ZEROSECONDE.COM: novembre 2004 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Le mythe du contenu décontextualisé

Sommes-nous devant un mythe contemporain? : vouloir divorcer l'oeuvre de l'auteur et son lecteur serait-il un mythe actuel. L'atomisation de l'information où les auteurs seraient anonymes et les lecteurs inconnus, voire la possibilité que tous les auteurs puissent s'adresser à tous les lecteurs.

"Information wants to be free", le RSS le rend possible aujourd'hui, mais est-ce un tournant dans notre relation face à la connaissance?

Non, ce n'est pas un mythe actuel mais bien une "tradition" depuis les Lumières.

"Text that is drawn from a database can't form a part of a coherent narrative or argument, [it only] appears as encyclopedia entries."

Wikipedia, le nom le dit, est en continuité direct avec l'encyclopédie de Diderot. Les auteurs en moins. Mais est-ce moins subjectif? Sommes nous plus savant?

"The encyclopedic approach is in direct conflict with the nature of human knowledge and learning. Our knowledge consists of stories--narratives."

L'information doit être mis en contexte si on veut vraiment qu'il soit interprété. Le KM joue sur un contenu qui est -doit- être décontextualisé. Terrain glissant, car tout l'art repose sur la capacité de "reconstituer" le contexte. Du contenu en poudre avec un peu d'eau et hop, on a de la connaissance. Hum.
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(citations en anglais : x28's Blog sur James Souttar, The Myth of Content and the Encyclopedestrianization of Communication, in: Gunnar Swanson (Ed.), Graphic Design & Reading, New York, 2000 )

Negocier le sens sur un wiki?

L'idée que le sens puisse être "co-construit" m'intrigue. Le Wiki permet de co-constuire une page. Est-ce suffisant pour dire que le wiki puisse co-construire le sens? Réfléchissons.

Stéphane discutait récemment à propos des wikis:
"Les wikis sont clairement plus centrés sur le volet interindividuel que les blogues. Ils fournissent un espace commun aux gens plutôt que de les inciter à se retrancher chacun chez eux. Un espace si commun qu'on ne sait plus très bien qui écrit quoi. Un espace si commun qu'on peut pratiquement faire ce qu'on veut des contributions des autres.C'est ça la négociation de sens, élément clé de la coconstruction de connaissances? ;-)"

Pour ce qui est de la "négociation de sens" je vais me référer à Peirce (si mon résumé ne trahit pas trop sa pensée):
  • L'être interprétant que je suis est transcendé par un principe sémiotique supérieur que l'on appelle la communauté. Quand la communauté s'est accordée sur une interprétation donnée, elle "crée" un signifié qui n'est pas à proprement parlé objectif mais bien "intersubjectif". Cette interprétation "collective" est privilégiée par rapport à n'importe quelle interprétation obtenue, surtout celle d'individus.

Autrement dit, pour connaître la "vraie" interprétation de quelque chose, le consensus de la communauté permet d'en donner une valeur unifiée et reconnue.

Ces vérités sont temporaires : comme le monde euclidien qui a laissé sa place au monde newtonien qui a laissé sa place au monde einsteinien et ensuite au monde quantique et demain à celles des cordes.

La négociation de sens pour moi serait ce processus entre deux ou plusieurs êtres pour s'accorder sur le sens "commun" d'une chose.

Le wiki représente un formidable outil formel pour cristaliser ce processus : par essence le wiki force la "négociation de sens" car plusieurs auteurs se trouvent à créer une seule oeuvre.

Ceci dit, la limite que j'y vois est que le wiki peut donner une interprétation faussement "intersubjective", car les co-auteurs continuent quand même à avoir leur pensée "subjective".

Par exemple, sur Wikipedia, j'ai participé à la création de la bio d'Umberto Eco. Une bio n'est pas la vie de la personne à l'échelle 1:1. Il y a donc des éléments qui seront passés sous silence. Mais un co-auteur insistait pour ajouter un fait pueril sur sa vie, mais un fait tout de même. Je ne peux nier l'existence de ce fait. Mais ma "subjectivité" de ce que je crois être "objectif" demande à ce que ce fait insignifiant au regard de sa carrière ne soit pas sélectionné. La mention a été conservée tout de même. Le débat sur son inclusion ou non dérivait vers une "confrontation" d'auteurs. Était-ce une "négociation de sens"? Peut-être. Mais je crois que c'est plutôt deux sujectivités qui s'entremêlent dans le texte.

Le texte est maintenant là, donné au lecteur qui peut penser que le texte réflète un sage débat. Mais imaginons que moi et ce co-auteur avions chacun de notre coté écrit la bio d'Umberto Eco. Est-ce que le même lecteur, qui aurait lu nos deux bios, n'aurait pas alors virtuellement "négocié le sens" à notre place? Cette "version" dans sa tête n'est-il pas meilleur que le texte sur wikipédia?

Ce qui m'amène à dire que la "négociation de sens" formelle qu'apporte le wiki n'est pas idéal pour des "débats contradictoires" et qu'il s'applique mieux à des réseaux de pensées qui sont assez proches. D'ailleurs les sujets chauds sur wikipedia sont victimes soit de vandalisme soit de sclérose. Par contre les sujets froids (sciences notamment) ne portent pas à confusion.

C'est dans cette optique que je pense que les blogs sont des outils pour la création d'idées/d'opinion et que les wikis sont des outils de créations de documents. En bouillonnement, les arguments sont trop volatiles : les blogs les captent mieux. Une fois reposées, stables, les idées sont bien accommodées par le wiki.

Mais n'est-ce pas quand le sens bouillonne de toute part que c'est plus fascinant?

Il n'y a pas de sens préexistant : ceux qui interagissent ensemble, voient flotter un potentiel de sens, le façonnent, le transforme et en font émerger un sens provisoire, toujours négociable. Le wiki, éternel tableau blanc modifiable à l'infini, peut-il suivre ces premières ébauches?.

