J'aime bien les métaphores. J'écrivais il y a déjà un an que les deux "mémos internes" divulgués sur Internet par Bill Gates et Ray Ozzie de Microsoft constituaient l'acte de naissance du web 2.0
J'ai écrit l'acte de naissance. Pas la naissance. Le "renouveau" sur le web est antérieur de quelques années, évidemment, mais Microsoft a réussi à "dessiller les yeux à plus de gens d'affaires que tout ce que la blogosphère au complet aurait réussi dans les cinq dernières années".
C'est, autrement dit, la reconnaissance, par une autorité du secteur informatique, de l'émergence d'une véritable vague de fond dont la blogosphère parlait. Une naissance dont les entrepreneurs, jusqu’à là réticents, ont pris acte.
Voici le faire-part de naissance du web 2.0
Cette année Time a choisi la personnalité de l'année 2006 qui a joué un rôle essentiel: les internautes, producteurs de contenu, qui sont en train créer ce qu'on appelle le Web 2.0, une "expérience sociale à grande échelle", dixit le Time.
Le grand public vient en fait de recevoir le faire-part de naissance du web 2.0, une naissance dont il n’était pas au courant.
Si le milieu du multimedia avait commencé à prendre acte du changement en cours, le grand public, lui, n’était encore à peu près pas au courant de ce qui se tramait. Maintenant si! La couverture médiatique entourant la couverture du Time ne laisse place à aucun doute.
Les médias, avec leur force d'agenda-setter, ont mis sur la place public, et sous le nom de web 2.0, ce qui se passe sur le web et dont la blogosphère discute depuis quelques années.
Mais, voilà, le Time magazine a nommé "the person of the year" : you. Avec sur sa page couverture, un miroir : c'est-à-dire vous.
Mauvaise cible : ce n’était certainement pas le lecteur du Time auquel le miroir s’adressait.
Le web d'avant l'an 2000 offrait déjà du contenu (pensons aux pages personnelles, aux geocities, au forums, etc), il était généré par les utilisateurs créateur de contenu depuis le début d'Internet, pourrait-on dire (voir les 6 cultures d'Internet). Cette année n’a que confirmé la tendance, en quantité et en qualité. Time n’avait pas souligné l’arrivée de la blogosphère dans l’espace médiatique en 2004-2005. Ni du wiki, ni du rss, ni de del.icio.us avant
La question que je me pose alors c’est pourquoi avoir attendu 2006 pour souligner l’apport de you?
Vengeance 2.0
Parce que you ne vient pas de vous, mais de youtube. Le Time souligne l’arrivée des barbares dans le dernier hôtel sacré des médias : la télévision.
La chute du bastion télévisuelle sera une douce revanche pour ce magazine qui a perdu des plumes au cours des dernières décennies dû à la multiplication des chaînes d’actualités en continu.
Le Time souligne l’apport de cette télévision populaire, sans programmeur, sans filtre qui vient déranger une partie que le Time avait perdue depuis longtemps.
Mais voilà un jeu à double tranchant : en indiquant que la partie se joue sur le web, en plébiscitant la concurrence (les utilisateurs générateurs de contenu ne lisent pas nécessairement les médias traditionnels) Time indique à ces fidèles lecteurs où ils doivent aller pour voir les "vraies choses venir".
J'annonçais en août dernier que le Time avait changé sa journée de parution pour satisfaire un lectorat nourri par Internet (voir Mouvement de marée informationnelle). Time en remets.
Belle métaphore: un ancien média annonçant que le nouveau média est né, sans institution, sans filtre et sans modèle d'affaire.
La culture web 2.0 est née, oui, pour le meilleur ou pour le pire.
«It's a story about community and collaboration on a scale never seen before.»
«Web 2.0 harnesses the stupidity of crowds as well as its wisdom.»
«for seizing the reins of the global media, for founding and framing the new digital democracy, for working for nothing and beating the pros at their own game, TIME's Person of the Year for 2006 is you.»
Bien. Lancer confettis. Et maintenant?
Auberge espagnole 2.0
Les médias sont maintenant en train de ronger le même os que les blogueurs. Il est temps de rebâtir une vision cohérente du web 2.0: quand il y a eu le cyber-blackout sur l'Asie de l'Est il y a quelques jours, tous les médias, tous, ont positionné la nouvelle dans la section économie ou affaires. Aucun dans culture. Did you know?
Post-scriptum 4 janvier 2007: Toutes? non! Le Devoir (papier) a résisté en mettant une manchette dans le cahier culture. Mais c'est une adaptation d'un article du Monde qui était dans Économie. 1-0, le Devoir!, même si les mots clefs sur le site ne font pas mention de culture...
31 décembre 2006
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2 commentaires:
Oui Internet change à n'en pas douter la façon de consommer les médias.
Et à mon avis, c'est un bien:
en France par exemple, les progammes TV débiles ont tendance à se multiplier, heureusement avec Internet, il est possible de faire sa propre programmation avec YouTube, veoh ou autres !
(Bonne année ;-) )
Thai tv, évidemment quelqu'un pourrait s'enfiler des programmes débiles sur Youtube aussi. La TV n'a pas le monopole.
La différence est que le spectateur n'est plus limité à une "offre" télévisuelle restreinte...
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