ZEROSECONDE.COM: 2010 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Qu'est-ce que le Big Data

Quand Henri Verdier, CEO de Cap Digital, revient de Silicon Valley en s'écriant «tout ce que nous connaissions du web va changer à nouveau avec le phénomène des big data», il est temps de faire un petit tour d'horizon.


«Big Data» est une expression qui circule depuis quelque temps dans la niche hi-tech de l'informatique dématérialisée (computer in the cloud) et qui fait référence aux outils, processus et procédures permettant à une entreprise de créer, manipuler et gérer de très larges quantités de données. (What is "Big Data?" ZD Net)

Si les géantes corporations (on pense à Google, Visa, eBay, Amazon) sont déjà sur ce terrain, la possibilité de gérer du «Big Data» commence à être accessible pour les plus petites entreprises (Big data analytics: From data scientists to business analysts, O'Reilly Radar).

La démocratisation est en cours, et le «Big Data» s'installera au coeur des entreprises qui sauront y donner une valeur. Nous étions dans le royaume de la science informatique et du génie; maintenant avec une telle somme de données, il est possible de générer de la valeur dans le département marketing: faire émerger des patterns, remonter les signaux faibles, croiser les bases pour faire apparaître des tendances (Data, data everywhere, The Economist).

De nouvelles start-ups offrent des outils pour faciliter la navigation dans ces entrepôts à data (qu'il soit structuré ou non). L'analytic a de belles années devant elle... (Big Data Is Less About Size, And More About Freedom, Techcrunch).

La gestion de ces énormes bases ne se fait pas sans mal. L'usage du «cloud» permet d'accéder de façon plus aisée à ces datas. D'où le lien étroit entre ce dernier et le «Big Data». (The Future Is Big Data in the Cloud, Gigaom).

Les institutions doivent s'adapter aux changements d'échelle gigantesque qui se déroule devant elles depuis des années. Le «Big Data» quitte la sphère des TI pour aller du côté de la «business»...

Autres liens:

Pour vous donner une idée du «Big Data» à un niveau humain, allez explorer Google N-Gram qui vous donne accès à 5 millions de livres numérisés (1000 milliards de mots croisés)...

Articles

Dossier dans Nature sur le Big Data (2008)

Big Data for the year ahead: 10 predictions (ZDnet)

3 "Big-Data" Predictions for 2011

Someone Is Trading Stocks Based on Your Tweets (NYTimes)

(Ajout) Untangling the social web: Software: From retailing to counterterrorism, the ability to analyse social connections is proving increasingly useful (the Economist)  (merci Claude Théorêt pour le lien )

Réseaux sociaux et entreprises? des réponses

Manu, de passage au Québec cette année, interviewe quelques grands noms sur le sujet du Retour dur l'investissement (ROI en anglais) des médias sociaux. J'ai été honoré d'être sur sa liste.

Quel est l'intérêt des médias sociaux en entreprise? Ouvert à la discussion et prêt à se frayer un chemin au somment dans sa niche? Certaines entreprises gagnent à se faire voir et entendre. Dans un monde de surabondance d'information, un simple site web peut ne plus faire l'affaire: être recommandé par ses pairs, ses clients ou les médias est possible en autant que l'on tienne son site "vivant", actuel, en le mettant à jour avec des éléments plus conversationnel, humain ou marqué par l'échange d'information. Un mélange de relation publique et de relation clientèle...

Voici son vidéocast de notre entrevue sur la place des blogues en entreprise:


Séjour trop court au Québec pour ce Français qui mériterait un meilleur sort que de rentrer en France ;-)

Régalez-vous avec cette sélection des entrevues qu'Emmanuel Chila a fait cet automne:

Thoma Daneau Quel est la complexité de la recherche d'emploi sur le net et l'importance de son «marque personnel» (marque personnelle)

Olivier Mermet Quel peuvent être les bénéfices (et les erreurs à éviter) des médias sociaux ?
Julia Vallelunga sur les passions et les blogs professionnels

Benoît Descary Médias sociaux et entreprises, trucs et astuces

Michelle Blanc Interview 1: la gestion des petits buzz et Interview 2: le franc-parler sur les réseaux sociaux

Kim Auclair sur la gestion de communauté

Frédéric Harper (interview 1) et (interview 2) Création et gestion d'événements sur les médias sociaux

Sandra Friedrich sur sa stratégie des réseaux sociaux en entreprise (STM)

Hicham Souilmi sur l'optimisation de la gestion des médias sociaux en entreprise


et de retour en France

Amandine Pacaud Très petites entreprises et médias sociaux


Bonus

Découvrez le Dishcrawl (avec Élizabeth)

Tout et son contraire

En tombant sur un interview d'Umberto Eco j'ai davantage compris son inquiétude devant une société qui propose à tous un accès universel à l'information.

Il propose une distinction entre deux groupes d'utilisateurs d'outils d'accès à l'information: les «pauvres» et les «riches». Ici «pauvres» et «riches» ne sont pas à prendre dans leur connotation matérielle, mais plutôt sous l'angle «d’évolution culturelle». Par exemple «un diplômé est riche, un analphabète est pauvre» (même si évidemment, il peut y avoir des exceptions).

Et ces outils d'accès à l'information, au sens large, c'est-à-dire la télévision, la presse, la radio, internet, n'apportent pas des bénéfices pour tous, selon le groupe qui l'utilise.
«Ainsi, la télévision fait du bien aux pauvres et fait du mal aux riches« dit Umberto Eco. «Aux pauvres elle a appris à parler italien ; elle fait du bien aux petites vieilles toutes seules à la maison. Mais elle fait du tort aux riches parce qu’elle les empêchent de sortir voir d’autres choses plus belles au cinéma ; elle leur restreint les idées.»

«L’ordinateur en général, et internet en particulier, font du bien aux riches et du tort aux pauvres. À moi, Wikipédia apporte quelque chose, je trouve les informations dont j’ai besoin. Mais cela est dû au fait que je n’ai pas une confiance aveugle en elle [...]»

Puisque que les riches sont cultivés, ils sont en mesure de croiser et vérifier les sources. «Le pauvre en revanche gobe la première affirmation qui passe, et point final. Autrement dit, il se pose pour Wikipédia, comme pour Internet en général, la question de la vérification des informations.» Internet conserve autant les bonnes que les mauvaises informations. On y trouve, virtuellement, tout et son contraire.

Sans recoupement des informations, «s'informer» chez les pauvres équivaut à jouer à la loterie.

Avant notre monde de surabondance d'information, l'information était (en proportion) plutôt rare. Ou plutôt, le coût de production et de diffusion des journaux, des émissions de télévision, et des livres limitait la quantité, et forçaient un tri de pertinence a priori. La rareté (relative) et la validation avant diffusion nous permettait, sans trop de mal, de se fier à ce qui existait. Disons que la probabilité était de notre côté.

Maintenant, la question se complique : on trouve tout, et son contraire. Pour chaque théorie, point de vue ou fait, il est possible d'en trouver un autre qui le contredit. Il deviendra ridicule de dire que quelque chose existe ou que l'on appuie la validité de son point de vue sur la base de la «découverte d'une page web qui le confirme sur internet». Une fouille archéologique sur internet rapporte toujours ce que l'on souhaite confirmer. Et son contraire.

Trouver n'est plus prouver

Les outils de recherche ne font que propager une fausse perception de compétence.

Puisqu'internet conserve tout ce qui est écrit, aussi bien les fausses information que les valides, seuls les «riches» ont les moyens de vérifier, car l'étendu de leur sphère de connaissance induit une compétence. L'accès à l'information ne garantit plus rien. Dans mon cas et celui de mes lecteurs aussi, "nous savons que nous savons", mais le système de l'éducation est-il préparé à éduquer ces (nouveaux) «pauvres», ceux qui ne savent pas qu'ils ne savent pas?

Ligne de démarcation

La fonction du discours de la terreur est de servir de prétexte pour la métamorphose du capitalisme libéral en capitalisme autoritaire.

- Peter Sloterdijk

On se rappelle encore avec frisson quand ce dirigeant du pays le plus puissant avait dit «soit vous êtes avec nous, soit contre nous» (ou à peu près ça, je ne ne vais pas chipoter pour des détails de vocabulaire alors qu'il a envahit l'Irak sans même vérifier ses sources). 

La première décennie du 21e Siècle a commencé en Occident ce 11 septembre 2001 (écroulement de deux tours à New York) et s'est terminée le 28 novembre 2010 (écoulement d'un quart de million de télégrammes volés au gouvernement américain).

L' objectif original de Wikileaks est «d’exposer les régimes oppressifs en Asie, de l’ancien bloc soviétique, de l’Afrique sub-saharienne et du Moyen Orient » (source) Ce que l'affaire Wikileaks montre est plutôt une ligne de démarcation en Occident: qui est "avec" et qui "est contre". Les régimes oppressifs ne sont pas là où on le pense.

La classe marchande fait partie des armes défensives du gouvernement américain. Juste retour. Le gouvernement américain fait du lobby pour ses compagnies commerciales (voir "Pression américaine sur les Russes en faveur de Visa et Mastercard"; source Guardian).

Pour mémoire

Je me sens obligé de mettre par écrit les faits, suite au ban de Wikileaks, question de se rappeler de quels bords certaines compagnies sont.

- Amazon.ca expulse Wikileaks pour non respect du droit d'auteur (source Radio-Canada)

- EveryDNS refuse de loger Wikileaks sur son DNS (source ReadWriteWeb)

- Paypal refuse de supporter Wikileaks pcq il est "illégal" (source Le Figaro)

-Twitter bidouille-t-il pour que Wikileaks n'apparaisse pas dans ses "hot trends" (malgré qu'il se maintient à plus de 2000 Tweets à l'heure depuis 3 semaines)? (source) Mes lecteurs savent depuis 2009 que Twitter fait partie de l'armement américain.

