J'évoquais en 2004 les 3 conditions pour que le RSS devienne grand public. Les trois conditions ont été accomplies (on dit "fil web" et le logo est normalisé; on peut s'abonner en 1 clic; tous les grands navigateurs l'ont intégré). Mais alors pourquoi le RSS est-il si peu utilisé par le grand public? Parce qu'il est resté cantonné à un usage technique. Le RSS a été remplacé par Twitter et Facebook.
Le RSS est une commodité qui facilite le suivi d'info en ligne. Mais le grand public ne suit pas un fil web. Il suit un collègue, un ami pour qu'il le pointe vers une ressource nouvelle. Un ami (un "relais") joue ainsi le rôle du fil RSS. Un filtre social.
Là où le RSS indiquait ce qui était (techniquement) nouveau, le filtre social permet de trouver ce qui est "socialement nouveau" dans son cercle de relations (pus ou moins étendu). À quoi ça sert de savoir que tel billet est nouveau si personne de son entourage ne s'y intéresse?
Notifications à la main
On veut savoir ce qui éveille l'attention de notre groupe : si le fil RSS permet de suivre ses aiguilles dans la botte de foin, il les présente à plat, sans hiérarchie. Twitter et Facebok offre une fonction d'éditorialisation a posteriori. L'information acquiert une métadonnée supplémentaire: elle représente le Zeitgeist, l'esprit du temps (de son cercle).
Facebook et Twitter offrent la possibilité de faire suivre des liens vers des ressources d'informations quasi instantanément. Facebook, plus privée et Twitter plus public, sont des médias sociaux bottom up.
Le partage de liens constitue, ma foi, l'usage le plus intéressant de ces réseaux. Or, pourtant, Delicious était là bien avant. Pourquoi le "social bookmarking" n'a-t-il pas été adopté par le grand public? Il offre pourtant les mêmes avantages de partage et même plus.
Facebook, parce qu'il permet de restreindre sa communauté à un cercle (plus ou moins) limité. Le partage n'a pas de visée universelle, mais est presque tribal.
Twitter, parce qu'il a su mettre de l'avant le nombre d'abonnés ("followers") entrant ainsi de plain-pied dans l'économie de l'autopublication en adhérant à la monnaie commune : la reconnaissance. Connaître et identifier son audience grandissante offre une "récompense" à celui qui autopublie.
À mon sens, Twitter a une avance sur ce côté. Le nombre d'abonnés sur Facebook fait moins de sens que sur Twitter. Ce dernier se place mieux dans le nouvel écosystème de l'information.
Tri en périphérie
Le filtre social est une réponse à la surabondance d'information des réseaux. Le tri de l'information ne se faisant plus en amont, il est déchargé en aval sur l'utilisateur qui doit adopter de nouvelles stratégies de tri pour gérer cette subite augmentation de connaissance.
Le filtrage social retient ce qui est pertinent dans son cercle de connaissance et répond à une loi toute humaine du moindre effort : une info qui n'est pas de "qualité" (insérez ici vos critères personnels) ne se rend pas jusqu'à vous (ou alors vous vous êtes mal entouré).
Avec la montée des médias sociaux durant cette décennie qui se termine, le filtrage social par la base a atteint une échelle proprement vertigineuse et nous verrons dans les prochains dix ans l'impact que cela aura sur la société. Je suivrai pour vous ces avancés en 2010.
Lire sur le même thème sur Zéro Seconde:
2009-l'année des médias sociaux
Twitter, sous-traitant des moteurs ?
Les moteurs de confiance
Les couloirs numériques
Parler pour ne rien dire
Ecosysteme de l'information
31 décembre 2009
7
23 décembre 2009
6
2009-l'année des médias sociaux
2009 comme l'année de Twitter? Peut-être. La révolution manquée en Iran et la mort de Michael Jackson auraient intronisé cet outil auprès du grand public occidental. Et si c'était plutôt celle du passage des réseaux sociaux du côté du mainstream? En fait 2009 clôt une décennie de progression exponentielle des médias sociaux en ligne. C'est l'année qui a consacré les médias sociaux comme partie intégrante d'une nouvelle écologie de l'information.