La conversation carnetière, n’est pas qu'un transfert d’un message, il est le lieu d’une fabrication cognitive du sens. Ce sens se situe à mi-chemin entre la parole de chaque auteur.

Post-scriptum: Si le sujet vous intéresse, j'ai fait deux balado-diffusions sur la collaboration:  Collaborer en réseau: mythe et réalité, entretien avec Régis Barondeau et Les nouvelles hiérarchies, entretien avec Jon Husband (M2 - la balado sur les mutations au carré)

Forum, wiki, blog

De mon point de vue, j'aurais tendance à utiliser ces trois outils de cette façon:
  • les blogs sont un endroit pour développer une réflexion/une opinion

  • les forums sont un endroit pour développer un sujet/un thème

  • les wikis sont un endroit pour développer un document/un texte
Dans les trois cas, il s'agit de créer du contenu, mais avec à un bout, un outil particulièrement individuel et à l'autre bout un outil fondamentalement collectif.

[Mise à jour] J'ai développé dans d'autres billets des points qui complètent bien l'idée de ce billet. Les voici:

Espace:
  • Un blog est un espace personnel où l'auteur contrôle l'agenda.
  • Un forum est une place commune où les participants (avec le modérateur) contrôlent l'agenda (dans les limites du thème du forum).
  • Un wiki est un espace de conjoint de travail où on bâtie soit l'agenda ou soit on l'applique (c'est un projet).
L'objet
  • Dans un blog, l'auteur est au centre. 
  • Dans un forum, le thème est au centre. 
  • Dans un wiki, le projet est au centre.
Le but
  • On lit un blog pour connaître l'opinion d'un auteur. 
  • On lit un forum pour connaître le débat entourant un sujet. 
  • On lit un wiki pour connaître l'état d'une question.
L'autorité (authority
  • Dans un blog, l'auteur est l'autorité. 
  • Dans un forum, les intervenants sont (théoriquement) à égalité (ou du moins à tour de rôle selon les questions sur la table). 
  • Dans un wiki, le texte fait autorité. 

Dans la même veine, à lire sur Zéroseconde.com:

La différence entre réseaux sociaux et médias sociaux : essayons de voir s'il y a une nuance entre les deux. Les 6 cultures d'Internet : comprendre les pelures d'oignons cachées sous le web 2.0
Le filtrage social : Émergence d'une stratégie de navigation
Le contenu n'a plus de valeur : c'est la recommandation qui en a !
À quelle question, votre entreprise est-elle la réponse? Les médias sociaux carburen au besoin de savoir.
Guide des meilleures pratiques de projet web Guide gratuite sur le processus d'élaboration d'un projet web, d'une idée à sa réalisation. (PDF, 26 pages)

Enquete sur une conversation

Comme vous le savez, si vous arrivez au milieu d'une conversation, il faut prendre un certain temps pour "comprendre" ce qui se discute, pour saisir réellement les enjeux.

Dans la blogosphère, ce que j'appelle la mise en contexte exige un minutieux travail "d'archéologie cognitive" afin de retracer et suivre une conversation. J'ai beau ajouter un maximum de détails pour permettre une compréhension rapide de mon billet, la plupart des néophytes en carnet que j'invite à parcourir le mien ont le même impression: ils sont perdus.

On décrit souvent le carnet comme un outil facilitant la conversation, mais elle ne facile pas son suivi. Regardons de plus près l'effort exigé.

Commençons notre enquête.

Il y a une conversation intéressante qui se déroule sur le carnet de Ytsejamer. Stéphane y décrit les différences entre les carnets, les wikis et les forums pour ce qui est de la place de l'individu.

Voici le "post" qui m'a suscité mon intérêt: suivons le.

Stéphane::2004-11-21:: Blogue, wiki, forum: quelle place pour l'individu? (partie II)

Pour se mettre en contexte, on considère les hyperliens comme des indices de contexte, nous trouvons une façon claire pour retracer les sources de la conversation initiée.

1) Un hyperlien dans une billet peut être considéré comme une filiation directe à une source de la conversation. Ce que j'appellerai ici "source". Il donne le contexte explicite au billet.

2) Parfois un hyperlien n'est qu'une "citation" servant comme référence, dans son ensemble, à une oeuvre ou un auteur. Ce que j'appellerai alors "référence" (ref). Il existe des "références explicites" (quand l'auteur cite expressément un document ou une personne) et des "références implicites" (quand le logiciel de carnet affiche l'hyperlien de celui qui a écrit).

Veuillez noter que la référence implicite n'est pas futile : pour comprendre l'importance ou connaître la perspective d'un auteur, la connaissance des écrits antérieurs, même s'ils ne sont pas reliés à la conversation en cours, permet de donner du relief à la discussion.

3) Quand une référence explicite est faite pour citer une personne, sans pour autant que celà ajoute davantage d'information à la discussion, c'est ce que j'appellerai un "ping humain" (ping)

4) Un commentaire (comm.) suite à un billet peut être considéré comme un suivi explicite de la conversation. S'il offre des liens, ils sont considéré comme des "références", des apartés, souvent pour étoffer la conversation a posteriori (voir point 2) (à moins qu'ils pointent vers d'autres conversations, c'est un trackback manuel (voir point 5)

5) Le trackback n'est en fait qu'un indice qu'un autre billet poursuit la conversation ailleurs. Dans ce cas, à rebours, le présent billet est la source de nouveau billet (voir point 1).

Mais pour "se mettre en contexte" il faut suivre minimalement les hyperliens proposés et lire les commentaires (et éventuellement les hyperliens laissés dans ces commentaires).

