Après l'interconnexion des réseaux sociaux du web 2.0, on peut imaginer que l'interconnexion des objets à travers internet sera dans la prochaine décennie une la source d'innovations et de ruptures tout aussi stupéfiante.
La réalité augmentée est l'expression consacrée en ce moment pour désigner les applications qui superposent à la perception tactile ou visuelle de l'environnement des stimulus provenant des objets.
La réalité augmentée désigne ces différentes méthodes qui incrustent des objets virtuels par dessus notre perception du monde réel, en y ajoutant des informations supplémentaires, non perceptibles sans un outil particulier (en général l'ordinateur ou le mobile).
Le concept de réalité augmentée («augmented reality» en anglais) n'est pas récent: il sort enfin des laboratoires et des studios d'artiste pour rejoindre le grand public. Hier, 29 mars prochain, est sortie l'édition spéciale « 50 ans » de Télé 7 jours en réalité augmentée, où Johnny Hallyday en couverture s'adresse au lecteur. En quelques mois, le phénomène est en passe de devenir grand public.
Je vous propose en 5 billets un petit récapitulatif en guise d'introduction à la réalité augmentée:
[5/5] Est-ce que 2010 sera l'année de la réalité augmentée? C'est aller un peu vite en affaires. Elle est surtout cantonnée à des expériences marketing pour l'instant, premier contact pour le grand public. Le vecteur de propagation mainstream sera probablement les applications touchant le «local augmenté», où on pourra s'informer sur un lieu «just-in-time». Conclusion de ma série sur la Réalité augmentée
La réalité augmentée, en reliant un objet à du data en ligne, permet quelque chose de diamétralement opposé au web: naviguer sur le web, c'est encore aujourd'hui, être physiquement en un endroit (devant son écran d'ordi) et vagabonder ailleurs dans le monde virtuel de la connaissance, à des lieux d'où on est. Il y a une dichotomie entre où se trouve sa tête et où se trouve son corps. La réalité augmentée est profondément ancrée dans l' «ici et maintenant».
On est/doit être présent dans un lieu pour expérimenter cette réalité augmentée. Les «objets qui parlent» ont physiquement des coordonnées spatiales et non pas seulement un URL.
C'est un peu sens du «locative media, nouveau concept pour exprimer le «média» attaché à un lieu et permet des interactions sociales (asynchrones ou non).
Les applications «hyperlocales» sont les têtes de pont entre le virtuel (les datas en ligne) et le réel (les «immeubles» qui ont des coordonnées), et vu le véritable avantage de posséder des informations sur un lieu, il ne serait pas étonnant que ce soit par ce vecteur que se démocratisera l'usage des la réalité virtuelle.
Certains peuvent dire que la réalité augmentée distrait du réel, mais il faut y voir a priori plutôt une chance de transporter avec soi un savoir tacite qui nous permet d'intégrer un nouvel environnement plus rapidement.
Les commerçants veulent vous augmenter la réalité pour diminuer votre portefeuille
Les commerçants ont rapidement vu le potentiel et ils sont les premiers à vouloir «augmenter notre réalité». Par exemple
- Les marques de céréales, en manque de traits distinctifs, chercheront à se distinguer de leurs concurrents [le genre d'expérimentation qui réduit le phénomène à un gadget inutile]
- Les Legos augmentés: offrir de voir le produit final avant d'acheter
Comprendre le monde qui nous entoure
Parfois l'idée n'est pas de vous faire acheter quelque chose, mais de vous aider à comprendre comment marche le monde.
Pour les aveugles, par exemple, la »réalité augmentée» peut leur permettre d'interpréter les objets: la valeur d'une note de banque par exemple. Ou, comme dans le prochain exemple, offrir une «interaction encyclopédique» avec des réalités biologiques difficiles à expériementer : quelle grandeur a le foetus dans le ventre de la mère? L'expérience, pour être «virtuelle» n'en est pas moins très près du réel.
- How big is the baby?
- Relier le papier au numérique
Dans l'exemple au-dessus, Rocoh propose «icandy» qui identifie du contenu non pas à partir de code-bar, mais à partie de la signature visuelle du texte: les caractéristiques naturelles de la page forment le code (ou plutôt le pattern) qui est reconnu par une base de données et permet de recevoir de l'information supplémentaire sur un magazine, ou un livre. Amazon a fait l'acquisition l'an passé de SnapTell qui fait à peu près la même chose (avec la différence que l'application permet de trouver l'endroit le moins cher pour acheter le livre).
Les deux exemples suivants le font avec des objets.
- Google Goggles - reconnaissance d'objets
- Nokia Point & Find - reconnaissance d'objets
Les interfaces naturelles
Fred Cavazza a écrit un bon billet sur les nouvelles interfaces naturelles, «bientôt dans notre quotidien», et qui s’interroge sur la pertinence du modèle «écran / clavier / souris». La réalité augmentée fait partie de ces interfaces de l'avenir.
Actuellement la recherche d'informations demande une recherche procédurale (ouvrir son navigateur, aller dans un engin de recherche, taper les mots clefs), alors que les interfaces naturelles, la réalité augmentée et les objets parlants devraient rendre tout ça beaucoup plus «naturel».
Que le succès arrive cette année, je serai surpris, mais on peut parier que «réalité augmentée» a un avenir radieux au courant de cette décennie : l'omniprésence des téléphones dits «intelligents» est le cheval de Troie pour envahir l'espace public et s'incruster dans les habitudes des gens.
Actuellement la réalité augmentée offre de nombreuses possibilités dans une dizaine de secteurs:
- Le tourisme et marché locatif: guide assistée - Le secteur manufacturier et industriel: instruction assistée, réparation - La vente au détail: catalogue augmenté - Les publications: extra interactif - La publicité directe: dépliants augmentés - L' éducation et la médecine: apprentissage et assistance opérationnelle - Le secteur militaire: examen de scénario - L'art, décoration et architecture: prévisualisation in situ - Les jeux: apparition d'hybride jeu de plateau et vidéo
On quittera bientôt le niveau anecdotique pour aller une intégration encore plus essentiel. Cette décennie sera celle de la réalité augmentée...
