Blog rentre dans le Petit Larousse
BLOG n.m (mot angl.). Site Web sur lequel un internaute tient une chronique personnelle ou consacrée à un sujet particulier. SYN. : weblog.
Mmm. Pas de trace de Bloc-Note comme le recommandait récemment la Commission générale de terminologie et de néologie (France 2005) ;-) ou de 'blogue' de L'Office québécois de la langue française (2000) :-(.
Le premier terme je peux comprendre, mais le second a été volontairement ignoré. Encore un régionalisme qui vient d'être créé de facto.
La définition a l'avantage d'être concis. Mais la concision demande de faire des choix. Examinons-les :
BLOG n.m (mot angl.)...
Nom masculin? Je me demande ce qui a amené la langue française à donner le genre masculin. Au fond, comme c'était un mot nouveau étranger il y avait 50% de chance d'être féminin. Je ne connais personne qui l'aurait féminisé, par contre. Pourquoi? Un linguiste dans sur le fil?
Site web sur lequel un internaute...
Redondance, ici? On circonscrit en fait la sphère d'activité: ce n'est pas pour tout le monde (sinon on aurait écrit Site web sur lequel quelqu'un...). Internaute semble relever de l'appartenance à un club. On évite en tout cas les termes controversés 'journalisme' ou 'diariste', somme toute réducteurs. Je persiste à croire que la notion de public est un élément essentiel du blog (voir
Le blog comme page web avec public ), mais ça aurait rallongé la définition ;-)
...tient une chronique personnelle...
J'avais souligné l'aspect du chroniqueur dans mon billet "La Société des Chroniqueurs". Ce terme possède l'avantage de lier le fait d'écrire dans l'immédiat, l'écriture à chaud, avec une certaine périodicité. L'ajout à 'chronique' du qualificatif 'personnelle' donne une teinte 'diariste' (Auteur d'un journal intime; Écrivain qui tient un journal intime) ou du moins précise (mais sans le mentionner) que l'auteur ne subit aucune contrainte éditoriale extérieure... La notion d'auto-publication est passée sous silence, peut-être parce qu'elle est réputée sous-entendue dans l'environnement Internet.
...ou consacrée à un sujet particulier.
Le 'ou' oppose les deux phrases. La 'chronique personnelle' serait alors un journal intime. Mais le 'sujet particulier' ne s'en trouve pas moins personnel pour autant. Il n'a pas par contre comme objet un 'sujet général'. On tomberait alors dans les limites du portail ou de A-List Blog), flou artistique qu'il faudra démêler un jour.
Synonyme : Weblog.
Étymologiquement parlant, peut-être. Mais je pense un jour que l'on reconnaîtra la différence entre les blogs, les weblogs et les tags : je crois que Del.icio.us (et al.) est le descendant du weblog, mais que les blogueurs sont les descendant des colomnists (pour les blogs à 'sujet particulier') ou des écrivains de journaux intimes (pour les blogs à 'sujet personnel').
La définition du Petit Larousse a l'avantage d'être courte et ma mère la comprendrait. Elle me semble recouper celle du Merriam-Webster:
BLOG noun [short for Weblog] (1999) : a Web site that contains an online personal journal with reflections, comments, and often hyperlinks provided by the writer.
La notion diariste est ici plus présente avec une touche intellectuelle (reflections, comments) et une fonctionnalité explicitée (hyperlinks). La définition française ne parle pas de 'writer' et s'attache davantage au contenu que la définition anglaise qui est un peu plus 'technique'...
Google versus Yahoo : le combat n'aura pas lieu
C'est Sylvain Carle qui m'a dit ça:
1. Yahoo occupe le territoire de l'entertainment en ligne que AOL cherchait à occuper il y 10 ans.
2. Google occupe le territoire de l'accès au contenu d'Internet que Yahoo cherchait à occuper il y 10 ans.
Très bon constat.
L'annuaire qui voulait devenir un boeuf
En Amérique du nord, on se rappelle d'AOL comme étant le géant numéro 1 qui cherchait à contrôler l'accès à Internet et à proposer du contenu "riche" (dans un environnement propriétaire). Aujourd'hui, Yahoo occupe ce territoire avec son portail (dans un environnent ouvert TCP/IP): aux États-Unis, il est la destination numéro 1 pour ce qui est du contenu structuré. Mais sa portion "annuaire web" est passée au "deuxième écran" (il faut maintenant "scrollé" pour le voir), car ce n'est plus sa priorité.