Recréer le "contexte":


C'est donc par le billet de Stéphane que je suis "entré" dans la conversation. Mais ce billet n'est pas une réflexion ab nihilo. Cette réflexion a suivi, on l'imagine, des lectures antérieures. Le carnet permet de rendre explicite les interconnexions de la réflexion.

Stéphane indique ses sources de référence pour nous situer dans la conversation:

(source) Pierre::2004-11-21:Réflexion du dimanche matin
(source) Stéphane::2004-11-21:Blogue, wiki, forum: quelle place pour l'individu?

Et pour pouvoir suivre la conversation nous devons lire les commentaires (3 à ce jour).

Un commentateur donne un lien vers une source externe

(ref) Pierre::2004-11-21 Stratégies gagnantes pour intégrer les TIC

En principe l'hypertexte peut donner des relations de façon exponentielle. Dans les faits l'arbre des possibilités tend à s'élaguer d'elle-même.

En remontant chaque source et en suivant cheque référence je suis en mesure de recréer la conversation et son contexte. Je vous grâce des détails pour en arriver là.

Je suis remonter jusqu'à la "source" et je les ai divisé en "cluster".

Voici donc ce que ça donne, si on s'amuse à formater comme sur un forum.

J'ai mis en indentation les commentaires les plus pertinents ainsi que les références et les pings.

(en gras, ce sont les billets)
(en italique, ce sont mes résumés personnels de ce qui a été dit)



1.Stéphane::2003-09-15::Coconstruction vs cybercarnets (+6 commentaires)
"Les cybercarnets sont-ils des outils efficaces pour soutenir la construction collective de savoirs? Les cybercarnets sont surtout adaptés à la construction individuelle"
(ping) Marie Hélène
(réf) Knowledge Forum "logiciel dédié à la coconstruction de connaissances"
(réf) Portolio de l'institut St-Joseph
--(comm.) Clément::2003-09-15::"La publication est la fonction première des carnets, mais doublé de mécanismes de résautage on s'approche de la coconstruction. Mais est-ce que les carnetiers prennent la peine de revenir sur leur billets pour les enrichir au fil du temps?"
----(réf) Personal knowledge publishing and its uses in research "It's an emerging form of knowledge sharing called personal knowledge publishing".
----(réf) Knowledge work as a craft work "Chronological structure of k-logs makes it straightforward to capture an audit trail of an evolving knowledge work product"
----(réf) Architecture Matters: The Rebirth of Public Discussion "Blog discussion goes through different architectural design pattern "you own your own words".
--(comm.) Marie-Élaine Jobin::2003-09-18::"Le meilleur exemple de début de coconstruction ne serait-il pas ici l’utilisation potentielle du carnet comme« knowledge building » en communauté?"
--(comm.) Christine Hamel::2003-09-19::"Je ne crois pas qu'on soit ici en présence d'une coconstruction des connaissances..."
--(Comm.) Stéphane::2003-09-19 ::"C'est un journal de pratique réflexive plus évolué et surtout plus ouvert!"

--Christine::2003-09-16::Le débat est lancé... (+13 commentaires) "Est-ce qu'il a vraiment une construction collective de sens puisque c'est moi qui améliore mes idées, les peaufine, les change au contact des autres?"
--(réf)Retour en enfance... ("l'usage des cyberporfolios à l'institut St-Joseph où une communauté d'apprentissage se forme")
----(comm.) Mario::2003-01-16::"C'est pour toi une construction à partir de points de vue collectif puisque les autres ont contribués (en te lisant et en réagissant)"
----(comm.) Christine::2003-01-16:: "mais ne sagit-il pas plutôt d'une construction personnelle grâce aux interactions avec la collectivité?"
----(comm.) Clément::2003-01-16::"Une construction de sens peut prendre place sans que cela ne soit forcément « visible ». Quel est l'intérêt de chercher à rendre visible une construction collective de sens si l'ensemble des personnes participantes aux échanges sont personnellement engagée dans une construction de sens qui est perçu comme telle?" (+ un ping humain à Seb)
----(comm.) Christine ::2003-01-16:: "La construction collective de sens amène les auteurs à le négocier pour en arriver à une compréhension commune et collective qui sera partagée par le groupe et non pas s'en servir à des fins personnelles, plus individuels"
----Clement::2003-09-17:: Les carnets et la « construction de sens »: affaire collective ou personnelle? (1 commentaire)

2. Les deux billets du point c sont en fait des parties d'une discussion commencée plus tôt par :
Mario::2003-12-10::Sans hyperlien !(+9 commentaires)
--Clément::2003-12-10::(réf) zone proximale de développement
----Mario::2003-12-11-10::(réf) Le professeur peut avoir tort. Réfléchissez vous-même
--Stéphane::2003-12-11::Bloguesphère: la danse de l'abeille
----Stéphane::2003-12-11::(réf) http://ask.metafilter.com/
----Clément::2003-12-11::Les carnets: pour qui? pourquoi? Et moi dans tout ça...(+4 commentaires)
------Stéphane::2003-12-29::Bloguesphère: la danse de l'abeille (revisité) (+2 commentaires)
--------Stéphane::2003-12-29::(réf) Une toile vraiment intelligente!
--------Stéphane::2003-12-29::(réf) Web sémantique, prise 2

3.Gilles::2004-11-06::Après trois mois (+3 commentaires **)
----Gilles::2004-11-06::(réf) Carnets vs Wiki
----Gilles::2004-11-06::(réf)Welcome to my life.......
----Gilles::2004-11-06::(réf) http://www.portfolio-multi.net/
----Gilles::2004-11-06::(réf) http://www.dotclear.net/
------Mario::2004-11-06::La pensée « socio-hypertextuelle » (+1 commentaire **)
------Stéphane::2004-11-07::Les blogues, banc d'essai sécuritaire pour les réflexions (1 commentaire)
------Pierre::2004-11-09:: Stratégies pour suivre le fil!

