Je donne aujourd'hui, à l'INIS, un atelier sur la webTV dans le cadre des ateliers Makila 2008-2009 organisé par l'agence TOPO. : on passe en revue les enjeux, défis, les stratégies et les facteurs de succès de la WebTV.
Faisant suite à une présentation la semaine dernière de Yannick Gélinas sur et précédent celle de Sacha Declosmesnil, les participants auront droit à un bon aperçu des outils et enjeux dans le domaine de la vidéo en ligne.
Je parle surtout de la chaîne de valeur, de la culture du web et de l'importance des réseaux sociaux. C'est un survol stratégique du nouveau territoire pour les gens de l'industrie de la vidéo et du cinéma.
Je vous partage les liens vers les quelques séries de webTV abordés --il y a tellement d'autres que je ne peux tout aborder-- et les liens les documents de recherche qui sont disponibles sur le web et que je demande aux participants de lire pour en savoir davantage.
Documents de recherches
Cefrio - statistiques NetTendances
Digiworld 2007
Digital Economy Fact Book
Étude AFPTQ : Les nouvelles plateformes de diffusion média - Des mutations profondes pour les industries de l’audiovisuel et du multimédia
Bear Stearns Media Research : The Long Tail: Why Aggregation & Context and Not (Necessarily) Content are King in Entertainment
La culture Internet
Web 2.0 ... The Machine is Us/ing Us (video de M. Wesch)
Les 6 cultures du web (Martin Lessard)
Les webTV
"Talking Heads"
RocketBoom
Daily Mahalo
WallStrip
WebbAlert
Epic Fu
Le Tapis Rose de Catherine (Cinéma, Québec)
"Séries"
L'univers LG15
We Need Girlfriends
Dorm Life
Gravityland
Break a leg (the sitcom)
Hello Geekette (Français comme son nom l'indique)
ChezJules.tvà (Québec)
Inspector Bronco (Québec, traduit du Hindi ;-)
Where are the Jones? (scénario interactif; terminé)
"Films découpés"
Take Me Back (Québec)
Parisk.fr (France)
Survive The Outback (Interactif)
"Sketchs" (Québec) (il y en a tellement plus !)
Têtes à claques
Le cas Roberge (en dormance)
Les Tronches
La minute Blonde (version Québécoise)
Les Trois de Piques
Galacticast (anglais; en dormance)
Kapout.tv
Les Moments de Maman
BananaCam.tv
Didier Ze Mime
TVPT.TV
Urler.tv
Les "agrégateurs"
Kartel.tv
33Mag
Montreal.TV
AlerteRouge.TV
Paroles Citoyennes
Étoiles.TV
Collège de stars
Docu
The story of stuff
The Meatrix
VBS.tv
MidWest Teen Sex Show
31 janvier 2009
4
21 janvier 2009
8
TV en direct + FaceBook = TV Sociale
L'offre en ligne pour suivre "live" un événement s'est grandement développée. L'association CNN & FaceBook qui a présenté l'investiture du président Obama hier démontre ce que pourrait être la télé en direct dans un future très proche.
Tout en suivant live l'investiture, on pouvait, sur la même page, "chatter" live avec sa communauté Facebook grâce au partenariat CNN Live et FaceBook Connect.
Statistiques
De Inside FaceBook (via Mario)
• 1,000,000 de personnes ont mis à jour leur statut facebook via l'application sur CNN.com Live Facebook
• 4,000 mises à jour par minute en moyenne durant tout l'événement
• 8,500 mises à jour du statut Facebook durant la première minute du discours d'Obama
• 25 millions de live video streams Via Beet.TV
• Autres statistiques sur NeeTeeVee.
Facebook tire ainsi le tapis sous les pieds de Twitter
FaceBook avait redonné un regain à Twitter en montrant l'utilité du "status", qui est en fait du micro-bloggage. Pourquoi s'embarrasser de tout l'appareil Facebook quand seulement le "status" suffit pour devenir un "média"?
L'idée géniale de CNN et FB a montré toute la puissance de la communauté de Facebook : suivre l'événement est une chose. La suivre en commentant en ligne en est une autre. La suivre avec sa communauté est tout à fait galvanisant.
Twitter n'a pas perdu la partie pour autant. Il reste un puissant outil de "breaking news", de scoops, du "peer to peer news". Mais ici si on veut regarder ensemble un événement, FaceBook + la télé est le nouvel endroit...
La télé sociale
Je ne crois pas que Twitter (ou autre outil de clavardage ou de forum) aurait offert le même degré de confort social: c'est comme aller écouter un événement sur un grand écran dans un bar ou un café, à la différence, dans le cas de CNN+FB, c'est que dans la salle ne se trouvent que des gens que vous connaissez. Les cris seront les mêmes ("Go Obama Go!") que dans une salle remplie d'inconnus, mais lancés ici par votre réseau personnel centré autour de vous.
Comme Facebook a réussi à paraître plus "personnel" (il n'y a pas d'anonymat sur Facebook), le côté "public" de Twitter semble tout à coup moins approprié... (voir en passant l'analyse d'ExVisu de Twitter sur les données linguistiques entourant Obama).
Une nouvelle audience
Comme l'investiture avait lieu en milieu de journée pour les Américains, les employés au travail ont pu se tourner en masse vers les sites web pour accéder à la diffusion en direct.
CNN a tapé dans le mille en attirant sûrement une grande audience qui avait déserté le petit écran. Les "numériques" ont redécouvert un nouvel usage de cette "télévision" qu'ils trouvaient peut-être trop traditionnelle, unidirectionnelle, dépersonnalisée.
Il ne faut pas sous-estimer ce type d'expérience: quand le réseau sera autant fiable que les ondes, il y a fort à parier qu’« accéder à la télévision» se fera par Internet pour ce type d'événements : on ne veut plus être tout seul devant l'écran.
