Les humains, nous, nous sommes meilleurs à diriger et à diagnostiquer. Ce qu’il faut retenir de cette étude (à prendre avec des pincettes, comme toujours), c'est qu’il ne fait pas bon de se tenir sur le chemin des robots, surtout si votre emploi ne demande pas de votre jugement.

Dirigez votre carrière vers autre chose que de la manipulation d’objets, de chiffres ou de mots ou tout travail de routine et dirigez-vous plus vers des emplois qui demandent de la jugeote, de la réflexion et de l’analyse.

Une économie contributive, comme le suggère Stiegler, serait une réponse possible.

Dans les commentaires sur Facebook, Gregory Chatonsky soulève un doute: «Penser que le modèle contributif noétique peut remplacer la consommation libidinale»? Hum.

Et si cette utopie servait le système en place? insiste-t-il.
«[...] cela peut sembler étonnant au premier abord, [mais] il me semble qu'il y a un continuum entre le capitalisme contemporain dans sa captation existentielle (le web 2.0) et le contributif en ce qu'il exige un investissement de chacun et une intériorisation de la fonction capitaliste. Je doute que le contributif modifie la concentration du capital, bien au contraire cette concentration peut fort bien utiliser cette nouvelle force de travail.»
OK. Il est temps alors de commencer la réflexion. #planqc

Images via Alain Depocas

À lire sur Zéro Seconde:
Changement de cycle [1]: Élites hors circuit numérique
Changement de cycle [2] / Élites? Quelles élites?

À lire sur Triplex:
L’apprentissage neuronal pour structurer le monde
Le Graal de l’Internet des objets et des médias sociaux

Rachat de Nest: Google veut être la dorsale de l'internet des objets

Le rachat de Nest par Google lance le signal de départ de la course à l'internet des objets.



Internet des objets regroupe de façon floue beaucoup de choses, mais on s’entend pour dire qu'il représente l'extension d'Internet à des objets connectés dans notre monde physique. C’est l’ensemble des objets qui sont munis de codes, de puces ou d’adresse web, qui se trouvent dans le vrai monde, mais qui sont connectés ensemble via internet.

L’expression Internet des objets laisse entendre que l'objet deviendra un acteur autonome de l’Internet et qu’il aura des interactions avec les autres objets et aussi avec les gens.

Le Cheval de Troie de la Domotique

Nest Labs a conçu un thermostat de cette trempe. Il est capable d'adapter automatiquement la température d'une pièce en fonction de la présence des occupants et des autres thermostats dans la maison.

C’est surtout sa simplicité d’utilisation et sa beauté esthétique qui a fait sa popularité. Il faut savoir que celui qui a fabriqué le thermostat est un ancien d’Apple, Tony Fadell, qui est à l’origine du iPod.

Le Nest est le cheval de Troie de la domotique, projet si longtemps annoncé et reporté. Pour les Échos, Google a choisi Nest car c'est la «killer App» de la maison connectée.


C'est un élément simple qui se diversifiera en se connectant avec d'autres objets connectés et en embarquant d'autres applications.
 «C’est l’inverse de la démarche des industriels de la domotique, qui effraient les clients en essayant de vendre d’emblée des systèmes complexes pour ouvrir les volets, surveiller la maison ou encore monter la température.» (source Les Échos)

Google est dans votre foyer

Il y a une suite logique pour Google.

Après ses lunettes et sa voiture sans chauffeur, qui sont aussi des objets connectés,  Google profite de la percée de Nest dans les foyers pour prendre le contrôle des flux de données de la domotique.

La Nest peut bien être une "machine apprenante", il y aura tout de même une limite. Entre alors en compte le big data.

Comme pour l’espace du mobile intelligent, la connaissance à grande échelle de Google de nos déplacements, grâce aux millions de gens qui utilisent Android, lui permet maintenant de donner la circulation en direct avec Google Maps et même prévoir nos prochains déplacements avec Google Now.



La course aux objets connectés et, surtout, à leur fédération est lancée. L'agrégateur suprême de ces nouveaux flux possèdera sur ses serveurs la pulsation vitale de la société en action.