** Arrivé à cette étape de mes recherches, je remarque que je suis moi-même entré dans la conversation sans le savoir: j'avais commenté un billet de Mario sans connaître ses liens avec celui de Gilles et encore moins avec la recherche en cours. Hum. Suis-je un suspect dans la démultiplication du contexte? heureusement, je m'en suis tenu à quelques phrase sans donner d'hyperlien!

Mais maintenant, que faisons-nous? nous voilà avec trois sources, voyons les réponses provoquées par le post lui-même pour avoir un portrait global: quatrième point.


4. Stéphane::2004-11-21:: Blogue, wiki, forum: quelle place pour l'individu? (5 commentaires)
--Pierre::2004-11-21:: Réflexion du dimanche matin
----Pierre::2004-11-21::(réf) Forum de LinuxÉdu-Québec
----Pierre::2004-11-21::(réf) Stratégies pour suivre le fil!
----Mario::2004-11-21::Analyse de pratique dans l'utilisation de certains outils de publication Web
----Mario::2004-11-21::(réf)Glossaire subjectif du jargon carnetier
----Stéphane::2004-11-21::Blogue, wiki, forum: quelle place pour l'individu? (partie II) (+3 commentaires)
------Pierre::2004-11-21::(réf) le wiki peut aussi servir à développer une vision commune d'un sujet.

Deuxième remarque aussi, voyez comment les bouts de conversation sont rapprochés dans le temps. Ici, tout se joue dans la même journée (un dimanche de novembre il faut dire).

5.Et on pourrait rajouter un cinquième point (comme table des matières?) ce billet que vous lisez en ce moment.

C'est en suivant tous ces liens présentés ici que vous serrez en mesure d'avoir le maximum de contexte explicite. Bien sûr, je précise explicite car il est toujours possible de chercher du contexte latérale, c'est à dire de fouiller un blogroll, rechercher sur les posts publiés auparavant pour se donner un maximum d'éléments pour appréhender ce qui sera lu.

Ce qui frappe en lisant le tout, c'est de voir que la conversation n'en est pas une avant quelques billets, que les idées fusent ça et là mais qu'il n'y a pas de volonté de créer absolument une conversation formelle, c'est à dire une suite de billets, comme un forum le ferait. Elle se crée après coup, seulement dans la reconstitution qu'un lecteur peut en faire, comme ici.

On voit aussi que les discussions sont en fait des "déchaînements localisés dans le temps" (une salve de posts et de commentaires arrivent souvent dans la journée même). Mais la conversation se poursuit sporadiquement grâce aux hyperliens (4 étapes). Autrement dit, les commentaires apparaissent à chaud mais les trackback à froid.

Autre conclusion intéressante: pour participer à une conversation, il est important de possèder un carnet personnel car les commentaires ne semblent pas être l'endroit pour poursuivre une conversation commencée longtemps auparavant... (Ce que l'on pourrait appeller l'approche organique ou bottom up)

Dernière remarque. Le carnet permet la discussion à bâton rompu, ce qu'un forum ne permet pas toujours (la digression, réelle ou perçue, peut soit étouffer les individus ou soit tuer le forum). La conversation de carnets permet de dévier du sujet de départ.

La première phrase de tout cette (longue) conversation était celle-ci: "Les cybercarnets sont-ils des outils efficaces pour soutenir la construction collective de savoirs?".

C'est après avoir parcouru ce "contexte" de conversation que vous pourrez situer ce que je vais rajouter:

Je crois que oui. ;-0

Sur le contexte dans un carnet

Belle description de l'utilisation des carnets à titre d'Extranet. ( via Loïc ).

"[le carnet] nous permet de garder une trace de nos discussions et de formaliser le contenu de ces discussions. C'est particulièrement important pour les projets longs lors desquels les interlocuteurs sont amenés à changer. Lorsque c'est le cas, toute l'information est accessible, organisée et disponible."


Il ajoute : "L'approche weblog est structurante car elle nous force à décomposer notre contenu en composants unitaire (les posts) qui ont chacun un sens". (je souligne)

Très intéressante remarque. Jusqu'à maintenant, on célébrait surtout la "liberté" qu'offrait le carnet. Il eut été étonnant que cet outil s'affranchisse de ce phénomène : un l'outil modifie toujours le processus ou les contenus.

Mais connaissant la simplicité désarmante d'un outil comme le carnet, comment est-ce possible?

Oh rien de technique. Je dirais que c'est systémique: l'absence de contexte dans la relation médiatisée oblige à "encapsuler" un maximum d'information pour permettre de le reconstituer. C'est ce que veut dire "décomposer notre contenu en composants unitaire (les posts) qui ont chacun un sens".

J'avais déjà nuancé la notion de contexte dans un carnet, mais je dois reconnaître que même si le carnet n'est pas parfait il permet au moins de faire prendre conscience aux gens qui communiquent par réseau cette notion fondamentale : on ne communique pas seulement avec des mots.

Ce qui démontre les limites (actuelles) de la communautique (social software) mais explique pourquoi il est important de s'initier jeune à ce mode, car un nouveau code se développe.

Je pense aux émoticons ;-) mais aussi à des mots clefs comme "backtrack" ("rétrolien" - traduction tout aussi obscure), "#" (pour "permalien' ou URL - mais ce n'est pas plus clair), "via" (convention de citation)...

Je pense surtout aussi aux pages accueil d'un blog (qui défie l'ancienne convention "une page, un url" - elle est conçue pour être "scrollée" rapidement, et non pas surfée en "hypertexte")...

Je pense encore plus aux outils dits d"ego-surfing", qui sont en fait des outils de type "Echelon" -mais personnel ;-). Regardez ces exemples qui illustrent comment on attire l'attention entre "bloggeurs":

1. Sylvain écrit "Ça va plaire à Clément ce truc!". (Il n'y a pas de complément d'information, seulement un "ping humain").

