ZEROSECONDE.COM: Pour en finir avec les natifs versus les immigrants digitaux (par Martin Lessard)

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Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Pour en finir avec les natifs versus les immigrants digitaux

Marc Prensky a beaucoup fait pour favoriser l'introduction des nouvelles technologies à l'école ou faciliter son acceptation dans la population, avec une belle formule-choc : les jeunes sont natifs du numérique, les vieux sont des immigrants. Mais il est temps maintenant de neutraliser ce mythe du natif versus immigrant qui a fait plus de tort qu'autre chose.

La cité numérique Comme prétexte pour vous en parler je prends mon journal (papier) préféré qui nous propose une attaque frontale contre la blogosphère, ce qui nous change des petites flèches de côté qui ont eu cours dans la dernière année.

Épidémie blogueuse
Christian Rioux, dans le Devoir de vendredi (eh oui, vous pouvez le lire en ligne) a signé un mordant billet d'humeur sur "la société des blogs" (et, admettons-le, c'est assez franc, parfois juste, mais trop corrosif pour de pas refléter une frustration) sur "l'épidémie blogueuse" (avouez que l'expression est bien trouvée) qui ne génère que "zappage numérique", "médiocrité" et rien de moins qu'une "grave régression intellectuelle" [*].

Essayons d'y voir clair le temps d'identifier une source d'incompréhension sur la blogosphère et proposons ensuite une nouvelle métaphore plus pratique pour débloquer la situation...

Je vous laisse le temps de le lire (843 mots), le croissant à la main (joignons l'utile à l'agréable), et on se retrouve au paragraphe suivant.

Dissonance cognitive
D'emblée, l'auteur se traite de "dinosaure", comme pour excuser ce qu'il aura à dire et cite une entrevue avec Prenski, que signe Michel Dumais en guise de cadeau de retour comme collaborateur spécial dans les pages du journal, sur les natifs et les immigrants du web.

Selon Prensky, les jeunes seraient des "natifs" des nouvelles technologies, car, comme Obélix, ils seraient "tombés dedans". Pour les autres, ce ne sont que des "immigrants" qui ont dû tout réapprendre pour vivre dans ce Nouveau Monde...

Rioux serait donc un "dinosaure", voué à l'extinction s'il ne s'adapte pas. Mauvais diagnostic, comme on le verra plus loin.
Sur le thème de Prensky, on peut lire avec profit ces pièces --tiens, je vais faire exprès-- sur la blogosphère, lieu où l'on retrouve, selon Rioux, un "ramassis de banalités et d'énormités souvent sans nom" (et ne on ne peut le lui reprocher sur le fond, mais il a tort dans les faits):

- « Immigrants et natifs numériques», un bref résumé par une bibliothécaire un peu geek et très curieuse.
« Génération Digital Natives », petite histoire d'une génération spontanée ou Lamarck au pays des TICE.
- « Comment les jeunes vivent-ils et apprennent-ils avec les nouveaux médias ? », un billet d'Hubert Guillaud plus fouillé et allant au-delà des concepts de base.
Pour retourner aux sources, vous pouvez relire Prensky:
- « Digital Natives, Digital Immigrants», PDF 2001
- « The Emerging Online Life of the Digital Native », PDF 2004
Résidents versus visiteurs
À quoi rime de dire que les "jeunes" sont "natifs" par défaut?

Oui l'accès aux nouvelles technologies est plus prégnant pour cette génération, mais il ne provoque ni usage prescient spontané, ni compréhension transcentale: la plupart sont tout aussi "clueless" que n'importe quel "newbie" de 40 ans et plus devant Twitter, FaceBook et le Web 2.0...

Il est de loin préférable de voir le territoire numérique peuplé de "résidents" auxquels s'adjoignent par vagues temporaires des "visiteurs".

Les "résidents" habitent une ville numérique, comme d'autre la cité politique, et connaissent bien tous les us et coutumes, les recoins et les raccourcis, les rabais et les pièges de ces lieux. Ces habitants construisent les divers quartiers de cette ville nouvelle.

Les autres, les visiteurs, ne seront que de perpétuels touristes, puisqu'ils "habitent" ailleurs, hors ligne, dans d'autres sphères de l'activité humaine.

Rioux est un junky de news, de politique et de culture d'élite qui constituent son pain quotidien. Il est un impénitent résident de cette autre sphère, celle de l'actualité politique et de la culture d'élite, qui sait reconnaître les touristes qui s'aventurent dans "sa" ville.

Les visiteurs du numérique, ces touristes, envahissent la cité numérique au gré des saisons de vacances de leurs sphères d'activités principales à la recherche de quelque repos ou pour se ressourcer. Certains vont y devenir résidents, mais la plupart resteront plus ou moins "étrangers" aux us et coutumes de cette ville.