La mutation en cours concerne les consommateurs et les info-brokers, le web participatif rendant encore plus floues les frontières dans la chaîne de l'information. Je vous avais déjà fait la description en 3 parties l'an passé (L'écosystème de l'information: 1- Twitter Surge, 2- Le P2P news, et 3- l'info-broker)
En lisant le livre de conversation, sortie récemment, entre Jean-Claude Carrière et Umberto Eco (N'espérez pas vous débarrasser des livres), ce dernier disait :
«Avec Internet, qui vous donne tout et qui vous condamne [...] à opérer un filtrage non plus par la médiation de la culture, mais de votre propre chef, nous courrons le risque de disposer désormais de six milliards d'encyclopédies. Ce qui empêche toute entente»
Encyclopédies à gogo
Umberto Eco entend "encyclopédie" dans le sens de référents communs et partagés par une communauté. Paris est en France (et non au Texas) et c'est Madonna qui a eu une fois l'air de Maryln Monroe (et non l'inverse). L'encyclopédie commune à une culture permet de dialoguer. Si tous les référents manquent, il n'y a plus de conversation.
Le problème de filtrage a déjà été soulevé à mainte reprise par Umberto Eco, et j'en ai fait écho (sans jeu de mots) ici Le problème du filtrage de l'information sur Internet (2005).
Mes conclusions sont tout aussi valides aujourd'hui: puisque les filtres culturelles ont été court-circuités et que la validation d'un document repose sur l'usager (la crainte de Eco), il doit trouver de nouvelles stratégies de filtrage. 99% de nos informations reçues sont de "seconde main" (le "monde" nous est relayé et rarement acquis de "première main") cette tâche s'accomplit en se fiant à sa communauté, à des "autorités informationnelles", à son filtre social.
Dans ce cas, ce n'est pas vrai qu'il y aura 6 milliards d'encyclopédies. Un filtre social est forcément une affaire de groupe et il est peu probable que ces groupes soient hermétiques les uns aux autres. La perméabilité des cloisons fait en sorte que l'information circule autant qu'avant. À l'exception peut-être pour certaines nouvelles, imposées d'en haut et relayées par les biens pensants de la culture.
Les cerbères de la culture
Cette culture et ces gardiens de la connaissance questionnent cette "compétence collective" émergente. Le filtrage social implique un type de pensée qui renonce à un sens normatif et unique d'interpréter l'information.
Je ne peux décider seul de ce que je vais lire et interpréter si ma communauté d'intérêts ne lit pas et n'interprète pas les mêmes choses que moi. Il y a un travail de co-interprétation, de co-construction des savoirs. Évidement, il faut ensuite apprendre à se mesurer au groupe, provoquer des interprétations divergentes, nouvelles, sous peine de faire aveugler.
Le filtrage "par soi-même" ne se fait pas isolément. Je cherche à calibrer mes sélections, à valider mon interprétation auprès des autres et à défendre mes choix. Il y a aucun intérêt à être tout seul avec son encyclopédie face à toute cette information. La connaissance favorise la socialisation, l'abondance sans filtre ne la défait pas.
Umberto Eco pensait en terme d'autorité traditionnelle. Le nouveau modèle de légitimation qui se met en place pour "valider" l'information brise cette autorité, la confronte et se taille un chemin. Elle ne remplacera pas tout l'édifice. Mais elle ne se noiera pas dans 6 milliards d'encyclopédies...
La mutation en cours concerne les consommateurs et les info-brokers, le web participatif rendant encore plus floues les frontières dans la chaîne de l'information. Je vous avais déjà fait la description en 3 parties l'an passé (L'écosystème de l'information: 1- Twitter Surge, 2- Le P2P news, et 3- l'info-broker)
En lisant le livre de conversation, sortie récemment, entre Jean-Claude Carrière et Umberto Eco (N'espérez pas vous débarrasser des livres), ce dernier disait :
«Avec Internet, qui vous donne tout et qui vous condamne [...] à opérer un filtrage non plus par la médiation de la culture, mais de votre propre chef, nous courrons le risque de disposer désormais de six milliards d'encyclopédies. Ce qui empêche toute entente»
Encyclopédies à gogo
Umberto Eco entend "encyclopédie" dans le sens de référents communs et partagés par une communauté. Paris est en France (et non au Texas) et c'est Madonna qui a eu une fois l'air de Maryln Monroe (et non l'inverse). L'encyclopédie commune à une culture permet de dialoguer. Si tous les référents manquent, il n'y a plus de conversation.