Un signal de départ

Google vient ainsi de sécuriser un accès royal à ce qui serait peut-être la tête de pont des objets connectés dans nos foyers.

Dans l’état actuel des choses, l’Internet des objets est un champ encore fragmenté avec très peu d'interopérationalité. Comme Android et iOs, des jardins clôturés vont apparaître.  Les apps feront aussi leurs apparitions d'une manière ou d'une autre.

De nouveaux territoires émergent. De nouvelles opportunités sont en vues. Une 7e culture va jaillir.

Mais assurément, Google se met en pole position pour tout connecter.

L'âge d'or d'internet est derrière nous

Ce n'est pas moi qui le dit, mais Benoît Thieulin, président du Conseil national du numérique français, invité à l'émission Place de la toile.


Ce n'est pas du tout nostalgique. Je crois qu'on a vécu une période qui était difficile dans laquelle on était un groupe un peu en vase clos, de geeks, de développeurs, d'innovateurs, de créateurs de startup, de penseurs du numérique et qui pestions en gros en étant les incompris. Le petit village gaulois numérique noyé dans un océan d'ennemis, d'adversaires, de gens qui ne nous comprenaient pas. Mais quand même globalement on nous foutait un peu la paix. Quelques fois il y avait une loi Hadopi qui sortait, etc, mais globalement on faisait un peu ce qu'on voulait chez soi.» 
«J'ai tendance à penser que effectivement cet âge d'or là, dont on n'était pas du tout satisfait à l'époque, parce qu'on se disait "On est l'avenir! On est le nouveau monde", cet âge d'or là, je pense qu'il est vraiment derrière nous. Pour une raison simple: le numérique a investi la totalité, quasiment, des dimensions de la société et je dirais la quasi-totalité de la population, même si c'est de façon inégale»
L'effervescence des premières années web, qu'on pourrait faire dater la fin avec l'appropriation massive des médias sociaux par le public, a fait son temps.

Pour ne pas multiplier inutilement des dates charnières, disons que l'on pourrait faire un pont de 20 ans qui part de 1993 (sortie de Mosaïc, qui a littéralement ouvert Internet aux masses) à 2013 (sortie des révélations de Snowden sur la surveillance massive de la NSA - lire mon billet sur le sujet).

La première date est une ouverture, la seconde une fermeture.

Avec des géants du web qui maintenant entrent dans nos vies autrement que par la lucarne de notre ordinateur,  le numérique investit tous les spores de nos vies, du smartphone à l'automobile autonome et maintenant via notre thermostat et nos détecteurs de feu (en prenant l'exemple de l'achat de Nest par Google hier -- lire mon billet sur le sujet sur Triplex).

J'écrivais en 2004 "Toto, I've a feeling we're not in Kansas anymore". En 2014, il est temps de révisiter tous nos acquis, car nous sommes de l'autre côté du miroir.


Post scriptum: suite aux commentaires ci-dessous, je crois bon de préciser deux choses: 

  1. Il faut prendre l'expression "internet" dans le sens très strict "d'Internet dans les premières années du web", cette période euphorique où "tout était possible", où le web appartenait à des happy few et pouvait être créé ex-nihilo --et dont la société dans son ensemble ne percevait ni le potentiel ni la valeur. Cette période n'existe plus.
  2. Il reste de nombreuses choses à être inventées dans le numérique. Ce qu'on appelle ici «l'âge d'or» n'est qu'en fait «l'époque des bâtisseurs, des pionniers» et ne sera pas retenu sous ce vocable dans le futur quand tous ses acteurs seront morts.

La pire invention 2013: la balistique assistée par ordinateur

Voilà une arme qui possède une différence majeure avec les autres : quand vous appuyez sur la gâchette, elle ne tire pas tout de suite. 

C’est le fusil qui décide du moment idéal pour tirer, en prenant en compte plusieurs paramètres, comme le vent, le mouvement et la distance de la cible.


Équipée d’un laser (pour évaluer les distances) et d’un ordinateur balistique (pour effectuer les calculs) cette "arme intelligente" peut faire mouche à tout coup à plus de 600 mètres.