-Visa et MasterCard bloque les virements vers Wikileaks. La Bank of America s'est ajouté, avant-hier, aux joyeux larrons (source France Info)

La citation de Peter Sloterdijk mis en exergue nous rappelle que le capitalisme autoritaire continuera à apporter la joie et la paix dans les dollarama et les Tati de ce monde.

Tiens, en prime, des anecdotes:

- Eric Besson, ministre d'un état américanisé sous le dernier roi nu français (Source L'Express) veut décider selon son humeur du moment ce qui peut être hébergé ou non sur ses serveurs français (Source Le Point)

-Tom Flanagan, l'ancien stratège du premier ministre populiste canadien suggère, à la blague, que Julian Assange soit "assassiné"  (source Radio-Canada). À la blague, un mandat d'arrêt d'Interpol devrait être lancé contre lui pour appel au meurtre.

- Mitch McConnell, un sénateur américain, républicain évidemment, accuse le dirigeant de Wikileaks d'être un "terroriste". (source Salon). Un terroriste est un mot à géométrie variable pour les américains (source).

- Time magazine a choisit Zukerberg au lieu d'Assange comme personnalité de l'année. Pourquoi? Facebook ne date pas de 2010, pourtant (il aurait pu recevoir ce titre l'an dernier, ou l'année d'avant, ou encore avant!) Ah oui, il y a eu un film hollywoodien sur lui, cette année. Bien sûr. Bien sûr*.

* Assange lui n'est que de l'actualité récente et superficiel ("comme d'une note en bas de page de l'Histoire"). Effectivement, qui se souvient de ces embarassantes révélations, cette année, sur une attaque de l’armée américaine sur Bagdad (vidéo datant de 2007), de la publication de 92 000 documents de l’armée américaine sur la guerre en Afghanistan (juillet), de la sortie de 400 000 documents secrets sur la guerre d’Irak (octobre) ou des 250 000 télégrammes en novembre? Personne.

À part le gouvernement américain...

Éthique journalistique: questions à l'examen de fin de session

Wikileaks donnera probablement du fil à retordre pour les futurs étudiants en éthique de l'information (au fond, c'est comme si on piratait votre compte Gmail et qu'un site publiait toute votre correspondance ensuite).

- Est-ce que Deep Throat aurait passé par Wikileaks s'il était encore vivant?

- Qu'a-t-il de différent entre lire l'info sur Wikileaks.ch et la lire dans le journal? (réponse, vous serez viré; source Fox)

- Si les révélations coulées jusqu'à aujourd'hui dans les journaux participants (on en reparlera une autre fois) ne fait, contre toute attente, aucune mention de Ben Laden, faut-il y voir une information digne d'être publiée?

Le monde change...

perenoelportable.tv

À quoi sert une tempête de neige?

Une tempête de neige sert à bloquer, le temps d'une journée, toutes nos activités futiles pour nous envoyer, bottes au pied, foulard au nez, dans la neige tirer sa fille sur un traîneau pour les classes du matin.

Et à rigoler en regardant les voitures figées dans la rue. Un monsieur baisse la vitre et sort la tête.
- «Moi aussi j'aime la neige» visiblement envieux que je puisse prendre mon temps pour aller ainsi à pied à l'école.
- «Pigiste?» demande-t-il?
- Oui.
- «Moi je prend ma retraite dans un mois» ajoute-il.
- Moi j'en prend un p'tit bout chaque matin.

C'est l'approche de Noël il faut croire.

Et pour se mettre dans l'esprit des fêtes, ça tombe vraiment bien de travailler avec un client qui s'occupe du vrai père noël!



Voilà la troisième année que le projet du Père Noël Portable de uGroupMedia est un succès auprès des parents de jeunes enfants. Plus de 10 millions de vidéos envoyés l'année passées.

- CNN en a parlé dimanche (en le mettant sur le même pied que JibJab).
- NORAD, qui suit chaque année le déplacement du Père Noël durant le réveillons (noradsanta.org), vient de s'y associé.
- Même UNICEF est partenaire.

Quand il s'agit de faire briller les yeux des enfants (et de verser une petite larme pour les parents) tous les moyens sont bons.

En quelques étapes, on indique à qui le Père Noël va envoyer son message vidéo personnalisé.

Il demandera au petit d'arrêter de sucer son pouce, ou d'obéir à sa mère (ou une des 20+ autres variantes). On ajoute sa photo et celui du jouet souhaité, puis le Père Noël ouvre son grand livre pour voir si l'enfant a été sage et s'il mérite son cadeau.

Oh, et puis peut-être aura-t-il droit à la visite de la cabane des rennes, ou du palais des glaces...

Je suis bien content d'avoir la chance de leur donner un coup de main. Je vous invite à allez faire un tour: http://www.perenoelportable.tv

Le ban de Wikileaks

Internet a, plus que toute autre technologie, rétrécit le monde à un petit village. La tribu humaine se voit forcé de façon digitale de réinventer un nouveau modus operandi pour amalgamer des communautés et des pratiques incompatibles. Des rapports de forces s'installent pour soit garder les privilèges d'antan, soit établir de nouvelles règles. Wikileaks, le site qui coulent les secrets plus vite que son ombre, risque de devenir le premier renégat du village global et fait face à un ban numérique tout à fait spectaculaire à l'âge du silicone.




Premièrement tout a commencé quand Wikileaks a brisé le pacte du secret en livrant des documents extirpés des réseaux diplomatiques américains aux journaux et au monde entier (source).

Lapidation numérique

La première réaction, comme dans les sociétés archaïques, a été la lapidation... numérique -- le DDoS, le "déni de service" (distributed denial of service), attaque informatique en règle pour mettre un serveur à terre et y empêcher l'accès. Selon toute vraisemblance (source), l'attaque a été coordonné par un dévot au nom de la sanité du groupe ("pour avoir tenté de mettre en danger la vie de nos soldats, 'd'autres ressources' et les relations internationales" -- l'usage du possessif "nos" ne laisse guère de place à l'interprétation: commandité ou non, il tient à l'ordre établie dans le village).

Le ban digital

Puis est venu l'expulsion du village. Réfugié chez Amazon, sous la protection du dieu des nuages (source), Wikileaks se voit lâché pour des raisons étonnantes: bris de contrat de service. Pourquoi? Amazon juge que wikileaks "ne possédaient pas ou ne contrôlait pas les droits du contenu qu'il diffusait" (source). Dit autrement, les ayant droit n'ont pas autorisé la diffusion du contenu. Ici on parle, je vous le rappelle, de communiqués diplomatiques. Pas de scénarios. Quoique, en lisant certains télégrammes, on nage en pleine fiction.

Leçon à retenir pour les services secrets: le droit d'auteur protège aussi les espions. J'aurais préféré qu'Amazon dise que le gouvernement américain a fait pression sur eux. On serait dans une histoire connue.

Depuis, Wikileaks s'est réfugié en Suède (source). On verra plus loin que ce n'était pas le meilleur protecteur.

La paix numérique

Puis, coup de théâtre cette nuit, le fournisseur DNS, le gestionnaire des adresses internet, ou le "bottin téléphonique" internet sans lequel impossible de contacter un site, lâche à son tour le mouton noir (source). Pour bris des conditions d'utilisation. "Member shall not interfere with another Member's use and enjoyment of the Service or another entity's use and enjoyment of similar services." (Les membres ne peuvent empêcher l'usage du service aux autres membres). Dans ce village, il ne faut pas troubler la quiétude des villageois. Wikileaks se faisant lapider trop fort, ça dérangeait les autres (le DDoS intense est la raison invoquée).

Bani pour avoir être avoir été la cible d'un ban. Tautologique, mon cher Watson. Il y a une heure, Wikileaks s'est réfugié chez les neutres. La Suisse: http://wikileaks.ch

Inquisition internationale

Qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage. Voilà que, à peine excommunié et exilé du village, sa tête est mise à prix. Par l'Interpol, à Stockholm, en Suède.

Le dirigeant de wikileaks a contre lui un «mandat d'arrêt d'Interpol dans le cadre d'une enquête pour "viol et agression sexuelle" en 2008 en Suède» (source). La justice suit son court. L'inquisition aussi. Si ça ne marche pas, il reste l'accusation de terrorisme (source). Mais on se demande qui le site terrorise-t-il vraiment. Le peuple par des révélations sur leurs dirigeants? ou les dirigeants par le fait qu'ils doivent maintenant faire comme le peuple et surveiller leurs communications (Echelon n'est pas mort, n'oubliez pas)?

Règles pour la tribu numérique

Les règles du village sont claires: on ne change pas les règles. Quand on met à nu les grands maîtres derrière le rideau, il ne faut pas s'attendre à un accolade. D'une certaine manière ils savent maintenant ce que l'on ressent quand on passe dans le scanneur intégrale des douaniers américains. Mais la punition ultime, comme dans les tribus archaïques, reste le ban.

Dernier point. Je ne sais pas si vous voyez tout le drame qui se joue. Les USA cherche à retirer l'accès à Wikileaks à ces citoyens. Si c'est pour finir comme la Chine, pourquoi tout ce chichi et ne pas faire comme eux. Censurer Internet [Source]. C'est plus rapide. Et plus clair.

(image Banksy: Whitewashing Lascaux)
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5 liens à la une

Je ne vois vraiment pas pourquoi je me tue à filtrer mes fils RSS, lire mon flux Twitter, m'abonner à des forums, écumer les librairies quand j'ai tout ce qu'un cerveau a besoin à une seule adresse.


