ZEROSECONDE.COM: Harnachez l’intelligence collective (par Martin Lessard)

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Harnachez l’intelligence collective

On imagine souvent que l'intelligence collective est un monstrueux Einstein à mille têtes ou un piteux magmas de pensées divergentes, utile seulement pour résoudre des équations de Lorenz. Pourtant, on trouve de l'intelligence collective dans un ensemble de petits gestes innocents et qui donnent pourtant des insights très intéressants.

(je poursuis ici une série de billets suite à ma conférence donnée au Webcom2007 intitulé Exploiter les outils web 2.0 à votre avantage)


Anti-sèche #3
Voici une autre de mes "cheat sheets" pour repenser votre site en utilisant l'intelligence collective de façon toute simple.

L'intelligence collective, version nano
En évitant de voir l'intelligence collective seulement comme un secteur de la gestion des savoirs (KM) et en en conservant seulement une définition étroite, axée sur les gestes des usagers, vous vous permettez, de façon simple, d'accéder, via des inférences, à une connaissance de votre auditoire.

Cette intelligence (avec un petit i) est la somme statistique d'une multitude de petites décisions que vos utilisateurs ont prises en entrant, en naviguant et en sortant de votre site. On peut voir une forme d'intelligence dans le comportement des utilisateurs : le choix des mots-clefs pour entrer dans votre site; les pages visitées (ou non visitées) ; une séquence de clics particulière; le temps pour emplir un formulaire; l'heure à laquelle ils accèdent votre site; tous ces petits comportements décrivent un ensemble de patterns qui font émerger un ou des portraits types.

Amplifiez le signal
Ensuite, faites une boucle de rétroaction : redonner ces données aux utilisateurs. Par exemple, indiquez les sections les plus visitées, les plus appréciées (si vous avez un système de vote), les plus liées (via technorati, Google blog search ou del.icio.us). Mixez et remixez ainsi les informations obtenues pour créer du sens, une intelligence.

Votre banque de données s'enrichit au fur et à mesure que le temps passe, créant une richesse unique et exploitable qui peut servir en retour pour améliorer vos services.

lntelligence statistique
C'est offrant des choix qu'une certaine forme d'intelligence collective apparaît. Offrez la possibilité d'évaluer votre contenu (avec un système d'étoile par exemple) ou de le taguer, ou de le mettre en signet sur de nombreux systèmes sociaux. En offrant des chemins alternatifs pour se rendre à une information, vous offrez la possibilité qu'ils vous disent ce qu'ils préfèrent.

Flexibilité
Utilisez des outils "ouverts": si vous permettez le mashup de vos datas, il est possible que quelque chose d'imprévu émerge. Si vous avez un outil de sondage en ligne, pourquoi pas offrir la possibilité à l'usager de rédiger une question qui sera ajoutée? Mybloglog permet d'afficher la photo des abonnés au service, pouvez-vous y voir un intérêt si vous offrez un forum, une FAQ ou un blogue?

Il se peut que cette approche crée une nouvelle demande d'expertise. Vous aurez besoin, au choix, d'un sociologue, d'un statisticien, d'un anthropologue ou d'un animateur. Nous ne sommes plus dans la technologie, mais dans le web social...
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5 commentaires:

vendredi, juin 15, 2007 4:24:00 a.m. Meichelf a dit...

Bonjour Martin

Tout à fait d'accord avec toi sur cette vision éprouvée de l'intelligence globale et pertinente des systèmes : elle émerge, à mon sens, d'un couplage pertinent et permanent des systèmes avec leur environnement direct !

vendredi, juin 15, 2007 10:28:00 a.m. Martin Lessard a dit...

Florence, merci pour le commentaire.

c'est bien une vision "cybernétique" (si on me permet d'employer ce mot encore aujourd'hui) qui doit nous guider ici.

Il n'y a pas que la contenu généré par l'utilisateur (le 'USG' à la youtube par exemple) qui donne de "l'intelligence" (à mon avis, ce qu'aucun système ne peut reproduire dans l'état actuel des connaissances).

La voie des sciences sociales, plus précisément la branche statistique, montre que nos gestes forment des traces "intelligentes" ou peut-être devrait-on dire "intelligibles".

On reste encore émerveillé devant "l'émergence" de tel phénomène, à mon avis encore mal compris. Du moins par moi.

vendredi, juin 15, 2007 5:48:00 p.m. Florence Meichel a dit...

J'avis plutôt en tête les systèmes autopoétiques abordés par varela (un système autopoiétique engendre et spécifie continuellement la production de ses composants et qui se maintient comme une organisation topologiquement délimitée par une frontière réagissant aux perturbations externes...)
http://alemore.club.fr/Duquaire-Introduction_a_Varela-juill2003.pdf
Qu'en penses-tu ?

samedi, juin 16, 2007 12:32:00 a.m. Martin Lessard a dit...

(Florence, merci pour le lien. Je me met une note, pour m'en rappeller : étymologiquement "autopoiése" renvoie à "autos", soi, et "poiein", produire. )

Si on suit Varela, un "site autopoétique" serait un système qui est « autonome » dans le maintien de sa propre organisation et à la fois autoproducteur de ce qu'il devient. (à la différence je crois, que Varela appliquait ces propriétés à des systèmes vivants).

Il m'apparait tout de même que nous sommes en face d'un dérivé de la loi cybernétique du "feed-back", puisque que la référence des messages est généré à l'extérieur du système.

À moins de considérer l'intelligence collective "en soi", indépendamment des supports (site web par exemple), comme un organisme (toujours au sens de Varela) où le "système et l’environnement forment un couplage qui [est] capable d’autoreproduction." (je cite ta source).

Avant de lire ce texte, j'avais tendance à me représenter des entités discrètes (sites web d'un côté, masse d'usagers de l'autre) et non comme un "couplage autopoétique" les systèmes qui harnachent l'intelligence collective.

Évidemment, nous restons à un niveau métaphorique, car Varela considérait l'autopoétique comme une propriété d'un organisme vivant. Je me méfie des transposition. Mais dans notre cas, oui, c'est pertinent de soulever le rapprochement

Y a-t-il eu des applications de sa théorie?

samedi, juin 16, 2007 4:51:00 a.m. Meichelf a dit...

Bonjour Martin

Varela est une référence dans le monde de l'éducation : pour ma part, je me suis beaucoup appuyée sur le concept d'énaction pour tenter de mieux comprendre l'apprenance en réseaux...on peut y reconnaitre je crois une approche possible de l'intelligence globale ou complexe !
http://flmeichel.podemus.com/
Bonne journée

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