Le tireur appuie sur un bouton, le laser « marque » la cible et la balle ne part que lorsque les conditions pour l’atteindre sont réunies.

Même un novice devient un tireur d’élite après seulement quelques heures d’entraînement.

La "balistique assistée par ordinateur" fait froid dans le dos. 2013 aura été une année, encore fois, qui a fait basculer la technologie un peu plus du côté sombre.


« Think of it like a smart rifle. You have a smart car; you got a smartphone; well, now we have a smart rifle, » (source)
  • L’arme possède un moniteur qui affiche des informations, comme la distance de la cible, la vitesse du vent, l’angle d’inclinaison du canon, une boussole et le niveau des piles. 
  • L’arme est munie de WiFi et d’une prise USB. Il est possible de capturer une vidéo et de l’envoyer en temps réel à une tablette à proximité. Puis ensuite sur Twitter, Facebook, YouTube. 
Un mot de passe permet d'empêcher l’accès aux fonctionnalités balistiques avancées à une personne non autorisée – il faut bien justifier l’expression "smart rifle".


Encore hors de prix (22K$ en début d'année 2013), il ne fait pas de doute que c'est une question de temps avant que le prix de la technologie devienne plus abordable.

Changement de cycle [2] / Élites? Quelles élites?


Depuis que les médias sociaux ont retiré la conversion de la blogosphère, je me désole de voir certains débats tomber dans l'oubli, comme les larmes dans la pluieCe billet essaye d'en rescaper l'un d'entre eux. 

Quand le Monde du 26 décembre dernier titrait  «Élites débordées par le numérique», je n'ai pas hésité à extraire quelques lignes pour relancer l'idée qu'on ne peut pas entrer dans ce nouveau tournant historique sans avoir un plan (voir Changement de cycle / Élites hors circuit numérique).

Besoin de précisions

La notion de plan numérique n'est pas encore un concept stable, clair et précis. Je vois que deux idées doivent être développées davantage.

(1) La nature même du sens du vocable «numérique» et
(2) la définition de ce que pourraient en être les biens communs dans le numérique (si cela existe).

De ça découle, ensuite seulement, (3) une possible définition de ce que peut être finalement un plan numérique.

D'ici là, on peut commencer à lire Michel Cartier qui a bien amorcé la réflexion: Le 21e siècle numérique expliqué à nos petits-enfants.


Sur Facebook, des commentaires m'ont été adressés pour m'empêcher de penser en rond.


De quelle élite parlons-nous?

Le débat s'enclenche rapidement sur l'attribution du terme "élite numérique": les faiseurs ou les parleurs?
- Heri Rakotomalala :  Une meilleure comparaison aux élites numériques sont les industriels du 19ème siècle avec leurs machines à vapeur, centrales à charbon et chemins de fer. Sergei brin c est plus un Rockefeller qu'un Voltaire. [...] Sergey Brin, Rockfeller, Mark Zuckerberg, Jeff Bezos etc. n'ont jamais eu aucune politique publique et n'ont jamais prétendu en avoir une. Ils sont des élites numériques en terme d'empire mais n'ont (et ne veulent) aucun impact social ou politique. Tout au contraire, les élites numériques sont sources d'immobilisme social. Demander à un entrepreneur tech d'aller manifester ou d'être engagé (ie avoir une opinion controversée et l affirmer publiquement), il dira non. La même chose pour Rockefeller et autres barons du 19ème.
Ce qu'Heri déplore, c'est la place qu'on peut laisser à des "élites numériques" qui ne font rien avancer de concret. Les entrepreneurs sont les véritables élites! : «[ils] ne cherchent pas à changer la société, ils cherchent à l'accélérer.» !
Francis Gosselin : [...] Croire que Brin, Zuckerberg ou Rockefeller n'ont eu "aucun impact social ou politique" et ne cherchent pas à en avoir [ne tiens pas la route]. [Francis ne pense pas qu'il faille] penser le monde comme s'il se limitait à une poignée d'entrepreneurs, [...] parions qu'entre les fondateurs de quelques startup du moment et Voltaire, c'est des philosophes dont on se rappellera encore dans 200 ans...
Je résume, bien sûr, mais savoir qui est un leader de la révolution n'est pas une mince tâche. Pas de leader identifié, pas de plan possible! D'où un besoin de définir les termes pour bien voir qui a (aura) de la pertinence maintenant (plus tard). Mais closons le débat pour l'instant:
Francis Gosselin : [...] face au jugement de l'histoire, ces accumulations incongrues de dollars basés sur d'insipides proto-monopoles, extirpés par des rentes, ne feront pas long feu. 
Sylvain Carle : Je dois dire que cette dichotomie penseurs/faiseurs est exactement le contraire de ce qu'il nous faut, comme je le disais vendredi dernier en citant Schulze: "No one cares what you do unless you think about it and no one cares what you think unless you do it."
De quel plan parlons-nous?