Le roseau et le chêne
On se rappelle pourtant qu'il y a 10 ans, Yahoo était l'annuaire par excellence de l'Internet. Avec sa célèbre grille de navigation, son indexation manuel, ses "what's new", Yahoo était la porte d'entrée numéro 1 sur le web. C'est le territoire qu'occupe Google, aujourd'hui, avec son algorithme. Google est devenu incontournable : le "data" du web qui n'est pas sur Google est réputé inexistant...
Cela explique pourquoi aussi que Yahoo, qui se trouve à égalité avec Google aux États-Unis, est partout dans le monde en perte de vitesse. En s'occupant du contenu, Yahoo devient culturellement marqué : comme tout portail, son public se restreint à des marchés nationaux ou locaux.
Les fables de l'Internet
Dans les conditions actuels, je ne crois pas qu'il y aura un combat de titan entre Google et Yahoo, du moins pas de façon frontale, peut-être sur certaines marches, en périphérie, dans des manoeuvres de contournement, car il est clair qu'ils n'occupent plus le même territoire. C'est devenu un mythe.
Voici leur mission
Yahoo : To be the most essential global Internet service for consumers and businesses. (source)Il reste qu'ils représentent deux conceptions très similaires "d'interface à l'information". Mais leurs mission semblent se distancier aujourd'hui. On comprend aussi pourquoi le premier reste américain et le second est mondial...
Google : Organize all the world information and make it universally accessible and useful. (source)
Le reste n'est que fabulation.
(Texte légèrement mise à jour vendredi 8 juillet 2005)
15 000 jours
15 000 jours. C'est l'âge que j'ai pile aujourd'hui. Un "anniversaire" fêté avec ma famille et mes amis. En toute simplicité.
Nihao, la cigogne !
Et je reçois en même temps un courriel de mon ami qui vient tout juste d'ouvrir un blog pour nous tenir au courant de son voyage en Chine pour aller chercher sa deuxième fille. Beau, touchant, plein d'émotion, voilà un bel exemple de blog relationnel.
Nihao, la cigogne ! : "Le destin, c'est comme une forme de rendez-vous hasardeux avec la vie et auquel on donne un sens."
La blogosphère rythmée
- Le blog comme outil technique distinct
- Une enquête sur l’idée de « journal »
- La notion de communauté
La première partie examine la place de la datation et de la présentation chronologique inversée.
Ensuite, autour de la notion de journal, il cherche à comprendre se qui se joue derrière le "contenu" des blogs, ces "journaux en ligne".
Dans la troisième partie, il aborde la question du collectif, de la communauté des blogueurs. Notamment celle de Skyblog.
Les billets d'Alain méritent le détour parce qu'ils mettent en évidence que la blogosphère possèdent un rythme (cardiaque?) qui constituent à la garder en vie. Expliquons.
Ordre chronologique inversé
Selon Alain cette particularité des blogs n'est pas un banal détail technique.
D’après cette convention, l’ordre d’écriture, celui de publication, et l’ordre de lecture sont les mêmes. Il s’agit bien d’une convention, pas d’une norme technique : l’auteur, l’éditeur, le lecteur font « comme si » le dernier mot lu était le dernier écrit, ou publié. (Source)
Jusqu'à la lecture de son billet, j'ai souvent pensé la particularité de l'ordre chronologique inversée comme une métaphore du fil de presse. Mais au fond, je crois qu'il faut le voir comme une pagination horodatée. Quand je rempli mon carnet (papier), chaque page indique ma progression. La date est accessoire. Quand je rempli mon carnet (web), c'est le temps qui indique ma progression. La date joue un rôle de classement.
Or pourtant rien n'empêche d'écrire sur le web sans date. Par exemple en utilisant un wiki. Mes idées seraient tout aussi bien servies. La date sur le blog n'est donc pas anodine.
Synchronisation
Pour le blog, la datation joue un rôle catalyseur.
"Pour les médias qu’on peut qualifier d’ « asymétriques », où il n’y a pas simultanéité ou « co-temporalité » de l’émission et de la réception, et/ou pour les médias périodiques, que la périodicité soit physique/externe (presse) ou artificielle/interne (télé, radio), la date de publication joue un rôle important de programmation : c’est elle qui assure qu’une partie de l’audience sera au rendez-vous.
(...)
La datation et l’ordre chronologique inversé ne produisent pas seulement le « rendez vous » nécessaire pour rapprocher le blogueur et ses lecteurs.
Plus généralement ils créent une co-temporalité rhétorique, une impression de faire la « même chose en même temps », finalement, un « cadre de vie » commun aux blogueurs.
(Source)
La date ne sert pas seulement à dater un écrit. Ce qu'Alain dit, c'est qu'elle sert à créer une simultanéité aussi entre les blogs, dans la blogosphère. "Ce n’est rien d’autre, mais dans le cadre du « self-média », de l’expression individuelle, que l’équivalent de la grille des programmes, un autre exemple de cette tendance à la synchronisation des activités et des esprits, caractéristique des mass médias." La date sert à créer et à rythmer la blogosphère.