2.Steve Gillmor écrit "Anyone who wants to get Robert [Scoble]’s attention merely puts his name in a post, preferably in the first graf where the abstract will pick it up on description-only RSS feeds. Next, you have to talk about something Robert’s interested in, [suit une liste de mots clefs].

Le carnet produit une culture, donc des codes, pour recréer un subsitut de contexte. En entreprise, cette voie permet de formaliser des "conversations" et conserver, au final, du "contexte" pour l'entreprise.


J'en étais à ces réflexions quand ma copine, de la cuisine, me dit : "Il veut qu'on l'appelle". Et moi, sans me retourner, je commence une conversation sur la politique municipale. Oui. La politique municipale, car je la savais dans la cuisine (voix lointaine), en face du réfrigérateur (voix masquée) où se trouve une étrange note de notre conseiller municipal demandant d'appeller le maire sur un sujet local. Jamais aucune note ne pourra contenir autant de "contexte" dans si peu de mots (pour la simple et bonne raison que le contexte ne venait pas des mots). Pour un médium écrit, c'est tout un défi...
---
Si vous êtes intéressé par les carnets, il y a une bonne discussion en cours sur sa place vis-à-vis des forums et des wikis sur le carnet deYtsejamer.

Post-scriptum (17h00)
je viens de faire le travail de contextualiser (à la main) la "conversation" de Ytsejamer - question de garder une trace...:

Mario::2003-12-10:: Sans hyperlien !
Stéphane::2003-12-11:: Bloguesphère: la danse de l'abeille
Clément::2003-12-11:: Les carnets: pour qui? pourquoi? Et moi dans tout ça...
Stéphane::2003-12-29:: Bloguesphère: la danse de l'abeille (revisité)
Stéphane::2004-11-21:: Blogue, wiki, forum: quelle place pour l'individu?
Pierre::2004-11-21:: Réflexion du dimanche matin
Stéphane::2004-11-21::Blogue, wiki, forum: quelle place pour l'individu? (partie II)


Le problème de "remonter" la conversation en "temps réel" est que l'on pert le fil et qu'un "début" n'est jamais clairement établie ; plusieurs branches peuvent pousser en cours. Ici, heureusement le billet qui a "inspiré" le "thread" est sans hyperlien. On voit ici la puissance d'un hypothétique "agrégateur de conversation" qui placerait les "notes" comme dans un forum...

Les hyperliens ont un concurrent : la citation !

Google offre enfin un "filtre" pour retrouver des documents académiques (merci pour l'info, Éric)

"Google Scholar enables you to search specifically for scholarly literature, including peer-reviewed papers, theses, books, preprints, abstracts and technical reports from all broad areas of research. Use Google Scholar to find articles from a wide variety of academic publishers, professional societies, preprint repositories and universities, as well as scholarly articles available across the web."
Source

L'outil permet de retrouver les documents d'un auteur particulier avec le nouveau préfixe "author:" (exemple " author:mccarthy artificial intelligence").

Nouveau paradigme aussi: la "citation". Google retourne des "liens" qui ne sont pas des liens. Non, ce sont les "citations" vers des documents qui ne sont pas en ligne, en attendant qu'ils soient disponibles un jour.

Ce dernier aspect mérite toute notre attention.

L'Internet offrait aux rechercheurs une liberté de publication, mais au prix de se retrouver noyé dans la masse d'information. Google vient résoudre le problème. La course aux "citations" prendra de l'ampleur et Google veut se positionner comme l'outil numéro 1 mondial de la citation.

Ne vous trompez pas, les "scholar journals" sont une grosse "bizniss". Google vient de marquer un coup gigantesque. Gigantesque.

On propose souvent une formule pour décrire le phénomène de citation: qu'importe le sujet, un petit groupe (noyau) de revues procure le tiers des citations recherchées, un moyen groupe (moins central) en procure un deuxième tiers, et un très large groupe (périphrique) donne le dernier tiers.( Selon la Loi de Bradford)

C'est à dire : sur votre sujet X, vous trouvez 300 citations, il y a de grande chance que 100 citations proviennent d'un groupe (core) de 5 revues, 100 autres citations proviennent de 25 autres revues moins centrales et 100 citations de 125 revues périphériques.

Possèder les 5 revues "core" garantissait à l'éditeur le contrôle de ce qui sera lu, acheté et cité. Gros sous, gros sous, je vous disais. Encore mieux, l'autorité qui "dictait" quels étaient les 5 revues cores d'un domaine précis, devenait de facto, par prophétie auto-révélatrice, (1) l'autorité pour nommer ce core et (2) créait le core car tous le monde cherchait ensuite (a) à publier dans ces revues core (b) acheter ces revues core et (c) lire et citer ces revues core.

Vint Internet. En se libérant de ces revues core, par contre, on se noyait dans la masse d'information (Umberto Eco disait que La Pravda de la belle époque et le New York Times avaient le même objectif, car l'un empêchait la diffusion de l'information et l'autre la noyait dans tout ce qui "fits to print").

En proposant Google Scholar, un "citation space" s'est créé. Ceux qui me lisent comprennent très bien la valeur d'un hyperlien. La citation possède une valeur hautement plus symbolique car elle lie deux documents ensemble... et non deux URL. La citation dit : ce document m'a précédé et je lui rend ce que je lui dois. Voyez le comme un "hyperlien pondéré avec un certificat d'authentification" (car je vois mal comment fabriquer des "google bomb" sans briser sa crédibilité). Et même dans le cas de Google Scholar, la première étape de rapprocher le print et le digital via un hybride hyperlien/citation est amorcé.

Le citation rank sera aux intellectuels ce que le page rank est aux bloggeurs.