Le débat se poursuit sur un autre front ensuite.

Sylvain Carle, de passage aux Matinées Créatives ce mois-ci, comme nous le rappelle Francis,  a dit que les «traditions se construisent sur des décennies, voire des centenaires, et il y a peu de choses qu'une intervention top-down puisse faire pour y remédier» (sinon des crédits d'impôt très généreux, souligne Francis).
Francis Gosselin : [...] Quant à la notion, Martin, qu'il faille un "plan numérique", je récuse toutefois que ce soit d'intervention publique dont il soit ici question. [...] Tu focalises beaucoup sur les grands joueurs (aux pieds d'argile, si tu veux mon avis), en oubliant qu'il y a plusieurs leaders mondiaux au Québec [LP Maurice avec Busbud, Gesca avec La Presse+, Ubisoft Montréal et Louise Guay avec ce qui était son mannequin virtuel]. Il faut admettre que le numérique, comme toute innovation qui comme tu l'exiges soit d'ordre "planétaire", est marqué par une distribution relativement stochastique de ses gagnants avec de forts effets de "winner-takes-all". qui plus est, le pôle Californien attire ces gagnants en raison des nombreuses externalités de réseau perçues par ceux-ci, et ça, nul "plan numérique" ne pourra y pallier. 
À cette question pertinente, que peut faire un "plan numérique" face à ces forces implacables en présence? je réponds:

S'il est vrai qu'un plan "top-down", genre deus ex machina, qui s'apparenterait à une loi qui annulerait la gravité, on peut faire une croix là-dessus. L'attraction de la Silicon Valley est là pour durer. Mais là où un plan top-down, à l'échelle d'une nation, comme le Québec, est souhaitable, c'est au niveau du bien commun.

Ce qui fait un "bien commun" dans le monde numérique reste entièrement à définir. Je ne crois pas qu'il faille "laisser le marché décider seul". Il faut un contrepoids. À la révolution industrielle, les ressources naturelles sont devenues des biens communs (mal gérés parfois). Aujourd'hui, ce plan peut baliser les limites qui conservent la dignité des citoyens ou la richesse d'une nation.

Ex: données ouvertes, accès Internet, vie privée, neutralité du net, ressources cognitives, etc.

À qui ça s'adresse?

Dans les commentaires de mon précédent billet, José Plamondon ajoute:
Josée Plamondon: En cours de mandats auprès de PME (industriel et services), j'ai réalisé que le "numérique" dont on parle ici est à des années-lumières de la réalité de plus de 98% des acteurs de notre économie. Des entreprises pour lesquelles l'informatisation n'a pas apporté de solution à un problème fondamental : l'accès à de l'information pertinente, au bon moment pour prendre la meilleure décision possible. Un problème qui sévit également au sein des administrations publiques.
Les organisations qui ont pris leur place dans la nouvelle économie sont celles qui valorisent (au sens "capitalisation") l'information. Celles qui investissent uniquement dans les stratégies et les systèmes ont préféré l'apparente facilité de la mutation numérique à la transformation radicale de la culture de l'information.
Ce constat (l'informatisation n'a pas apporté de solution à un problème fondamental : l'accès à de l'information pertinente, au bon moment pour prendre la meilleure décision possible) se traduit pour moi ainsi: le numérique n'est que du bruit. La logique sous-jacente ne serait que pure stratégie aléatoire. Ça me semble grave.