La blogosphère rythmée
La fonctionnalité de la date dans un outil blog transcende sa simple fonction. Il donne vie à ce qui ne serait que des pages webs, de l'information. En ce sens Technorati, bloglines et les agrégateurs de blogues en ligne sont des organes vitaux pour faire vivre ce média.
La temporalité de la blogosphère est déterminante, à mon avis. C'est ce qui la distingue de la sphère intellectuelle universitaire notamment (qui est rythmée par les idées) - les wikis comme craowiki sont, dans ce cas, plus proche de ce lieu de communication sans date, axé sur les idées, que les blogues en général.
La marche du temps correspond plus à une expérience ressentie qu'intellectuelle. La chronologie constitue la façon profane la plus répandue de classement des expériences. L'espace rationnel la considère comme un attribut parmi d'autres.
La blogosphère tendrait donc à être moins rationnelle, plus marquée par le relationnel. D'ailleurs, le côté diariste est, qu'on le veuille ou non, l'utilisation majoritaire des blogs. Mais le fait que le taux d'abandon des blogues soit plus élevé pour ce type d'utilisation indique que le blogue, pour l'aspect relationnel (de type émotionnel/intimiste) n'est peut-être pas l'outil le plus approprié (le Instant Messaging ou les forums constituent une alternative peut être plus adéquat pour l'aspect relationnel).
L'un n'empêche pas l'autre. Mais on ne peut évacuer le relationnel qu'induit le blogue.
Une carte du territoire
Une géographie de la blogosphère semble démontrer que ces deux types (blog intimiste et blog d'idées) sont cloisonnés. Alain donne l'exemple des deux millions de blogs de Skyblog. Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais rencontré un seul de ces blogues en déambulant d'un billet à l'autre, ou en utilisant un moteur de recherche. Je dois taper directement l'adresse de skyblog pour les lire.
Je m'avancerais à illustrer la blogosphère comme un immense territoire rythmé par le temps qui passe, constitué d'un vaste territoire, d'un hinterland, où l'immense majorité des blogs vivent en petites tribus, peu denses, hors des grands axes communicationnelles, avec parfois des rassemblements urbains regroupant des blogs plus actifs, culturellement plus riches. La capitale de cet "état" serait les A-List Blogs, ces blogs-médias, les slashdot de ce monde et autre boing-boing, qui constituent à élever le skyline du centre-ville à des sommets impressionnants.
Mais tous nous vivons sur le même fuseau horaire...
Le blog n'est pas un weblog
Or, Alain Giffard dit "le blog est autre chose qu’un web/ autre chose qu’un log/ autre chose que la combinaison des deux." (Source)
Cette idée est fertile car elle permet de voir se dessiner une définition du blog qui s'affranchit de son aspect technique.
Alain Giffard ajoute que les premiers logs étaient des opérations de veille, de filtre et d’aiguillage. Il fait commencer le weblog à Tim Berner-Lee. J'inclurais aussi les Chroniques de Cyberie.
"Fondamentalement, dit-il, [les weblogs] visent et permettent de renforcer la connectivité du réseau. (...) Le log enrichissait le web, le web était la condition et la matière du log."
Si on tombe d'accord sur le fait que les blogs ne sont plus des "weblogs", c'est à dire des logs de sites web alors les blogs serait une évolution du weblog, forme elle-même évoluée des bookmarks.
Alain parle que cette évolution aurait démarrée en 1999 quand Peter Merholz créait le mot blog, le séparant en we (nous) et blog : we blog (nous bloguons).
Cette idée est fertile car elle me permet de dessiner un arbre généalogique : le weblog aurait ainsi donné naissance à deux branches plus spécialisées, les blogs (pour ce qui est de faire le "pointage" des idées ou des sentiments) et le social tagging à la del.icio.us (pour ce qui est du "pointage" des sites webs).
La première branche, les blogs, s'est spécialisée en création de contenu, et la seconde en liste de pointeurs (tagging).
J'en tiens pour preuve le fait que maintenant plusieurs blogueurs utilisent un service comme del.icio.us pour indiquer leur découverte et ne se dérangent même plus à la publier dans leur blog. Dans mon cas personnel, j'ai un fil rss de liens del.icio.us séparé. Mais certain vont jusqu'à créer un fil amalgamé qui inclue dans leur fil web de blog le fil web des bookmarks. Même que certains y ajoutent leur fils Flickr (images).
Le blog, nouvelle manière, naturellement, reste ainsi réservé à un espace de création de contenu personnel...
