"Peut-elle être assujettie aux mêmes règles que la télévision traditionnelle?"
Au Canada le débat est miné.
Le paysage audiovisuel canadien, lourdement subventionné, miné de toutes parts par des conventions corporatives, bâti sur une schizophrénique prémisse autistique (il existerait une culture canadienne, qui est en fait double et transparente l'une à l'autre, basée pour l'une sur une volonté de se différencier de son voisin américain et sur l'autre de se reconnaître dans une mer anglophone), ce paysage est une construction artificielle complètement réglementée.
Internet est tout son contraire.
Que veut dire alors la "télévision sur internet" au Canada? Quand le CRTC, un "organisme public indépendant chargé de réglementer et de superviser la radiodiffusion et les télécommunications" fait des audiences sur le sujet, c'est comme donner un coup de pied dans un ruche d'abeilles.
On pourrait résumer l'enjeu de cette façon:
Si internet offre une "concurrence déloyale" aux radiodiffuseurs, alors :
- soit internet doit aussi être réglementé,
- soit les radiodiffuseurs doivent être déréglementés.
Les logiques implacables en jeu sont alors les suivantes :
- Les associations d'artistes sont dans la position intenable de demander de réglementer internet (du moins, de prouver les "effets pervers de l’Internet sur la profession de leurs membres" (voir le billet de Yannick sur la lettre sans équivoque de l'association des réalisateurs régionale), moitié par ignorance, moitié par intérêt vital.
- Les regroupements de télédiffuseurs devront défendre l'évidence : pour avoir une déréglementation dans leur secteur, ils laisseront Internet non réglementé au risque de perdre de l'argent en se phagocytant (déplacer leur clientèle payante vers un canal "gratuit"), mais en gagnant les coudées franches pour pouvoir engranger seul les profits.
- Les télécoms, via leurs fournisseurs d'accès internet, seront poussées par leur actionnariat à réclamer l'arrêt de la neutralité du net --même si ça veut dire tuer le net. (voir le billet de Michael Geist sur l'importance des audiences sur la neutralité du réseau)
- Et le géant du web, Google, doit absolument défendre la neutralité du net pour la simple et bonne raison que le chaos régnant sur le réseau rend son service de recherche incontournable.
Les audiences publiques commencent la semaine prochaine.
Plus d'info:
CRTC - Avis de consultation et d'audience La radiodiffusion canadienne par les nouveaux médias
Les affaires - Le CRTC sommé de réglementer les nouveaux médias
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