ZEROSECONDE.COM: septembre 2010 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Les 9 principes de l'accélération numérique

Kevin Kelly dans le New York Times magazine d'hier propose une bonne réflexion sur les technologies numériques et comment appréhender cette accélération qui nous assaille de partout. Il propose 9 principes à intégrer, à se répéter comme un mantra, afin d'entrer dans ce tourbillon du futur-maintenant en un seul morceau.
• Toute technologie a ses mauvais côtés. Plus puissante elle est, plus elle peut être détournée. Bien évaluer les tenants et les aboutissants.

• Les technologies évoluent si vite que vous devriez toujours retarder l'achat à la toute dernière seconde. Habituez-vous avec le fait qu'elles deviennent aussitôt obsolètes.

• Avant que vous n'arriviez à maîtriser un outil, une application ou une invention, il sera dépassé; vous allez toujours être un débutant. Donc, développez des aptitudes de bons débutants

• Restez sur vos gardes pour toutes technologies propriétaire. Si vous ne pouvez l'arranger, le réparer ou le modifier par vous-même, ça augure mal.

• La meilleure façon de réagir à une mauvaise technologie est d'en développer une meilleure, de la même façon que la réaction à une mauvaise idée n'est pas de la censurer, mais bien de la remplacer par une meilleure.

• Toute technologie possède un biais inhérent à ses présupposés initiaux: identifiez ce que cela implique comme conséquence.

• Personne ne sait vraiment à quoi va réellement servir une invention. Ce qu'il faut se poser comme question est que se passera-t-il quand tout le monde y accédera?

• Plus longtemps une technologie est installée, plus probable elle sera encore utile longtemps.

• Identifier l'apport de technologie minimale qu'il vous faut pour vous offrir le maximum de possibilités.
Voici la version anglaise originale. Faites-moi part de vos commentaires si ma traduction diffère trop de l'originale.

• Every new technology will bite back. The more powerful its gifts, the more powerfully it can be abused. Look for its costs.

• Technologies improve so fast you should postpone getting anything you need until the last second. Get comfortable with the fact that anything you buy is already obsolete.

• Before you can master a device, program or invention, it will be superseded; you will always be a beginner. Get good at it.

• Be suspicious of any technology that requires walls. If you can fix it, modify it or hack it yourself, that is a good sign.

• The proper response to a stupid technology is to make a better one, just as the proper response to a stupid idea is not to outlaw it but to replace it with a better idea.

• Every technology is biased by its embedded defaults: what does it assume?

• Nobody has any idea of what a new invention will really be good for. The crucial question is, what happens when everyone has one?

• The older the technology, the more likely it will continue to be useful.

• Find the minimum amount of technology that will maximize your options.

Intention d'achat: Facebook fans versus Twitter followers

Une étude américaine montre que les usagers de Twitter qui suivraient une marque sur ce canal sont deux fois plus prompts que sur Facebook à dire qu'ils achèteraient de la marque en question. Et au contraire, les gens de Facebook sont plus nombreux à dire qu'ils n'achèteraient pas. Un abonné à votre «newsletter» se retrouve quelque part entre les deux.

Donc, si on se fie à cette étude, et si les chiffres américains peuvent s'appliquer à d'autres régions, on peut dire qu'un «follower» Twitter de votre marque est plus enclin à acheter chez vous qu'un autre sur Facebook qui vous «like» ou qui serait abonné à votre bulletin.

Intention d'achat

eMarketer
partage quelques statistiques dans un article hier «Are Twitter Followers Better Than Facebook Fans?» où on apprenait que 37% des gens qui suivent un compte Twitter d'une marque (contre 27% pour Facebook et 17% pour la bulletin) se disent prêt à acheter.

eMarketer

Ce sont les fans de Facebook qui sont le moins d'accords (49%) quand on leur demande s'ils seraient enclins à acheter. Un fan, finalement, n'est pas si admirateurs que ça. À ce compte, mieux vaut une bonne grosse base de courriels (27% sont d'accord pour dire qu'ils sont plus enclins à acheter contre 32% qui sont en désaccord).