Autres liens
Si vous avez manqué le discours d'Obama, c'est ici pour la video et ici pour le texte anglais (et ici pour des extraits en français)
Et vous pouvez voir toute la scène en 3D avec PhotoSynth (MS SilverLight 2.0 nécessaire) (via Journal du Geek)
Autres réflexions sur la télé et le web sur Zéro Seconde
Les réseaux sociaux comme extension de la culture de masse
::Où je tire un peu les oreilles de Radio-Canada et explique pourquoi les réseaux sociaux poursuivent une lointaine guerre entre culture d'élite et culture populaire.
Pré-diffusion TV
::Lancer sa saison sur le web avant de la lancer à la télé?
TV et le web : faites court
::Les gens peuvent passer jusqu'à 40 minutes sur YouTube, mais ils le font à coup de clips de deux minutes.
Métamorphoses de la télé
Les grandes mutations qui affectent l'industrie de la télédiffusion créent une fenêtre de nouvelles opportunités pour expérimenter et tester les nouveaux médias.
Pour ou contre Facebook?
Il est trop facile d'en faire un combat "vie réelle" versus "vie virtuelle", la dichotomie fondamentale est plutôt "en ligne/hors-ligne".
Tout en suivant live l'investiture, on pouvait, sur la même page, "chatter" live avec sa communauté Facebook grâce au partenariat CNN Live et FaceBook Connect.
Statistiques
De Inside FaceBook (via Mario)
• 1,000,000 de personnes ont mis à jour leur statut facebook via l'application sur CNN.com Live Facebook
• 4,000 mises à jour par minute en moyenne durant tout l'événement
• 8,500 mises à jour du statut Facebook durant la première minute du discours d'Obama
• 25 millions de live video streams Via Beet.TV
• Autres statistiques sur NeeTeeVee.
Facebook tire ainsi le tapis sous les pieds de Twitter
FaceBook avait redonné un regain à Twitter en montrant l'utilité du "status", qui est en fait du micro-bloggage. Pourquoi s'embarrasser de tout l'appareil Facebook quand seulement le "status" suffit pour devenir un "média"?
L'idée géniale de CNN et FB a montré toute la puissance de la communauté de Facebook : suivre l'événement est une chose. La suivre en commentant en ligne en est une autre. La suivre avec sa communauté est tout à fait galvanisant.
Twitter n'a pas perdu la partie pour autant. Il reste un puissant outil de "breaking news", de scoops, du "peer to peer news". Mais ici si on veut regarder ensemble un événement, FaceBook + la télé est le nouvel endroit...
La télé sociale
Je ne crois pas que Twitter (ou autre outil de clavardage ou de forum) aurait offert le même degré de confort social: c'est comme aller écouter un événement sur un grand écran dans un bar ou un café, à la différence, dans le cas de CNN+FB, c'est que dans la salle ne se trouvent que des gens que vous connaissez. Les cris seront les mêmes ("Go Obama Go!") que dans une salle remplie d'inconnus, mais lancés ici par votre réseau personnel centré autour de vous.
Comme Facebook a réussi à paraître plus "personnel" (il n'y a pas d'anonymat sur Facebook), le côté "public" de Twitter semble tout à coup moins approprié... (voir en passant l'analyse d'ExVisu de Twitter sur les données linguistiques entourant Obama).
Une nouvelle audience
Comme l'investiture avait lieu en milieu de journée pour les Américains, les employés au travail ont pu se tourner en masse vers les sites web pour accéder à la diffusion en direct.
CNN a tapé dans le mille en attirant sûrement une grande audience qui avait déserté le petit écran. Les "numériques" ont redécouvert un nouvel usage de cette "télévision" qu'ils trouvaient peut-être trop traditionnelle, unidirectionnelle, dépersonnalisée.
Il ne faut pas sous-estimer ce type d'expérience: quand le réseau sera autant fiable que les ondes, il y a fort à parier qu’« accéder à la télévision» se fera par Internet pour ce type d'événements : on ne veut plus être tout seul devant l'écran.
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Si vous avez manqué le discours d'Obama, c'est ici pour la video et ici pour le texte anglais (et ici pour des extraits en français)
Et vous pouvez voir toute la scène en 3D avec PhotoSynth (MS SilverLight 2.0 nécessaire) (via Journal du Geek)
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Les réseaux sociaux comme extension de la culture de masse
::Où je tire un peu les oreilles de Radio-Canada et explique pourquoi les réseaux sociaux poursuivent une lointaine guerre entre culture d'élite et culture populaire.
Pré-diffusion TV
::Lancer sa saison sur le web avant de la lancer à la télé?
TV et le web : faites court
::Les gens peuvent passer jusqu'à 40 minutes sur YouTube, mais ils le font à coup de clips de deux minutes.
Métamorphoses de la télé
Les grandes mutations qui affectent l'industrie de la télédiffusion créent une fenêtre de nouvelles opportunités pour expérimenter et tester les nouveaux médias.
Pour ou contre Facebook?
Il est trop facile d'en faire un combat "vie réelle" versus "vie virtuelle", la dichotomie fondamentale est plutôt "en ligne/hors-ligne".
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17 janvier 2009
0
Les prénumeriques
"Les prénumériques regardent l’heure sur une montre, ils trouvent leur chemin sur une carte pliée en accordéon, [...ils] écoutent la météo sur leur poste de radio, regardent les infos routières à la télévision. Pour préparer leurs vacances, ils vont dans une agence de voyages et ils prennent les dépliants avec les horaires de trains. Au retour, ils font développer leurs photos et en font des doubles pour leurs proches."(source)
Vous regardiez les photos, en noir et blanc, de vos (grands) parents, toutes écornées, dans la boîte à soulier, émerveillé comme Howard Carter découvrant le tombeau de Toutânkhamon, d'avoir une vue sur "l'ancien monde".