Un nouvel organisme vient d'être créé au Canada pour supporter la création de contenus numériques canadiens novateurs. Les Politiques et principes directeurs des programmes ont été annoncés aujourd'hui. C'est tout chaud.
Le FMC possède 2 volets de financement :
Le volet expérimental : soutien à la création de «contenus novateurs et d'applications logicielles d'avant-garde destinés à être intégrés à des plateformes médias canadiennes grand public». Enveloppe: 27 millions de dollars. Contribution maximale par projet 75 % des dépenses admissibles ou de 1 million de dollars.
Le volet convergent : soutien à la création de contenus télévisuels et numériques convergents. Enveloppe: 277 millions de dollars
"En accordant plus de 350 millions de dollars sous forme d'aide financière, le FMC renforcera les industries canadiennes de la production et de la diffusion, qui sont appelées à s'ajuster à l'évolution des modes de consommation de contenus du public canadien" a dit M. Roquet, président du conseil d'administration du Fonds des médias du Canada) (source Alliance Numérique).
Relier. Créer. Innover.
C'est le thème, ça. «Relier. Créer. Innover.» Ça fait comme «réseaux sociaux, création, technologie». Bon signe. J'avais participé à une rencontre préparatoire le mois dernier, et je me demandais si les médias sociaux allaient pris en compte. Du moins dans l'intention, ça semble le cas.
Le premier volet me semble le plus intéressant pour l'industrie du multimédia: il inclut les applications logicielles, les contenus expérimentaux non linéaires et interactifs (Web, WiFi, mobile, iPad)et il demande que le concept soit associé à une émission de télévision. Par contre, je me demande ce que veut bien dire "applications liées au milieu culturel canadien...
Classer en trois catégories les diverses applications de réalité augmentée est une façon de s'y retrouver. La première catégorie touche les nouvelles interfaces d'animation à l'écran, la deuxième catégorie touche la surimpression de données en ligne au monde ambiant et la troisième touche la mise en commun massive d'information d'objet communiquant rendant caduque la séparation en-ligne et hors-ligne.
Connecter les objets et les bases de données
La réalité augmentée touchant l’internet des objets cherche avant tout l’efficacité opérationnelle: avec l'apparition d'un plus grand nombre d’objets intelligents et mobiles, sensibles à l'environnement et connectés au réseau, l'information générée ou recoupée peut nous servir à mieux connaître notre monde.
Google a ouvert récemment Goggles dans son laboratoire, un outil de reconnaissance d'image. Il deviendra inutile de chercher avec des mots-clefs, prenez une photo et les serveurs de Google feront du «data mining» pour vous. Lire Snap and Search (No Words Needed)
Les objets parlants
Cette troisième catégorie offre le plus de potentiel industriel à grande échelle. On pourrait y voir trois fonctions: 1- Émettre: diffuser un état ou information pour un usage à la périphérie 2- Capter: saisi des données environnementales 3- Traiter: analyse et recoupement qui permettent la rétroaction
Exemple 1: Le « statut » d'objet - Émettre Le compte twitter d'un pont Le pont de Londres tweet à qui veut l'entendre l'état de son pont-levis. Il émet son état et ses données peuvent être utiles à un autre objet sur le réseau (une GPS de voiture, un bateau, le service de sécurité de la ville).
Exemple 2: Le collectivisme d'objets - Capter La montre verte La montre verte est un dispositif personnel équipé de capteurs environnementaux qui capture des données sur l'ozone et le bruit et stocke les mesures en ligne. Seule, la montre ne sert pas à grand-chose. Collectivement, elle apporte des données globales sur une ville qui n'aurait pas été possible à faible coût et sur une grande échelle.
Exemple 3: Les objets communicants - Traiter Les étudiants de MIT ont réfléchi à des usages possibles d'objets qui communiquent. Dans la vidéo, un billet d'avion indique le retard dans sa mise à jour ou on peut avoir des informations sur le classement écologique d'un produit.
Pour une meilleure contextualisation, regarder cette conférence TED:
John Underkoffler du MIT propose des nouvelles interfaces entièrement basés sur des senseurs -- rendant la manipulation d'un écran semblable à Tom Cruse navigant dans un infosphère dans Minority Report. Les datas effectivement à l'écran, mais ils peuvent être manipuler de façon «tactile». La vidéo originale se trouve ici.
Un exemple simple, ubi-check, est un «système de couplage d'objets» qui regroupe des ensembles de choses dans un espace donné, afin d'alerter si cet ensemble est dissocié (imaginer qu'avant de sortir de la maison, le système remarque que vous avez oublié votre portefeuille.
Associé aux médias sociaux, on peut s'attendre à un usage décuplé principalement pour tout ce qui concerne le côté social (sortie, rencontres, conférences, etc.). On peut imaginer un usage participatif où on peut « laisser » des messages dans des « lieux » virtuels/réels (des graffitis, des notes, des indications, ces commentaires) qui peuvent servir pour soi, sa famille, sa «tribu» ou à tous. Cet aspect existe déjà en-ligne (pensons aussi à FourSquare). Il ne s’agit après tout que d'un changement d'interface...
Une chose est sûre, la différence entre le en-ligne et le hors-ligne ne fera plus grand sens à la fin de la prochaine décennie.
[3/5] Il faut croire que c'est la semaine de la réalité augmentée (RA). Depuis que j'ai commencé ma série sur la RA, Read Write Web a sorti son rapport Analysis of the Leaders, the Challenges and the Future et Time a nommé le RA une des 10 tendances de 2010. Les prochains grands changements numériques prendront racine avec des objets communicants rendant poreuse la frontière entre le réel et le virtuel, connectant données et les choses, les humains et leur environnement. Après l'internet des communautés, c'est l'internet des objets communicants qui marquera le grand public.