Intention de recommandation

Dans l'étude, faite en février 2010, les auteurs montrent que c'est aussi du côté de Twitter qu'il y a plus de chance de voir votre marque se faire recommander (33% pour Twitter contre seulement 21%).

eMarketer

Nuances

L'étude de ExactTarget semble donc monter que Twitter serait plus attirant dans une perspective marketing. Mais il faut se rappeler que Twitter a une beaucoup plus petite base de membres que Facebook. Probablement que dans le volume, Facebook rapporte en valeur absolue plus d'adhérents à votre marque. Mais d'un autre côté, Twitter est composé davantage d'influenceurs que Facebook, qui serait lui plus «mainstream», souligne l'étude.

De plus, il faut faire attention, on parle ici d'intention. Les fans Facebook sont souvent, précise le rapport, selon eMarketer, déjà des fans dans la vraie vie et que le «like» n'en serait que le reflet: il leur serait difficile d'augmenter davantage leur achat ou de recommander davantage qu'ils ne le font déjà.
Ceux qui me suivent sur Twitter se rappellent le lien vers une autre partie de cette étude qui donne les motivations de devenir fan sur Facebook d'une marque.

eMarketer

Dans l'article «The Thin Line Between Liking a Brand and Liking Its Social Marketing» eMarketing montre que les motivations pour appuyer sur «like» dans Facebook varient beaucoup et il est donc illusoire de penser que la conversion est de 100%. C'est par contre une façon pour l'usager de monter son intérêt pour la marque comme une façon de s'exprimer dans son réseau social.

Dans le même article, pour mémoire, l'étude montre, pour les internautes américains les principales raisons d'utiliser Facebook en général. Toute génération confondue, les deux principales raisons sont celles-ci:

(1) Pour maintenant ses contacts personnels et
(2) reconnecter avec d'anciens amis ou qui habitent loin

Les 15-17 ont tout de même aussi une préférence pour «se maintenir au courant de son réseau social», besoin qui diminue grandement avec l'âge (diminuant de moitié) peut-être parce que justement les gens au travail et établis dans la vie ont accès à une vie sociale étable hors ligne amplement satisfaisante et que Facebook ne serait que l'appoint.

Ma présentation «Crédibilité[s] : construction de l’autorité dans les médias sociaux»

Avec la montée de l'Internet comme fabuleux réservoir de savoir, on apprend à devenir autonome comme "demandeur de connaissance". Mais émerge alors la question: comment avoir confiance en une information sur le web en dehors des institutions «légitimantes»?

Une institution «légitimante» est une institution qui donne à des individus un pouvoir instantané de crédibilité. Un nouveau journaliste dans un journal n'a pas à «faire ses preuves": on considère qu'il a été justement recruté parce qu'il avait les qualités nécessaires pour exercer sa profession.

Ce n'est pas le cas d'un nouveau blogueur. Et ce n'est pas le cas nécessairement d'une information que l'on retrouve sur le réseau. On doit probablement faire l'exercice de déterminer la crédibilité a posteriori, par nous même, seul.

Quel est ce processus? Qu'est-ce qui est à l'oeuvre quand on décide de s'informer par nous-mêmes sur internet? Comment arrivons-nous à donner crédit à ce qui est dit sur le réseau en l'absence de système de validation classique (bibliothèque, journaliste, professeurs, etc.)

Voici la présentation que j'ai donnée au PodCamp Montréal ( #pcmtl) samedi dernier (voir un extrait vidéo)



Je me suis basé sur trois documents pour construire ma présentation. Oui, trois documents qui ont été validés par une institution légitimante qu'est l'Université. Mais, pour la petite histoire, c'est via le réseau, sans référence d'institutions académiques que je les ai trouvé, par sérendipité pourrait-on dire (qui est en soi l'autre facette, que nous ne discuterons pas ici, du processus d'auto-apprentissage généré par l'accès libre au contenu déposé sur Internet).

