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Qui aime bien “X-Files” et “24” aime bien suivre la saga conspirationniste du 11-septembre. Il y a du John LeCarré là-dedans. Et on se surprend de douter de la version officielle.
Jusqu'à maintenant, j'ai surtout couvert le sujet lorsque le “mème” se transportait par format audio-visuel sur le réseau. Côté littérature, la somme de sites couvrant cette théorie de la conspiration (et ses contre-théories) est très bien développée et prospère, merci.
Mais sur le terrain Internet, il manquait encore des joueurs de taille pour rivaliser avec les Loose Change : la BBC nous offre dans le cadre de sa série Conspiracy Files un reportage bien mordant sur la théorie... et prends position.
À VOIR : BBC' Conspiracy Files : 9/11 (sur 911blogger.com)
C’est 1 heure chrono, bien serré et bien monté. La BBC, après avoir passé en revue les assertions les plus troublantes des “théoriciens”, en les confrontant une à une avec des témoins oculaires ou des spécialistes, conclut que cette théorie de la conspiration n’est que ce qu’elle est : une théorie.
Trace de conspiration
Elle affirme que s’il y a eu conspiration, c’est peut-être le fait d’avoir masqué après coup les manques de communication entre les agences (FBI/CIA). Ce manque de communication, on le sait, a conduit les terroristes à traverser les mailles du filet.
Et on entend "conspiration" dans le sens où plus d’une personne se serait concertée pour faire dire les mêmes choses. Et dans le cas présent, elle serait a posteriori : le gouvernement et les agences pour cacher leurs manquements auraient manqué sciemment de transparence afin de se couvrir.
Il est intéressant ici d’observer deux choses :
1. Conclure qu’il n’y a pas de conspiration demande le même acte de foi que de croire à la conspiration. Les journalistes enquêteurs ont monté un document tout aussi convainquant, dans sa rhétorique que Loose Change. Car on demande de croire que l’enquête a été faite de bonne foi et que les interviews, les liens et les conclusions sont désintéressés et sincères.
2. La légitimité des journalistes est plus grande : outre leur affiliation à la BBC, qui leur donne une crédibilité instantanée, les journalistes ont effectué leur enquête sur le terrain. Le document montre les théoriciens comme ils sont : des théoriciens. Ces derniers sont dans leur bulle, et leur source est puisée dans les archives accessibles. Les journalistes ont été cherchés les informations manquantes.
La force du journalisme classique est patente : en allant sur le terrain, et interviewant des témoins, et créant de la nouvelle matière, de la nouvelle information, on démontre ainsi, comme le dit Chomski, qu’il naïf de croire que l’on peut faire son enquête derrière un clavier.
La contre-conspiration
La BBC a réussi un beau document, et s’il n’aide pas à rassurer les fans de la théorie de la conspiration (il faut voir les commentaires excessifs laissés sur le site web de la BBC) en évitant de débattre toutes les assertions conspirationnistes (par exemple, sur l’hypothèse d’une démolition préparée d’un ou des immeubles du World Trade Center où on demande de croire sur parole un spécialiste), il donne des munitions à ceux qui cherchent à passer à autre chose.