La réalité augmentée («augmented reality»), qui est la fille des simulateurs militaires et du cinéma 3D immersif (technologies lourdes), n'utilise qu'une faible bande passante, une basse définition, un usage constant du réseau (via le mobile) et des technologies abordables. Elle se distingue de ce qu'on appelle la réalité virtuelle par le fait qu'elle s'incruste dans notre monde réel.
La réalité virtuelle est une recréation en trois dimensions de notre monde avec laquelle on peut interagir. La réalité augmentée au contraire ajoute en surimpression des éléments virtuels sur notre environnement réel. Par exemple, avec de l'équipement approprié, un ouvrier pourrait voir une flèche indiquant la pièce d'équipement à changer sur une machine.
1- 3D virtuel: La première catégorie explore le potentiel de simulation de l'ordinateur via de nouvelles interfaces. On déclenche à l'écran (2D) des animations semi-autonomes (3D) via des capteurs visuels (webcam) d'un objet référent (généralement une surface 2D, comme la couverture d'une revue ou une feuille avec un code graphique).
2- Couche data: La deuxième catégorie touche la surimpression de données en ligne au monde ambiant. C'est l'exploration du réel via de l'information ajoutée au contexte tiré d'une base de données, via un écran portable (comme les téléphones intelligents).
3- Objet parlant: La troisième catégorie connecte des objets entre eux ( des bases de données et des objets dans notre monde) via le réseau et généralement en direction des humains (comme des un «live feed»).
On a déjà discuté hier de la première catégorie hier qui déclenche à l'écran des animations semi-autonomes via des capteurs visuels (webcam) d'un objet référent (généralement une surface 2D, comme la couverture d'une revue ou une feuille avec un code graphique). La deuxième touche cette fois-ci la surimpression de données sur notre environnement immédiat.
Deuxième Catégorie: une couche data sur notre monde
La deuxième catégorie est plus prometteuse, et elle associée principalement à la mobilité.
Le téléphone portable intelligent comme le iPhone et Androïd avec son accès à internet, au GPS, sa caméra, ses senseurs de mouvement et de position, permet de transporter avec nous l'intelligence de petits ordinateurs devenu sensibles à notre environnement. Dans cette catégorie, il est moins question d'influencer ce qui se passe à l'écran que de voir l'écran influencer nos actes dans la vraie vie.
Layar est une application qui, par reconnaissance de position et du mouvement, permet « d'ajouter » des informations sur notre environnement et de s'orienter (comme une boussole numérique). On devrait assister à l'émergence de multiples fureteurs géolocaux (des «World Browser») qui offrent une panoplie d'info supplémentaire facilement accessible et mise en contexte.
Potentiel: Les éditeurs de guides ou les plateformes web «hyperlocales» devraient emboîter le pas à Lonely Planet qui a annoncé à la mi-décembre 2009 que son application Andoïde couvrirait 5 villes américaines. Mais les villes de moyenne et grande importance ont aussi l'occasion de s'affranchir des éditeurs intermédiaires touristiques pour s'offrir des guides «officiels» sous forme d'application...
En plaquant une couche d'information, Recognizr est une «carte d'affaires augmentée». L'outil offre une plus grande mobilité à de l'information en ligne. Une personne configure des types d'informations qui «flottent» avec elle en fonction du contexte (affaires, personnel) et qui donnent accès aux réseaux sociaux présélectionnés. Il permet aux autres de conserver un lien numérique, suite à une rencontre dans la «vraie vie».
Potentiel: outre la «carte d'affaires augmentée», on peut imaginer des objets qui affichent le lien vers leur mode d'emploi ou divers «liens complémentaires» en fonction de l'heure, de la météo ou autre données environnementales (pollution, traffic, etc)
Le billard demande une grande dextérité et une bonne connaissance géométrique. Dans la deuxième partie de la vidéo, avec la réalité augmentée il possible de voir les conséquences en temps réel de ses choix pour prendre une bonne décision: ici faire entrer une boule en 1 coup. Les règles géométriques du monde sont «projetées» en temps réel sur le monde pour pallier à nos «faiblesses».
La «réparation assistée» permet d'effectuer certaines tâches qui demandaient davantage d'adresse ou de jugement. Certaines manipulations mécaniques se voient ainsi optimisées ou moins dangereuses.
Potentiel: la «réalité assistée» donne l'accès à un savoir-faire basé sur l'habilité et la transmet à des gens moins compétents ou peu habitués. Des «modes d'emploi augmentée» pour monter un meuble Ikéa, pourquoi pas?.
Le «magic projection» affiche dynamiquement du contenu sur une surface du monde réel (ici un tableau mobile). Le procédé est assez simple: des points infrarouges sur le tableau permettent à un détecteur relié à un ordinateur portable et un projecteur de calculer en temps réel des animations. C'est en somme la version inversée de la première catégorie de réalité augmentée: un objet déclenche une animation, mais au lieu de voir le rendu à l'écran, il est transposé sur l'objet lui-même.
Potentiel: Permettre aux données de sortir de l'écran et de venir s'afficher dans la réalité. À terme, on communiquera par la gestuelle sur n’importe quelles surfaces ad hoc. Le «curseur» et «l'écran» sont des objet de notre monde. Tout peut devenir potentiellement un écran ou clavier: des essais se font actuellement sur le corps humain...
Du virtuel dans le réel
Cette deuxième catégorie donne une contextualisation supplémentaire aux lieux et aux objets, nous libérant de la signalétique statique. Elle personnalise notre expérience géospatiale en «embarquant» notre bibliothèque ou celle du réseau dans notre exploration du monde réel.
C'est souvent à cette catégorie que font allusion les gens qui disent que la réalité augmentée sera une «révolution»: c'est une sorte d'assistant personnel de mobilité et les lieux peuvent ainsi «communiquer» ou recevoir de l'information en temps réel. C'est à mon avis le secteur où il y aura le plus de développement au début de cette décennie.