The Element of Computer Credibility, par B.J. Fogg et H. Tseng (PDF)

L'aspect de la crédibilité véhiculé par les produits informatiques est au coeur de la préoccupation du docteur Fogg, chef du Persuasive Technology Lab. Il cherche à comprendre et à expliquer de quelle façon l'usage de l'ordinateur change notre comportement (temporairement ou de façon permanente). Autrement dit, comment la manipulation mécanique d'information virtuelle en dehors de tout apport social direct (sans intermédiaire humain) aboutit à un changement de comportement ( comment il «persuade» l'usager).

Ce rapport de recherche, écrit en 1999, fait le point sur le phénomène en définissant les termes principaux et en synthétisant les recherches dans le domaine. Il ouvre ensuite la possibilité d'explorer ce que l'usager fait pour croire en ce qu'il manipule à l'écran. C'est don un bon point de départ.

Construction de l'autorité informationnelle sur le web, par E. Broudroux (PDF)

Le repérage et l'indexation des documents ont radicalement changé depuis l'adoption massive d'internet par le grand public. Des outils «sociotechniques» sont venus classer d'une manière nouvelle l'information en donnant plus de visibilité à ceux qui sont le plus référencés. Cette contribution plus récente d'Évelyne Broudoux sur les “systèmes bâtisseurs de réputation et de notoriété” et les “outils sociotechniques d’autorité cognitive” font émerger ce qui sera discuté dans la troisième source les autorités cognitives. Ce concept débouche sur celui d'influence et est le résultat d’un jeu de forces. La nuance ici qu'elle apporte consiste à signaler qu'une l’autorité informationnelle est plutôt «susceptible d’être portée par un individu ou un groupe, un objet ou un outil cognitif ou encore un média, n’a pas pour fonction principale l’influence, mais celle d’in-former (donner une forme)».

On ne parle pas ici donc d'une autorité traditionnelle (soumission volontaire, sans violence, à une hiérarchie), ou celle fondée sur le droit (autorité institutionnelle légale) ou même une autorité charismatique (fondé sur la seule personne, d'abord par attrait, puis souvent ensuite par coercition). La construction de l’autorité informationnelle sur le web se bâtit à partir d'un mélange d'autorité énonciatrice, institutionnelle, de contenu et de support, bouleversés par l'auto-publication et la baisse relative du filtrage institutionnel qui permet l'arrivée de nouveaux acteurs, et remet en question l'attribution de confiance classique.

Second-hand knowledge: an Inquiry into cognitive authority, par Patrick Wilson (Amazon)

Publié en 1983 par le regretté professeur de Berkeley, ce livre couvre un vaste domaine épistémologique. Si nous devions ne dépendre que de nos propres connaissances personnelles, nous serions sérieusement limités pour comprendre le monde qui nous entoure. En fait, nous dépendons des autres pour la majorité de nos idées et connaissances. Avec les informations que les autres nous rapportent, nous construisons une vision du monde qui nous permet d'agir. Cette connaissance qui nous permet aujourd'hui d’agir est de «seconde main», c'est à dire pas acquise de «première main». Nous devons faire confiance à une «autorité cognitive» car celle-ci ne possède un savoir accumulé (réponses aux questions closes) ou une opinion éclairée (réponses aux questions en suspens) pour nous guider quand nous n'avons pas toute la connaissance ni l'expertise pour juger.

C'est une influence légitime (on ne parle pas d'influence par la publicité par exemple). Partout où l'information et les connaissances circulent librement, le problème du filtrage personnel commence. L'usager, en dehors de sa sphère de compétence, doit sélectionner comme pertinente une connaissance via une source qu'il trouvera crédible dans son domaine. Ce qui pose la question de la fiabilité de l'information disponible sur les réseaux et de la compétence des usagers pour la traiter. Le choix se fait par crédulité ou dogmatisme. Mais il se fait aussi par plausibilité du texte. Quand celui-ci entre en résonance avec le monde que l'on s'est construit, il acquiert davantage de crédibilité. Si tout se résume à de la pure subjectivité, et l'auteur ne cache pas qu'il n'y a pas d'assise objective pour nommer de façon absolue une autorité cognitive, il reste néanmoins que le processus de «crédibilisation» est un fait réel et observable. C'est que ce que j'ai tenté d'observer dans ma présentation.

