ZEROSECONDE.COM: octobre 2009 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

En ligne, qui êtes vous?

«Nous n’échapperons pas au Web c’est-à-dire à l’exploitation maximale de la puissance des données par l’analyse, la combinaison, la représentation, la recherche fine, etc. Pas plus que nous n’échapperons au fait que les données deviennent chaque jour un peu plus personnelles, même - surtout - celles qui nous semblent les plus anodines.» (Hubert Guillaud - InternetActu - Que faire face à la puissance des données ?)

Penser l'identité numérique devient un enjeu. Si vous voulez vous en convaincre essayez Personas, du célèbre MIT Lab.

PersonaWeb http://personas.media.mit.edu/personasWeb.html

Entrez votre nom et le logiciel scannera le web pour toute information vous concernant et sert à caractériser votre identité en ligne. Il classe selon des catégories prédéterminé par un algorithme pour créer automatiquement une profil sur vous.

Exactement le genre de chose que l'on peut craindre d'une agence de surveillance débordé et manquant de ressource humaine. Mais à quoi bon avoir des humains, on a des algorithmes!

«Que pouvons-nous faire pour rendre aux gens un peu de contrôle sur les données qu’ils libèrent abondamment dans les sites sociaux notamment ?» Lisez le billet de Hubert Guillaud. Ça dessille.

- Dans le même ordre d'idée, voir aussi l'article de Stéphane Baillargeon dans le Devoir d'aujourd'hui: Ego inc. (abonnement)
- The bachelor thesis IDENTITAT - The "Gestalt" of digital identity
- Who Is Managing Your Online Identity? The shiftedLibrarian (février 2009)

Clavardage en direct

Votre entreprise doit-elle investir dans les réseaux sociaux ? Quels sont les avantages pour un travailleur autonome d'être sur Twitter?

Vous pourrez discuter de ces questions lors d’une séance de clavardage en direct avec moi jeudi 29 octobre, à midi. Elle sera animée par le chroniqueur et blogueur René Vézina sur lesaffaires.com. Je vous invite à vous inscrire sur http://www.coveritlive.com/

Ça sera ma première expérience. Je vous conterai ensuite...

Twitter, sous-traitant des moteurs ?

Jean-Michel Salaün propose une lecture intéressante de la situation actuelle de Twitter: puisque la compagnie ne semble pas vouloir se faire racheter (la "stratégie de sortie" des compagnies web 2.0), se pourrait-il qu'il se positionne comme revendeur de valeur de liens?

« (...)Twitter ne cherche pas à être racheté, mais à vendre les informations procurées par le flot de milliards de gazouillis lancés par les 54 millions d'utilisateurs mensuels. En théorie, ce flot devrait permettre d'affiner le pagerank puisque nombre de ces messages sont en réalité des liens flottants répétés et donc facilement modélisables. Inversement, ces recommandations échappent aux moteurs et donc effritent leur efficacité. Twitter deviendrait une sorte de sous-traitant des moteurs. Reste qu'il s'agit encore une fois d'un pari, notamment sur la pérennité des accros au service.» (source)

La valeur du web en temps réel n'est pas passée inaperçue pour Google (en mai dernier Larry Page ne l'a pas caché). Ni pour les autres (le "real-time Web" est le sujet de la prochaine conférence LeWeb). JM Salaün débusque tout de même le talon d'Achille de Twitter: étant un réseau social, il est est à la merci des usages sociaux, et, comme Second Life, peut passer de l'endroit "hot" en ville à un lieu démodé (voir mon billet sur Second Life, La métaphoe du bar "in").

Google est dans le marché du "knowledge Just-in time", Twitter serait-il viable dans un marché du "real-time web?"....

Leçon d'un con

On connait tous l'histoire. Sur Facebook, cette semaine, un sondage généré par un utilisateur sur Facebook demandait « Obama doit-il être assassiné ? ». Rien de moins. Les services secret du président en question ont vite retrouvé les traces du délinquant... un ado.

"Attention à ce que vous postez sur Facebook, cela pourrait se retourner contre vous tôt ou tard." Le président américain ne croyait pas si bien dire, mardi 8 septembre, devant d'une école.