[2/5] Dans la prochaine décennie, je ne m'attends pas à un simple développement incrémentale vers le web 3.0, où la communication sur le réseau sera encore plus aisé, mais bien à une prise en charge par internet des éléments de notre réalité: une communication à deux sens entre le virtuel et le réel décuplera la force du réseau et changera certainement notre rapport au monde. La réalité augmentée fait partie de ces facteurs de changement.
Hier, j'ai identifié hier les trois catégories d'applications de la réalité augmentée. Vous avez été nombreux à apprécier les exemples que je vous ai apportés. Voyons aujourd'hui d'autres exemples de la première catégorie. Je m'attaquerai un autre jour aux deux suivantes.
Première catégorie : le 3D virtuel
La première catégorie explore le potentiel de simulation de l'ordinateur via de nouvelles interfaces. On déclenche à l'écran (2D) des animations semi-autonomes (3D) via des capteurs visuels (webcam) d'un objet référent (généralement une surface 2D, comme la couverture d'une revue ou une feuille avec un code graphique).
En fait, cette catégorie est une «interface» tactile pour contrôler son écran à distance. C'est la réalité augmentée, à sa plus simple expression.
N'importe quels stimuli codés préalablement identifiés (un visage, un objet à la forme caractéristique) peuvent déclencher un programme d'animation à l'écran d'ordinateur (ou d'un mobile). La nouveauté ne tient pas nécessairement au contenu dévoilé, mais à la façon de le dévoiler: l'interface est un objet de la réalité.
Rien de tel que montrer des exemples pour bien comprendre. (Exemples tirés d'un texte que j'ai écrit en décembre 2009 pour RézoPointZéro, et qui a été publié en janvier 2010 ici).
Une fois que la caméra a bien capté le signal sur la carte (une inscription unique, soit un dessin ou un code) l’écran anime un personnage du film. La fascination que procure la réalité augmentée (RA) tient au fait que la main continue de manipuler la carte et que l’animation suit le mouvement en temps réel.
Potentiel: Les « jeux de cartes de bataille » ou de plateau, via un écran mobile (cellulaire, iPad, portable ultra léger) se verraient «augmenté».
Le jeu se veut dynamique: les coordonnées géospatiales du jour ont un impact direct sur le jeu (trop près et les «zombis» vous lancent des choses). Les expérimentations ludiques explorent toujours la voie avant que les applications pratiques émergent.
Cette vidéo montre un code déclenchant des animations vidéo riches à partir seulement de la couverture d'une revue qui sert de «clef». Dans le cas de cet exemple, il faut avoir préalablement téléchargé une application du site de la revue -- ce qui est tout de même hasardeux sachant que le téléchargement sur le bureau n’est pas très apprécié des utilisateurs). De plus, la lecture de divertissement ne se fait généralement pas à côté d'un ordinateur --d'où l'impression de «gadget».
Potentiel: Dans le cas d'un usage professionnel,on pourrait imaginer que de multiples métadonnées contextuelles soient encodées dans la forme même de la mise en page, déclenchant l’accès aux archives sonores, vidéos complémentaires ou biographiques de l’auteur. Pensons à une démonstration d'un théorème dans une revue scientifique ou un exemple publicitaire dans une revue de marketing.
On pourrait voir réapparaître les livres utilitaires qui offrent à la fois le confort du toucher (le papier) et la finesse du contexte en 3 D virtuel (via Publigeekaire)
L'animation est une reproduction d'une voiture. L’expérience n’est limitée que par l’imagination des concepteurs. Toyota offre la possibilité de « voir » sa voiture sous tous ses angles. Dans ce cas-ci, la miniaturisation offre une certaine aisance pour évaluer visuellement une voiture au niveau de son design.
Potentiel: Quand les «trois dimensions» offrent plus de contextes que des photos, ce type d'usage peut permettre de se faire une idée d'un objet (de son fonctionnement). Dans les classes ou en formation, en mode autoapprentissage, on peut imaginer avoir un ensemble de cartes marquées et leur combinaison déclenche des animations -- réaction chimique entre deux produits par exemple...
La possession de l'objet est la clef pour déclencher les actions. Il est possible aussi d'acheter des billets de concert et de voir du contenu exclusif (via Sa Dingding)
Potentiel: Il peut devenir un moteur pour réactiver la vente de contenu immatériel sur un support matériel.
La réalité augmentée «for the rest of us»
Cette première catégorie de réalité augmentée circule depuis 1 an, principalement dans des niches hi-tech (jeux vidéo notamment) et artististiques. Les applications commerciales surfent encore sur le côté «nouveauté» de la chose et ne poussent pas encore plus loin le concept. Il faut reconnaître que le concept qui se regroupe dans cette première catégorie de RA est encore limitatif :c e n'est qu'une autre façon alternative de piloter son écran.
Cette technique emprunte la logique du code-barre 2D (QR code-bar) où c’est la forme et les inscriptions d’une image détectées par la caméra qui déclenche un programme à l’écran (généralement une animation en Flash ou une vidéo). Il faut préalablement avoir ouvert le programme (généralement une page web) pour que le code sous forme d’image enclenche le programme.
Dans un prochain billet, nous verrons la deuxième catégorie de réalité virtuelle, qui permet de s'émanciper de l'ordinateur et vraiment interagir avec le monde extérieur (et non seulement avec l'écran).
PS: 21h30 Je viens de trouver que CommonCraft vient de sortir aujourd'hui un petit vidéo comme seule eux savent faire qui explique la réalité augmentée.
[1/5] À tous les journalistes qui me demandent encore quel sera le prochain Twitter, je leur réponds systématiquement que la décennie naissante nous réserve de bien plus belles surprises qu'un autre Tweetbookbuzz.
Après l'interconnexion des communautés (le web 2.0), c'est l'interconnexion des objets et des datas. Bien sûr, je voyais bien le désespoir du pauvre reporter sentant la date de livraison s'approcher: ce n'est pas aussi sexy que de trouver le nouveau réseau social à la mode (oubliez ça, nous rentrons dans l'ère de la consolidation). Heureusement, les exemples de réalité virtuelle commencent à se multiplier.