Aujourd'hui il s'agit de se faire décrire comment nous vivions dans le pré-numérique pour retrouver ce frisson du temps disparu. Mais est-il vraiment disparu?
Jacques-François Marchandise, directeur de développement de la FING, a fait un bon billet jeudi sur "les prénumériques" pour nous dire que les temps ont changé, mais aussi que tout n'est pas changé.
"Nous retenons mieux ce que nous lisons sur le papier qu’à l’écran, et nous avons un peu peur de la disparition du livre, que nous trouvons fonctionnel et portatif, et que nous aimons bien, parce qu’il a son histoire et qu’il est dans la nôtre."
Point d'orgue
Je crois que son billet vient clore un cycle de discussion sur les "digitals native / digital immigrants" que j'ai commencé la semaine dernière [Pour en finir avec les natifs versus les immigrants digitaux et Épidémie blogueuse] :
"On est toujours le prénumérique de quelqu’un. [...] Comprendre ce qui change, c’est aussi comprendre ce qui précède". Il dit croire que "nous sommes donc durablement prénumériques; quant aux digital natives, ils naissent ou sont nés dans un monde où le numérique existe, mais où le prénumérique préexiste, et il n’y a pas lieu de s’en inquiéter, mais d’y prêter toute l’attention nécessaire."
En commentaires sur InternetActu
Philippe Cazeneuve ajoute : "Nous avons beau travailler dans des environnements numériques, la construction de nos connaissances et la capitalisation de nos expériences, la façon dont nous mémorisons les informations que nous échangeons et produisons relèvent toujours me semble-t-il de logiques qui ne sont pas d’ordre binaire."
Erwan, ajoute :"Je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut avant tout de la curiosité pour la chose numérique, ainsi qu’un peu de patience. À l’époque où nous nous trouvons, ces (pré)dispositions comptent bien plus que l’âge, et ça risque de durer encore un moment…"
---
Autres liens
"Enseigner et apprendre en milieu nomade" : l'intervention vidéo de Jacques-François Marchandise
Vous regardiez les photos, en noir et blanc, de vos (grands) parents, toutes écornées, dans la boîte à soulier, émerveillé comme Howard Carter découvrant le tombeau de Toutânkhamon, d'avoir une vue sur "l'ancien monde".
Aujourd'hui il s'agit de se faire décrire comment nous vivions dans le pré-numérique pour retrouver ce frisson du temps disparu. Mais est-il vraiment disparu?
Jacques-François Marchandise, directeur de développement de la FING, a fait un bon billet jeudi sur "les prénumériques" pour nous dire que les temps ont changé, mais aussi que tout n'est pas changé.
"Nous retenons mieux ce que nous lisons sur le papier qu’à l’écran, et nous avons un peu peur de la disparition du livre, que nous trouvons fonctionnel et portatif, et que nous aimons bien, parce qu’il a son histoire et qu’il est dans la nôtre."
Point d'orgue
Je crois que son billet vient clore un cycle de discussion sur les "digitals native / digital immigrants" que j'ai commencé la semaine dernière [Pour en finir avec les natifs versus les immigrants digitaux et Épidémie blogueuse] :
"On est toujours le prénumérique de quelqu’un. [...] Comprendre ce qui change, c’est aussi comprendre ce qui précède". Il dit croire que "nous sommes donc durablement prénumériques; quant aux digital natives, ils naissent ou sont nés dans un monde où le numérique existe, mais où le prénumérique préexiste, et il n’y a pas lieu de s’en inquiéter, mais d’y prêter toute l’attention nécessaire."
En commentaires sur InternetActu
Philippe Cazeneuve ajoute : "Nous avons beau travailler dans des environnements numériques, la construction de nos connaissances et la capitalisation de nos expériences, la façon dont nous mémorisons les informations que nous échangeons et produisons relèvent toujours me semble-t-il de logiques qui ne sont pas d’ordre binaire."
Erwan, ajoute :"Je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut avant tout de la curiosité pour la chose numérique, ainsi qu’un peu de patience. À l’époque où nous nous trouvons, ces (pré)dispositions comptent bien plus que l’âge, et ça risque de durer encore un moment…"
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"Enseigner et apprendre en milieu nomade" : l'intervention vidéo de Jacques-François Marchandise
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16 janvier 2009
0
2 interviews cette semaine
Deux interviews coup sur coup que j'ai donné cette semaine. L'Atelier , sur les usages des réseaux sociaux en ligne et La Presse Affaires, sur la Web télé.
Montée des réseaux sociaux
L'Atelier (un réseau de veille de UNP Paribas) commente une étude (US Media Myths & Realities) sortie récemment qui démontre que près de 33% des consommateurs (américains) fréquentent les réseaux sociaux pour s'informer, contre 17 % en 2006, et l'usage des blogues est passé de 13% à 26%.
"Sur les sites d'achats, les consommateurs partagent des stratégies de vie, de consommation. [...] Cette étude confirme une tendance pressentie depuis plusieurs années" ai-je dit au journaliste. La suite: Sur le Web, le consommateur débat partout (398 mots)
L'étude montre à quel point l'écosystème de l'information se transforme avec les nouveaux outils en ligne (et il faudra bien que je continue ma série de billets sur le sujet). Il existe une fragmentation des usages: les "consommateurs-influenceurs" consomment davantage de canaux alternatifs que la population en général --une autre preuve que sur le web ce n'est pas la quantité, mais la qualité-- et que les sources traditionnelles commencent un lent glissement dans les soudages (de 71% à 65% pour l'usage des réseaux de télévision comme source d'information).
"All channels can now link with one another, allowing more collaboration and participation than ever. The melding of media is also demonstrated in the actions of legacy media, which are continuing to embrace and implement the principles of new media. Conversely, the journalistic principles that underline news organizations - accuracy, timeliness, objectivity and so forth - will move to other delivery channels. Regardless of where we get our information, we want the source to be credible."
La WebTV bientôt à la TV?