Juste sur l'accueil de http://internetactu.net on trouve:


La technologie peut-elle éliminer la pauvreté ? (2/2) : Distinguer le potentiel des machines de celui des hommes (Par H. Guillaud)

La réponse est simple : l’éducation élimine la pauvreté ! Et la technologie magnifie les intentions et les capacités de l’homme. Mais elle n’est pas un substitut, elle crée une opportunité (non pas une garantie) et dépend des contextes. C'est en l'homme et non les outils qu'il faut investir.


Quelle philosophie est inscrite dans Facebook ? (X. de la Porte)

Dans Facebook, comme dans tous les autres réseaux sociaux, la vie devient une base de données. C’est une dégradation, qui, selon Lanier est “fondée sur une erreur philosophique la croyance que les ordinateurs d’aujourd’hui puissent représenter la pensée humaine ou les relations humaines”.


La capacité prédictive de nos systèmes socio-techniques va-t-elle tuer notre libre arbitre ? (H. Guillaud)

Nous connaissons une crise de tous les systèmes qui sont liés soit à la pensée soit à la connaissance: édition, journaux, médias, télévision, mais également université comme tout le système scolaire. Le libre arbitre aussi. En enregistrant toujours plus nos données dans les système web, Google et Amazon nous rendent plus transparents aux autres, et à nous même.


Little Brothers contre Big Brother (X. de la Porte)

Dans le 1984 de George Orwell les TIC assureraient la domination de l’Etat. Mais c'est le plutôt la surveillance de tous par tous qui est survenu aujourd'hui.


Quand nos gadgets connaîtront nos émotions (X. de la Porte)

«Qu’un tuteur automatique sache s’adapter à la capacité de l’attention de l’élève pourquoi pas, mais que mon lecteur MP3 établisse une playlist en fonction de ce qu’il interprète de mon état émotionnel, ou que mon téléphone croie savoir quand il peut me signaler les textos arrivant, je ne suis pas sûr que ce soit souhaitable.»


Merci la FING!



Ceci est votre vie privée donnée pour vous

On peut demander la sauvegarde de son historique Facebook depuis quelque temps, c'est-à-dire télécharger toutes les informations que vous avez entrées dans la plateforme depuis votre inscription. Tenir dans ses mains un concentré de vie privée est une expérience nouvelle.

Jesus is Lord Parking - photo by: Pete Jelliffe, Source: Flickr, found with Wylio.comVous recevrez par courriel un énorme fichier de votre prose sociale (allez voir dans les paramètres de votre compte, détails ici)

Ce qui est le plus marrant, dans cette histoire, comme Matthieu Strélisky m'avait fait remarquer, c'est que Facebook nous met en garde:

«Because this download contains your profile information, you should keep it secure and take precautions»
[étant donné que le fichier contient des informations personnelles, vous devriez prendre des précautions et le mettre à un endroit sécuritaire.]

D'une certaine manière, Facebook nous dit que notre vie privée est une chose trop sérieuse pour la laisser entre nos mains...

Pour une compagnie qui n'a pas montré trop de soucis à ouvrir le coffre-fort à toutes les applications que des programmeurs externes proposaient en 2007 (rappelez-vous que les premières appli avait tous accès à nos datas et même ceux de nos "amis") ni à nous protéger des regards indiscrets (l'an passé, sans trop avertir, nos données se sont retrouvées ouvertes "par défaut").

La non-confidentialité n'est plus à démontrer. Christian Bensi nous le rappelle encore avec cette très récente histoire du tribunal des Prud'hommes de Boulogne-Billancourt qui «venait de donner raison à une entreprise pour le licenciement de trois de ses salariés. Ces salariés dénigraient la hiérarchie de l’entreprise sur leur profil Facebook.»(Source)

Mais savons-nous, sommes-nous prévenus, de ce que Facebook fait de ces données? Xavier de la Porte nous résume l'excellent compte-rendu de Zadie Smith du film The Social Network sur InternetActu. «Quelle philosophie est inscrite dans Facebook ? Et Zadie Smith s’inquiète par exemple de l’Open Graph de Facebook, une application qui permet de voir en un instant tout ce que nos “amis” sont en train de lire, de regarder ou de manger, dans le but de pouvoir faire comme eux. Elle s’inquiète du fait qu’il y a dans la philosophie de Facebook une crainte générationnelle : celle de ne pas être comme les autres, une crainte de ne pas être aimé»

Tout ce que vous écrirez pourra être retenu contre vous

La semaine dernière, «Ecrans.fr le podcast », l’émission hebdomadaire de LibéLabo avec l’équipe d’Ecrans.fr, Erwan Cario, Alexandre Hervaud, et Camille Gévaudan, recevait le journaliste Jean-Marc Manach, auteur du livre La vie privée, un problème de vieux cons? Confrontée à un regard externe, étranger, on peut toujours détourner de son objet initial le contenu d'un fil Facebook. Ce n'est pas ce que vous dites qui est un problème, c'est comment l'autre (le patron, le douanier, l'assureur) qui s'arroge le pouvoir d'interpréter en sa faveur le crime dont vous êtes innocent.

Jean-Marc Manach écrivait cette fin de semaine que le web donne à tous la liberté d’expression (autrefois réservé aux «personnalités politiques, culturelles, intellectuelles, journalistes, “people“») afin de non seulement s’exprimer, «mais aussi et surtout être entendu». Mais voilà, «[l]e problème, c’est que le statut de “personnalité publique“, autrefois réservé à un nombre restreint de privilégiés, est donc aujourd’hui accessible à tout un chacun, en quelques clics.» (source) Et peu savent comment gérer ce nouveau fait.

Un monde sans revers

Ce que j'écrivais il y a 5 ans à propos des blogues (La Blogosphère sans revers) tiens toujours: Il n'y a pas de revers sur Internet, pas de coin pour parler dans le dos de qui que ce soit (du moins pas sur une longue période). Tout finit par se savoir. L'espace privé, finalement, se réduira à terme à tout ce qui n'est pas capté par un appareil de reproduction, volontaire ou non. L'espace pour l'hypocrisie n'existera plus: ce qui émergera éventuellement dans la société en réseau sera soit un obligation de confronter les autres avec nos idées ou de se taire. La confrontation entraînera soit une stratégie de respect mutuel et de conciliation à long terme, soit à une manipulation par pression sociale des pensées à une échelle encore jamais vue (sauf dans les dictatures).

Photo © 2006 Pete Jelliffe (via: Wylio)

Faut-il être un peu aristocrate?

Eric Fottorino, pour Le Monde, et republié dans le Devoir, a posé quelques questions à Umberto Eco à l'occasion du lancement en français de son dernier livre (De l'arbre au labyrinthe. Études historiques sur le signe et l'interprétation, Grasset). Une question a attiré mon attention.

Q: Pensez-vous que le savoir et la connaissance seront toujours diffusés par de l'écrit sur lequel on s'appesantit, ou au contraire que la culture de la vitesse, celle d'Internet, va finir par affecter notre capacité de jugement?

Umberto Eco: Je crois qu'il faut rétablir une culture des monastères, qu'un jour ou l'autre -- peut-être serais-je mort avant -- il faudra que ceux qui lisent encore se retirent dans de grands phalanstères, peut-être à la campagne, comme les amish de Pennsylvanie. Là, on garde la culture, et le reste, on le laisse flotter comme il flotte. Avec six milliards d'habitants sur la planète, on ne peut prétendre qu'il y a six milliards d'intellectuels. Il faut être un peu aristocrates de ce point de vue là.

(source)
D'emblée, on est frappé par cette question qui sépare en deux la culture. D'un côté, la "culture du savoir et de la connaissance" qui se transmettrait (et se définirait) par son véhicule privilégié (l'écrit) et de l'autre une "culture de la vitesse" qui affecte l'organe même de la rationalité ("capacité de jugement") au point de ne plus représenter le savoir même, ni la connaissance (sinon, on ne les aurait pas mis en opposition) et qui ne se définirait que par sa modalité (la vitesse de transmission).

Je ne sais pas s'il sous-entendait Wikipédia, Twitter et les forums dans la culture de la vitesse, mais quant au véhicule, il n'y a pas plus "écrit" que ceux-là. Alors d'où vient l'opposition?

Le danger de "l'immédiat", concept porté à son paroxysme, et à bout de bras, par Paul Virilio (hanté par "l'accident intégral" de la société de l'information --et dont je ne partage pas les conclusions comme exprimé dans mon billet en 2009, Virilio et la peur de l'immédiat) est probablement surévalué, mais suffisamment pertinent pour poser la question à Eco.

À quel point faut-il se formaliser que, non seulement Eco ne relève pas la rhétorique de la question, mais qu'il la défend presque ("Il faut être un peu aristocrates de ce point de vue là")

L'aristocratie, à mon avis, refuse aux autres un statut et les outils pour s'émanciper. Le web 2.0 a démocratisé l'accès aux outils, pour les pros comme pour les amateurs. L'élite refuse de voir les avancées parce qu'elle considère que la plèbe ne saurait ni bien l'utiliser, ni en faire quelque chose de noble -- en général sur la base de critères que seule l'aristocratie "maîtrise" (définition tautologique): la culture est ce qu'elle déclare culture.

Et la "culture", c'est le "livre". Ce qui donne des déclarations comme «Pour permettre aux gens dont c'est le métier de réfléchir [pour fournir une analyse en profondeur, un espace de réflexion] sur ce qui se passe sur notre planète. En 140 caractères, on n'a pas beaucoup le temps de faire ça.» (dixit la présidente d'honneur du Salon du livre 2010 de Montréal). Un peu comme si on réduisait la littérature au Harlequin. Ou la télé aux télés-vérité.

