ZEROSECONDE.COM: La WebTV comme un cabaret d'antan (par Martin Lessard)

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Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

La WebTV comme un cabaret d'antan

La semaine dernière, en donnant une formation à des producteurs télé sur les façons d'aborder la webTV, l'un d'entre eux, Barclay Fortin proposa une excellente métaphore pour expliquer la webTV aujourd'hui:
"(...) j’ai réalisé une chose: Internet est en train de ramener l’industrie du divertissement à l’époque d’avant les médias de masse. Lancer un site de webtélé comme Chez Jules, c’est un peu comme ouvrir un cabaret ou un théâtre burlesque à l’époque de Jacques Normand et d’Olivier Guimond. Le point commun, c’est le fractionnement de l’auditoire. À la télé, des millions de personnes voit le même «spectacle» au même moment. Sur Internet, par contre, il y a des centaines de «spectacles» à l’affiche et on va voir celui qu’on veut au moment où on veut."
(source Barclay Fortin C'est pas juste de la Télé)
Il ajoute que les "cabarets et les théâtres des années 30 et 40 étaient des entreprises modestes animés par des artisans passionnés qui essayaient tout simplement de gagner leur vie".

Il a décrit la meilleure impression que l'on peut avoir à vouloir faire de la webTV aujourd'hui...

Les mass-media ont été un certain temps une exception à l'échelle de l'histoire de l'humanité: une information pouvait être transmise à des millions de gens à la fois (relisons Wired juillet 2006 The Rise and Fall of the Hit ). Par les réseaux sociaux, l'information possède généralement une moins grande portée (exception faite des rumeurs et autres transmissions virales). On voit un certain retour à une ère du bouche à oreille (aussi rebaptisé buzz marketing pour être plus vendeur) où l'influence et la transmission se fait sur une petite échelle.

L'offre est exponentielle, mais notre attention est linéaire
Dans un court billet hier, Steve Rubel propose ni plus ni moins que The End of the Destination Web Era, la fin des "destinations web", ces lieux virtuels exponentiellement de plus en plus nombreux et qui compétitionnent avec notre attention limitée et fragmentée.

Il expose des chiffres hallucinants (source Nielsen Online), en mars dernier, un américain moyen:
  • n'a visité que 111 domaines différents
  • consulté qu'environ 2500 pages ,
  • avec un temps moyen de 56 secondes par pages.
  • les portails et les moteurs de recherche occupent 12 des 75 heures en ligne
  • les médias sociaux (Wikipedia, Facebook, YouTube) 4,5 heures par mois...
En bon stratégiste de relations publiques, il est convaincu qu'une mention dans un article est plus porteuse qu'une publicité. Une autre façon de dire que la référence par autorité cognitive sera la façon de trier l'information "crédible" du futur.

Une autorité cognitive est cet intermédiaire a qui l'on donne la crédibilité nécessaire de trier l'information pour nous (voir mon billet qui définit le sujet de l'autorité cognitive). Le filtrage par réseaux sociaux est une des stratégies émergentes pour survivre à la surabondance de l'information. L'ensemble de nos connexions trie les informations qui se rendent à nous.

Que ce soit un journaliste, un blogueur, un ami ou la famille, ils trient pour nous et nous font suivre l'information qu'ils pensent qui nous intéressera. C'est eux qui nous diront à quel cabaret se trouve le meilleur spectacle en ville...

5 commentaires:

mardi, mai 05, 2009 10:17:00 a.m. Alain Lépine a dit...

Salut Martin, l'analogie avec le cabaret d'antan est intéressante. J'ajouterais cependant que le fractionnement de l'auditoire se fait à l'échelle planétaire et non pas à l'échelle d'une région ou d'une ville d'où les cabarets présentaient leurs spectacles. Cela devrait, en théorie, permettre aux artisans de vivre d'oeuvres s'adressant à des publics spécialisés répartis de par le monde. Conclusion : Think big sti! :-)

mardi, mai 05, 2009 5:40:00 p.m. Martin Lessard a dit...

Bonne observation, Alain. Ça donne raison à McLuhan (je crois que c'est lui) qui disait que la planète est un village!

mercredi, mai 06, 2009 9:01:00 a.m. Paul Napoli a dit...

:lol:
Un village ou on parlerait des centaines de langues, avec des centaines de mentalités différentes, cultures, niveau de vie etc ...

Analogie douteuse. La WebTV c'est un accès à la TV numérique de demain, gratuite ou payante, et peu importe l'audience actuelle de tel ou tel.

J'ai plus de TV, mais il m'est arrivé de regarder gratuitement les TV satellites via le web.

D'ailleurs je preferai parler de netTV qu'on utilise le service http / web ou autre chose.

Martin, peux tu enlever ta vérification de mots et utiliser une petite addition ?

mercredi, mai 06, 2009 2:03:00 p.m. Martin Lessard a dit...

Paul, tu as raisons. Mais il y a aussi des "villageois" du bout du monde qui parle la même langue. C'est une audience auquel on n'avais pas accès. Plusieurs artistes québécois se sont fait connaître comme ça en France (notamment Marc Labrèche et ses Le coeur a ses raisons qui ont été copiés sur le web...

Pour la vérif de mot, je ne sais pas si je peux changer (je suis sur blogspot et on a moins de choix que wordpress). je vais désactivé le truc, mais au premier spam, je le vais le réactiver.

mercredi, mai 06, 2009 4:26:00 p.m. Josée a dit...

Billet très intéressant Martin.
Voir également ce billet sur le rôle de curateur et la distinction que son auteur fait entre curateur et éditeur ( http://www.micropersuasion.com/2008/02/the-digital-cur.html)

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