Le problème de filtrage a déjà été soulevé à mainte reprise par Umberto Eco, et j'en ai fait écho (sans jeu de mots) ici Le problème du filtrage de l'information sur Internet (2005).
Mes conclusions sont tout aussi valides aujourd'hui: puisque les filtres culturelles ont été court-circuités et que la validation d'un document repose sur l'usager (la crainte de Eco), il doit trouver de nouvelles stratégies de filtrage. 99% de nos informations reçues sont de "seconde main" (le "monde" nous est relayé et rarement acquis de "première main") cette tâche s'accomplit en se fiant à sa communauté, à des "autorités informationnelles", à son filtre social.
Dans ce cas, ce n'est pas vrai qu'il y aura 6 milliards d'encyclopédies. Un filtre social est forcément une affaire de groupe et il est peu probable que ces groupes soient hermétiques les uns aux autres. La perméabilité des cloisons fait en sorte que l'information circule autant qu'avant. À l'exception peut-être pour certaines nouvelles, imposées d'en haut et relayées par les biens pensants de la culture.
Les cerbères de la culture
Cette culture et ces gardiens de la connaissance questionnent cette "compétence collective" émergente. Le filtrage social implique un type de pensée qui renonce à un sens normatif et unique d'interpréter l'information.
Je ne peux décider seul de ce que je vais lire et interpréter si ma communauté d'intérêts ne lit pas et n'interprète pas les mêmes choses que moi. Il y a un travail de co-interprétation, de co-construction des savoirs. Évidement, il faut ensuite apprendre à se mesurer au groupe, provoquer des interprétations divergentes, nouvelles, sous peine de faire aveugler.
Le filtrage "par soi-même" ne se fait pas isolément. Je cherche à calibrer mes sélections, à valider mon interprétation auprès des autres et à défendre mes choix. Il y a aucun intérêt à être tout seul avec son encyclopédie face à toute cette information. La connaissance favorise la socialisation, l'abondance sans filtre ne la défait pas.
Umberto Eco pensait en terme d'autorité traditionnelle. Le nouveau modèle de légitimation qui se met en place pour "valider" l'information brise cette autorité, la confronte et se taille un chemin. Elle ne remplacera pas tout l'édifice. Mais elle ne se noiera pas dans 6 milliards d'encyclopédies...
Libellés :
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Twitter
11 décembre 2009
3
Johnny Hallyday, cheval de Troie de Twitter
Jean-Philippe Smet (plus connu sous son nom d'artiste Johnny Hallyday), lors de son hospitalisation récente, a alimenté la machine à rumeur sur Twitter. La France, qui entre timidement sur Twitter (1 million d'abonnés seulement), découvre en masse ces jours-ci le fil de presse de la plus puissante caisse de résonance de l'opinion publique.
Quand sur France Info la nouvelle annonçant que le mot clé Johnny cartonne au palmarès Twitter passe avant son bulletin de santé il faut se rendre à l'évidence que Twitter quitte la niche des 'early adopters'.
Bien sûr, il y en aura toujours qui vont se gausser que ce canal n'apporte que du futile et du superflu. Pourtant, si on se mettait à écouter toutes les conversations téléphoniques simultanément sur le même thème, je ne suis pas sûr que le niveau sera plus élevé. Alors, pourquoi ne crache-t-on pas aussi sur le système téléphonique pour les mêmes raisons?
À ce que je sache, les usagers de Twitter et du téléphone ne vivent pas sur deux planètes! (On a la fâcheuse tendance d'accorder à l'écrit un statut sacré où tous les usages ne sont pas permis)
Non, l'hospitalisation de Johnny n'est pas autre chose que ce qu'il est, tout canal confondu, journaux compris: un potin. Inutile de tirer sur le canal.