Le concept de réalité augmentée («augmented reality» en anglais), où on superpose une couche data virtuelle sur une image/vidéo de la «réalité», n'est pas récent. Mais il sort des laboratoires et des studios d'artiste pour intégrer le monde d'internet. Et les commerçants commencent à y voir du potentiel.
J'avais énuméré 3 types de «réalité augmentée» en début janvier. Reprenons-les rapidement ici (je donnerai plus d'exemples dans les prochains jours).
Les trois catégories de réalité augmentée
1- 3D virtuelle: La première catégorie explore le potentiel de simulation de l'ordinateur via de nouvelles interfaces. On déclenche à l'écran (2D) des animations semi-autonomes (3D) via des capteurs visuels (webcam) d'un objet référent (généralement une surface 2D, comme la couverture d'une revue ou une feuille avec un code graphique).
2- Couche data: La deuxième catégorie touche la surimpression de données en ligne au monde ambiant. C'est l'exploration du réel via de l'information ajoutée au contexte tiré d'une base de données, via un écran portable (comme les téléphones intelligents).
3- Objet parlant: La troisième catégorie connecte des objets entre eux ( des bases de données et des objets dans notre monde) via le réseau et généralement en direction des humains (comme des un «live feed»).
La couche data peut être aussi de l'information transmise en temps réel. Ici, une deuxième caméra permet de «voir à travers les murs» (NewScientist)
Les objets parlants utilisent Twitter pour annoncer leurs «statuts»: le cas du pont de Londres sur la Tamise. Le pont-levis «tweet» à qui veut l'entendre l'état de son pont-levis. Il émet son état et ses données peuvent être utiles à un autre objet sur le réseau (une GPS de voiture, un bateau, le service de sécurité de la ville).À ne pas se tromper avec le pont Jacques-Cartier sur le St-Laurent à Montréal: il s'agit bien d'une personne (officielle) qui utilise le canal.
Développement
Probablement, encore, ce sera via les jeux que la technologie se répandra rapidement dans toutes les couches de la population.
Sky Siege (3$ sur iPhone) utilise la boussole et l'accéléromètre du iPhone pour créer une fenêtre vers un monde parallèle dans votre pièce, rendant le jeu plus immersif (via GizModo)
La réalité augmentée commence à sortir de l'étape de simple gadget pour devenir un outil important d'accès aux informations de façon réellement plus intuitive et en contexte. Nous verrons dans les prochains jours d'autres exemples...
Compte rendu de notes prises au colloque international sur l'avenir du journal indépendant.
J'ai repris les gazouillis sur Twitter. J'ai corrigé les coquilles quand je pouvais. Je ne peux garantir que les citations sont texto ce que la personne à dit mais, sauf erreur, c'est le message qu'ils ont passé.
Je ne vous conseillerais pas du tout de prendre ça pour des citations. Je sais que la journée a été captée sur vidéo: quelqu'un pourra faire alors le recoupement. [voir plus bas sur plus de contexte sur la prise de note]
M. Poulet n'a pu venir au colloque dû au décès de son père. Nos condoléances à la famille.
Picard: Le journalisme ne sera plus un média de masse
Keeping the same format for every news article: suits recycling. No wonder why people don't find value there
Freelance doesn't work very well at local level
Traditional news are the worst tool to serve small communities (85% of their expenses are non-editorial)
Times are not particularly good for retail advertisers; newspapers make their money with 2/3 retail ad
Advertising is becoming less important for marketers; they are going where they can have a better ROI
«News Press cultural problem: they want to do everything themselves (printing, etc). They will have to collaborate
Most news organizations won't have 2 revenue sources: multiple sources
Every newspaper that went into bankruptcy in USA was making operating profits
Historic news business models: Emperor business elite, social elite, advertising based. Public interest not only version of news !
Essoufflement du modèle d’affaires de la presse des 30-50 dernières années, abusivement structuré autour de la pub
Journalists don't like their publics. Don't contact me, phone me, etc. That has to change.
The public was acted upon, not interacted with
Public won't tolerate being passive anymore with Media's one way communication
Sur le besoin de se rapprocher du lectorat vs vision élitiste de la presse et du journalisme aux XIXe et XXe siècle
Journalism will no longer be a mass media
When you look at current news orgs only 20% is doing what is defined as journalism.
Importance de repenser le rôle et l’impact de la presse, ainsi que du type d’information produit
Les médias d’info doivent hausser leurs standards pour assurer leur futur...
Dunlap: les journaux n'utilisent pas [à pleine capacité] les outils internet
I'm not saying that journalism shouldn't be funded by government, I say that we should be precocious
Be careful when we make changes; about what we are gaining and what we are losing
The technology for customized info services is there and the newspapers are not using it.
Non-profit ownership news and training for journalists: St Petersburg Times owned by Poynter Institute
Plenel: Le numérique est au coeur de l'avenir du journalisme
Pour une dynamique collective en moment de crise (l'individualisme ne marche que lorsque tout va bien)
Éviter d'être dépendants de gros monopoles: laboratoires et recherches en commun pour réinventer la participation
Le numérique est au coeur de l'avenir du journalisme
La publicité figée de la presse papier aura-t-elle toujours la même pertinence à l'ère numérique ?
Schizophrénie du paiement sur papier et gratuit en ligne
Le numérique est au coeur de l'avenir du journalisme
Presse enjeu démocratique: la puissance publique ne doit pas s'en désintéresser (aide indirecte: détaxer abonnement)
C'est à nous journalistes de ne pas nous contenter de reprendre telle ou telle dépêche. «J'ai vu, je raconte»
Miel: «Blog isn't anymore a distinctive factor; it is like saying something is written on paper»
Valeur du journalisme pour le public: Educate public on the role of media and on why it matters to have independant journalism
How far along “participatory media” are in complementing (or replacing) traditional Big Media http://bit.ly/9DFEyo
«Blog isn't anymore a distinctive factor; it is like saying something is written on paper»
Ceasefire btwn bloggers and journalists not over.
