Internet a définitivement démocratisé les moyens de production de l'information (que tous ne s'en prévalent pas est un autre débat). Mais avec l'autopublication sans barrière sur le réseau, on a assisté à une multiplication exponentielle des sources d’information et le moins que l'on puisse dire est qu'une chatte n'y retrouverait pas ses petits.
Pas que l'information soit de mauvaise qualité, mais il est noyée sous le bruit (discours dominant chez les biens pensants, où évidemment leurs paroles, elles ne sont jamais du bruit). Car si l'accès n'est plus un problème (je dis bien l'accès, car «retrouver» est une autre paire de manches), on ne sait plus où donner de la tête.
En fait, la principale conséquence de la surabondance de l'information n'est pas un déficit technologique (les outils sont probablement presque tous là pour retrouver à peu près tout), mais un déficit cognitif.
Si l'accès au contenu n'est plus un problème, la nouvelle barrière est notre capacité limitée de réception. C'est donc une limite "humaine" et non “technique” .
Le filtrage social émerge comme stratégie de navigation
Diverses stratégies sont déployées pour retrouver le sens dans toute cette mer d'information. On assiste à des regroupements par communauté d’intérêts, à des créations de cercles de filtres par affinités. On partage d’informations dans son propre réseau social. Et l'information acquiert une valeur, un sens, quand il est filtré par mon réseau social. Le passage à travers le filtre social lui donne un sens: il est d'intérêt pour mon réseau, donc pour moi.
À l'époque de la rareté, avec les médias traditionnels, l'information nationale ou régionale --peut-être même de ma ville-- était accessible en «gros». Mais c'était une information plutôt standardisée (un consensus de la moyenne des goûts) et non pas personnalisée.
L'information de proximité a toujours été plus populaire que l'information internationale: principalement à cause de l'abstraction des conséquences réelles [vous allez peut-être bientôt vous intéresser plus à Athènes et sa crise financière quand la contamination atteindra votre coin du monde].
Mais la proximité s'est aujourd'hui dématérialisée pour inclure ce qui est proche de vos intérêts et non plus proche physiquement de vous (la proximité physique est une conséquence lointaine d'un monde où télécommunication et déplacement étaient limités). On peut s'attendre à une augmentation du partage des tensions partout dans le monde dû aux multitudes de connexions par delà les frontières, via les nouveaux canaux en temps réels, car chacun pourra se sentir touché par un événement loin de chez lui.
Le média c'est moi
En étant au centre de cette sphère de filtre social, s'il est bien construit, on s'offre une vision en accord avec nos intérêts. Mais qui n'est pas exempt de «bruits», c'est-à-dire d'informations non sollicitées qui nous permettent de sortir de vos ornières. Mais ce ne sera plus le privilège de nos merveilleux journalistes, toujours soucieux de nous dire ce qu'il faut voir ou entendre.
S'il fallait avoir un autre exemple de l'arrimage entre les médias sociaux, dont je vous entretiens depuis un an ou deux, c'est ce fameux bouton «j'aime» de Facebook, («FB like button»). Il permet à votre réseau social sur Facebook de virtuellement «filtrer» l'information de vos canaux traditionnels.
likebutton.me vous permet de voir ce que votre réseau partage, classé par catégories et canaux de diffusion. Quels sont les liens partagés sur le New York Times, Le Washington Post? Likebutton.me vous montre ce que votre réseau a partagé.
Au pupitre des journaux traditionnels, les experts font leur possible pour donner une «forme» à l'actualité quotidienne. C'est bien, c'est beau. Mais ce n'est plus suffisant.
Si je lis ces journaux, c'est qu'il m'intéresse. Et j'estime donc ses lecteurs. Et ce que ses lecteurs choisissent de lire (et de partager) m'intéresse tout autant. Et si c'est mon réseau personnel qui partage, alors ça devient franchement intéressant.
Tous les journaux devraient faire de même et inclure un accès aux réseaux sociaux les plus populaires. Un avantage de la lecture «en groupe»: on lit plus. On clique plus.
Quelqu'un prend des notes?
28 avril 2010
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2 commentaires:
Comme dans les Archives de D'Alembert ! ;)
Val ;-)
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