Twitter comme "dial tone" de l'opinion publique
La conversation autour des rumeurs n'a pas attendu Internet et correspond à un processus participatif consistant à entrer dans une boucle de rétroaction sociale où chacun cherche à s'approprier le message qu'il l'a ébranlé en le redistribuant.
Par contre, ce qu'il y a d'intéressant, c'est l'amplification du rôle du canal: comme pour Michael Jackson chez les Américains, qui a connu un sort plus triste, les Français expriment leur passion (ou leur dégoût, c'est selon) sur ce nouveau médium. La rumeur "Johnny" pourrait être ce cheval de Troie qui donnera à Twitter la chance d'acquérir une plus grande audience.
Mais pourquoi diable avons-nous besoin d'un autre canal, puisqu'il y a déjà Facebook comme "média social", demandent certains?
C'est que Twitter participe à un nouvel écosystème de l'information dans nos sociétés de communication de masse. Je n'ai aucun problème à croire que Facebook, aussi, a résonné autant (sinon plus) que sur Twitter sur ce potin. Mais, voyez-vous, Twitter permet la libre circulation de l'information et l'hyperlien. Je m'explique.
Là où Facebok offre une viralité (une des plus hallucinantes de l'histoire de la communication), l'information est limitée par un seul facteur (qui d'ailleurs fait sa force à l'intérieur de ce réseau) le "graphe social", les liens d'affinité explicites. Si je ne suis pas 'friend' avec des gens parlant du potin, je suis non seulement hors circuit, mais j'ai aucun moyen de m'y référencer... aucun moyen de "linker" vers la source primaire du potinage, aucun moyen de rechercher hors de mon réseau.
Médias sociaux, médias horizontaux
Entendons-nous ici sur le sens d'écosystème de l'information: Facebook ou Twitter ne remplacera pas les médias traditionnels ni le bouche-à-oreille. Ils en font partie. Ils en sont une des composantes. Le citoyen s'y appuie pour se forger une opinion, au grand dam de l'élite journalistique.
Et c'est là une des forces de Twitter: quand on apprend la nouvelle que Johnny est hospitalisé, Facebook n'est d'aucun secours si notre propre réseau ne s'intéresse pas.
Twitter permet l'accès ouvert à tous les "statuts " de tous les abonnés ouverts (il y a moyen de le rendre privé) et la convention "#" avant un mot permet de suivre un "thème" improvisé (n'importe qui peut mettre un # devant n'importe quel mot et ça devient un thème). Plus simplement, la recherche plein texte permet de retrouver l'occurrence "Johnny" et de suivre ce qui se dit.
Là où sur Facebook une information suivait les lignes de moindre résistance dans le "graphe social", sur Twitter, l'information est réellement libre de se rendre à celui qui veut l'accueillir ou la chercher.
Percolation de la qualité
Bien sûr, il reste à trier le bon grain de l'ivraie. Dans ce cas, les RT ("ReTweet", retransmission), autre convention, avant le nom d'un usager, qui indique que l'on a tout simplement retransmis (recopié) ce que la personne a écrit précédemment, est une façon de repérer les informations "importantes" (une forme d'éditorialisation a posteriori).
Un RT acquiert souvent l'aura d'une information "validée" (non pas au sens de vérité, mais au sens d'approuvé par son réseau) --tout le travail restant consiste à se monter un réseau fiable, on va s'en reparler une autre fois -- d'ici là, relisez le chapitre 3, Comment le carnet Web stimule la qualité, du célèbre billet de Sébastien Paquet...
Twitter, par son ouverture, offre une possibilité aux autres médias de s'y accrocher, de la mesurer, de s'y (hyper)lier et de la citer ouvertement sur la place publique. Chose impossible pour Facebook (car il faut y être abonné*).
Ceux qui connaissent la valeur d'avoir une voix sur la place publique en comprennent très bien la valeur.
MàJ: * FaceBook, comme pour prouver mon point, commence cette semaine à rendre les fils des statuts accessibles (lire Tech Crunch), ce qui était un réseau privé devient public (et je ne suis pas sûr que ça va plaire à tous!)
Quand sur France Info la nouvelle annonçant que le mot clé Johnny cartonne au palmarès Twitter passe avant son bulletin de santé il faut se rendre à l'évidence que Twitter quitte la niche des 'early adopters'.