«The question is not the survival of newspapers: it is who gonna report on local news»
Huge gap being left in new media: local news area
Honderich
Local sources provide no value for national publics. Correspondents necessary for local contextualization
Nivat: Pour se reprocher de la complexité de la réalité, il faut ralentir
«Les flux permanents de l'information formatée ne nourrissent pas»
Beaucoup moins cher d'envoyer un journaliste indépendant en Irak qu'un employé (moins responsabilisant aussi)
La compétence et la rigueur déterminent la valeur d'un communicateur, pas le support.
L'argent: être journaliste indépendant c'est pratiquer son métier avant de penser à l'argent
Pourquoi les journalistes classiques n'ont-ils pas compris qu'ils doivent s'ouvrir aux autres [blogueurs] et se différencier?
n'aurait pas fait ce chemin si elle avait été salariée d'un média
C'est le récit [journalistique] et le récit, ça ne s'invente pas
Si les reporters de guerre ne vont plus sur le terrain, ce sera la communication de presse des armées qui prendra la relève
«l'État français ne veut pas médiatiser l'affaire du kidnapping des 2 journalistes en Afghanistan»
Donner la parole à un haut gradé de l'armée américaine et à un jihadiste dans un même article ne rend pas objectif
Pour se reprocher de la complexité de la réalité, il faut ralentir
En journalisme, «il n'y a que le terrain qui compte»
Les guerres, ça lasse, dixit Anne Nivat. Lorsque tout a été couvert une fois, en parler ne vaut plus la peine ?
War insurance is of no utility, absolutely no guarantee
Commentaires
Michel Dumais au micro: dans l'atomisation de la chaîne économique de la presse, y a-t-il de la place pour le journaliste indépendant/entrepreneur? (Frédéric Bascuñana sur Twitter: «oui, ça s'appelle un blogueur qui a trouvé son audience :-) Non ?») Et Picard sur la scène de répondre: -«Freelance doesn't work very well at local level» Prise de notes Les prises de notes sur Twitter viennent principalement de Josée Plamondon et moi. Il y avait aussi Alexandre Cayla, Hugo Prévost et Marc Ouimet qui ont pris des notes en ligne. Les autres participants ont choisi le papier et les notes sont définitivement perdues pour tous.
Les interventions de la salle étaient de très haut niveau. Je me suis même dit que toutes ces têtes, si elles pouvaient rester connecté après l'événement serait très utiles pour trouver des solutions à la crise des médias. Sur les hastags Comme il n'y avait pas de hastags déterminés par les organisateurs de l'événement, la négociation s'est fait d'une façon botton-up: quelques gazouillis échangés puis on s'est entendu sur #cji. Pendant un certain temps, il y avait #BAnQ (le colloque se passait à Grande Bibliothèque) et #Mediasindependants.
Le choix du lieu #BAnQ semblait bien, uniquement parce qu'il est déjà normalisé, mais il n'exprime pas assez clairement l'événement. C'est celui que Josée et moi utilisions d'un commun accord avant de trouver les autres gazouilleurs dans la salle.
On pourrait penser aussi que #BAnQ aurait trop de bruit (d'autres gazouilleurs utilisent aussi ce tag, puisqu'il est associé à un lieu), mais un tag de lieu n'est jamais très bruyant (car les gazouillis sont dispersés dans le temps) alors que les hashtags d'événement sont des coups de fusil: ils délogent (temporairement) les autres oiseaux qui piaillent...
«Le journalisme, dit-on, c'était un cours magistral, c'est maintenant un séminaire ou une conversation. On peut bien le regretter, mais l'époque des journalistes-maîtres à pensée est révolue. À l'ère des Facebook et Twitter, le journalisme doit apprendre à dialoguer avec le public» dit Florian Sauvageau, directeur du Centre d'études sur les médias qui va co-présenter aujourd'hui le colloque international sur l'avenir du journal indépendant. [1]
Ça commence raide, cette nouvelle décennie. Voilà finis les tiraillements de poulailler, où les journalistes faisaient la gueule contre la blogosphère. Puis contre les réseaux sociaux, avant les embrasser (à leur manière).
On a beau affubler internet de tous les maux, la crise qui les frappent est double --la financière (les publicitaires ont accès à leur audience sans passer par la presse) et celle de légitimité (l'autoproduction de contenu retire leur privilège d'être les seuls à commenter l'actualité)-- elle a mené depuis 10 ans à développer un nouvel écosystème de l'information. J'estime aujourd'hui qu'entre les médias traditionnels et les médias sociaux, l'arrimage est amorcé.
L'hyperjournalisme
«L'irruption des blogues et des opinions de toutes sortes dans Internet nous rappelle que l'opinion n'est pas notre privilège» ajoute Edwy Planel, ancien directeur de la rédaction du Monde et maintenant fondateur de Médiapart, l'un des intervenants au colloque, «que notre métier c'est d'abord l'enquête, le reportage et la mise en perspectives. Internet est un bouillonnement démocratique qui, loin de dissoudre le journalisme, nous rappelle à ce que nous devons faire». [2]
La question qui se pose aujourd'hui au colloque se résume ainsi: «le public intéressé à la vie citoyenne est-il suffisant pour faire vivre un journal indépendant et de qualité?»
«Le journal qui réussira demain est celui qui fournira une information recherchée par une partie significative de la population, tout en offrant de la valeur ajoutée» dit Sauvageau [1] .
Plenel ajoute : «Le journal en papier doit bouger, car il s'adresse à un public qui a déjà eu de l'information» [2].
Follow the money
«Pour la première fois, les annonceurs peuvent se passer largement des journaux, et même de l'information, pour diffuser leurs messages publicitaires» dit Bernard Poulet, auteur de La fin de journaux, coup de tocsin dans le paysage médiatique francophone [3].
Les publicitaires suivent leur audience là où elle s'agglutine. «La manne publicitaire est de plus en plus captée par d'autres acteurs qui ne se soucient guère de produire de l'information (moteur de recherche, sites de services ou de rencontre, etc).» ajoute Poulet.