Je peux développer dans un autre billet si le thème vous intéresse.

Un extrait de la conférence Crédibilité[s] donnée au PodCamp Montréal

J'ai donné une présentation sur les Crédibilité(s) (construction de l’autorité et de la notoriété dans les médias sociaux) au Podcamp (#pcmtl) samedi dernier. Voici un en extrait vidéo.

L'axe choisi tourne autour d'un monde où, dans la surabondance de sources, émergent des formes de construction de crédibilité sur médias sociaux qui se font en l'absence d'institution "légitimante" (un journal transmet de facto une crédibilité au journaliste au jour 1). Comprendre le mécanisme de "crédibilisation" permet alors de voir comment certains, sur un réseau permettant l'autopublication, peuvent devenir une autorité cognitive en se bâtissent une notoriété autour d'un contenu de qualité a posteriori (en absence de validation a priori des pairs).

Je remercie toute l'équipe de Podcamp d'avoir filmé et mis un extrait de la conférence sur UStream. Les aléas de la technique ont fait que la première partie n'est pas disponible (c'est le risque d'être le premier à ouvrir le bal si tôt le matin), mais vous avez la deuxième moitié et ça reste compréhensible quand même.

Crédibilité[s] Martin Lessard. PodCamp Montréal, 11 septembre 2010 (extraits)



Je vous promets de faire un (ou des?) billet(s) reprenant les contenus de la conférence si ça vous intéresse. Laissez moi des commentaires ou des liens vers des pages pour approfondir la réflexion.

Mise à jour: Ma présentation est disponible ici
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Podcamp / MediaCamp Montréal 2010

La rentrée est particulièrement bien dense en événements cet automne. Celui à ne pas manquer est la double "non-conférence" Podcamp & MediaCamp, 10, 11 et 12 septembre prochain à Montréal. Tout le who's who du Québec numérique s'y est donné rendez-vous.


Interview fait par ZeLaurent (non, non il n'a pas le Parkinson, il tourne avec son iPhone 4) sur ma perception de ce que sera le podcamp de la fin de semaine prochaine. (Si vous êtes sur un iPad, vous pouvez cliquer ici)

Je brise la glace le vendredi matin (au MediaCamp) et samedi matin (à une des deux pistes franco de Podcamp).

Mes "non-conférences" que j'y donne seront d'environ 15-20 minutes suivies d'une discussion ouverte avec la salle d'une période de temps similaire. Je compte bien vous apprendre deux ou trois bricoles, mais je veux qu'en échange vous m'en appreniez autant!

Crédibilité(s) : Construction de l’autorité et de la notoriété dans les médias sociaux
Samedi 09h30 Salle Agora (stream web)
Dans la surabondance de sources, comment se construit une crédibilité de qualité sur les médias sociaux? Devenir une autorité cognitive demande de comprendre comment se bâtissent la notoriété et la fiabilité en réseau.

Je vous ferai part de ce que j'ai appris sur le sujet, appliqué à notre domaine. Et on discutera ensuite de vos perceptions et de vos propres constats, tous ensemble.

La Chaîne des valeurs : comment internet s’arrime-t-il avec l’industrie de la télé
Vendredi 09h30
Introduction à la logique industrielle qui se met en place dans la webTV entre autres, mais aussi pour tout contenu audiovisuel en ligne.

J'explorerai comment la webTV se fait un chemin dans cet univers (pas toujours rose) mais aussi le changement fantastique de paradigme qu'elle apporte et on partagera nos points de vue sur l'inévitable refonte du financement à venir pour supporter la nouvelle génération numérique.

La plus grande densité de gens intelligents au pouce carré à l'est de Mountain View

Ces conférences sont données tous gratuitement (même les conférenciers payent leur entrée!). J'y vois comme une façon d'auto-organiser nos apprentissages en continu dans un contexte où notre domaine nous appelle à changer constamment.