Et pourtant, Twitter, pour qui se concentre bien (tiens donc! un verbe d'action qui n'est pas réservé au livre!) sur les bonnes sources, «permet aux gens dont c'est le métier de réfléchir [pour fournir une analyse en profondeur, un espace de réflexion] sur ce qui se passe sur notre planète».

La preuve: cet excellent article Christian Liboiron sur l'ouverture (ambivalent) du Salon du livre de Montrtéal sur le XXIe siècle.

Le mur payant du Times confirme la "commodité" de l'information

The Times avait annoncé vouloir mettre son contenu derrière un "mur payant". Voilà les premiers résultats.

iPadSur le site de Benoît Raphaël, qui a fait une bonne recension la semaine dernière, on y apprend qu'il y a eu 105.000 ventes (à ne pas confondre avec lecteurs), dont la moitié correspond à des abonnements mensuels, et l'autre moitié correspond à des transactions à l’unité (1£ pour un jour). «The Times a réussi à transformer seulement 0,5% de ses 20 millions de ses lecteurs en ligne». (voir aussi sur PaidContent)

Un "mur payant" signifie donc baisse drastique de la fréquentation (mais une « communauté de grande qualité, qui participe beaucoup.»). Ce qui fait dire au The Gaurdian que ce n'est pas un bon modèle d'affaires. (via Benoît Raphaël). « La rentabilité de l'initiative semble douteuse pour l'instant.» publie le FPJQ.

Clay Shirky, ce matin, écrit qu'il n'y croit pas: avec la «commodisation» de l'information ["commodité" est un emprunt à l'anglais et signifie «rendre banal» avec peu d'attrait commercial, comme les «produits de base»] , il n'y a pas moyen de contourner le fait inquiétant que la masse ne veut plus payer pour du contenu. Le mur payant ne fait que retirer ceux qui ne veulent pas payer et ne conserve que ceux pour qui l'information, cette information, n'est pas une commodité. Il perpétue l'idée que les journaux peuvent peut-être s'en tirer sans changement majeur.

Il est effectivement curieux de penser que, selon les chiffres montrés, que le mur payant total puisse faire vivre une rédaction telle que le Times. Si le Devoir peut réussir à y voir une avenue rentable, avec un mur partiel, c'est que leur structure éditoriale était déjà assujettie au budget minceur. Le Times changerait tellement de visage qu'il ne serait plus le même.

Il est clair que le modèle d'affaires basé sur la "moyenne" ne tient plus dans un monde de la longue traîne. Et l'entraînement risque de ne pas se faire attendre: puisque faire suivre l'article ne sert à rien (il faut être abonné pour lire l'article), moins de gens citeront le journal, conduisant à une spirale descendante dans la perte de notoriété.

Mais le problème semble maintenant atteindre même les sites de journaux ouverts: les visiteurs uniques diminuent à travers le monde (selon les chiffres de Nielsen, comparé à Google trends, telles que compilées par Jeff Mignon le mois dernier). L'information est une "commodité" [un produit avec peu de différenciation]. Oui, mais on fait quoi maintenant? On se repose sur la tablette.

(source image)

Êtes-vous prêt pour le 21e siècle ?

Quel bonheur, ce matin je reçois un courriel: «Pensez vous que la crise actuelle est plus profonde qu’une simple crise économique … et qu’elle durera plus longtemps qu’on le prétend ?». «Notre passage vers l’ère postindustrielle sera de plus en plus douloureux. Mais, cette rupture nous offre aussi une chance unique de changer notre mode de vie si nous sommes capables d’apprivoiser les mutations qui se développent. » C'est le retour de Constellation W!

Tel le phénix qui renaît de ses cendres, Constellation W, dont j'avais annoncé sa renaissance en mars 2006, puis sa mort en mai 2007, sous prétexte d'un «insuccès» selon son auteur, mais dont j'ai été prompt à refuser ce diagnostic, trouvant trop facile de quitter «à la Zidane» une carrière si prometteuse (mais Ô combien ingrate).

Non seulement le site est de retour, dans un tout nouveau emballage, mais en plus il est accompagné d'un livre : «La Société émergente du XXIe siècle» par Michel Cartier et Jon Husband (disponible ici: Québec, France).

ConstellationW est un site «dédié au développement de notre société ; un espace de réflexion citoyenne sur notre avenir collectif». Et il intègre maintenant la composante environnementale, course à la montre mondiale pour trouver une solution au fait que l'on cochonne notre seul aquarium que nous avons, la Terre: le site se consacre à la recherche « d’un autre monde possible ».

Êtes-vous prêt pour le 21e siècle de Michel Cartier sur Vimeo.


Post-scriptum: voici quelques questions que le site pose:

• Les réseaux à la Facebook chevauchent un fort courant de personnalisation qui déifie les droits individuels, y a-t-il des réseaux qui se préoccupent des droits collectifs ?
• Peut-on vraiment « communiquer » avec moins de 140 caractères ? Si, avec les techno à la Twitter, nous gagnons plus de pouvoir, de liberté et de rapidité, que perdons nous en échange ?
• Est-ce qu’Internet va continuer à être contrôlé que par un seul organisme, l’ICANN (qui relève du Département américain du Commerce), ou va-t-il éclater ?

Les maîtres à l'époque des blogues

Quand on tombe sur cette citation de 1879, on regarde à deux fois la date. On peut être surpris de citer Nietzsche pour expliquer l'émergence des nouveaux acteurs de la blogosphère (ou du web 2.0, ou des médias sociaux, selon vos fixations).

Effectivement, l'aridité habituelle des philosophes allemands ne laisse guère de prise à une facile réinterprétation à l'ère des réseaux. Quand on tombe sur ceci, c'est à se demander si tous les demandeurs de connaissance qu'a généré l'humanité n'ont pas attendu toute leur vie ce qui nous est offert à nous aujourd'hui.
Les maîtres à l'époque des livres

L'éducation particulière et l'éducation par petits groupes se généralisant de plus en plus, on peut presque se passer de l'éducateur, tel qu'il existe maintenant. Des amis avides de savoir, qui veulent ensemble s'approprier une connaissance, trouvent, à l'époque des livres, une voie plus simple et plus naturelle que l'«école» et le «maître».

Nietzsche (1879) «Humain, trop humain», supplément «Opinions et sentences mêlées», 2e partie «Le voyageur et son ombre», strophe #180 Traduction AM Destrouneaux et H Albert (Hachette Littératures, 1988, p. 607)
Il y a amplement de savoirs accessibles en ligne, et récemment générés, pour s'éviter de plonger dans les écrits lointains de l'auteur hermétique de Zarathoustra. Car il faut dire que pour les domaines de pointes, particulièrement pour comprendre Internet, il y a, pour ceux qui se donnent la peine, une pléthore de contenu, de référence, d'interprétation, d'hypothèse pour tenter de saisir notre époque. Mais ce que Nietzsche dit ici, me fait penser que ce besoin (cette tendance?) n'est pas nouveau.

Cette «éducation» par petits groupes a gagné toutes les sphères de la société, à divers degré et à un rythme peut-être disparate, pour nous faire dire qu'à notre époque, «on peut presque se passer de l'éducateur, tel qu'il existe maintenant. » On paraphrase à peine. "Des amis avides de savoir, qui veulent ensemble s'approprier une connaissance, trouvent, à l'époque des [blogues], une voie plus simple et plus naturelle que l'«école» et le «maître»".

Pour poursuivre la réflexion, liste non exhaustive:

affordance.info (Olivier Ertzscheid): Le blogue d'un maître de conférences en sciences de l'information
Alain Giffard: culture, technologies, lecture, mémoire, hypertexte.
Aldus - depuis 2006 (Hervé Bienvault): Un blogue pour suivre l'actualité de la lecture numérique. A la découverte des livres numériques, livrels, ebooks et des nouveaux readers, liseurs, liseuses, tablettes, bouquineurs et autres "lecteurs" électroniques conçus pour les lire ! (Avec un clin d'oeil à Alde Manuce, éditeur-imprimeur à Venise il y a 500 ans...)
Bibliomancienne (Marie D. Martel): Ce blogue s’intéresse à la philosophie, à la littérature et aux bibliothèques à l’ère numérique.
Bloc-notes de Jean-Michel Salaün: Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique
La feuille (Hubert Guillaud): L'édition à l'heure de l'innovation
Mario Tout de Go (Mario Asselin) : Le passage d'une "société de la connaissance" à une "société des connaissants" se fera au moment où les écoles cesseront d'ériger des murs et donneront toute la place aux fenêtres.
François Guité: Les compétences du XXIe siècle

Logique éditoriale d'un blogue

La question paradoxale que l'on se pose est la suivante: si vous avez une réelle expertise dans votre domaine, et que vos clients potentiels sont des novices dans votre domaine, comment font-ils pour vous sélectionner de façon rationnelle? Comment peut-on vous sélectionner si l’on n’est pas expert dans votre domaine? A fortiori s'ils ne savent même pas qu'ils ont besoin de vous?

4 trucs pour percé dans les blogsSur Google, votre futur client va probablement chercher des mots-clefs (aura-t-il les bons?) et tombera sur une multitude de choix. S'il se fie à l'algorithme de Google, il fera un choix parmi les entreprises qui seront affichées en haut de page (à ses risques et périls : l'optimisation de mots clefs ou de la pub contextuelle est parfois un piètre indicateur de crédibilité).

Si vous êtes dans un domaine intellectuel, où vous vendez des services basés sur vos connaissances, il est probable que votre futur client voudra lire des choses de vous avant de prendre une décision.