«Le journalisme n'a plus le monopole de l'Info»
C'est ce qu'a dit la journaliste Lisa-Marie Gervais [4]. Voilà qui en dit long sur la fin des hostilités dont j'ai commenté à quelques reprises ici.
Clay Shirky écrivait dans The Edge récemment que «la rareté crée de la valeur» [5]. Alors le surplus signifie donc que ce qui avait de la valeur auparavant (à cause de la rareté) ne l'est plus. Publier, autrefois réservé à une élite, n'est plus un acte «rare». Donc publier n'a plus de valeur «en soi», car le simple fait de «publier» ne rapporte plus d'argent. La rareté des publications leur donnait une valeur.
Les bénéficiaires d'un système où s'enrichissent ceux qui «rendaient les choses publiques», comme les académiciens, les politiciens, les docteurs et les reporters, continue Shirky, possédaient un privilège qui est maintenant partagé par tous: l'abondance des pensées du public renverse l'ordre passé.
«On veut rentrer chez nous»
Ce cri du coeur vient des journalistes, mis en lock-out il y a plus d'un an par les dirigeants du Journal de Montréal, dans une publicité qui circulent ces jours-ci.
Ce lock-out est une expérience sur la presse d'aujourd'hui grandeur nature. Les cadres du Journal tiennent le fort depuis plus d'un an. Tous les jours. Or le Journal se porte très bien. Les lecteurs n'ont pas déserté. Et les ventes n'ont pas baissé. Et les annonceurs sont encore au rendez-vous.
Un an que le journal fonctionne sans journaliste. Un an.
Tous ces journalistes qui ont investi de précieux moments de leur vie et qui voient aujourd'hui que leur absence ne change en rien la «qualité» du contenu. Il y a de quoi faire une dépression. Leur pub «On veut rentrer chez nous» est symptomatique d'un gros malaise: où sont-ils pour dire qu'ils ne sont pas «chez eux»? Ils sont sur le web !! Quelle ironie.
Le nouveau job du journaliste
Ces journalistes devraient prendre Le Post comme exemple. Jeff Mignon a interviewé Benoît Raphaël, le rédacteur en chef du Post: ce journal web où chaque journaliste est en relation avec son public, coordonne des «amateurs» qui sont «les yeux de la salle de rédaction» [6]. La nouvelle tâche du journaliste est devenue un «producteur de nouvelles, un agrégateur et un organisateur de communauté. C'est le journaliste-réseau.
"Social production crowd": composé d'un grand groupe de personnes dont leur talent spécifique sert à la création de certains produits (comme Wikipédia ou Linux).
"Averaging crowd": un groupe qui fournit son avis et qui, dans certains cas, est plus précis que le jugement d'un seul individu (prédiction de marchés d'actions, par exemple).
"Data mine crowd": un grand groupe qui par ses actions explicites en ligne produit un ensemble de données comportementales pouvant être recueillis et analysés (exemple, ceux qui nourrissent le pagerank de Google et système de recommandation d'Amazon).
"Networking crowd": un groupe basé sur système de partage de l'information (tels que le réseau téléphonique ou Facebook ou Twitter)
"Transactional crowd": un groupe dont le principale ou unique usage ponctuel est d'ordre transactionnel (les foules rassemblées par Match.com, eBay, Innocentive, LinkedIn et les concours de crowdsourcing à la Prix Netflix)
Sa liste préliminaire a le mérite de casser le mythe de «LA foule». Il y a effectivement plusieurs types de foules en fonction des types de sites. Je les reprends ici en proposant une traduction française et en ajoutant quelques commentaires:
Les 5 types de foules
La foule de co-construction: elle aime produire quelque chose ensemble (Quirky.com, Wikipédia, Google Wave). Chacune apporte une «expertise» à la réalisation d'un projet commun. [Dans mon cas, je ne le réduirais pas seulement à des faits sociaux comme Carr le laisse entendre dans son choix de mots]
La foule d'avis: elle aime donner son opinion démocratique. La somme des intentions indique soit une popularité (vote) ou une "sagesse populaire" (opinion publique), soit, elle offre des "insights" («plusieurs têtes valent mieux qu'une»). [On peut voir le graphe social résultant comme une étoile: chacun n'a pas nécessairement de lien ensemble sauf avec le noeud central --comme dans les commentaires d'un journal]
La foule comportementale: ce sont moins des opinions que des gestes. Par les choix de navigation (cliquer à gauche ou à droite?), on peut déduire des choses qui ne sont pas explicitement exprimés, mais interprétables comme telles. [Ce groupe est le considéré comme un ensemble d'objets et non de sujets]
La foule de réseautage: elle aime échanger et se retrouver ensemble. La monnaie d'échange n'est pas l'argent, mais généralement l'information (blogosphère), des objets (freecycle), ou simplement l'amitié (Facebook) ou des intérêts communs (forum). [Ce groupe recoupe essentiellement tous les autres, mais strictement parlant, ce qui est co-construit ici est la relation, le réseautage et les liens sociaux]
La foule transactionnelle: Elle est composée de pairs ad hoc. Elle transige un bien en échange d'un autre (eBay, Kijiji). [J'aurais tendance à ajouté ici le flash mob --un individu transige sa présence avec le flash mob en échange d'une participation exceptionnelle-- et chatroulette --échange au hasard-- et tout ce qui est Peer-to-peer en général].
Je ne suis pas sûr que la typologie de Carr soit si solide : networking, average et social production me semblent être des foules de co-constructions (l'objet co-construit ne diffère seulement que par sa nature --relation, opinion, savoir). Dans ce cas, il ne resterait que trois grand types: co-construction, comportemental et transactionnel. Le type de foule s'identifierait par le type de résultat, respectivement : construction, données, commerce.