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Intéressé par la loi de distribution de Bradford et les index de citations? lisez le document de Jean-Claude Guédon de l'université de Montréal et particulièrement le chapitre 6 ( The Science Citation Index and Some of Its Consequences ).
(17 dec 2004) Intéressé par les moteurs de recherche académique en ligne? (via Urfist)

C'est l'algorithme qui décide!

Les pixels de mon post sur la recherche qui façonne notre conception du monde étaient encore tout chaud quand le carnet de l'équipe de développement du nouveau moteur de recherche de Microsoft annonçait qu'ils avaient réglé le compte à leurs premières bombes MSN (la phrase “more evil than satan” donnait Microsoft dans le top 10).

Réponse de l'équipe?:
Well, we just pushed out our latest round of automated relevance improvements and they changed the results. Now neither Google nor Microsoft rank in the top 10 any more for this particular query. Our algorithm changed its mind.
"Our algorithm changed its mind". Wow. La technologie a décidé toute seule!
Just so you know (since I’m sure you’ll ask), this wasn’t a targeted change. We are constantly refining our ranking algorithms to produce the best, most accurate results, so changes like this happen all the time. [...] The algorithm decides!
"The algorithm decides!". Belle démonstration de l'idéologie TI qui mèle ici encore ce qu'elle croit à ce qu'elle voit. Ah ce que je sache, l'algorithme ne s'est pas modifié lui-même.

S'il fallait ne donner qu'un seul exemple qu'un moteur de recherche façonne notre conception du monde, il est trouvé! Derrière le moteur se cachent des principes implicites de classification du savoir et d'organisation de la connaissance. Les peuples, les cultures et leur gouvernement doivent impérativement s'intéresser à ce phénomène au risque de voir disparaître un pan de sa connaissance parce qu'un "algorithme en a décidé ainsi"...

Qualités émergentes du carnet

Vous êtes-vous déjà arrêté à décrire un carnet en fonction de ses propriétés techniques? Moi si, et quelle erreur! Elles se résument pourtant à peu de chose:

- Auto-édition personnelle (parfois de groupe)
- Notes affichées en ordre chronologique inversé sur une page d'accueil
- Mise à jour fréquente
- Forte composante d'hyperliens
- Archives
- Ouvert aux commentaires
- HTML, XML, RSS <-- rendu à ce stade-ci, mes pauvres auditeurs sont déjà en train de penser à ce qu'il doivent acheter pour préparer leur souper. Je me suis même une fois rendu à expliquer le trackback! Cà et une Jeep embourbée dans du sable mouvant c'est pareil. Les arguments coulent à pic et le client disparait sans laisser de trace. En réduisant le phénomène des carnets à ses constituants, on se perd dans des détails qui nuisent à la compréhension émergente. Les carnets ont beau être les descendants des pages personnelles, quelque chose de plus ressort de la blogosphère...

- Voix personnelle
- Sincérité
- Aucune intonation marketing
- Expression d’une expertise
et…
- Bâtir la confiance

Prenez par exemple Microsoft. Il devient clair que son image change avec son utilisation des carnets. L'excellent carnet PointBlog décrivait avec justesse comment les dysfonctionnements lors du lancement de l'engin de recherche de Microsoft seront perçu différemment avec la venue du blog de l'équipe de développement...

"Nous avons eu des difficultés techniques qui ont causé des dysfonctionnements et des indisponibilités [...] Nous y travaillons et tout devrait s'améliorer rapidement [...] Nous nous attendions à avoir des problèmes avec la version beta, et nous pensons qu'il faudra limiter la disponibilité pour des raisons de maintenance. Nous voulons identifier ces problèmes pour pouvoir mettre au point un meilleur produit, et vous remercions de votre aide pour ce faire."
Source originale
Traduction de Cyril Fievet, PointBlog
Voir aussi ClickZ: "MSN Search Team Blogs, Admits Bugs" (toujours via PointBlog)

Les relations publiques ne seront plus jamais les mêmes : les carnets aident à bâtir la confiance. Confiance avec le public mais aussi confiance avec ses propres employés. Microsoft met en application ce que Robert Scoble, un bloggeur très connu chez Microsoft, a écrit dans son "corporate blogs manifesto". Cyril nous fait remarquer en plus que "le court blogroll du blog Microsoft fait figurer les blogs respectifs de ses deux principaux concurrents, Google, et Yahoo!...". Changements en vue!


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Suivez en français l'évolution de la blogsophère :
PointBlog, le magazine du blogging (fil rss)
MediaTIC blog - actualite du blog et des blogs (fil rss)
[Qu'est-ce que le rss?]

Big Brother et la pizza

Le gouvernements et les compagnies colligent des infos sur vous.

A quoi peuvent-elles bien servir? Voici un flash marrant sur comment pourrait être utilisé vos informations personnelles dans un futur rapproché. Ouvrez vos haut-parleurs : vous êtes sur le point de commander une pizza...

Rechercher n'est pas un acte technique sans conséquence

Ce n'est pas la définition habituelle d'un engin de recherche : quand nous avons un utilisateur qui fait une transaction ("en échange d'un mot, vous donnez une liste de liens"), cela s'appelle de la communication.

Vous trouvez normal de contrôler ce que vous communiquez sur votre site, alors qu'en est-il des résultats de votre engin de recherche?

Plusieurs webmestres définissent la fonction "recherche" sur un site comme l'endroit où l'usager fait une requête à la base de données. Les SERPs (Search Engine Results Pages) seraient la page contenant les données répondant à la requête. Grave erreur. Ce n'est pas du data! C'est un message que vous retournez.

C'est la réponse de votre entreprise sur l'état de ses connaissances à une question posée.

