"Du bist Deutschland" est le groupe de mots parmi les plus recherché sur Technorati.com ce mois-ci. Et la campagne possède en plus une entrée sur Wikipedia.de. La communauté internet du pays était affairée dès le début à détourner la campagne avec des parodies postés sur Flickr,
Réaction épidermique sur le web
Le concept original de la campagne est simple : "rendre un peu de sa confiance et de sa fierté à une nation en proie au doute ou à l'inquiétude". Mais l'exécution "Du bist [insérez ici le nom allemand qui a du succès]" a provoqué quelques sarcasmes (notamment le fait que l'on utilise Einstein, lui qui a dû pourtant fuir l'allemagne). Lire l'excellent compte rendu- et le seul à ma connaissance en français- d'André Gunthert.
Or voilà qu'un forum découvre en novembre qu'une campagne nazi utilisait un slogan similaire en 1935 (Denn Du bist Deutschland) et un bloggeur poste la photo controversée.
Évidemment, compte tenu de la sensibilité allemande, dès que l'on fait appel au sentiment national, il y aura toujours quelqu'un quelque part pour relancer le débât sur leur passé fasciste - dans ce cas-ci, encore, l'ego allemand reste toujours sous le traumatisme.
La blogosphère s'empare de l'image et repart de nouveau en guerre contre la campagne.
Les empêcheurs de publiciser en rond
Or le concepteur de la campagne, Jean-Rémy von Matt, dans un email (original allemand, traduction anglaise), attaque ceux qui dénigrent sa campagne. Qui pointent-ils?
- les publicitaires (qui ne croient pas que l'on peut "marketer" un sentiment national).
- les bloggeurs (qu'il traitent au passage d'écrivains de murs de chiottes - "den Klowänden des Internets)
- les intellectuels (les journalistes qui ne sont pas privés de se moquer de la campagne)
La réplique de blogosphère allemande ne s'est pas fait attendre. D'où l'apparition du tag sur technorati. Ce qui a eu pour effet de contaminer les autres blogosphère linguistiques -anglaise notamment- et donner une visibilité "mondiale" à la contre-campagne sur le web*.
Herr von Matt s'est ensuite excusé (en allemand), ce qui a eu pour effet d'associer la blogosphère allemande à une force d'opinion crédible.
Il faut savoir qu'il y a peu la blogosphère teuton était tournée en ridicule par des affirmations du genre "il y a plus de bloggeurs que de lecteurs", des statistiques qui montraient que l'Iran (65 000) avait plus de blogues que l'Allemagne (42 000) et autre liste d'excuses pour ne pas bloguer en Allemagne.
Du bist die Deutsche Blogosphäre
La blogosphère allemande a contrecarrée une campagne médiatique de 20 millions d'Euro. "Politique et publicité ne font pas bon ménage lorsque, pour tirer ce pays en avant, on veut nous faire croire que la seule chose dont nous souffrons est une mauvaise image. Parfois, il peut aussi y avoir une image de trop." (conclusion d'André Gunthert traduite de Fotostoria).
L'image en question était peut-être, au final, anecdotique (il y aura toujours dans le passé nazi quelque chose que l'on peut relier au présent allemand) mais la blogosphère germanique vient, maintenant, de faire son entrée dans la sphère publique comme une opinion citoyenne assez mature pour avoir voix au chapitre (Der Spiegel, en anglais). Wilkommen, Sie sind die Deutsche Blogosphäre.
(*) Je m'empresse de souligner, tout de même, que le déclencheur c'est le fait que la blogosphère allemande a déplacé le débat sur Technorati et Flickr, c'est à dire dans des chambres d'écho de portée mondiale. Que le "monde" ait peu réagi importe peu. C'est la portée qui crée une crédibilité palpable. Et du même coup ces sites de recherches ciblés aussi gagnent en crédibilité...
4 commentaires:
C'est dommage je trouvais ton analyse plutot pertinente jusqu'au paragraphe Évidemment, compte tenu de la sensibilité allemande, dès que l'on fait appel au sentiment national, il y aura toujours quelqu'un quelque part pour relancer le débât sur leur passé fasciste - dans ce cas-ci, encore, l'ego allemand reste toujours sous le traumatisme.
Il ne s'agit pas de la sensibilité allemande ou de l'ego qui entre en jeu ! Et oui il y a un certain traumatisme mais on le serait pour moins non ? Et moi je pense que oui, ils peuvent etre fiers d'avoir reconstruit un pays en 60 ans et l'avoir ammené au niveau de plus gros exportateur mondial (source le World factbook).
Ah? Cedric, peut-être que j'ai mal choisi mes mots. Car ce que tu dis c'est ce que je pense.
L'horreur de leur passé les hante encore aujourd'hui (et tu as raison, on le serait pour moins). Mais ils ont un problème dans leur sentiment national car, comme tu le dis si bien, ils devraient être fier de leur reconstruction en si peu de temps.
Ce que j'ai tenté de dire, c'est que pour toute tentative interne de faire remonter le moral à un niveau qui touche l'identité du peuple, les allemands y sont assez réfractaire. Ces termes, ces mots, ce sentiment, ils se sont fait été abusés par le passé et ils ne peuvent pas y touché même aujourd'hui.
Je suis sidéré, n'étant pas Allemand, de la réaction négative face à une pub somme toute innofensive (pour d'autre sensibilité national - ou ego, comme je le nomme).
Donc Cedric je dois avoir mal formulé ma phrase dans le billet car je crois que je recoupe ton commentaire - mais je ne sais pas ce qui cloche dans ce que ce que tu cites. Ils sont hantés par leur passé (qui semble toujours les rattraper) sans pouvoir comprendre que sur certains points ils sont capable de passer à autre chose en tant que peuple...
D'après les precisions que tu donnes, je relis la phrase d'une autre manière, ce qui me fait voir que nous sommes d'accord. Je pense que quand tu parles de "sensibilité allemande" j'ai lu "sensibilité qu'ont les allemands" et c'est la que cela m'a mis sur une mauvaise route.
En tout cas, merci pour les précisions, on est donc du meme avis !
Cedric, Je t'accorde que ma phrase est mal formulée ou mes mots mal choisis. D'ailleur mon commentaire laissé après le tien n'est plus clair non plus.
Mais on semble se comprendre quand même.
J'emploirais les mots suivants si j'avais à recommencer (en gras):
"Évidemment, compte tenu de la physché allemande, dès que l'on fait appel au sentiment national, il y aura toujours quelqu'un quelque part pour relancer le débat sur leur passé fasciste - dans ce cas-ci, encore, l'appel à la "germamité" reste toujours traumatisante.
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