Bien sûr, il y en aura toujours qui vont se gausser que ce canal n'apporte que du futile et du superflu. Pourtant, si on se mettait à écouter toutes les conversations téléphoniques simultanément sur le même thème, je ne suis pas sûr que le niveau sera plus élevé. Alors, pourquoi ne crache-t-on pas aussi sur le système téléphonique pour les mêmes raisons?
À ce que je sache, les usagers de Twitter et du téléphone ne vivent pas sur deux planètes! (On a la fâcheuse tendance d'accorder à l'écrit un statut sacré où tous les usages ne sont pas permis)
Non, l'hospitalisation de Johnny n'est pas autre chose que ce qu'il est, tout canal confondu, journaux compris: un potin. Inutile de tirer sur le canal.
Twitter comme "dial tone" de l'opinion publique
La conversation autour des rumeurs n'a pas attendu Internet et correspond à un processus participatif consistant à entrer dans une boucle de rétroaction sociale où chacun cherche à s'approprier le message qu'il l'a ébranlé en le redistribuant.
Par contre, ce qu'il y a d'intéressant, c'est l'amplification du rôle du canal: comme pour Michael Jackson chez les Américains, qui a connu un sort plus triste, les Français expriment leur passion (ou leur dégoût, c'est selon) sur ce nouveau médium. La rumeur "Johnny" pourrait être ce cheval de Troie qui donnera à Twitter la chance d'acquérir une plus grande audience.
Mais pourquoi diable avons-nous besoin d'un autre canal, puisqu'il y a déjà Facebook comme "média social", demandent certains?
C'est que Twitter participe à un nouvel écosystème de l'information dans nos sociétés de communication de masse. Je n'ai aucun problème à croire que Facebook, aussi, a résonné autant (sinon plus) que sur Twitter sur ce potin. Mais, voyez-vous, Twitter permet la libre circulation de l'information et l'hyperlien. Je m'explique.
Là où Facebok offre une viralité (une des plus hallucinantes de l'histoire de la communication), l'information est limitée par un seul facteur (qui d'ailleurs fait sa force à l'intérieur de ce réseau) le "graphe social", les liens d'affinité explicites. Si je ne suis pas 'friend' avec des gens parlant du potin, je suis non seulement hors circuit, mais j'ai aucun moyen de m'y référencer... aucun moyen de "linker" vers la source primaire du potinage, aucun moyen de rechercher hors de mon réseau.
Médias sociaux, médias horizontaux
Entendons-nous ici sur le sens d'écosystème de l'information: Facebook ou Twitter ne remplacera pas les médias traditionnels ni le bouche-à-oreille. Ils en font partie. Ils en sont une des composantes. Le citoyen s'y appuie pour se forger une opinion, au grand dam de l'élite journalistique.
Et c'est là une des forces de Twitter: quand on apprend la nouvelle que Johnny est hospitalisé, Facebook n'est d'aucun secours si notre propre réseau ne s'intéresse pas.
Twitter permet l'accès ouvert à tous les "statuts " de tous les abonnés ouverts (il y a moyen de le rendre privé) et la convention "#" avant un mot permet de suivre un "thème" improvisé (n'importe qui peut mettre un # devant n'importe quel mot et ça devient un thème). Plus simplement, la recherche plein texte permet de retrouver l'occurrence "Johnny" et de suivre ce qui se dit.
Là où sur Facebook une information suivait les lignes de moindre résistance dans le "graphe social", sur Twitter, l'information est réellement libre de se rendre à celui qui veut l'accueillir ou la chercher.
Percolation de la qualité
Bien sûr, il reste à trier le bon grain de l'ivraie. Dans ce cas, les RT ("ReTweet", retransmission), autre convention, avant le nom d'un usager, qui indique que l'on a tout simplement retransmis (recopié) ce que la personne a écrit précédemment, est une façon de repérer les informations "importantes" (une forme d'éditorialisation a posteriori).
Un RT acquiert souvent l'aura d'une information "validée" (non pas au sens de vérité, mais au sens d'approuvé par son réseau) --tout le travail restant consiste à se monter un réseau fiable, on va s'en reparler une autre fois -- d'ici là, relisez le chapitre 3, Comment le carnet Web stimule la qualité, du célèbre billet de Sébastien Paquet...