La Presse Affaires parle des téléviseurs branchés et des téléphones intelligents, vus au Consumer Electronics Show, qui place le contenu vidéo tiré d'Internet au centre de l'attention, où de nouvelles dispositions facilitent l'affichage sur téléviseur ou sur téléphone de contenu vidéo tiré d'Internet.
«La télé nous amène à un clic du «couch potato», ce qui fait cruellement défaut aux productions Web d'ici [...] Pour que la Web télé marche, ça prend une masse critique et la télé leur procurerait cette masse critique là." ai-je dit à Alain McKenna. La suite: La naissance d'une industrie de la Web télé grand public?
Aussi interviewé dans l'article, Laurent Maisonnave croit aussi que le « rapprochement entre le web et la télé, c'est le sujet de l'heure». Au Québec, «On a déjà l'avantage culturel: les séries qui collent à la culture québécoise vont davantage intéresser les téléspectateurs d'ici que les séries étrangères» continue-t-il. Dans son blogue, Laurent ajoute que la question majeure est celle de la taille du marché et du volume de publicité. Lire
Le grand public au secours de la Webtélé québécoise.
Tout ça remonte à la problématique question du modèle d’affaires de la WebTV et de sa percée auprès du grand public. Personne n'a vraiment de recette. MoBuzz a fermé avant les fêtes, Le cas Roberge prend une pause.
Je crois fermement que pour subsister en ce moment il faut que les coûts soient réduits au strict minimum et produire plusieurs formules de front: comme il est dur de prédire ce qui marchera, le public tranchera dans les statistiques de fréquentation. Un ensemble de petits succès peut donner des ailes à l'ensemble.
Ça oriente la créativité, ça peut la contraindre même. Mais, comme on dit en anglais, "It's scalable".
Montée des réseaux sociaux
L'Atelier (un réseau de veille de UNP Paribas) commente une étude (US Media Myths & Realities) sortie récemment qui démontre que près de 33% des consommateurs (américains) fréquentent les réseaux sociaux pour s'informer, contre 17 % en 2006, et l'usage des blogues est passé de 13% à 26%.
"Sur les sites d'achats, les consommateurs partagent des stratégies de vie, de consommation. [...] Cette étude confirme une tendance pressentie depuis plusieurs années" ai-je dit au journaliste. La suite: Sur le Web, le consommateur débat partout (398 mots)
L'étude montre à quel point l'écosystème de l'information se transforme avec les nouveaux outils en ligne (et il faudra bien que je continue ma série de billets sur le sujet). Il existe une fragmentation des usages: les "consommateurs-influenceurs" consomment davantage de canaux alternatifs que la population en général --une autre preuve que sur le web ce n'est pas la quantité, mais la qualité-- et que les sources traditionnelles commencent un lent glissement dans les soudages (de 71% à 65% pour l'usage des réseaux de télévision comme source d'information).
"All channels can now link with one another, allowing more collaboration and participation than ever. The melding of media is also demonstrated in the actions of legacy media, which are continuing to embrace and implement the principles of new media. Conversely, the journalistic principles that underline news organizations - accuracy, timeliness, objectivity and so forth - will move to other delivery channels. Regardless of where we get our information, we want the source to be credible."
La WebTV bientôt à la TV?
La Presse Affaires parle des téléviseurs branchés et des téléphones intelligents, vus au Consumer Electronics Show, qui place le contenu vidéo tiré d'Internet au centre de l'attention, où de nouvelles dispositions facilitent l'affichage sur téléviseur ou sur téléphone de contenu vidéo tiré d'Internet.
«La télé nous amène à un clic du «couch potato», ce qui fait cruellement défaut aux productions Web d'ici [...] Pour que la Web télé marche, ça prend une masse critique et la télé leur procurerait cette masse critique là." ai-je dit à Alain McKenna. La suite: La naissance d'une industrie de la Web télé grand public?
Aussi interviewé dans l'article, Laurent Maisonnave croit aussi que le « rapprochement entre le web et la télé, c'est le sujet de l'heure». Au Québec, «On a déjà l'avantage culturel: les séries qui collent à la culture québécoise vont davantage intéresser les téléspectateurs d'ici que les séries étrangères» continue-t-il. Dans son blogue, Laurent ajoute que la question majeure est celle de la taille du marché et du volume de publicité. Lire
Le grand public au secours de la Webtélé québécoise.
Tout ça remonte à la problématique question du modèle d’affaires de la WebTV et de sa percée auprès du grand public. Personne n'a vraiment de recette. MoBuzz a fermé avant les fêtes, Le cas Roberge prend une pause.
Je crois fermement que pour subsister en ce moment il faut que les coûts soient réduits au strict minimum et produire plusieurs formules de front: comme il est dur de prédire ce qui marchera, le public tranchera dans les statistiques de fréquentation. Un ensemble de petits succès peut donner des ailes à l'ensemble.
Ça oriente la créativité, ça peut la contraindre même. Mais, comme on dit en anglais, "It's scalable".
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14 janvier 2009
1
Épidémie blogueuse
"Si ce type de lecture devait remplacer le journal et le livre, alors oui, s'en suivrait une grave régression intellectuelle" parce que "la lecture de longs articles sur internet [étant] tellement fastidieuse qu'elle favorisait le zappage au lieu de la concentration". [Christian Rioux dans un commentaire chez Mario Asselin]
"L'épidémie blogueuse" [voir mon dernier billet] induit la lecture en ligne, et dans mon cas, pour de longs articles, la blogosphère --sans remplacer le journal et le livre, en ouvrant une voie bien à elle --, particulièrement avec les écrans que nous avons encore, affecte oui la lecture telle que nous la connaissons.
