Technologie mise à part, la blogosphère est un lieu essentiellement de "conversation".
Il s'agit donc de compétence en "argumentation" (construire sa pensée et la défendre), en "rédaction" (car, bien sûr, sur un blog il faut écrire) et en "communication" (techniques, style, flair et séduction).
Pour me faire comprendre, je dirais qu'il faut chaque fois remplacer le mot "blog" par "conversation". Du coup quand on cherche à implanter un carnet (en classe, en entreprise, pour soi-même, pour sa famille, ses amis, etc) on pourrait s'expliquer plus facilement son succès ou son échec. J'ai l'impression qu'il y a des pistes d'ordre psychologique ou sociale et que cela touche profondément un sujet désespérément vaste: la motivation personnelle.
Qu'est ce qui motive quelqu'un? Comment transmettre la motivation? j'aimerais bien le savoir...
Rémy Gauthier a tenté de faire utiliser les carnets par les étudiants de sa classe à l'Université. Son résultat semblait mitigé, à ce qu'il en dit. Il y avait comme un manque de motivation (malgré les points rattachés au projet dans le bulletin).
Pour ma part, ça me fait dire qu'éventuellement les carnets atteindront un plateau d'utilisateurs : ce n'est pas tout le monde qui a quelque chose à dire, ou qui veut le dire, ou qui veut le partager, qui aime utiliser cet outil pour le partager...
J'aimais bien ma métaphore Bmail qui consiste à résumer que le blog n'est un "courriel à tous", que finalement le destinataire ne s'inscrit pas dans le champs to:, ni le cc:, ni le bcc: mais bien comme un message à qui de droit...
Il faudra reconnaître que certains (peut-être beaucoup) préfèront s'en tenir au courriel, s'ils veulent communiquer. La blogosphère ne restera alors qu'une sous-partie de l'univers du email car je considère les billets des carnets (les posts des blogs) comme des lettres ouvertes, comme une correspondance épistolaire dont l'auteur assume immédiatement sa publication (et non à titre posthume ;-)
5 commentaires:
La réflexion est intéressante, et je suis les expériences de Rémy avec intérêt... mais je ne crois pas que l'analogie du courriel, ou même de la conversation soit complète.
Il n'y a pas que la communication qui peut guider quelqu'un vers les carnets. Dans un contexte éducatif, je persiste à croire que c'est d'abord un outil de gestion personnelle de l'apprentissage. Un outil de gestion des connaissances. Un portfolio aussi souple que continu.
Et sur la motivation... je ne pense pas que le fait d'accorder des notes puisse être suffisant pour motiver des jeunes ou des moins jeunes à se lancer dans une aventure aussi complexe (pas compliquée, mais complexe). C'est une illusion.
Comme accorder des notes pour participer à un forum de discussion... ça donne rarement de très bonnes interventions.
En conclusion, je pense qu'il ne faut pas perdre de vue que les motivations à « avoir un blog » sont multiples et en tenir compte quand on initie un projet... et quand on en fait l'analyse.
Clément Laberge
http://carnets.ixmedia.com/remolino
Je suis bien content que tu écrives ça, Clément, parce que dans ma théorie, je n'avais pas encore trouvé une place pour ce que vous faites chez Opossum. Je sens bien que je n'inclus pas vos expérimentations comme ils se doivent. Du moins pas d'une façon satisfaisante (elle peut te sembler réductrice). J'ai un biais vers la communication alors que vous vous profiler dans l'apprentissage. Réflexion à venir...
Mathieu, ton témoignage m'éclaire plus.
J'avoue que si j'ai réussi à 'motiver' quelqu'un à blogger par le passé, je suis incapable de formellement expliquer comment j'ai fait.
Souvent on cherche les raisons logiques, pédagogiques, formelles qui expliquerait tel ou tel comportement ou motivation. Finalement, je crois que la bonne vieille méthode de l'émulation marche toujours.
J'écris un blog parce que les gens que j'estime écrivent un blog.
J'écris un blog parce que j'ai trouvé tellement de bonnes idées sur d'autres blogs que j'ai voulu moi aussi faire partager mes étincelles.
J'écris un blog parce que la sensation d'être lu me motive à clarifier mes idées (et que mes lecteurs me le confirme avec leur commentaires éclairants).
Par l'émulation, la machine se met en marche, sans autre raison.
Quand à ton professeur, je suis d'accord avec son objectif mais je n'aurais jamais tenté l'expérience sans avoir l'assurance de réussir. J'aurais failli aussi, je crois.
Mais à sa place je ne l'aurais jamais fait car il faut savoir distinguer ce qui nous fascine dans l'outil et ce qui tient véritablement du concept.
Les expérimentations d'Opossum (Clément, plus haut) vont dans ce sens...
La questions "à qui écrit-on?" me semble intéressante car je me demande depuis quelques temps si mon weblog n'est pas devenu l'incarnation d'un ami imaginaire qui maintenant me répond. Est-ce que les personnes qui ont un dialogue intérieur ont plus de facilité à tenir un weblog ? Exposer mes pensées me permet de les clarifier, et si je sais à qui je m'adresse je peux ajuster le ton, orienter les idées. J'ai un weblog qui me sert d'interlocuteur toujours disponible, parce que les lecteurs se passent le relais.
Écrire sur un carnet web évite les raccourcis qu'offre le journal privé.
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