Twitter, par son ouverture, offre une possibilité aux autres médias de s'y accrocher, de la mesurer, de s'y (hyper)lier et de la citer ouvertement sur la place publique. Chose impossible pour Facebook (car il faut y être abonné*).
Ceux qui connaissent la valeur d'avoir une voix sur la place publique en comprennent très bien la valeur.
MàJ: * FaceBook, comme pour prouver mon point, commence cette semaine à rendre les fils des statuts accessibles (lire Tech Crunch), ce qui était un réseau privé devient public (et je ne suis pas sûr que ça va plaire à tous!)
MàJ2: 13 décembre: voici un billet sur NouvelObs qui confirme que la France reconnaît Twitter comme un réseau social. Le timing n'est pas anodin...
10 décembre 2009
6
Smartsourcing
Si on comprend que le but de toute entreprise est d'acquérir une clientèle, alors il faut accepter qu'elle n'ait seulement que deux fonctions de base: la commercialisation (marketing) et l'innovation (R&D). « Le marketing et l'innovation produisent des résultats, tout le reste : des coûts.» Crowdsourcer l'innovation serait un non-sens selon Graham Hill. Smartsourcing est mieux.
Graham Hill, (How Understanding Customer Jobs turns Crowdsourcing into Smartsourcing) ne croit pas que pour l'innovation certaines entreprises peuvent utiliser leurs clients pour générer des idées de nouveaux produits.
Cette pratique est connue sous le terme «crowdsourcing» ou «idéagoras», comme le nomme si joliment Claude Malaison (voir son dernier billet) ou «l’approvisionnement par la foule», pour être plus prosaïque comme Alexis Mons (voir son dernier billet).
Hill démonte deux entreprises de crowdsourcing pour montrer qu'il faut faire du «smartsourcing», c'est-à-dire repérer que les perles et ignorer le gravier...
Les foules peuvent-elles innover?
Par exemple, pour Dell IdeaStorm, les idées qui ont été mises en œuvre à ce jour montent à 2,9% du total. Faible.
My Starbuck idea a uniquement mis en œuvre 315 idées à ce jour, un maigre 0,4% du total. Encore plus faible dit-il.
En contraste frappant avec les exemples précédents, Hill donne l'exemple de Toyota qui met en oeuvre plus de 1.000.000 idées des salariés, chaque année, 95% d'entre eux dans les 10 jours de son introduction. Les employés savent exactement où sont les meilleures possibilités d'innovation et ce qui peut raisonnablement être mise en œuvre.
Si on cherche à remplacer son département de R&D, Hill a raison: n'attendez pas que votre consommateur vous donne tout cru dans la bouche la solution à vos déboires. Cela dit, on aurait tort de décrier le crowdsourcing comme inefficace comme il le fait, même si son point est pertinent concernant l'innovation. Sinon comment expliquer que Google Product Ideas permet sur une grande échelle la réception de feedbacks sur leurs produits.
Smartsourcez!
Par contre, son idée de « smartsourcing » consistant à se concentrer sur des idées, sur des points particuliers, sur des «douleurs» (comme on dit dans le métier) ou des opportunités peut se révéler une vraie mine d'or en information sur sa clientèle (qui est le but premier de l'entreprise, rappelons-le).
Il faut donc bien avoir quel type de retour on espère avoir, de façon réaliste. Des fois, une amélioration quantitative est nécessaire (Le Guardian demande à ses lecteurs de parcourir les comptes de dépenses des députés) ou qualitative (voir l'enquête qui démontre le réseautage viaTwitter/Facebook avec les consommateurs est payant).
Le seul fait que la plupart des utilisateurs ne disposent tout simplement pas de bonnes idées n'est pas une bonne raison de ne pas vouloir « harnacher » le désir des usagers à vous aider.
Est-ce que les foules innovent? Je crois que non. Entrez dans une grande surface, regardez la foule faire leurs emplettes. Solliciter leur aide ne fera pas de vous le prochain IKEA.
Mais ne pensez-vous pas qu'ils sont aux premières loges pour vous partager des améliorations sur le management, la disposition, les produits, etc.?