Loin de moi l'idée de vous faire régresser, mais il y a beaucoup de bons billets qui sont parus sur le billet d'humeur de Christian Rioux du Devoir qui sont intéressants à lire
Autres liens
On lira (ou butinera?) ces billets qui donnent une autre perspective au débat général de la rencontre de la blogosphère et des journalistes:
Philippe Gammaire (UniversMedia) : Blogs de journalistes : la liberté de ton retrouvée
Martine Pagé: L’auteur et l’auto-promo Web qui résume Bloggers Vs. an Author: No one Wins.
"L'épidémie blogueuse" [voir mon dernier billet] induit la lecture en ligne, et dans mon cas, pour de longs articles, la blogosphère --sans remplacer le journal et le livre, en ouvrant une voie bien à elle --, particulièrement avec les écrans que nous avons encore, affecte oui la lecture telle que nous la connaissons.
Loin de moi l'idée de vous faire régresser, mais il y a beaucoup de bons billets qui sont parus sur le billet d'humeur de Christian Rioux du Devoir qui sont intéressants à lire
Mario Asselin (Mario tout de Go): Je blogue davantage pour apprendre que pour toute autre raisonEst-ce que Rioux aurait pu demander à ces blogueurs de "soumettre leur texte à une rédaction, comme il le fait depuis trente ans et comme le font les journalistes et les auteurs en général"? Et qu'aurait signifié une commande de réécriture?
Où, dans les commentaires on voit une réponse de Rioux. Mario propose que l'écriture/lecture sur le web repose sur de tout autres prémices que pour le journalisme.
Clément Laberge (Remolino) : Écrire à l’oral
"Tant mieux pour lui s’il trouve ailleurs tout ce dont il a besoin pour alimenter sa vie sociale et intellectuelle (...) Pour ma part, j’ai besoin de _ma_ blogosphère pour y arriver." Clément, autant que Mario, sont des prototypes de cette blogosphère qui réfléchit en publiant. Et la "relecture": c'est avec toute l'audience que cela se passe...
Aurélie Aulume : Pas d'accord pantoute
Bloguer c'est "une curiosité, un désir de partage, d’échange, une envie de participer à des discussions." "Avez-vous déjà dit à votre Oncle Georges que ce qu’il disait au Party de Noël n’avait aucune valeur parce qu’il n’était pas journaliste et qu’il ne fallait surtout pas qu’il se prenne pour ça".
Michelle Sullivan : Reflet d’une nouvelle réalité : le journalisme en mutation
"Et qui dit que cette nouvelle réalité ne nous poussera pas, nous, messieurs et mesdames tout le monde, à devenir plus critiques envers nos sources d’information?" Pendant que des journaux virent en agrégateur papier de capsule de nouvelles, le web permet la démocratisation de la transmission du savoir et des opinions.
Michel Monette : Chistian Rioux a raison et tort
"Pour ce qui est de la critique de Rioux envers le support de lecture, j’imagine que les moines copistes ont été aussi durs envers l’imprimé jadis."
et le dernier et non le moindre
Michel Dumais : Pas de commentaires
La société de l'admiration mutuelle engendre de ridicules polémiques, ahhhh «what's next ?»
Autres liens
On lira (ou butinera?) ces billets qui donnent une autre perspective au débat général de la rencontre de la blogosphère et des journalistes:
Philippe Gammaire (UniversMedia) : Blogs de journalistes : la liberté de ton retrouvée
Martine Pagé: L’auteur et l’auto-promo Web qui résume Bloggers Vs. an Author: No one Wins.
Libellés :
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11 janvier 2009
9
Pour en finir avec les natifs versus les immigrants digitaux
Marc Prensky a beaucoup fait pour favoriser l'introduction des nouvelles technologies à l'école ou faciliter son acceptation dans la population, avec une belle formule-choc : les jeunes sont natifs du numérique, les vieux sont des immigrants. Mais il est temps maintenant de neutraliser ce mythe du natif versus immigrant qui a fait plus de tort qu'autre chose.
Comme prétexte pour vous en parler je prends mon journal (papier) préféré qui nous propose une attaque frontale contre la blogosphère, ce qui nous change des petites flèches de côté qui ont eu cours dans la dernière année.
Épidémie blogueuse
Christian Rioux, dans le Devoir de vendredi (eh oui, vous pouvez le lire en ligne) a signé un mordant billet d'humeur sur "la société des blogs" (et, admettons-le, c'est assez franc, parfois juste, mais trop corrosif pour de pas refléter une frustration) sur "l'épidémie blogueuse" (avouez que l'expression est bien trouvée) qui ne génère que "zappage numérique", "médiocrité" et rien de moins qu'une "grave régression intellectuelle" [*].
Essayons d'y voir clair le temps d'identifier une source d'incompréhension sur la blogosphère et proposons ensuite une nouvelle métaphore plus pratique pour débloquer la situation...
Je vous laisse le temps de le lire (843 mots), le croissant à la main (joignons l'utile à l'agréable), et on se retrouve au paragraphe suivant.
Dissonance cognitive
D'emblée, l'auteur se traite de "dinosaure", comme pour excuser ce qu'il aura à dire et cite une entrevue avec Prenski, que signe Michel Dumais en guise de cadeau de retour comme collaborateur spécial dans les pages du journal, sur les natifs et les immigrants du web.
Selon Prensky, les jeunes seraient des "natifs" des nouvelles technologies, car, comme Obélix, ils seraient "tombés dedans". Pour les autres, ce ne sont que des "immigrants" qui ont dû tout réapprendre pour vivre dans ce Nouveau Monde...
Rioux serait donc un "dinosaure", voué à l'extinction s'il ne s'adapte pas. Mauvais diagnostic, comme on le verra plus loin.
À quoi rime de dire que les "jeunes" sont "natifs" par défaut?
Oui l'accès aux nouvelles technologies est plus prégnant pour cette génération, mais il ne provoque ni usage prescient spontané, ni compréhension transcentale: la plupart sont tout aussi "clueless" que n'importe quel "newbie" de 40 ans et plus devant Twitter, FaceBook et le Web 2.0...