Faites une recherche du mot "cellulaire" sur le site de Fido.ca. Je suis tombé sur deux liens : le "portail fido" et les "Notes juridiques et Vie privée".

Essayez maintenant "cellulaire" sur Telus.ca. Rien.

Faites la même recherche sur Bell.ca. Bell semble s'en sortir un peu mieux (car la mise en page est élégante) mais l'offre n'est pas cohérente par rapport à ce qui existe réellement.

Si du point de vue de l'engin "cellulaire" n'est qu'un token à 10 lettres, il est pour ces entreprises un mot-clef central dans la transaction: il ne doit pas être traité comme les autres. Le système doit passer la main à une sous-routine qui retourne une réponse adéquate pour le client


Tout échange d'information est de la communication. Vos TI gèrent du data, vous gérez du sens. Je répète :quand vos utilisateurs utilisent l'engin de recherche, ils effectuent une transaction : ils posent une question à votre organisation. Ne laissez donc pas une machine répondre à votre place.

Il n'y a pas si longtemps encore, je m'attardais sur le sens de "pages résultats".

"Quand nous consultons une page Google, nous ne disposons pas seulement d'une page de résultat provenant d'un savant croisement combinatoire binaire, mais d'une représentation du monde dont la neutralité n'est pas démontrée. Derrière la liste se cachent des principes implicites de classification du savoir et d'organisation de la connaissance.

Rechercher n'est pas un acte technique sans conséquence. La recherche façonne notre conception du monde."
Rechercher, rechercher, il restera toujours quelque chose à trouver; 27 août 2004

C'est à la conférence Intracom 2004 que Bruno Lièvre (EDF) apportait cette précision sensible : la place qu'occupe les SERPs dans un intranet (son point s'applique en fait aussi bien aux sites Internet) relève de votre plan de communication. Pas des TI.

Si vous installez un engin de recherche sur votre Intranet (ou sur votre site web), assurez-vous que vous avez le contrôle pour pondérer les pages. La démocratie en entreprise n'est peut-être pas ce que vous recherchez : un algorithme basé sur la popularité, les référents ou la quantité des récurrence du mots clefs ne doit pas vous faire oublier que l'hierarchie ou la stratégie sont des vecteurs dont vous voulez vous préoccuper.

N'allez pas croire que je suis pour une manipulation des datas. Je dis seulement que pour un site corportatif ou un intranet, l'information n'est pas neutre et comme toute information dans une entreprise elle doit être régulée. Pensez aux rumeurs, aux "gossips", aux rapports de force interne. Ce sont des phénomènes de communication qui doivent être contrôlé.

Un SERP qui retourne du "garbage" en dit long sur votre entreprise (et que vos IT répondent "garbage in, garbage out" ne fait que confirmer qu'ils ne sont pas à leur place dans la discussion). C'est un client, un employé, un fournisseur, un investisseur qui vous pose une question à travers votre engin de recherche. Vous devez y mettre le même soin que pour vos pages web, vos messages téléphoniques ou votre rapport annuel.

Accepteriez-vous que le/la téléphoniste réponde du "garbage" sous prétexte qu'il/elle ne comprenait pas la question?

Vos TI peuvent vous aider à vous donner un bon engin de recherche, mais de grâce assurez vous que vous contrôlez les specs fonctionnels!

L'avènement des carnets corporatifs

Carnets, blogs, blogues, appellez le comme vous le voulez, Technorati calcule qu'il en existe 4 millions. Leur nombre a doublé depuis 6 mois!


Croissance Carnet 2004


Est-ce que cette progression vous fait penser à quelque chose? Vous vous souvenez de la progression des sites web en 1999? Si on se fie à cette progression, le nombre de carnet triplera l'an prochain...


Croissance Internet 1999

Il n'est pas étonnant que les carnets soit maintenant sur le radar des compagnies. Technorati calcule qu'il existerait 5000 carnets corporatifs:


Slide7


Remarquez vous quelque chose? Les (très) grosses compagnies sont présentes! Avec Microsoft en tête. Ceux qui ne croient pas aux vertues des carnets devront revoir leur croyance: je prédis que Microsoft, via ses carnets qui lui donnent une transparence et un visage humain, ne sera plus le Grand Satan. À tout le moins la perception sera beaucoup plus mitigée.

L'avènement des carnets corporatifs est le sujet de la conférence que j'ai donné hier à l'Intracom 2004 (je metterai le pdf de la présentation ici dans quelques jours).

Bien utilisé par une entreprise (j'ai parlé plus tôt d'un cas honteux) le carnet permet de connaître ce que les clients, partenaires et collègues pensent de vos produits, vos idées et vos services. Il permet de connecter avec les usagers, clients, partenaires. De les renseigner avec une approche et un langage moins marketing, moins "relation public" (qui deviennnent dans ce sens un défaut).

J'ai donné dans ma conférence les exemples de Opossum.ca et Éric Baillargeon. Mais je n'avais aucun exemple de grosses compagnies québécoises. Pourquoi? En discutant avec quelques participants, il devenait clair que l'obstacle n'est pas technique, mais humain : quand les gens vérifient, contre-vérifient leur courriel avant de l'envoyer de peur que ça se retourne contre eux, comment pouvez-vous espérer de demander à quelqu'un de s'exprimer librement dans un carnet?

"Les entreprises qui ne comprennent pas que leurs marchés sont désormais un réseau d'individus à individus, plus intelligents par conséquence et très impliqués dans un dialogue, passent à côté de leur meilleure chance".
(Cluetrain Manifesto #18)

Les carnets ne sont manifestement pas pour toutes les compagnies, mais celles qui oeuvrent dans le "knowledge work" devraient s'y intéresser maintenant. Elles devraient comprendre que les carnets sont une variante formelle du réseautage à l'ère de l'Internet...