Le programme du PodCamp regorge de sujets plus passionnants les uns que les autres. Voici un aperçu (le choix va être difficile!):

  • Le Podcasting : C’est quoi? Ça vient d’où? Comment en faire? avec Laurent LaSalle
  • Podcasting is bigger than Twitter but who gives a fuck? with Sylvain Grand’Maison
  • La vie après le journalisme, avec Bruno Guglielminetti
  • Search & Social Media for Online Publishers, avec CT Moore
  • Search vs. Social, avec Brian Rotsztein
  • Préparer un événement à l’aide des médiaux sociaux, avec Frédéric Harper
  • Table ronde sur la production de contenu, avec Michel Coulombe, Félix Séguin et Jean-François Poulin
  • Comment être intéressant sur Twitter : L’importance du personnal branding pour attirer les followers, avec Thoma Daneau
  • Revenue Generating Trends for Bloggers, avec Kim Vallée
  • Comment booster l’audience d’un blogue / podcast en utilisant les médias sociaux avec Benoit Descary
  • Enfants pour l’Éducation, avec Félix Trépanier
  • The Art World Invades Social Media - How an artist and gallery owner makes the most of blogging, Facebook, and Twitter, avec Bettina Forget
  • Going against the Grain, avec Chris «Zeke» Hand »
  • To share or not to share? Exploration du Capital Social pour l’utilisation du marketing viral, avec Olivier Mermet
  • Le Dilemme du Réseau, avec Sylvain Carle
  • Introduction à la création d’une communauté et d’une marque autour de soi, avec Kim Auclair
  • I want to pogne : bloguer en français ou en anglais? avec Fanie Grégoire
  • Faut-il s’entêter à tout faire chez soi? L’expérience de communautés sans fil avec les nouveaux médias, avec Laurent Maisonnave et Dave G. Pelletier
  • Mieux comprendre ce qu’est le cyberterrorisme, avec Julie Horn
  • How to efficiently spark professional connections in the arts, with Raphael Ettore
  • Social shopping : Le shopping en mode Gang Bang, avec Yasha Sekhavat
  • Ces images qui mentent, avec Olivier Bruel
  • Small Business and Social Media, with Sandy K. Sidhu
  • Getting Students Engaged through Social Media? with Alexandre Enkerli
  • Strategie média sociaux pour un événement de levée de fonds, avec Marie Annick Boisvert et Camille Desrosiers
  • Gérer son temps à travers les réseaux sociaux, avec Hicham Souilmi
  • et, aussi, bien sûr, la Michelle Blanc, notre grande dame que les journalistes surnomment la papesse du web 2.0.
Au programme du MediaCamp

  • Social TV : Comment réussir à tirer profit de l’activité sociale au croisement de la télévision et de l’Internet ?, avec Laurent Maisonnave et François Bédard
  • Discussion : Le Web amène une vitesse de traitement de l’information de plus en plus rapide qui ne se prête pas à tous les sujets. Est-ce que ça pose de nouveaux défis d’un point de vue déontologique ?, avec Mathieu Lavallée
  • Est-ce que les journalistes auront encore du travail dans 2-3-5 ans, et quelle forme prendra ce travail?, avec Gilles Lajoie
  • Comment tirer le maximum de l’interactivité et des communautés pour les sites d’informations, et quelles sont les craintes injustifiées, avec Bruno Boutot
Détails:

Horaire du PodCamp sam-dim 11-12 sep 2010 Inscription 30$ (incluant le MediaCamp)

Horaire du MediaCmap Ven 10 sep 2010 Inscription 30$ (incluant le Podcamp)

(vous aurez compris, c'est 30$ pour les 3 jours)

Lieu: Cœur des sciences de l’UQAM

Hash tag: MediaCamp #mcmtl , Podcamp #pcmtl

Ping ne sera pas le MySpace killer attendu (loin de là)

Dans la seconde même où Steve Jobs annonçait le lancement de Ping, le nouveau «réseau social de musique» d'Apple, @Scobleizer a tweeté «Apple just killed MySpace. Totally dead now». On peut conclure deux choses: Scobleizer a (1) exprimé l'ampleur de ses attentes messianiques face à un service qu'il ne connaissait pas et (2) démontré qu'il est impossible d'avoir du recul en temps réel.