Cette semaine, suite à une décision de justice du Tribunal de Commerce de Paris, le terme "arnaque" est retiré des suggestions de recherche que propose Google lorsqu'on tape des mots clés («Google Suggest»). (source Legalis.net, via Journal du Net)
Le Google «autocomplète» les mots clés au fur et à mesure de la saisie des requêtes, mais certaines compagnies voyaient à côté de leur nom le mot "arnaque". Autant dire une cicatrice qui défigure le visage de leur marque.
CNFDI (Centre National de Formation à Distance), était une des "victimes" de ces requêtes les accusant d'arnaque. L'histoire ne dit pas si c'était fondé.
Finalement, Google a retiré le terme "arnaque" de ses suggestions. Jusqu'à lors, pour se défendre, Google invoquait le caractère automatique, sans intervention humaine, de son algorithme. C'est un processus complètement automatique, disent-ils. Pourtant, le moteur de recherche évite les propositions «qui pourraient offenser un plus grand nombre » comme «les termes grossiers, ainsi que les termes incitant à la haine ou à la violence». Ce qui laisse entendre qu'il y a effectivement intervention humaine.
Le tribunal n'a pas mordu à l'hameçon (source). Google a été obligé de coopéré et de réparer. Arnaque n'est plus un mot suggéré.
On oublie trop souvent que derrière le moteur se cachent des principes implicites de classification du savoir et d'organisation de la connaissance. Les peuples, les cultures et leur gouvernement doivent impérativement s'intéresser à ce phénomène au risque de voir disparaître un pan de sa connaissance parce qu'un "algorithme en a décidé ainsi"...
Maintenant ce sont les avocat qui décident...
Brevets frelatés
Actuellement, ce sont les tribunaux et les avocats qui pavent la voie du futur: on a qu'à regarder le double camouflet que le département des brevets américains a donné au gros bon sens.
La semaine dernière Facebook se voyait octroyer le brevet pour le "newsfeed" et Google a réussi à décrocher le brevet de publicité local (Location-based Ad patent). Deux brevets déposés de longue date, à une époque qu'on pourrait qualifié de pré «web 2.0».
Facebook a breveté le fait que vos "actions" dans votre réseau social apparaissent dans le newsfeed (apparemment, ça ne concerne pas vos changements de statut). La liste automatique de "untel est devenu ami" et "un autre va à cet événement" est devenue propriété intellectuelle de Facebook.
Google possède quant à lui, la propriété intellectuelle “determining and/or using location information in an ad system.”, c'est-à-dire déterminer ou utiliser le positionnement géographique comme intrant à un système publicitaire ciblé. Dans le monde du mobile, c'est un énorme avantage.
Le US Patent and Trademark est le même organisme qui avait octroyé à Amazon le 1-click buying, la possibilité d'effectuer un achat en un clic. Ils ont vraiment de la suite dans les idées. Mais ils n'ont aucune idée dans quel monde nous sommes.
Le juridisme dans le numérique n'a pas sa place.
Lors d'une consultation d'un moteur, la page de résultat qui s'affiche est peut-être un savant algorithme, il n'en est pas moins une représentation du monde, où se cachent des principes pas toujours neutres de classification du savoir et d'organisation de la connaissance.
De la même façon, les brevets ne sont pas des avis techniques sans conséquence, il façonne le marché et bloque l'innovation. Le web s'est bâti à coup de sédiment sur un code et une infrastructure majoritairement dans le domaine public.
«Le journal indépendant : Vue de l’esprit ou phare de la démocratie ?» C'est le nom de la journée-colloque organisé par Média@McGill, le Centre d’études sur les médias et Le Devoir, le vendredi 12 mars.
«Dans le contexte actuel d’incertitude pour toute la presse quotidienne, quelle place reste-t-il pour le journal quotidien indépendant ?»
Seront présents:
Edwy Plenel, l’ancien directeur de la rédaction au quotidien, Le Monde,
Josée Boileau, rédactrice en chef au quotidien, Le Devoir;
Persephone Miel, quia dirigé le projet The Media Re:public, au Berkman Center for Internet and Society à l'Université Harvard
John Honderich, l’ancien éditeur du Toronto Star;
Anne Nivat, journaliste indépendante, auteure de Lendemains de guerre (2004) et Chienne de guerre (2000).
Karen Dunlap, présidente et directrice générale du Poynter Institute;
Robert Picard, économiste, de la Jönköping International Business School en Suède, fondateur du Journal of Media Economics et du Journal of Media Business Studies.
Bernard Poulet, rédacteur en chef au magazine économique français, L’Expansion (auteur du livre du livre La fin des journaux (2009) dont je vous avais entretenu l'an passé)
«Les journaux tels que nous les connaissons seraient-ils une espèce en voie de disparition? Qui se chargera de la collecte des nouvelles et de leur traitement journalistique si les grands quotidiens qui en sont les principaux fournisseurs ne disposent plus des ressources nécessaires pour le faire? Et quelles en seront les conséquences pour la vie démocratique?» questionnent les organisateurs (source de cette citation: Mur.Mitoyen)
«Le journal indépendant : Vue de l’esprit ou phare de la démocratie?»
Vendredi 12 mars 2010, de 9 h à 17 h 30
Lieu : La Grande Bibliothèque, 475, boulevard De Maisonneuve Est, Montréal
Je donne aujourd'hui un deuxième atelier sur la webTV dans le cadre des ateliers Multitalents pour multimédia organisé par l'INIS pour Téléfil Canada: on a passé en revue les enjeux de la chaîne de valeurs de l'industrie audio-visuelle québécoise.
J'insiste surtout sur la chaîne de valeur, la culture du web et l'importance des réseaux sociaux. encore plus cette année qu'avant. C'est souvent un nouveau territoire pour les gens de l'industrie de la vidéo et du cinéma.
Je vous partage les documents qui peuvent vous servir si vous souhaitez poursuivre la réflexion:
Besoin de formation, de vulgarisation, de vision pour vos actions sur les médias sociaux? J'accompagne la haute direction pour élaborer / valider le plan stratégique, ou j'offre des conférences pour inspirer leur équipe sur la façon de prendre les bonnes décisions.