Il est de loin préférable de voir le territoire numérique peuplé de "résidents" auxquels s'adjoignent par vagues temporaires des "visiteurs".
Les "résidents" habitent une ville numérique, comme d'autre la cité politique, et connaissent bien tous les us et coutumes, les recoins et les raccourcis, les rabais et les pièges de ces lieux. Ces habitants construisent les divers quartiers de cette ville nouvelle.
Les autres, les visiteurs, ne seront que de perpétuels touristes, puisqu'ils "habitent" ailleurs, hors ligne, dans d'autres sphères de l'activité humaine.
Rioux est un junky de news, de politique et de culture d'élite qui constituent son pain quotidien. Il est un impénitent résident de cette autre sphère, celle de l'actualité politique et de la culture d'élite, qui sait reconnaître les touristes qui s'aventurent dans "sa" ville.
Les visiteurs du numérique, ces touristes, envahissent la cité numérique au gré des saisons de vacances de leurs sphères d'activités principales à la recherche de quelque repos ou pour se ressourcer. Certains vont y devenir résidents, mais la plupart resteront plus ou moins "étrangers" aux us et coutumes de cette ville.
Nous sommes tous les touristes de quelqu'un d'autre
Cette métaphore est beaucoup plus prêt de la réalité en ce sens, que la démographie des résidents e des visiteurs ne recoupe pas nécessairement la séparation entre les générations.
Croire le contraire relève du jeunisme. Certains jeunes sont aussi "dinosaures" que Rioux si moindrement leur vie ne se centre pas autour d'internet. Il est préférable de dire qu'ils sont des visiteurs. On excusera plus facilement s'il ne se retrouve pas facilement dans la ville...
Sur ce thème, je réfère ces liens
- "Visiteurs et résidents" de Jean-Michel Salaün qui résume David White, “Not ‘Natives’ & ‘Immigrants’ but ‘Visitors’ & ‘Residents’,” TALL blog, juillet 23, 2008
Je soupçonne toutefois que Rioux ressemble au touriste européen qui vient visiter Montréal "pour ses beaux bâtiments" et qui apporte avec lui sa façon de ne pas être dépaysé.
Il déplore dans sa tournée de la cité la médiocrité des "nouveaux contenus", comme le touriste déplore la médiocrité de l'architecture locale, avant de comprendre qu'il doit d'abord baisser sa caméra et se mettre à converser avec les habitants. Ceux qui connaissent Montréal comprennent de quoi je parle.
Je reviendrai peut-être plus tard, dans d'autres billets, sur les divers autres critiques qu'il adresse aussi à la blogosphère, la plupart vraies sur le fond, mais faux dans les détails. Commençons seulement par enlever ces lunettes qui déforment la réalité et embrouillent les esprits.
L'auberge digitale
Internet est une auberge espagnole et on y trouve ce qu'on y apporte. Il existe effectivement des "résidents", qui ne sont pas autre chose que des "visiteurs" de longue date, qui vivent dans cette ville numérique et certains visiteurs viennent régulièrement grossir leurs rangs.
Cette métaphore de la ville résout bien des problèmes: une ville est composée de plusieurs quartiers, chics, paumés, dangereux, ennuyeux, branchés. Réduire la ville a un de ses quartiers ne donne en rien un bon aperçu. Et tout mettre sur le même pied non plus...
Quand Rioux dit que dans la blogosphère, "la parole de l'expert vaut celle de [sa] concierge", c'est comme dire Paris ne vaut rien, car, "les Champs Élysées côtoie la Goutte d'or". Non, mais! Ce sont deux quartiers différents, avec des attraits différents.
Le visiteur bourgeois qui se perd dans le XIXe arrondissement n'a qu'à avoir une meilleure carte, comme le visiteur honnête qui s'ennuie de voir la débauche des m'as-tu-vu sur les Champs n'a qu'à se faire suggérer des endroits plus intéressants.
Les bas fonds du RSS
Quand Rioux trouve qu'il y a trop quartiers "mal famés" dans la blogosphère, ces "tribunes téléphoniques permanentes sans modérateur", il oublie qu'il n'est plus dans un monde de "radiodiffusion" -où le contenu éditorial est une norme- mais, d'une certaine façon, directement dans la centrale téléphonique écoutant virtuellement toutes, vraiment toutes, les conversations qui ont lieu simultanément. Juger la pertinence de la sphère "téléphonique" dans sa totalité n'a aucun sens.
Que Rioux ne trouve pas son quartier approprié à ses goûts est un autre problème. Sauf à vouloir rester ce touriste impatient de revenir chez lui, il est normal qu'il doive s'attendre à trouver autre chose.
En premier lieu, reconnaître qu'il n'y a pas qu'une blogosphère, mais des blogosphères. Et que s'il traîne dans les endroits de "commentaires spontanés lancés à tort et à travers", c'est comme traîner la nuit à Pigalles et de détester la faune présente...
Qu'on ne se trompe pas: il a raison de trouver que les Pigalles sont un trop nombreux dans la blogosphère. Il a tort de ne pas penser qu'il existe des havres de civilisation dans cette cité. Chacun a à fabriquer sa carte des lieux.
Dans un espace limité comme en "radiodiffusion", où l'espace est rare et chaque auteur occupe la place d'un autre, on peut critiquer. Dans un espace infini comme sur le web, il y a de la place pour tous et personne n'empêche l'autre d'être au centre.
La blogosphère est une cité où son centre est partout. Il faut prendre le temps de trouver son propre centre. Le reste, on ne le visite pas...