Des liens pour penser plus loin

Via Jon Husband

Beyond the Information Revolution, de Peter Druckeroct, The Atlantic, octobre 1999
www.21siecle.com, les synthèses de M. Cartier sur la technologie, l'économie et la société et aussi nouveaumonde2.com

Via Sylvain Carle

What peer progressives really believe, de Steven Berlin Johnson
Present Shock, de Douglas Rushkoff
Where Wizards Stay Up Late: The Origins Of The Internet, de Katie Hafner et Matthew Lyon
The Wealth of Networks: How Social Production Transforms Markets and Freedom, de Yochai Benkler
blog.p2pfoundation.net, son blogue incontournable pour penser "internet et société"

Pour mémoire: 

La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont déposé leur plan numérique. L’Europe, comme un tout, s’est dotée aussi d’une stratégie numérique. Des villes comme New York ne sont pas en reste. Même le sénat canadien possède un rapport sur la question.

#planQc

Changement de cycle / Élites hors circuit numérique


Après l’agriculture et l’industrialisation, nous sommes dans la troisième grande révolution que l’humanité a connue, pour reprendre le titre du livre de Toffler. 


Dans le Monde d'aujourd'hui (26 déc 2013): à propos des «élites débordées par le numérique»:

 « A la différence du XVIIIe siècle, où Voltaire et Rousseau (fait prisonnier pour l’un, conspué par le système pour l’autre) étaient très connectés et ont produit des thèses qui ont eu un écho dans la société, les livres équivalents sur l’époque actuelle ne sont pas encore sortis. Cela va sûrement passer par les réseaux sociaux, qui vont produire ce qui est invisible aux yeux des élites. De là surgiront les intellectuels qui vont donner des mots au monde qui vient. »

Pour sa part, Lyonel Kaufmann, dans son blogue, relève plutôt dans un autre article du Monde (« L’écart entre gouvernants et gouvernés atteint un maximum »), que:

« [Les] liens numériques massifs entre citoyens internautes donnent l’impression que la volonté collective de faire société est davantage assumée par les gens ordinaires que par les élites, qui sont proprement débordées. (...) Le mot qui rend le plus objectivement compte de la situation est bien celui d’« oligarchie » : le gouvernement d’un petit nombre dont les autres doutent qu’ils soient les meilleurs (par opposition à l’aristocratie). [...] On peut imaginer que l’essor mondial d’une société numérique va servir de contre-pouvoir. C’est en tout cas une réalité sur laquelle les élites risquent fort de se casser le nez.»

Le numérique est bien plus que le simple écoulement de marchandises informatiques en ligne durant le temps des fêtes.

Il y a un ministère pour l’agriculture et il y a un ministère pour l’industrie, tous deux chargés de la politique adaptée aux deux premières grandes révolutions de l'humanité.

Et la troisième révolution en cours?

Les nations qui ne négocient pas bien leur entrée dans le numérique se verront colonisées par les forces qui sauront dominantes dans le numérique.

« Il suffit de se rappeler le sort de la Chine au 19e siècle. Cette nation, jusqu’alors de loin la plus riche et la plus puissante, refusa l’industrialisation : elle devint bientôt une proie pour les pays industrialisés », rappelle l’économiste français Michel Volle.

Ne prenons que trois exemples :
  1. Où les tablettes que vos concitoyens vont acheter en masse durant le temps des fêtes ont-elles été imaginées, designées, conçues?
  2. Qui prend son pourcentage quand les créateurs de chez vous déposent livres, films, applications sur une plateforme numérique?
  3. Qui harnache et profite de notre présence en ligne, de nos likes, de nos commentaires, de nos humeurs? En d’autres termes, essayez de voir, pour votre coin de pays, qui possède les leviers de cette nouvelle économie et vous saurez qui dominera demain...
#planQc

Suite: Changement de cycle [2] / Élites? Quelles élites?

Snoobe, le sélecteur de plan mobile, disponible

« Saviez-vous que 75 % des consommateurs utilisent un mauvais plan de téléphonie mobile? » Signé : le Robin des Bois du sans-fil. 