Internet a apporté pour une majorité de gens la possibilité de pratiquer la lecture et l'écriture après leurs années scolaires -- où pouvait-on lire et écrire intensément avant Internet? À l'école seulement.

Le blogue (ou un site régulièrement mis à jour, mais c'est la même chose) vous offre d'exposer vos qualités et compétences et devient dans certaines industries une façon de se distinguer. Mais d’une certaine manière, on commence tous à zéro sur Internet. Donc les critères habituels de validation de crédibilité ne s’appliquent pas au début (la crédibilité hors réseau ne se transfert pas automatiquement sur le net pour la majorité d'entre nous, faites-vous à l'idée).

En comprenant comment émergent la qualité et l’autorité dans les réseaux sociaux, vous êtes à même de vous bâtir une crédibilité avec le temps.

La pertinence et la plausibilité de votre expertise reposent sur quatre points qui composent la logique éditoriale de votre présence en ligne :

- Susciter l'intérêt. Faites accroître l’intérêt pour votre domaine en éduquant vos futurs clients sur l’importance de votre sphère d'activité. C'est le «what's in it for me»

- Communiquer vos concepts. En favorisant le partage aisé des enjeux ou des nouvelles importants de votre domaine, vous augmentez les chances d’être pertinents pour votre clientèle cible. Pensez en terme de problématique à eux et non vos solutions abstraites à vous. [merci Éric pour ton commentaire]

- Rendez familier votre sphère. Indiquez les impacts que votre domaine provoque dans leur vie / leur travail dans la sphère de votre audience.

- Offrez des points de comparaisons. Donnez des points de références pour que vos futurs clients puissent comparer. Vos lecteurs sont eux-mêmes experts dans leur propre sphère. S’ils peuvent faire le lien entre ce qu’ils connaissent et votre réalité, ils seront enfin capables de juger de votre expertise.

Vos clients sont peut-être novice dans votre domaine, mais ils sont intelligents. Sinon, ils n'auraient pas d'argent pour vous engager.

Cela demande du temps, mais plus votre audience sera compétente, plus ils seront aptes à vous évaluer. Et il n’y a pas de meilleure position que d’être au sommet d’une sphère de connaissance pour sa propre audience. Je dis sphère de connaissance, car vous devez être en constant dialogue avec votre sphère, l'audience et les autres experts, pour continuellement maintenir votre position. Faites référence aux autres, conversez et publiez constamment (ou du moins régulièrement) devient le lot des experts sur Internet.

Et dans une monde de surabondance d'information et de rareté d'attention, assurez-vous de ne pas seulement relayer ce que les autres disent, créez du contenu vraiment original [voir le billet de Seth Godin de ce matin]. Et n'ayez pas peur de diffuser vos connaissances, ce sont pour vos compétences que l'on vous engagera.

Il ne vous reste plus ensuite qu'à trouver une balance entre quantité et qualité pour votre audience.
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Image de Francescopozzi
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Les médias sociaux 101

«Les Médias Sociaux 101: Le réseau mondial des beaux-frères et des belles-soeurs» de Michelle Blanc, assisté de Nadia Seraiocco, préfacé par Bruno Guglielminetti, Éditions Logiques, Montréal, 2010, 181pp

Médias sociaux 101Nietzsche écrivit un jour: «Ce qui ne me tue pas me rend plus fort». Le grand philosophe a su plus que tout autre réfléchir sur le «dépassement de soi par soi» comme étant «l'essence même de la vie». Il a su développer le concept, souvent mal interprété, de «surhomme» (übermensch), cet après-homme, non pas au sens d'évolution biologique, mais comme d'un nouveau type d'homme qui devient ce qu'il doit être, par son propre vouloir.

Michelle Blanc ne peut être que plus forte après toutes les épreuves qu'elle a endurées, ayant choisi de «dépasser l'homme» qu'elle était pour devenir une femme. Son cheminement n'est pas le thème de son livre, mais lire ce livre c'est quand même explorer la psychologie intime de cette femme: elle y parle des réseaux sociaux autant qu'elle parle d'elle même. Produit autant qu'actrice des médias sociaux, Michelle Blanc se révèle moins par ce qu'elle affirme que par la manière de l'affirmer.

Michelle Blanc 101

Ce livre est en fait un récit. Celui de Michelle Blanc se créant une place au soleil et établissant son territoire. En toile de fond, les médias sociaux sont comme une rumeur montante qui est un prétexte à la chronique personnelle plutôt qu'à une explication méthodique du thème des réseaux sociaux.

La narratrice nous amène faire un tour dans les sentiers boisés des médias sociaux, avançant au gré des rencontres et des bifurcations qui balisent sa vie. Cette balade plaira à certains qui ont su garder le souvenir des voyages improvisés et ennuieront assurément les plus pressés habitués aux tours guidés de masse. Plusieurs seront jaloux du pouvoir qu'elle se donne pour nous faire découvrir ses sous-bois très fréquentés des réseaux sociaux.

La «volonté de puissance» (concept clé de Nietzsche) évoque pour moi Michelle Blanc, et la sortie de son livre «Les médias sociaux 101» (livre clé pour comprendre cette femme) fait davantage rayonner son autorité souveraine --Petrowsky l'a surnommé, avec une prémonition juste, mais fortuite, la «papesse du web»--, ce qui illustre bien qu'elle tire sa légitimité affirmative de sa seule force, et ce, sans demander l'autorisation de ses titres de noblesse à la toute dominante intelligentsia médiatique.

Elle est de la trempe de ces hommes qui ne doivent pas attendre les autres pour devenir ce qu'elle est: une femme justement. Par son propre vouloir. J'y vois une manifestation d'une lutte interne qui a organisé tout son être depuis qu'elle est née pour aboutir à qui elle est aujourd'hui.

Nietzsche employait l'expression la volonté de puissance («der Wille zur Macht» [voir mon commentaire pour une explication]) pour expliquer le mouvement fondamental de la vie, plus fort encore que la volonté de vivre et qui commence par le corps (autre concept clé de Nietzsche). On peut donc être surpris de voir que le premier livre de Michelle repose sur les réseaux sociaux et non sur sa transformation en femme.

Or, au contraire, c'est exactement cette histoire de réseaux sociaux qui l'a formé et qui donne toute la dimension à sa personnalité. Je ne crois pas que beaucoup de critiques du livre ont relevé cet aspect.

Du blogue au livre, du livre au blogue

Commencer une revue de ce livre en citant Nietzsche, probablement trop absorbant pour beaucoup de malheureuses victimes envoyées ici par Google, m'accorde le loisir de conserver le ton qui est celui de ce blogue, tout en abordant celui du livre de Michelle qui est d'un tout autre ordre. L'exigence est à ce prix.

C'est qu'il faut d'abord accepter le souffle et le rythme particulier du livre. Ce sont, en fait, ceux de l'écriture "bloguesque". On peut en être étonné, un livre appelant un type particulier d'attention, que le genre n'ait pas été davantage remanié pour s'adapter au médium, malgré l'apport de Nadia Seraiocco en réécriture [voir mon commentaire pour plus de précisions]. Mais les auteurs, ni l'éditeur, ne s'en cachent et revendiquent d'ailleurs avec force la filiation avec le format d'origine.

Tout le contenu provient du blogue de Michelle où elle nous dévoile sa vision de l'impact des médias sociaux sur les domaines qu'elle aborde (journalisme, médias, marketing, politique et les rapports interpersonnels) d'une façon moins arbitraire et fugace qu'il n'y paraît, malgré le fait qu'on s'attendrait probablement à une démonstration plus substantielle dans le cadre d'un livre imprimé.

Sur les tablettes depuis 1 mois, ce livre cartonne au palmarès des ventes d'essais canadiens-français au Canada selon le palmarès Gaspard de la BTLF.

Quelques critiques sont déjà sorties dans la blogosphère (je doute de voir la presse y donner écho):
Critiques, toutes sensées, qui sont loin d'avoir épuisé ce que le livre a réellement à offrir.

Médias sociaux 101?

«L’expression "101' jumelée à un vocable laisse normalement entendre que le sujet sera développé sous forme de cours de base ou d’introduction" dit, tout de go, Mario Asselin. La table des matières, effectivement, se lit comme un syllabus d'un «cours sur les médias sociaux», surtout aux yeux de cet ancien directeur d'école (mais pas juste lui).

Même si la quatrième de couverture temporise les attentes en suggérant que le livre documente plus «les changements majeurs que le web apporte au quotidien» qu'elle documente une vision académique, l'expression 101 est tout de même très connotée «apprentissage».

Cette habile manoeuvre éditoriale de l'éditeur (comme quoi le SEO a son équivalent en édition) cache pourtant le sujet premier du livre. Si cours il y a, c'est plutôt pour apprendre à connaître Michelle Blanc. Les chapitres sont basés sur son blogue, notoirement autopromotionnel [« [J]e le répète, j'en fais ouvertement un organe d'auto-promotion» (p.105) (ce qui ne rime pas nécessairement avec le culte du moi) c'est donc de Michelle Blanc il est question dans ce livre avant toute chose.

Indubitablement, on y parle aussi de médias sociaux, et, pour qui prend la peine de lire, y trouvera les métaphores utiles pour saisir de quelles façons ils changent nos habitudes. Ne vous trompez pas, j'y ai pris des notes, comme toujours quand j'écoute Michelle. Dans mon cas moins sur le fond et plus sur la forme: son discours est parcouru par des images d'Épinal qui font percuter les Saint-Thomas du monde 1.0, et j'adore analyser la façon dont elle les bâtit.