iPad

[Mise à Jour: lundi 6 sept '10: j'ai ajouté quelques précisions entre crochets et j'ai fait quelques corrections stylistiques et orthographiques]


Pour le point 2, Scobleizer donne parfaitement raison aux détracteurs de la communication en «temps réel» (Virilio en tête: «L'immédiateté est le contraire de l'information») et autres annonciateurs de l'antéchrist [MàJ: Rioux: Avant d'écrire, il fallait d'abord apprendre à se taire].

Je n'aborderai pas ce sujet, le volubile Scobleizer n'étant pas à mon avis dans le paradigme journalistique des faits (modèle de véracité validé a priori) mais plus dans un modèle d'opinions probabilistes --dans le lot de ses intuitions, certaines devraient bien se réaliser (modèle de véracité a posteriori).

Pour le point 1, quand Apple annonce un produit, inutile de dire qu'il dépasse souvent nos attentes. Mais Ping est un service et ce n'est pas la même chose. Et dans le domaine des réseaux sociaux, Apple ne fait pas figure de proue.

Le problème avec Ping

Ping vient avec la dernière mouture d’iTunes (v10). Apple vient y ajouter une composante permettant une sérendipidité sociale pour découvrir de nouveaux morceaux. On peut suivre ses «amis» pour connaître ce qu'ils «aiment», «commentent» ou «achètent» sur iTunes.

Erick Schonfeld de TechCrunch le décrit bien: le plus grand problème qu'il y voit est que Ping est exclusivement confiné à iTunes. «iTunes n'est pas social, il n'est même pas sur le web». Pas moyen (encore) de le relier à d'autres réseaux sociaux (ni même de copier un URL et de le partager).

Contrairement à ce que dit Wired, le web n'est pas mort et le HTML est le langage universel.

Et Apple a comme assomption que ce que vous achetez, vous l'aimez. Hum. Mon iTunes à moi est simplement un magasin en ligne pour toute ma famille. Je n'aime pas tout ce que j'y achète [MàJ: mes enfants, par contre, adorent]. Mon reçu de caisse n'est pas une pétition. Si au moins je pouvais activer le bouton «musique que j'aime» quand j'écoute, ça serait déjà une amélioration --et sémantiquement plus approprié. Le iStore n'est pas l'endroit où je me tiens en permanence [MàJ: iStore est magasin de iTunes, un sous-menu en fait, mais qui représente un espace tout à fait différent du reste du logiciel].

Ping ne s'intéresse qu'à ce que vous faites dans le iTunes Store, pas dans vos listes. Et me retrouver comme un pusher de mp3 (un énorme bouton d'achat apparaît à côté de vos «recommandations») me laisse dubitatif... [MàJ: quand on s'inscrit à Ping, on reçoit un courriel signé «The iTunes Store Team». On ne cache pas ses couleurs]

Pas d'achat, pas de post sur votre timeline.

Eh oui, pour afficher dans mon flot de nouvelles, je dois acheter une chanson.

Bien sûr, les grands de ce monde (comme Cold Play), eux, ont droit à une «timeline» qu'ils contrôlent. Mais pas le citoyen lambda. Voilà bien un réseau social bien médiéval: les puissants ne frayent pas avec le peuple.

Ping dans iTunes est un exemple de sérendipité automatisé pour découvrir des chansons. Le «social» y est plutôt subordonné au commercial.

Apple n'est pas reconnu pour son côté social (il n'a pas de présence dans les médias sociaux comme on pourrait s'y attendre d'une grande compagnie).

C'est une compagnie de hardware et de software, et l'humain y a été modélisé a un tel point (Apple excelle dans la relation humain-machine) qu'ils ont oublié ce que c'est la relation humain-humain...

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Plus de lecture: 10 things Apple can do to rescue its experiment in social networking (de Philip Elmer-DeWitt de CNN)