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"Emerging Corporate Blog Models" de PR blog
"Pourquoi votre entreprise doit avoir son carnet Web" par Sylvain Carle
Exemple d'un carnet d'événement : Journée de l'informatique du Québec (merci Opossum ! Youhou Intracom prenez note pour la prochaine fois!)
Autres exemples de blog de grandes compagnies :
GM : http://smallblock.gmblogs.com/
FORD Mustang : http://blog.ford.com/BLOG.CFM
Microsoft : http://blogs.msdn.com
Sun : http://blogs.sun.com/roller/

Morgan Stanley sur le blog et le RSS

La banque d'affaires Morgan Stanley s'est penchée sur les blogs et le RSS
et y a trouvé un potentiel d'affaire. (via Adverbe)

" The mainstreaming of Web syndication technology such as RSS through easy-to-use and popular services such as My Yahoo! could create a new business model / revenue stream for companies such as Yahoo!, as well as independent freelance Web journalists / content providers."
Télécharger le rapport (21 pages, format PDF, 1,5 Mo).

On y trouve quelques extraits en français du rapport sur PointBlog et quelques commentaires. (Via Opossum)

En anglais, Robin Good en fait un bon résumé dans The Blogs' Long Tail: Blogs And RSS Profit Potential avec quelques trackbacks...

Notez bien ici que nous parlons d'une banque d'investissement, pas d'une compagnie axée sur les technologies. Un autre pas vers l'avénement des blogs corporatifs et l'adoption du RSS par le grand public

Le courriel à tous? Pas n'importe comment

Vous voulez annoncer un changement important dans la politique de votre entreprise? Vous avez envoyé un courriel à toutlemonde@votrecompagnie.com. Vous voilà convaincu qu'ils ont tous lu? hummm. Pas si sûr...

Le Federal District Court a déclaré récemment que General Dynamics n'a pas proprement communiqué à tous ses employés en leur envoyant un simple courriel à tous. Un des employés a même poursuivi la compagnie (ça se passe au États-Unis, ne l'oublions pas).
Via Shel Holtz

On ne répètera jamais assez : avec l'avalanche d'information, votre courriel vaut aussi peu que son entête. Avec comme objet "G. MeMuro - New Dispute Resolution Policy," il semble que l'importance du courriel n'était évident pour cet employé. La cours trouvait même que le "lead" était pas en évidence (encore ici, l'écriture écran demande de concevoir son message en pyramide inversé : la conclusion en premier, les détails, le contexte et l'introduction après).

Comment écrire pour le web, le courriel, les carnets, bref tout ce qui se lit sur un écran

Cognitique personnelle

Je ne saurai passer sous silence la traduction en français de l'excellent papier de Sébastien Paquet sur la cognitique personnelle, le personal knowledge publishing, “Personal knowledge publishing and its uses in research
Via
David Touvet qui en fait un résumé
. Ma note sera donc un résumé d'un résumé (pourrez-vous faire plus court en me résumant? - j'aime bien cette mise en abyme).

La note de David survole les 2 grandes parties du document de Sébastien:

1. Les Weblogs
2. La cognitique personnelle en ligne

et cite aussi les 5 caractéristiques d’un weblog:

1. La responsabilité éditoriale de l’auteur
2. Une structure hypertextuelle
3. Mises à jour fréquentes et ordre chronologique inversé
4. Accès gratuit et public au contenu
5. L’archivage

David pousuit ensuite en donnant de large extraits (si vous n'avez pas le temps de lire le document au complet - vous avez tort) sur les carnets comme:

- intermédiaires de filtrage de l’information
- gestionnaires des connaissances personnelles
- fabricateur de sérendipité

Sur la cognitique personnelle citons Sébastien :
“…une tâche exécutée par un travailleur du savoir ou un chercheur, où il formule publiquement, au sein d’un carnet Web, ses observations, idées, points de vue, questionnements, et ses réactions aux écrits d’autres auteurs.”


La cognitique personnelle en ligne permet

- une rétroaction rapide
- l’interrelation entre les chercheurs
- et valorise les processus de recherche

À lire pour vous initier à ce phénomène.

Écrire sur le web

Businnes Log a publié lundi un beau petit document sur comment écrire sur le web. "Writing for the Web" (PDF). Avec la montée des carnets corporatifs, c'est toujours bon de se faire rappeller comment écrire pour l'écran-réseau.
-Choose your voice and be consistent
-Make sure you understand your target audience before you begin
-Either write longer, high-quality posts less frequently, or shorter, low-quality posts more frequently
-Make it scanable and easy to read
-Humor gives your site an added mix of personality and makes your company seem
more human
-Honesty is the best policy. You can't trick the weblog community so don't even try


Sur ce dernier point, l'exemple de HalloweenM3 est donné comme (contre) exemple. Un carnet ne doit pas être de la promotion marketing. Mazda a tenté d'utiliser les blogs pour faire la promotion de sa nouvelle voiture.
An example of a weblog marketing guffaw is the recent "HalloweenM3" weblog put out by Mazda's marketing team. It was supposed to spark underground interest in the new Mazda3, but ended up making a fool out of the entire company with its fake content and marketingspeak. The "M3" bloggers pretended as though they
ran across some amazing car stunt videos on public access television, when actually they were simply Mazda car advertisements that tried to feature the Mazda3 in urban, hip surroundings. After they were outed, the site was pulled within hours. This is a great example of how not to use weblogs as a marketing tool.

Démarrer un carnet corporatif en 2004 est un très grand avantage stratégique. Sauf si on fait un faux pas. Mazda a été très mal conseillé. Le blog a été retiré. En fouillant sur Google pour encore quelques jours vous pourrez tomber sur la cache.

Il est grand temps que les gens de marketing lisent Cluetrain Manifesto afin qu'ils comprennnent pourquoi la communauté des bloggeurs a été aussi prompt à réagir.