Il faut donc comprendre que le titre met de l'avant une expression favorite de Michelle Blanc (les médias sociaux, c'est simple, c'est le «réseau mondial de beaux-frères»). Elle aurait pu titrer aussi "Youhouhou", son cri de joie sur les médias sociaux, pour nous indiquer à quel point ce livre est une invitation à découvrir de façon décontractée et amusante le phénomène.

Les beaux-frères

Pour ce qui est du contenu en tant que tel, le texte est explicitement tiré de son blogue et s'adresse à ceux qui veulent se faire extraire les meilleurs passages qu'elle a écrit durant ces récentes années. Elle a beau nous traiter de flemmards («vous êtes trop paresseux pour fouiller [vous-même sur mon blogue]» p.18), ce qui est probablement vrai pour certains, je crois au contraire que l'on voudrait acheter son livre pour les raisons tout à fait inverses de ce qu'elle prône. Expliquons ce paradoxe.

Pour trier quels billets de Michelle lire sur son site, on ne veut pas l'avis des «beaux-frères». Non. On veut au contraire un tri raisonné parmi ses «2000 billets» par des gens de l'édition (les gens de Librex et Nadia, la coauteure), recoupés de façon synthétique, afin de donner un sens qui ne se trouve pas nécessairement dans la linéarité et l'abondance de son blogue. Bref on veut une recommandation experte de ce qu'il y a à lire sur michelleblanc.com à propos de ce réseau mondial. Exactement le contraire de la sélection par un beau-frère.

Si beaux-frères et belles-soeurs il y a, c'est dans le ton général, très oral (dû à son origine «bloguesque») et des anecdotes périphériques tournées en exemples de cas d'espèce (c'est la recette de ce type de livre). Ça donne un ton léger qui ne se prend pas la tête, avec, parfois, comme dans les dîners avec les beaufs, des débordements avinés de fin de soirée (lire le passage, par exemple, sur les sulfureux échanges épistolaires par Twitter entre l'auteure et @Embruns employant certains mots tirés du vocabulaire du coït humain, ou, par exemple, la comparaison hilare d'internet comme du viagra pour entreprise).

La loi du talion

Pour en finir avec le malaise que peut générer le titre, question de l'évacuer et de se recentrer sur le vrai sujet, le titre, donc, est une boutade en forme clin d'oeil adressé aux médias, aux corporations, au marketeux et aux politiciens -- et tout le livre en est l'exemple éclatant--: vous avez perdu le contrôle face à une foule que vous méprisiez et que vous devrez tôt ou tard être forcer d'écouter. Michelle Blanc se donne en exemple et montre de quelle façon le rapport de force peut s'inverser --ou du moins comment les forces peuvent enfin s'équilibrer.

Les beaufs comme maître du réseau est une image qui réveille la nuit les dirigeants d'entreprise. Et Michelle Blanc les incarne tous, provoquant respect et crainte à la fois.

Michelle Blanc ne tend jamais l'autre joue quand on la frappe et les exemples conservés dans le livre montrent bien que nous sommes plutôt du côté de la loi du Talion, oeil pour oeil, dent pour dent. Petits ou grands, effleurez sa joue, même par inadvertance, et vous vous s'exposer à un retour de droite immédiat. Les réseaux sociaux ont des dents, et Michelle est son pit-bull. Il n'y a que les vierges offensées pour être outrées: le milieu des affaires n'offre pas davantage de sensibleries.

Michelle démontre qu'elle peut mettre à ses genoux à peu près n'importe quelle compagnie québécoise par un simple titrage adéquat de ses billets. Si ce n'est pas l'illustration de la force des médias sociaux, je ne sais pas ce que c'est. Quant à savoir si on peut, tous, reproduire ça chez nous, c'est une autre histoire. Mais en gang, les beaux-frères peuvent réussir a obtenir ce qu'ils veulent, comme on a pu le constater récemment avec le cas du logo de Gap (la compagnie a totalement reculé dans sa volonté de changer son logo face à la pression déchaînée en ligne).

Mais, attention, Michelle y réussit, car elle a su, notons-le, partir à la conquête de ces nouveaux espaces au bon moment. Comme les magnats de l'Amérique que sont devenus ces aventuriers précoces à l'ère de la découverte du nouveau continent. Quand un territoire s'ouvre à l'exploration, les plus forts qui remportent la poche sont souvent les premiers à oser s'y aventurer. Le continent numérique ne fait pas exception. (Que les suivants doivent trimer plus dur pour y arriver est aussi une autre histoire).

Et la preuve: Michelle est là pour le dire, malgré tout ce qu'elle a traversé comme épreuves et critiques. Ça ne l'a pas tuée, au contraire, elle est plus forte.

Lancement livre «Les médias sociaux 101» (le «behind the scene»):

Les médias sociaux 101 (behind the scene)
Lien vers la vidéo sur DailyMotion

e-médiocrité et élitisme

Jean-Sébastien Marsan dans le Devoir de samedi a publié un long commentaire sur Frank Zappa et son regard critique sur Internet qu'il aurait pu avoir s'il était encore de ce monde. L'auteur semble connaître Zappa d'une façon admirable (les 3/4 du texte), mais il s'avance un peu sur la façon que le grand compositeur américain aurait réagi à l'heure de Facebook et compagnie. Vacuité en temps réel, nouvel esclavage, e-médiocrité! Sortons la règle pour taper quelques doigts...

Maître du mondeInternet comme utopie
Marsan souligne le passage des promesses révolutionnaires du web (durant les années 90) à sa récupération marchande en 2000 (la bulle techno) et e 2007 (l'année où il fixe le virage 2.0). Le web 2.0, dit-il, est «étroitement associé à un fantasme égalitaire qui postule que le citoyen, bon de nature, saura oeuvrer à l'avènement d'un monde meilleur». Il compare ni plus ni moins les chantres du «triomphalisme internet» (qu'ils situent dans la Silicon Valley) à des hippies «avec une fleur dans les cheveux» qui cherchant à révolutionner le monde.

L'image fait sourire, mais pour lui, les hippies des années 70 sont ceux qui ont abandonné leur fleur pour une cravate et ont ensuite voté pour les gouvernements de droite et leur libéralisme à tout crin dans les années 80. «L'utopie internet a surtout donné naissance à des empires commerciaux d'envergure planétaire (au premier chef Google) qui n'ont rien à f... de l'amour universel : "They're only in it for the money"» (paraphrase d'un album de Zappa qui coiffe d'ailleurs l'article dans le journal).

La e-médiocrité
Ces accents de gauche (la "traîtrise" est un "concept" typique des gens de gauche, et qui n'existe pas à droite -normal puisque ces derniers n'ont aucun objectif commun sinon du chacun-pour-soi; Madoff n'est pas un traître, juste un financier maladroit) ces accents de gauche, dis-je cachent mal un mépris pourtant élitiste que l'on retrouve normalement à droite. «Le Web 2.0 [...] démocratise aussi l'insignifiance: ces millions de blogues illisibles, de vidéos ineptes sur Yutube, d'articles superficiels signés par des amateurs dans Wikipédia...».

Oui. 146 millions de blogues existent en 2010 (source), 24 heures de vidéos sont télémontées chaque minute sur YouTube (source), et Wikipedia Français a atteint le millionième article le mois dernier (source).

Je ne sais pas si vous saisissez l'ironie, mais l'humanité s'est doté de ces outils pour communiquer; elle a démocratisé la communication et nous en voyons pour la première fois les résultats. Traiter ce contenu de médiocre revient purement et simplement à traiter de médiocre l'être humain. Internet n'a pas généré ce contenu, mais c'est bien l'humanité elle-même; Internet n'a pas pu pervertir l'humanité en si peu de temps, Internet lui a seulement donné des outils. La médiocrité de ces «messages» le précédait.

Soi peuple et tais-toi
Je n'aime pas ce genre de rhétorique antihumaniste et antidémocratique où l'élite fait porter à Internet un crime de lèse-humanité. Le bouc-émissaire était condamné d'avance. Si Marsan devait écouter tous les chuchotements de la planète, «dans la vraie vie» (voir mon billet sur cette expression), il dirait probablement la même chose: que de médiocrités portées à ses oreilles! Il n'y aura que peu de voix pour gagner son respect: normal, l'humanité aura autre chose à faire que de vouloir promouvoir je ne sais quelle utopie il souhaiterait qu'elle porte.

Je ne sais pas si Zappa aurait réellement la nausée devant le web 2.0 (et si oui, il l'aurait alors pour l'humanité dans son ensemble), mais il est clair que ce discours prend racine dans une double méconnaissance du phénomène de surabondance d'information et de démocratisation tous azimuts de la communication. Quand il écrit:

«Cet univers [...] encourage aussi le repli sur soi et de nouveaux esclavages: ces millions de gens qui se regardent vivre sur Facebook, qui draguent exclusivement sur Internet par peur d'une rencontre sentimentale tangible, qui s'expriment sur tout et sur rien, qui document leur vacuité en temps réel ou presque...»,

il montre son dédain pour ce qui émane du peuple (écrire est sacré, le mode épistolaire ne devrait servir qu'aux nobles causes) et le vécu même des individus (comme pour le téléphone et le courrier, Internet transportent les préoccupations de chacun sans jugement). Il cherche à stigmatiser et non à comprendre. Les esclaves n'écoutent plus la voix de leur maître et préfèrent se parler entre eux. L'élitisme a la fâcheuse habitude de dénigrer ce qui vient de la base, per se.