PS du 14 juin : Lire le billet De la bûche au bloc de Marc-André pour connaître une explication étymologique derrière le mot weblog
Etre journaliste sur le web...
Apophenia pose une question : "Are Bloggers Journalists?" Elle répond "Wrong Question."
(tableau : Martine Rassineux "Les Rois")
Elle souligne que l'on peut tous nommer des carnetiers qui ne sont pas et qui ne veulent pas être des journalistes. Ça ne les rabaisse pas à de simples diaristes, non plus.
Elle propose de changer de métaphore. Le papier. Quel usage en font les gens? Prendre des notes, écrire des listes, documenter leur vie et publier des idées. N'est-ce pas ce que l'on fait avec les blogues? Techniquement, ce sont deux outils différents. Mais l'usage est similaire. C'est un carnet de note. Ouvert, dans mon cas.
Mais si un bloggueur fait du journalisme, est-ce que le choix d'un écran au lieu d'un papier réel fait de lui un sous-journaliste?
Et comment fait-on pour déterminer qui est journaliste?
Hé bien, historiquement la sélection se faisait sur la base de l'accès au matériel, c'est à dire au papier et à la presse à imprimer. Les institutions se sont bâties sur cette accès exclusif. L'institution pouvait ensuite 'nommer' qui était journalisme. L'institution avait l'autorité de faire ainsi parce qu'elle possédait le monopole. Personne ne pouvait, seul, par mérite, devenir journaliste, s'il ne possède pas déjà les presses...
Les corporations commerciales se sont appropriées ce droit : la propriété donne l'autorité. Il n'existe pas d'organisme indépendant qui nomme les journalistes...
Mais aujourd'hui l'accès à la diffusion érode leur pouvoir. Plusieurs sites offrent des blogues gratuits. Une nouvelle façon de se créer une autorité s'installe lentement. Quelque chose basé sur le mérite.
L'accès se démocratise
Mais ne soyons pas trop vindicatif. Ce n'est qu'un changement de garde, pas une rupture. L'accès à la diffusion poursuit son lent chemin jusqu'au grand public ...
Bienvenu à l'ère des médias citoyens...
AJOUT 11 juin:
Alain Joannès dans un commentaire sur mediaTIC blog ajoute plus de clarté à la question 'qu'est ce qui fait un journaliste':
Il dit en substance :
1- Un journaliste est quelqu'un qui a un accès privilégié aux sources d'information (grâce à la crédibilité de l'institution ou plus rarement par sa propre crédibilité)
2- Un journaliste est quelqu'un possédant une culture professionnelle et technique
Un blogueur qui raconte ce qui se passe dans son entreprise n'est pas automatiquement un journaliste, c'est un "insider".
Un blogueur peut assister au déroulement d'un fait d'actualité important, c'est un témoin.
Ce qu'Alain amène c'est qu'un journaliste fait partie de l'institution. Et l'institution crée les journalistes...
Rien n'empêche un blogueur de faire "comme si". "Une crédibilité personnelle donne un accès privilégié à certaines sources d'information" (pensons aux universitaires). Une technique bien maîtrisée permet au blogueur d'égaler le journaliste.
Ce sera alors un blogueur qui fait du journalisme. Pourquoi pas. Je suis sûr qu'on pourrait trouver des exemples. Mais, comme Alain, je crois plutôt que la blogosphère démontre tout sa puissance par « un devoir de vigilance qui devrait inciter les bloggeurs à corriger les erreurs, compléter les informations tronquées, dénoncer les lacunes, les défaillances, les abus journalistiques ».
AJOUT 12 juin
Pour mémoire, l'origine de la discussion à propos des blogueur-journalistes est bien synthétisée par Danah Boyd in Broken Metaphors: Blogging as Liminal Practice (PDF) (les italiques sont de moi)
Consider this New York Times headline: “Web Diarists Are Now Official Members of Convention Press Corps” . Although the author consistently uses the selfascribed term blogging when discussing the practice of her interviewees, the editorial staff chose to label the article using the common metaphor furthest removed from a conception of journalism. This headline is innately political, revealing biases of the editors:
1) Bloggers should not be given credentials because this implies that bloggers are journalists.
2) Bloggers are not journalists (like us) and it is problematic (to us) that they are perceived this way.
To remedy their concern about how blogging is perceived, the New York Times chose not to use “bloggers” in their headline. By employing “web diarists,” they signify that bloggers are not journalists because their content is solely about personal experiences.
This headline also serves to discredit the convention press corps for allowing nonjournalists to participate. Bloggers, in turn, read the headline as indicative of the New York Times’ fear that bloggers challenge the legitimacy of traditional journalism’s authority.
(Source) (PDF)