Ce Robin, c’est Snoobe, une application mobile qui vous veut du bien. il vous aider à sélectionner le meilleur forfait pour votre téléphone Android (désolé, utilisateurs d’iPhone, sera pour une prochaine version).


À partir de données réelles d’utilisation (téléchargements, appels entrants et sortants, durée des appels, interurbains, etc.), Snoobe est en mesure de recommander les meilleurs plans dans votre zone de résidence.

Derrière Snoobe, il y a Thierry Maréchal, son cofondateur et chef de la direction, que j'ai rencontré hier lors d'un webinaire sur les données ouvertes (je vous ferai un billet bientôt là-dessus, d'ici là, la vidéo est ici) et Stéphane Rainville, aussi cofondateur et chef de la technologie

« Quand j’ai changé de forfait, j’ai fait une économie de 30 $ par mois. Mais depuis combien de temps est-ce que je payais 30 $ de trop? J’aurais bien aimé que mon opérateur m’en avertisse! » 

Il n'en fallait pas plus pour Thierry pour démarrer sa startup. L'application ne vous demande pas de rentrer un tas d'information. Il est un vrai agent qui s'en occupe pour vous.

Sur le mobile, je ne crois pas qu'il y a de concurrents encore.

Vous pouvez en profiter: la version publique sort sur le Play Store à l'instant même, à 13h13, le 13 décembre 2013.  (J'aime les gens "concept".)

Snoobe, il me semble, rendra plus fluide le marché des forfaits mobiles, avec d’un côté des clients soucieux de ne pas gaspiller leur argent et, de l’autre, des opérateurs qui ont intérêt à proposer des forfaits mieux adaptés aux besoins de leurs clients, afin de ne pas les perdre.

Cette application crée donc, ex nihilo, un marché gagnant-gagnant! (en forçant bien sûr un peu la main aux shérifs-opérateurs, car c'est ça le rôle d’un "Robin des forfaits" : défendre ses joyeux compagnons de la forêt Mobilewood!).

Loïc Le Meur: «Les 10 prochaines années vont être encore plus incroyables»

Petite vidéo du dimanche. Un entretien avec le fondateur de LeWeb, la plus grande conférence techno d'Europe. 



Si vous avez trouvé les 10 dernières années bouleversantes, les 10 prochaines le seront encore davantage. Internet a surtout bouleversé les communications jusqu'à maintenant. Maintenant que l'information est numérique, tout ce qui s'appuie sur l'information pour fonctionner sera potentiellement affecté.

La vidéo est courte et agréable à écouter. Bien sûr, toute prospective est un risque, mais ce que Loïc raconte correspond au Zeitgeist du domaine en ce moment. Et ça exprime bien l'effervescence actuelle en technologie.

Je suis bien d'accord pour dire qu'on n'a encore rien vu...

 
"Les 10 prochaines années vont être incroyables" par FranceInfo

[M2 #9] Collaborer en réseau: mythe et réalité (avec R. Barondeau)

Comprendre la collaboration, c'est comprendre la complexité des sociétés modernes

Neuvième balado de M2. Régis Barondeau a mille chapeaux: consultant/conférencier/formateur Web et médias sociaux, spécialiste wiki et étudiant au doctorat. Le thème de sa recherche s'articule autour des critiques, des justifications et des perspectives de la "collaboration wiki". Justement! Ça nous intrigue!



«Ah! Parce qu'il y a une différence entre compliqué et complexe? --Oui, et ce n'est pas simple»

Un des grands mythes de la Silicon Valley, c'est que tout le monde collabore et est connecté en ligne. Rien de plus faux. Ils sont aussi beaucoup en face à face. Quelle est encore la place du face-à-face à l'ère des réseaux? Quel est le statut de la collaboration  distance? Le numérique facilite-t-il la collaboration, oui ou non?

Régis Barondeau voit bien tous ces espaces de co-travail, ces pépinières de startups, ces cafés où ces gens ne sont pas seuls et mais collaborent à distance à travers les nouveaux outils numériques. Pourquoi collaborent-ils ainsi? Comment font-ils vraiment?