Tirer sur le messager
Inutile de passer beaucoup de temps dans les réseaux sociaux pour se rendre compte qu'ils provoquent les rencontres plutôt qu'ils ne les inhibent. Plus on est branché, plus les occasions de rencontre se multiplient «dans la vraie vie». C'est même une stratégie émergente pour contrer la tendance lourde d'atomisation et d'isolement dans la société occidentale moderne. Quel usage a-t-il fait pour que Marsan arrive à de tels constats?...

La «vacuité en temps réel» dont il parle ne représente que l'absence de sens qu'il ressent face à ces conversations qu'ils captent au hasard des clics. Je le mets au défi de s'enregistrer en continu et voir si son niveau intellectuel se maintient tout le temps. Et que dire alors de ces moments plus «futiles» où il tombera fatalement? Que ce n'est pas de mes oignons, je n'écoute pas aux portes, et que probablement la valeur est tout entière dans la relation qu'il est en train de construire ou maintenir avec la personne avec qui il dialogue.

Et que cette valeur est incommensurable et intransférable: le sous-entendu du texte soi-disant «médiocre» est probablement d'une importance d'ordre relationnel et non pas intellectuel. Dans un monde de surabondance d'information, comme dans une rue très passante, il est de plus en plus probable de capter une conversation qui ne nous est pas adressée. Tout le monde a le droit de communiquer. Personne ne vous force à écouter. Le sens ne vous était pas adressé et est probablement hors d'atteinte...

Et si vous écoutez, ayez l'esprit ouvert pour entendre ces humains qui s'échangent humblement des stratégies de vie, banales pour vous, mais ô combien humain...

Un plan numérique pour le Québec

Le numérique fait partie de notre patrimoine, de notre culture. Ou en tout cas il le deviendra obligatoirement. La communication, les produits culturels, le commerce, les réseaux sociaux sont numérisés un à un. Alors il ne faut pas le laisser entre les mains du seul marché "de la main aveugle" (fiction naïve, la dernière grandes crise nous l'a rappelé dangereusement). Alors je suis heureux de relayer l'initiative ce CommunauTique de demander un Plan Numérique pour le Québec dans un contexte où nous sommes bien avancé dans le XXIe Siècle et aucune plan clair n'existe pour nous faire rayonner.

Appel (extraits)


Nous affirmons la nécessité que le Québec se dote promptement d'un plan numérique global et ambitieux et mobilise résolument l'ensemble de ses forces vives dans sa mise en œuvre afin de relever les défis sociaux, culturels et économiques posés par la révolution sociotechnique mondiale en cours.

En se fixant comme but déclaré de faire d'Internet un bien commun au bénéfice de tous et toutes, un tel plan devrait apporter des réponses pertinentes et créatives aux questions suivantes :

-l'accès des individus, des organisations et des communautés aux réseaux et aux contenus ;

-le développement de la production, de l'offre, de l'utilisation et de l'appropriation des contenus ;

-la diversification des applications, des services et des usages ;

-la recherche et l’innovation techniques et sociales dans tous les secteurs d’activité (administration publique, industrie, commerce, économie sociale, instruction publique, santé et services sociaux, milieux communautaires, institutions démocratiques) ;

-les domaines d'expertise à soutenir prioritairement sur le plan national et international ;

-la formation en milieux scolaires, populaires et de travail dans un contexte de société de l'information et des savoirs ;

-la préservation et le développement des cultures et des savoirs ainsi que du patrimoine culturel ;

-l‘accès ouvert et le partage des données et des savoirs scientifiques

-la compétence des individus et l’innovation au sein des organisations ;

-l'identité numérique et la sécurité des individus et des organisations ;

-les places respectives des logiciels et contenus libres et propriétaires dans une perspective de biens communs ;

-la gouvernance québécoise, canadienne et internationale d'Internet, des normes techniques numériques.

Nous affirmons que la réussite des processus d'élaboration et de mise enœuvre d'un tel plan numérique québécois exige la participation et l'engagement de la totalité des acteurs sociaux, des secteurs d'activités, des segments de la population et des régions concernées.

[...]

Version complète sur Communautique

Dans la communauté YulBiz de Montréal, on avait fait circuler une pétition en forme de lettre ouverte au Premier Ministre québécois pour demander la création d'un plan numérique. Un wiki a suivi. Maintenant, CommunauTique pousse la demande plus loin. Encourageons-les!

Réseaux sociaux et affaires

Voici le premier cahier thématique mensuel du portail RézoPointZéro qui traite des «réseaux sociaux à des fins d’affaires», publié en ligne par la coopérative Innov X.0.

RézoPointZéro - Le guide des réseaux sociaux en affaires

Sur le plan du savoir-faire et de l’innovation web beaucoup a été dit, mais beaucoup reste à dire. Je vois depuis plus d'un an une tentative de la part de beaucoup d'entreprises d'«d'être sur le réseau social». Ce guide répondra probablement à certaines de leurs questions.

Est-ce bon pour eux? Que doivent-ils y faire? Comment s'adapter?

Pour les dirigeants qui cherchent à avoir un coup d'oeil de la question, écrit par des experts sur le terrain, ici au Québec, ce guide donne le ton.

J'ai donné hier une conférence aux membres de l'Ordre des administrateurs agréés du Québec. Il est clair que l'intérêt est là, mais ils constatent que c'est toute une nouvelle dimension à intégrer dans leur domaine. Et ça prend du temps. Et on n'a pas toujours le temps, c'est vrai. Mais ce qui est sûr, et les gens de l'Ordre doivent sûrement être les premiers à le reconnaître, eux qui "réseautent" beaucoup, que le "networking" est puissant et que si les clients, leurs clients, se mettent à "networker", ça ne peut pas ne pas avoir d'impacts pour eux.

Dans certains cas, il y a le "first move advantage". Si c'est le cas dans votre domaine, ça vaut la peine d'explorer ces nouveaux modes de contact avec la clientèle. Au pire, il faut voir au moins si notre compétition y est et les observer de très, très, près.

Guide des réseaux en affaires
Ce guide contient plusieurs articles intéressants. J'y ai écrit sur les bases de la crédibilité sur les réseaux sociaux. D’une certaine manière, on commence tous à zéro sur Internet. Donc les critères habituels de validation de crédibilité ne s’appliquent pas (pour la majorité d'entre nous, en tout cas). Alors, comprendre comment émergent la qualité et l’autorité dans les réseaux sociaux (et la crédibilité avec le temps) devient crucial. On aura probablement l'occasion d'en reparler ici.

Voici un aperçu

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Je iPade, tu iPades, il iPade

Avec les autres médias, on dirait qu'il n'y a pas de problème, mais avec le iPad je ne sais pas comment nommer son usage. Je «regarde» la télévision, j'«écoute» la radio et je «lis» le journal.

Mais avec le iPad c'est tout ça à la fois. Alors comment on nomme un usage multiple? «Hier soir j'ai "utilisé" le iPad»? Et puis, si on rajoute le «surf web» et les «jeux», le iPad, vraiment multimédia, mais sans être nécessairement un outil aussi «productif» qu'un ordinateur, est un moyen de «consommer» tous les médias. «Je consomme»? Je ne compterais pas sur celle-là.

Non, le iPad est transparent. J'y regarde la télévision, j'y écoute la radio, j'y lis le journal, j'y navigue le web er j'y joue. C'est véritablement une "fenêtre sur le monde". «Hier soir, j'ai regardé par la fenêtre»...

Les 9 principes de l'accélération numérique

Kevin Kelly dans le New York Times magazine d'hier propose une bonne réflexion sur les technologies numériques et comment appréhender cette accélération qui nous assaille de partout. Il propose 9 principes à intégrer, à se répéter comme un mantra, afin d'entrer dans ce tourbillon du futur-maintenant en un seul morceau.
• Toute technologie a ses mauvais côtés. Plus puissante elle est, plus elle peut être détournée. Bien évaluer les tenants et les aboutissants.

• Les technologies évoluent si vite que vous devriez toujours retarder l'achat à la toute dernière seconde. Habituez-vous avec le fait qu'elles deviennent aussitôt obsolètes.

• Avant que vous n'arriviez à maîtriser un outil, une application ou une invention, il sera dépassé; vous allez toujours être un débutant. Donc, développez des aptitudes de bons débutants

• Restez sur vos gardes pour toutes technologies propriétaire. Si vous ne pouvez l'arranger, le réparer ou le modifier par vous-même, ça augure mal.

• La meilleure façon de réagir à une mauvaise technologie est d'en développer une meilleure, de la même façon que la réaction à une mauvaise idée n'est pas de la censurer, mais bien de la remplacer par une meilleure.

• Toute technologie possède un biais inhérent à ses présupposés initiaux: identifiez ce que cela implique comme conséquence.

• Personne ne sait vraiment à quoi va réellement servir une invention. Ce qu'il faut se poser comme question est que se passera-t-il quand tout le monde y accédera?

• Plus longtemps une technologie est installée, plus probable elle sera encore utile longtemps.

• Identifier l'apport de technologie minimale qu'il vous faut pour vous offrir le maximum de possibilités.
Voici la version anglaise originale. Faites-moi part de vos commentaires si ma traduction diffère trop de l'originale.

• Every new technology will bite back. The more powerful its gifts, the more powerfully it can be abused. Look for its costs.

• Technologies improve so fast you should postpone getting anything you need until the last second. Get comfortable with the fact that anything you buy is already obsolete.

• Before you can master a device, program or invention, it will be superseded; you will always be a beginner. Get good at it.

• Be suspicious of any technology that requires walls. If you can fix it, modify it or hack it yourself, that is a good sign.

• The proper response to a stupid technology is to make a better one, just as the proper response to a stupid idea is not to outlaw it but to replace it with a better idea.

• Every technology is biased by its embedded defaults: what does it assume?

• Nobody has any idea of what a new invention will really be good for. The crucial question is, what happens when everyone has one?