Plus de lecture
-"The Internet as a City: Thoughts on the Connected Brain"
- "Hanging Out, Messing Around, Geeking Out": A Conversation with the Digital Youth Project (Part Two)
- "Are digital natives a myth or reality?: Students’ use of technologies for learning" PDF Glasgow Caledonian University, UK dont il existe une présentation courte : "Myth Of Digital Native: Students' use of technologies"
[*] Note ajouté le 13 janvier 2009
Rioux a plus tard précisé chez Mario Asselin:"Si ce type de lecture devait remplacer le journal et le livre, alors oui, s'en suivrait une grave régression intellectuelle" parce que "la lecture de longs articles sur internet [étant] tellement fastidieuse qu'elle favorisait le zappage au lieu de la concentration". Je laisse entendre dans mon billet que c'est "l'épidémie blogueuse" qui crée cette régression intellectuelle. L'épidémie entraînant la lecture en ligne, et dans mon cas, pour de longs articles, je ne crois avoir trop déformé sa pensée. La lecture en ligne, particulièrement avec les écrans que nous avons encore, affecte oui la lecture, mais moins dans la régression que dans le développement d'un autre mode de lecture. D'autres ont développé davantage sur ce point; Rioux préfère y voir une perte.
Plus de lecture [ajouté 19 janvier 2009] sur la notion de ville
Interfaces : comprendre ce qu’est le contexte (H.Guillaud, InternetActu) : avec les technologies ambiantes, nous aurons les moyens de ne pas déambuler pus dans les rues dangereuses, car elles n’apparaitront même plus sur nos cartes électroniques.
Comment la ville nuit-elle à notre cerveau ? (H.Guillaud, InternetActu) : le simple fait de vivre dans un environnement urbain à des effets sur nos processus mentaux de base
Comme prétexte pour vous en parler je prends mon journal (papier) préféré qui nous propose une attaque frontale contre la blogosphère, ce qui nous change des petites flèches de côté qui ont eu cours dans la dernière année.
Épidémie blogueuse
Christian Rioux, dans le Devoir de vendredi (eh oui, vous pouvez le lire en ligne) a signé un mordant billet d'humeur sur "la société des blogs" (et, admettons-le, c'est assez franc, parfois juste, mais trop corrosif pour de pas refléter une frustration) sur "l'épidémie blogueuse" (avouez que l'expression est bien trouvée) qui ne génère que "zappage numérique", "médiocrité" et rien de moins qu'une "grave régression intellectuelle" [*].
Essayons d'y voir clair le temps d'identifier une source d'incompréhension sur la blogosphère et proposons ensuite une nouvelle métaphore plus pratique pour débloquer la situation...
Je vous laisse le temps de le lire (843 mots), le croissant à la main (joignons l'utile à l'agréable), et on se retrouve au paragraphe suivant.
Dissonance cognitive
D'emblée, l'auteur se traite de "dinosaure", comme pour excuser ce qu'il aura à dire et cite une entrevue avec Prenski, que signe Michel Dumais en guise de cadeau de retour comme collaborateur spécial dans les pages du journal, sur les natifs et les immigrants du web.
Selon Prensky, les jeunes seraient des "natifs" des nouvelles technologies, car, comme Obélix, ils seraient "tombés dedans". Pour les autres, ce ne sont que des "immigrants" qui ont dû tout réapprendre pour vivre dans ce Nouveau Monde...
Rioux serait donc un "dinosaure", voué à l'extinction s'il ne s'adapte pas. Mauvais diagnostic, comme on le verra plus loin.
Sur le thème de Prensky, on peut lire avec profit ces pièces --tiens, je vais faire exprès-- sur la blogosphère, lieu où l'on retrouve, selon Rioux, un "ramassis de banalités et d'énormités souvent sans nom" (et ne on ne peut le lui reprocher sur le fond, mais il a tort dans les faits):Résidents versus visiteurs
- « Immigrants et natifs numériques», un bref résumé par une bibliothécaire un peu geek et très curieuse.
« Génération Digital Natives », petite histoire d'une génération spontanée ou Lamarck au pays des TICE.
- « Comment les jeunes vivent-ils et apprennent-ils avec les nouveaux médias ? », un billet d'Hubert Guillaud plus fouillé et allant au-delà des concepts de base.
Pour retourner aux sources, vous pouvez relire Prensky:
- « Digital Natives, Digital Immigrants», PDF 2001
- « The Emerging Online Life of the Digital Native », PDF 2004
À quoi rime de dire que les "jeunes" sont "natifs" par défaut?
Oui l'accès aux nouvelles technologies est plus prégnant pour cette génération, mais il ne provoque ni usage prescient spontané, ni compréhension transcentale: la plupart sont tout aussi "clueless" que n'importe quel "newbie" de 40 ans et plus devant Twitter, FaceBook et le Web 2.0...
Il est de loin préférable de voir le territoire numérique peuplé de "résidents" auxquels s'adjoignent par vagues temporaires des "visiteurs".
Les "résidents" habitent une ville numérique, comme d'autre la cité politique, et connaissent bien tous les us et coutumes, les recoins et les raccourcis, les rabais et les pièges de ces lieux. Ces habitants construisent les divers quartiers de cette ville nouvelle.
Les autres, les visiteurs, ne seront que de perpétuels touristes, puisqu'ils "habitent" ailleurs, hors ligne, dans d'autres sphères de l'activité humaine.
Rioux est un junky de news, de politique et de culture d'élite qui constituent son pain quotidien. Il est un impénitent résident de cette autre sphère, celle de l'actualité politique et de la culture d'élite, qui sait reconnaître les touristes qui s'aventurent dans "sa" ville.
Les visiteurs du numérique, ces touristes, envahissent la cité numérique au gré des saisons de vacances de leurs sphères d'activités principales à la recherche de quelque repos ou pour se ressourcer. Certains vont y devenir résidents, mais la plupart resteront plus ou moins "étrangers" aux us et coutumes de cette ville.
Nous sommes tous les touristes de quelqu'un d'autre
Cette métaphore est beaucoup plus prêt de la réalité en ce sens, que la démographie des résidents e des visiteurs ne recoupe pas nécessairement la séparation entre les générations.
