ZEROSECONDE.COM: Kärcher 2.0 (par Martin Lessard)

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Kärcher 2.0

Par les temps qui courent, et avec raison, quand il y a des émeutes dans le monde, c'est pour manifester contre la hausse des aliments de base. À Montréal c'est pour un passe-temps où des millionnaires se lancent un morceau de caoutchouc dur dans une enceinte climatisée. Mais il y a du nouveau!


ile -avril 040 (Lgros26)Ce qui est nouveau, et pas besoin d'importer du Kärcher de Sarkoland, les casseurs seront traqués avec les mêmes outils qui les ont incités à commettre leurs méfaits (vous connaissez mon point de vue sur le sujet).

Le service de police de Montréal a perquisitionné quelques stations de nouvelles pour récupérer des bandes vidéo sur lesquelles lesdits méfaits ont été captés (source). Les médias en question ont évidemment protesté (source) mais ont été obligés d'obtempérer (source).

Le principe n'est pas sauf
Le problème, évidemment, c'est qu'ainsi les médias deviennent de facto l'oeil de la Police. La méthode d'enquête compromet la sécurité des journalistes (dont leur travail sera dorénavant assimilé à celui des policiers). Ici on touche à un principe fondamental.

"La police entretient avec le citoyen une relation basée sur l'autorité, reposant sur la force de la loi. Les médias, les journalistes, n'ont pas cette autorité. La confiance qu'ils inspirent est leur carte de visite. Leur réputation d'indépendance - garante de leur impartialité - est leur principal actif professionnel. " (Benoît Aubin)

Tirer la couverture des médias à soi
Oui mais que fait-on quand on est le mal et le remède? On reconnaît tous que la présence de caméra possède un effet d'excitation en retour. Il est dommage de ne pas voir l'effet contraire. Les principes d'un autre temps n'avait pas prévu ce cas de figure:

Les médias offrent maintenant des nouvelles en direct. Ils envoient des journalistes pour couvrir les débordements. Aujourd'hui ils sont campés à l'extérieur des arénas et non dans les gradins. Et ils recherchent les émotions (et on ne retient au montage que les plus excités en général).

Est-ce une raison pour que la police débarque systématiquement dans les salles de rédaction? (lire ce qu'en pense Yves Boisvert). J'oserai même une boutade : "Follow the money".

Le média c'est moi
Alors, les enquêteurs se retournent vers des services de vidéo en ligne, comme Youtube, pour retrouver le piétage incriminant. Une adresse courriel est disponible pour tous ceux qui veulent partager leur vidéo maison (coupe.stanley@spvm.qc.ca - notez l'ironie du choix de courriel). Les images fournies à ce jour ont permis d'appréhender trois autres personnes.

"Certains vandales se sont filmés, trouvant que c'était édifiant de mettre ça dans Internet. Aujourd'hui, cela nous sert". (Le Devoir)

Le web 2.0 ne joue pas aux saintes n'y-touchent. Elle provoque et elle châtie. Vous voilà averti.
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Autre opinion sur le phénomène:
Les invasions barbares
Jean-François Lessard, Département de science politique de l'UQAM
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