Référence
How Understanding Customer Jobs turns Crowdsourcing into Smartsourcing
ComMetrics on Crowdsourcing Innovation: You’re Doing It Wrong
Crowdsourcing: Three Ways to Find a Great New Company or Product Name Free or at Low Cost
(PDF) Ranking the Top 100 Global Brands. Who’s most engaged?
Facebook et Twitter font bondir les profits
Source image
Graham Hill, (How Understanding Customer Jobs turns Crowdsourcing into Smartsourcing) ne croit pas que pour l'innovation certaines entreprises peuvent utiliser leurs clients pour générer des idées de nouveaux produits.
Cette pratique est connue sous le terme «crowdsourcing» ou «idéagoras», comme le nomme si joliment Claude Malaison (voir son dernier billet) ou «l’approvisionnement par la foule», pour être plus prosaïque comme Alexis Mons (voir son dernier billet).
Hill démonte deux entreprises de crowdsourcing pour montrer qu'il faut faire du «smartsourcing», c'est-à-dire repérer que les perles et ignorer le gravier...
Les foules peuvent-elles innover?
Par exemple, pour Dell IdeaStorm, les idées qui ont été mises en œuvre à ce jour montent à 2,9% du total. Faible.
My Starbuck idea a uniquement mis en œuvre 315 idées à ce jour, un maigre 0,4% du total. Encore plus faible dit-il.
- 1er constat: les clients, en très grande majorité, produisent typiquement des idées «moyennes», sans génie particulier, des innovations incrémentales, plutôt que des sauts innovants que les compagnies espèrent.
- 2e constat: le très faible taux de mise en œuvre, car les clients n'ont en général qu'une faible connaissance du véritable fonctionnement de l'entreprise et de ses capacités d'affaires.
En contraste frappant avec les exemples précédents, Hill donne l'exemple de Toyota qui met en oeuvre plus de 1.000.000 idées des salariés, chaque année, 95% d'entre eux dans les 10 jours de son introduction. Les employés savent exactement où sont les meilleures possibilités d'innovation et ce qui peut raisonnablement être mise en œuvre.
Si on cherche à remplacer son département de R&D, Hill a raison: n'attendez pas que votre consommateur vous donne tout cru dans la bouche la solution à vos déboires. Cela dit, on aurait tort de décrier le crowdsourcing comme inefficace comme il le fait, même si son point est pertinent concernant l'innovation. Sinon comment expliquer que Google Product Ideas permet sur une grande échelle la réception de feedbacks sur leurs produits.
Smartsourcez!
Par contre, son idée de « smartsourcing » consistant à se concentrer sur des idées, sur des points particuliers, sur des «douleurs» (comme on dit dans le métier) ou des opportunités peut se révéler une vraie mine d'or en information sur sa clientèle (qui est le but premier de l'entreprise, rappelons-le).
Il faut donc bien avoir quel type de retour on espère avoir, de façon réaliste. Des fois, une amélioration quantitative est nécessaire (Le Guardian demande à ses lecteurs de parcourir les comptes de dépenses des députés) ou qualitative (voir l'enquête qui démontre le réseautage viaTwitter/Facebook avec les consommateurs est payant).
Le seul fait que la plupart des utilisateurs ne disposent tout simplement pas de bonnes idées n'est pas une bonne raison de ne pas vouloir « harnacher » le désir des usagers à vous aider.
Est-ce que les foules innovent? Je crois que non. Entrez dans une grande surface, regardez la foule faire leurs emplettes. Solliciter leur aide ne fera pas de vous le prochain IKEA.
Mais ne pensez-vous pas qu'ils sont aux premières loges pour vous partager des améliorations sur le management, la disposition, les produits, etc.?
Référence
How Understanding Customer Jobs turns Crowdsourcing into Smartsourcing
ComMetrics on Crowdsourcing Innovation: You’re Doing It Wrong
Crowdsourcing: Three Ways to Find a Great New Company or Product Name Free or at Low Cost
(PDF) Ranking the Top 100 Global Brands. Who’s most engaged?
Facebook et Twitter font bondir les profits
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Libellés :
Communauté,
Crowdsourcing,
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