• The older the technology, the more likely it will continue to be useful.

• Find the minimum amount of technology that will maximize your options.

Intention d'achat: Facebook fans versus Twitter followers

Une étude américaine montre que les usagers de Twitter qui suivraient une marque sur ce canal sont deux fois plus prompts que sur Facebook à dire qu'ils achèteraient de la marque en question. Et au contraire, les gens de Facebook sont plus nombreux à dire qu'ils n'achèteraient pas. Un abonné à votre «newsletter» se retrouve quelque part entre les deux.

Donc, si on se fie à cette étude, et si les chiffres américains peuvent s'appliquer à d'autres régions, on peut dire qu'un «follower» Twitter de votre marque est plus enclin à acheter chez vous qu'un autre sur Facebook qui vous «like» ou qui serait abonné à votre bulletin.

Intention d'achat

eMarketer
partage quelques statistiques dans un article hier «Are Twitter Followers Better Than Facebook Fans?» où on apprenait que 37% des gens qui suivent un compte Twitter d'une marque (contre 27% pour Facebook et 17% pour la bulletin) se disent prêt à acheter.

eMarketer

Ce sont les fans de Facebook qui sont le moins d'accords (49%) quand on leur demande s'ils seraient enclins à acheter. Un fan, finalement, n'est pas si admirateurs que ça. À ce compte, mieux vaut une bonne grosse base de courriels (27% sont d'accord pour dire qu'ils sont plus enclins à acheter contre 32% qui sont en désaccord).

Intention de recommandation

Dans l'étude, faite en février 2010, les auteurs montrent que c'est aussi du côté de Twitter qu'il y a plus de chance de voir votre marque se faire recommander (33% pour Twitter contre seulement 21%).

eMarketer

Nuances

L'étude de ExactTarget semble donc monter que Twitter serait plus attirant dans une perspective marketing. Mais il faut se rappeler que Twitter a une beaucoup plus petite base de membres que Facebook. Probablement que dans le volume, Facebook rapporte en valeur absolue plus d'adhérents à votre marque. Mais d'un autre côté, Twitter est composé davantage d'influenceurs que Facebook, qui serait lui plus «mainstream», souligne l'étude.

De plus, il faut faire attention, on parle ici d'intention. Les fans Facebook sont souvent, précise le rapport, selon eMarketer, déjà des fans dans la vraie vie et que le «like» n'en serait que le reflet: il leur serait difficile d'augmenter davantage leur achat ou de recommander davantage qu'ils ne le font déjà.
Ceux qui me suivent sur Twitter se rappellent le lien vers une autre partie de cette étude qui donne les motivations de devenir fan sur Facebook d'une marque.

eMarketer

Dans l'article «The Thin Line Between Liking a Brand and Liking Its Social Marketing» eMarketing montre que les motivations pour appuyer sur «like» dans Facebook varient beaucoup et il est donc illusoire de penser que la conversion est de 100%. C'est par contre une façon pour l'usager de monter son intérêt pour la marque comme une façon de s'exprimer dans son réseau social.

Dans le même article, pour mémoire, l'étude montre, pour les internautes américains les principales raisons d'utiliser Facebook en général. Toute génération confondue, les deux principales raisons sont celles-ci:

(1) Pour maintenant ses contacts personnels et
(2) reconnecter avec d'anciens amis ou qui habitent loin

Les 15-17 ont tout de même aussi une préférence pour «se maintenir au courant de son réseau social», besoin qui diminue grandement avec l'âge (diminuant de moitié) peut-être parce que justement les gens au travail et établis dans la vie ont accès à une vie sociale étable hors ligne amplement satisfaisante et que Facebook ne serait que l'appoint.

Ma présentation «Crédibilité[s] : construction de l’autorité dans les médias sociaux»

Avec la montée de l'Internet comme fabuleux réservoir de savoir, on apprend à devenir autonome comme "demandeur de connaissance". Mais émerge alors la question: comment avoir confiance en une information sur le web en dehors des institutions «légitimantes»?

Une institution «légitimante» est une institution qui donne à des individus un pouvoir instantané de crédibilité. Un nouveau journaliste dans un journal n'a pas à «faire ses preuves": on considère qu'il a été justement recruté parce qu'il avait les qualités nécessaires pour exercer sa profession.

Ce n'est pas le cas d'un nouveau blogueur. Et ce n'est pas le cas nécessairement d'une information que l'on retrouve sur le réseau. On doit probablement faire l'exercice de déterminer la crédibilité a posteriori, par nous même, seul.

Quel est ce processus? Qu'est-ce qui est à l'oeuvre quand on décide de s'informer par nous-mêmes sur internet? Comment arrivons-nous à donner crédit à ce qui est dit sur le réseau en l'absence de système de validation classique (bibliothèque, journaliste, professeurs, etc.)

Voici la présentation que j'ai donnée au PodCamp Montréal ( #pcmtl) samedi dernier (voir un extrait vidéo)



Je me suis basé sur trois documents pour construire ma présentation. Oui, trois documents qui ont été validés par une institution légitimante qu'est l'Université. Mais, pour la petite histoire, c'est via le réseau, sans référence d'institutions académiques que je les ai trouvé, par sérendipité pourrait-on dire (qui est en soi l'autre facette, que nous ne discuterons pas ici, du processus d'auto-apprentissage généré par l'accès libre au contenu déposé sur Internet).

The Element of Computer Credibility, par B.J. Fogg et H. Tseng (PDF)

L'aspect de la crédibilité véhiculé par les produits informatiques est au coeur de la préoccupation du docteur Fogg, chef du Persuasive Technology Lab. Il cherche à comprendre et à expliquer de quelle façon l'usage de l'ordinateur change notre comportement (temporairement ou de façon permanente). Autrement dit, comment la manipulation mécanique d'information virtuelle en dehors de tout apport social direct (sans intermédiaire humain) aboutit à un changement de comportement ( comment il «persuade» l'usager).

Ce rapport de recherche, écrit en 1999, fait le point sur le phénomène en définissant les termes principaux et en synthétisant les recherches dans le domaine. Il ouvre ensuite la possibilité d'explorer ce que l'usager fait pour croire en ce qu'il manipule à l'écran. C'est don un bon point de départ.

Construction de l'autorité informationnelle sur le web, par E. Broudroux (PDF)

Le repérage et l'indexation des documents ont radicalement changé depuis l'adoption massive d'internet par le grand public. Des outils «sociotechniques» sont venus classer d'une manière nouvelle l'information en donnant plus de visibilité à ceux qui sont le plus référencés. Cette contribution plus récente d'Évelyne Broudoux sur les “systèmes bâtisseurs de réputation et de notoriété” et les “outils sociotechniques d’autorité cognitive” font émerger ce qui sera discuté dans la troisième source les autorités cognitives. Ce concept débouche sur celui d'influence et est le résultat d’un jeu de forces. La nuance ici qu'elle apporte consiste à signaler qu'une l’autorité informationnelle est plutôt «susceptible d’être portée par un individu ou un groupe, un objet ou un outil cognitif ou encore un média, n’a pas pour fonction principale l’influence, mais celle d’in-former (donner une forme)».

On ne parle pas ici donc d'une autorité traditionnelle (soumission volontaire, sans violence, à une hiérarchie), ou celle fondée sur le droit (autorité institutionnelle légale) ou même une autorité charismatique (fondé sur la seule personne, d'abord par attrait, puis souvent ensuite par coercition). La construction de l’autorité informationnelle sur le web se bâtit à partir d'un mélange d'autorité énonciatrice, institutionnelle, de contenu et de support, bouleversés par l'auto-publication et la baisse relative du filtrage institutionnel qui permet l'arrivée de nouveaux acteurs, et remet en question l'attribution de confiance classique.

Second-hand knowledge: an Inquiry into cognitive authority, par Patrick Wilson (Amazon)

Publié en 1983 par le regretté professeur de Berkeley, ce livre couvre un vaste domaine épistémologique. Si nous devions ne dépendre que de nos propres connaissances personnelles, nous serions sérieusement limités pour comprendre le monde qui nous entoure. En fait, nous dépendons des autres pour la majorité de nos idées et connaissances. Avec les informations que les autres nous rapportent, nous construisons une vision du monde qui nous permet d'agir. Cette connaissance qui nous permet aujourd'hui d’agir est de «seconde main», c'est à dire pas acquise de «première main». Nous devons faire confiance à une «autorité cognitive» car celle-ci ne possède un savoir accumulé (réponses aux questions closes) ou une opinion éclairée (réponses aux questions en suspens) pour nous guider quand nous n'avons pas toute la connaissance ni l'expertise pour juger.

C'est une influence légitime (on ne parle pas d'influence par la publicité par exemple). Partout où l'information et les connaissances circulent librement, le problème du filtrage personnel commence. L'usager, en dehors de sa sphère de compétence, doit sélectionner comme pertinente une connaissance via une source qu'il trouvera crédible dans son domaine. Ce qui pose la question de la fiabilité de l'information disponible sur les réseaux et de la compétence des usagers pour la traiter. Le choix se fait par crédulité ou dogmatisme. Mais il se fait aussi par plausibilité du texte. Quand celui-ci entre en résonance avec le monde que l'on s'est construit, il acquiert davantage de crédibilité. Si tout se résume à de la pure subjectivité, et l'auteur ne cache pas qu'il n'y a pas d'assise objective pour nommer de façon absolue une autorité cognitive, il reste néanmoins que le processus de «crédibilisation» est un fait réel et observable. C'est que ce que j'ai tenté d'observer dans ma présentation.

Je peux développer dans un autre billet si le thème vous intéresse.