Croire le contraire relève du jeunisme. Certains jeunes sont aussi "dinosaures" que Rioux si moindrement leur vie ne se centre pas autour d'internet. Il est préférable de dire qu'ils sont des visiteurs. On excusera plus facilement s'il ne se retrouve pas facilement dans la ville...
Sur ce thème, je réfère ces liens
- "Visiteurs et résidents" de Jean-Michel Salaün qui résume David White, “Not ‘Natives’ & ‘Immigrants’ but ‘Visitors’ & ‘Residents’,” TALL blog, juillet 23, 2008
Je soupçonne toutefois que Rioux ressemble au touriste européen qui vient visiter Montréal "pour ses beaux bâtiments" et qui apporte avec lui sa façon de ne pas être dépaysé.
Il déplore dans sa tournée de la cité la médiocrité des "nouveaux contenus", comme le touriste déplore la médiocrité de l'architecture locale, avant de comprendre qu'il doit d'abord baisser sa caméra et se mettre à converser avec les habitants. Ceux qui connaissent Montréal comprennent de quoi je parle.
Je reviendrai peut-être plus tard, dans d'autres billets, sur les divers autres critiques qu'il adresse aussi à la blogosphère, la plupart vraies sur le fond, mais faux dans les détails. Commençons seulement par enlever ces lunettes qui déforment la réalité et embrouillent les esprits.
L'auberge digitale
Internet est une auberge espagnole et on y trouve ce qu'on y apporte. Il existe effectivement des "résidents", qui ne sont pas autre chose que des "visiteurs" de longue date, qui vivent dans cette ville numérique et certains visiteurs viennent régulièrement grossir leurs rangs.
Cette métaphore de la ville résout bien des problèmes: une ville est composée de plusieurs quartiers, chics, paumés, dangereux, ennuyeux, branchés. Réduire la ville a un de ses quartiers ne donne en rien un bon aperçu. Et tout mettre sur le même pied non plus...
Quand Rioux dit que dans la blogosphère, "la parole de l'expert vaut celle de [sa] concierge", c'est comme dire Paris ne vaut rien, car, "les Champs Élysées côtoie la Goutte d'or". Non, mais! Ce sont deux quartiers différents, avec des attraits différents.
Le visiteur bourgeois qui se perd dans le XIXe arrondissement n'a qu'à avoir une meilleure carte, comme le visiteur honnête qui s'ennuie de voir la débauche des m'as-tu-vu sur les Champs n'a qu'à se faire suggérer des endroits plus intéressants.
Les bas fonds du RSS
Quand Rioux trouve qu'il y a trop quartiers "mal famés" dans la blogosphère, ces "tribunes téléphoniques permanentes sans modérateur", il oublie qu'il n'est plus dans un monde de "radiodiffusion" -où le contenu éditorial est une norme- mais, d'une certaine façon, directement dans la centrale téléphonique écoutant virtuellement toutes, vraiment toutes, les conversations qui ont lieu simultanément. Juger la pertinence de la sphère "téléphonique" dans sa totalité n'a aucun sens.
Que Rioux ne trouve pas son quartier approprié à ses goûts est un autre problème. Sauf à vouloir rester ce touriste impatient de revenir chez lui, il est normal qu'il doive s'attendre à trouver autre chose.
En premier lieu, reconnaître qu'il n'y a pas qu'une blogosphère, mais des blogosphères. Et que s'il traîne dans les endroits de "commentaires spontanés lancés à tort et à travers", c'est comme traîner la nuit à Pigalles et de détester la faune présente...
Qu'on ne se trompe pas: il a raison de trouver que les Pigalles sont un trop nombreux dans la blogosphère. Il a tort de ne pas penser qu'il existe des havres de civilisation dans cette cité. Chacun a à fabriquer sa carte des lieux.
Dans un espace limité comme en "radiodiffusion", où l'espace est rare et chaque auteur occupe la place d'un autre, on peut critiquer. Dans un espace infini comme sur le web, il y a de la place pour tous et personne n'empêche l'autre d'être au centre.
La blogosphère est une cité où son centre est partout. Il faut prendre le temps de trouver son propre centre. Le reste, on ne le visite pas...
Plus de lecture
-"The Internet as a City: Thoughts on the Connected Brain"
- "Hanging Out, Messing Around, Geeking Out": A Conversation with the Digital Youth Project (Part Two)
- "Are digital natives a myth or reality?: Students’ use of technologies for learning" PDF Glasgow Caledonian University, UK dont il existe une présentation courte : "Myth Of Digital Native: Students' use of technologies"
[*] Note ajouté le 13 janvier 2009
Rioux a plus tard précisé chez Mario Asselin:"Si ce type de lecture devait remplacer le journal et le livre, alors oui, s'en suivrait une grave régression intellectuelle" parce que "la lecture de longs articles sur internet [étant] tellement fastidieuse qu'elle favorisait le zappage au lieu de la concentration". Je laisse entendre dans mon billet que c'est "l'épidémie blogueuse" qui crée cette régression intellectuelle. L'épidémie entraînant la lecture en ligne, et dans mon cas, pour de longs articles, je ne crois avoir trop déformé sa pensée. La lecture en ligne, particulièrement avec les écrans que nous avons encore, affecte oui la lecture, mais moins dans la régression que dans le développement d'un autre mode de lecture. D'autres ont développé davantage sur ce point; Rioux préfère y voir une perte.
Plus de lecture [ajouté 19 janvier 2009] sur la notion de ville
Interfaces : comprendre ce qu’est le contexte (H.Guillaud, InternetActu) : avec les technologies ambiantes, nous aurons les moyens de ne pas déambuler pus dans les rues dangereuses, car elles n’apparaitront même plus sur nos cartes électroniques.
Comment la ville nuit-elle à notre cerveau ? (H.Guillaud, InternetActu) : le simple fait de vivre dans un environnement urbain à des effets sur nos processus mentaux de base
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