Il faut distinguer, nous dit-il, ce qu'est la collaboration, la coordination ou et la coopération. Pour ça, il faut comprendre la différence entre le compliqué et le complexe. Bienvenu dans le monde de la "collaboration wiki" et des "organisations holographique"!

Source: Modélisation de l'organisation apprenante. Page 94 in  Morgan, Gareth. 2006. Images de l'organisation, 2e édition. Saint Nicolas: Les Presses de l'Université Laval, xvii,  495 p.  (via Regisbarondeau.com)
Les conclusions de son travail de maîtrise avaient montré que le wiki simplifie la coordination et permet de composer avec le complexe. Le courriel ou les autres outils antérieurs n'ont plus lieu d'être. Mais ce qu'on gagne d'un côté, on le perd de l'autre. Alors? Le numérique? Collabore-t-on vraiment mieux avec? Nous avons rencontré Régis Barondeau chez lui pour en discuter.


Note: Dans la balado, nous faisons référence à ce tableau tiré de Wikinomics (via Regisbarondeau.com), que je décris comme un slinky emmêlé (à cause de la partie de gauche).

Notes du lendemain:

Le site de Régis Barondeau est ici: regisbarondeau.com

Francis Gosselin, m'a signalé des billets complémentaires au sujet abordé ici. On fait nos balados pour des gens comme lui! La série de billet se trouve sur son blog et a été écrit par Ludvig Bellehumeur:

[F. And Co.] «Cooperation and competition: in search of clarity»

- Part I: Words, words, words.
- Part II: Competition, the economist’s fetish
- Part III: Cooperation, or how to have a good time together

Et sur le thème de la complexité, son collègue Louis-félix Binette, non moins intéressant, a écrit sur Génération Inc: La complexité en affaires, c’est quoi?

Avez-vous des suggestions? Commentez plus bas!

Pour écouter cette balado

Allez sur iTunes pour vous abonner à toute la série M2.

Pour écouter juste cette émission: M2 #9 :: Collaborer en réseau: mythe et réalité (Régis Barondeau)

Cette émission vous est proposée par Martin Girard et moi-même. Plus d'info.

Qu'est-ce que M2?

M2, c'est M au carré, car nous nous sommes deux Martin derrière la réalisation de cette balado. M, aussi pour mutation. Mutation au carré, car le numérique accélère comme jamais les changements en société.

M2 se veut des conversations autour des métamorphoses apportées par les technologies numériques. Cette baladodiffusion est un pont entre les savoirs des réseaux numériques, des universités, des médias et de la politique avec des gens qui pensent le numérique.

Abonnez-vous sur iTunes ou directement sur le fil XML (feedburner) de l'émission,

Pour accéder à tous les billets qui touchent la balado M2, cliquer ici

L'après culture numérique

L'émergence de la culture numérique issue du web nous a fait prendre conscience que, jusqu'ici, ce que nous appelions la "culture" était en fait la "culture du livre".

C'est ce qui explique une certaine crainte (et même une crainte certaine) de la part de gens, surtout éduqués, face au numérique.

Serge Tisseron, directeur de recherche à l’Université Nanterre-Paris Ouest, invité à une émission de Place de la Toile en mars dernier sur le sujet de la « Culture du live et de la culture des écrans » explique pourquoi il en est ainsi.

«Depuis la révolution de l'imprimerie, nous vivions dans la culture du livre comme les poissons dans l'eau, c'est-à-dire en ignorant qu'il y a d'autres espèces qui vivent autrement, qui respirent l'oxygène de l'air. La culture numérique a propulsé à l'avant-plan la culture de l'écran."


La culture est l'écran!

Si on définit la culture comme un ensemble de savoirs, de croyances et d'habitudes acquises en société, on doit accepter que la culture numérique soit une culture comme les autres. (Je vous vois lever les yeux au ciel --Oui, je sais, je sais, il faut mettre les points sur les i)

Mais si on entend culture comme le développement intellectuelle par l'apprentissage des arts, de la littérature et des sciences, comme on se l'imagine aux Lumières, le numérique ne peut être une culture, car elle est un procédé qui nous rend servile et nous restreint dans la compréhension du monde. (je vous vois avec des points d'interrogation dans les yeux -- Oui, si "code is law", le réseau ne nous rendrait pas si libre après tout)

Pour être plus précis, si on l'enttend de cette deuxième façon, il est possible de ne pas voir dans le numérique une culture.