Et oui! 3 semaines après, voilà un jeune qui n'a rien compris du message. C'est que, affirmait Obama, "(...) quand on est jeune, on fait des erreurs, on fait des trucs idiots ". Aujourd'hui, les services secrets ont dû lui répéter ce que le président avait dit. Après avoir été « interrogé en présence de ses parents », le mineur délinquant en question ne serait pas poursuivi, ont-ils dit.

Si vous ne connaissez pas l'histoire, c'est bon signe. Vous ne passez pas votre temps devant l'ordinateur. De plus, il y a fort à parier que votre journal favori n'en a pas parlé (ce qui fait changement du temps, pas si lointain, où les rédactions faisaient les gorges chaudes de la paille dans l'oeil d'internet avant de comprendre qu'ils étaient du mauvais bord de la branche qui se faisait scier)

Avons-nous tirer toutes les leçons de la mésaventure du petit con? Oui? Vraiment? Je ne suis pas si sûr. Reprenons.

"Pour commencer, je voudrais que vous tous fassiez attention à ce que vous postez sur Facebook parce qu'à l'époque de Youtube, quoi que vous fassiez, on vous le ressortira à un moment ou un autre de votre vie" (Dixit Obama , source Le Monde 9 septembre 2009)

Si vous avez compris qu'il ne fallait plus mettre de sondage en ligne sur Facebook, vous n'avez qu'un seul point sur quatre. Même pas la note de passage.

Il y a trois autres apprentissages.

1- l'anonymat et la vie privée n'existe pas. Oubliez les 'privacy policy'. À tout moment, quand le pouvoir en place le décide, il n'y a plus rien qui ne tient: Facebook ou pas, la plateforme va collaborer pour retrouver le délinquant. La Chine le fait. L'Occident aussi. Cessez de croire qu'un droit numérique vous protège dans l'anonymat. Les outils à votre disposition, qu'il soit 2.0 ou non, avec un Privacy Policy béton ou non, vous lâcheront à la première occasion. Appelons ça un attrape-con. La ligue des mineurs fait sa propre auto-sélection.

2- Compte tenu du point 1, il n'y a maintenant plus aucune raison de croire qu'un sondage de ce type puisse être sérieux. Aucun terroriste professionnel ne s'afficherait ainsi. Reste donc les losers. Croire à une conspiration relève du domaine psychiatrique. Quand elle apparait sur Facebook, une telle ânerie ne doit qu'entraîner un appel de service rapidement reléguer aux bleus en formation. Il n'y a peut-être que Dan Brown ou William Gibson pour y trouver une inspiration créative.

3- Les points 1 et 2 montrent que la motivation à un tel geste est tout autre. La notoriété. Cet ado ne cherchait ni à faire un acte politique, encore moins terroriste, ni à communiquer un message. Il cherchait la notoriété. Aujourd'hui, l'acte artistique est warholien. Quelle est la question de sondage qui apporte la plus grande viralité? La question a été créé dans le seul but de provoquer le maximum d'impact viral. Tel est la condition humaine à l'ère du 2.0.

Notons que le jeune possède cette double compétence, celle de programmer une application Facebook et de saisir l'esprit du temps, ce qui fait de lui un magnifique spécimen fonctionnel dans la société d'aujourd'hui.

On aurait peine à croire que les américains stresseraient à propos d'un 'Faut-il tuer yzokraS?' (je verlan pour éviter les indexations hors contexte) ou la même chose avec Ahmadinejad.

Il faut être en diapason avec son milieu et son époque pour provoquer. "Pour commencer, je voudrais que vous tous fassiez attention à ce que vous postez (...)". L'ado a bien compris le message. Il a fait très attention à ce qu'il a posté...

Documentaire interactif recherché

Hugues Sweeney de l'ONF m'envoie ce petit rappel concernant l'appel de projets interactifs au Doc Circuit Montréal dans le cadre des Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal (RIDM 2009).
Trois projets seront retenus pour une présentation devant jury et public le 12 novembre

Le gagnant recevra une bourse de $7500 pour le développement d’un projet de documentaire interactif.

Date limite de soumission: 9 octobre 2009

Détails: www.onf.ca/defi-multimedia-2009