Manifeste numérique

Circule en ce moment, un « énoncé d’intention sur la production culturelle numérique et interactive québécoise » (Le manifeste des nouvelles écritures) qui se veut un plaidoyer pour soutenir une création interactive: elle n’est pas une déclinaison d’une autre forme d’expression et a une démarche qui lui est propre.
«L’industrie de l’interactivité est une industrie culturelle. Ses créateurs ne sont pas des fournisseurs de service. C’est par une pratique appuyée qu’émerge une culture d’auteurs.»
À moins de voir le beau webdoc Fort McMoney, un « jeu documentaire » accessible en ligne depuis lundi, comme une machine pour assouvir nos besoins et nous empêcher de nous élever, force est de constater que la culture s'exprime aussi par le numérique.

L’auteur, David Dufresne, nous fait parcourir une ville, Fort McMurray, à la rencontre de personnages et de lieux qui alimenteront votre réflexion sur l’environnement, l’industrie pétrolière et les conditions sociales qui sous-tendent tout ça. (lire mon billet sur Triplex: « Est-ce un jeu? Est-ce un docu? Non, c’est Fort McMoney! »)


Le sujet n'est ni nouveau ni sous les radar des médias. Mais est-ce que, après voir investi 870 K$, verrons-nous «l'interactivité changer quelque chose dans la façon de rejoindre le public et de l'impliquer»?, demande Dominique Willieme, le producteur de l'ONF qui est derrière le projet avec ARTE, cité dans le New York Times il y a quelques instants.

La question n'est pas anodine. «L’acte de diffusion fait partie du geste de création» dit le point 7 du manifeste.

Quel public sera au rendez-vous? Quel impact aura-t-il sur la perception de la culture numérique? Les plus heideggeriens d'entre vous, s'il en existe encore, n'accepteront pas que la cybernétique puisse "créer". Au mieux, Fort McMoney n'est que l'assemblage d'autres arts et la somme des parties ne fait pas naître un tout supérieur.

Pour eux, seul le livre compte, le reste n'est que "régression intellectuelle". Mais, sérieusement, ils sont aujourd'hui dans une position minoritaire. Il est loin mon dernier billet sur le dernier de ces hommes et leur vision de "l'épidémie blogueuse".

Il leur faudra apprivoiser l'idée que l'auteur fait de son audience un flux parmi d'autres flux (c'est l'aspect jeu de Fort McMoney où nos décisions ont une influence sur le déroulement). Cette oeuvre ne relève pas de la logique auctoriale traditionnelle, mais d'une logique de relation qui relient le spectateur/acteur avec les interviewés/acteurs.

Le numérique peut aussi offrir un temps à la méditation. Il faut juste troquer les promenades dans le bois (les Holzwege d'Heidegger) pour une séance de navigation en ligne.



Qui dépassera la culture numérique?

McLuhan disait:
« La télévision ne sera pas comprise avant d’être dépassée par un nouveau média. Quand survient la désuétude, tout média devient une forme d’art, et c’est à ce moment-là qu’il est possible de s’en servir. Le média cinéma et le média photographie sont mieux compris depuis l’apparition de la télévision. » (cité par Jean PARÉ. Conversations avec McLuhan, 1966-1973. Éditions du Boréal, via le blogue du Fonds des Médias)
Si on pousse l'idée, on peut dire que la télévision, qui vit avec ses séries (surtout américaines) son âge d'or, se voit conférer maintenant un aura artistique, une reconnaissance culturelle si longtemps refusée, parce que derrière elle poussent les nouveaux contenus numériques qui devront, maintenant, commencer leur traversée du désert.

Faudra-t-il attendre que la culture numérique se fasse dépasser pour qu'on la reconnaisse? Le penser, c'est penser ce qui vient ensuite.