Nous sommes tous les touristes de quelqu'un d'autre
Cette métaphore est beaucoup plus prêt de la réalité en ce sens, que la démographie des résidents e des visiteurs ne recoupe pas nécessairement la séparation entre les générations.

Croire le contraire relève du jeunisme. Certains jeunes sont aussi "dinosaures" que Rioux si moindrement leur vie ne se centre pas autour d'internet. Il est préférable de dire qu'ils sont des visiteurs. On excusera plus facilement s'il ne se retrouve pas facilement dans la ville...

Sur ce thème, je réfère ces liens
- "Visiteurs et résidents" de Jean-Michel Salaün qui résume David White, “Not ‘Natives’ & ‘Immigrants’ but ‘Visitors’ & ‘Residents’,” TALL blog, juillet 23, 2008

Je soupçonne toutefois que Rioux ressemble au touriste européen qui vient visiter Montréal "pour ses beaux bâtiments" et qui apporte avec lui sa façon de ne pas être dépaysé.

Il déplore dans sa tournée de la cité la médiocrité des "nouveaux contenus", comme le touriste déplore la médiocrité de l'architecture locale, avant de comprendre qu'il doit d'abord baisser sa caméra et se mettre à converser avec les habitants. Ceux qui connaissent Montréal comprennent de quoi je parle.

Je reviendrai peut-être plus tard, dans d'autres billets, sur les divers autres critiques qu'il adresse aussi à la blogosphère, la plupart vraies sur le fond, mais faux dans les détails. Commençons seulement par enlever ces lunettes qui déforment la réalité et embrouillent les esprits.

L'auberge digitale
Internet est une auberge espagnole et on y trouve ce qu'on y apporte. Il existe effectivement des "résidents", qui ne sont pas autre chose que des "visiteurs" de longue date, qui vivent dans cette ville numérique et certains visiteurs viennent régulièrement grossir leurs rangs.

Cette métaphore de la ville résout bien des problèmes: une ville est composée de plusieurs quartiers, chics, paumés, dangereux, ennuyeux, branchés. Réduire la ville a un de ses quartiers ne donne en rien un bon aperçu. Et tout mettre sur le même pied non plus...

Quand Rioux dit que dans la blogosphère, "la parole de l'expert vaut celle de [sa] concierge", c'est comme dire Paris ne vaut rien, car, "les Champs Élysées côtoie la Goutte d'or". Non, mais! Ce sont deux quartiers différents, avec des attraits différents.

Le visiteur bourgeois qui se perd dans le XIXe arrondissement n'a qu'à avoir une meilleure carte, comme le visiteur honnête qui s'ennuie de voir la débauche des m'as-tu-vu sur les Champs n'a qu'à se faire suggérer des endroits plus intéressants.

Les bas fonds du RSS
Quand Rioux trouve qu'il y a trop quartiers "mal famés" dans la blogosphère, ces "tribunes téléphoniques permanentes sans modérateur", il oublie qu'il n'est plus dans un monde de "radiodiffusion" -où le contenu éditorial est une norme- mais, d'une certaine façon, directement dans la centrale téléphonique écoutant virtuellement toutes, vraiment toutes, les conversations qui ont lieu simultanément. Juger la pertinence de la sphère "téléphonique" dans sa totalité n'a aucun sens.

Que Rioux ne trouve pas son quartier approprié à ses goûts est un autre problème. Sauf à vouloir rester ce touriste impatient de revenir chez lui, il est normal qu'il doive s'attendre à trouver autre chose.

En premier lieu, reconnaître qu'il n'y a pas qu'une blogosphère, mais des blogosphères. Et que s'il traîne dans les endroits de "commentaires spontanés lancés à tort et à travers", c'est comme traîner la nuit à Pigalles et de détester la faune présente...

Qu'on ne se trompe pas: il a raison de trouver que les Pigalles sont un trop nombreux dans la blogosphère. Il a tort de ne pas penser qu'il existe des havres de civilisation dans cette cité. Chacun a à fabriquer sa carte des lieux.

Dans un espace limité comme en "radiodiffusion", où l'espace est rare et chaque auteur occupe la place d'un autre, on peut critiquer. Dans un espace infini comme sur le web, il y a de la place pour tous et personne n'empêche l'autre d'être au centre.

La blogosphère est une cité où son centre est partout. Il faut prendre le temps de trouver son propre centre. Le reste, on ne le visite pas...

Plus de lecture
-"The Internet as a City: Thoughts on the Connected Brain"
- "Hanging Out, Messing Around, Geeking Out": A Conversation with the Digital Youth Project (Part Two)
- "Are digital natives a myth or reality?: Students’ use of technologies for learning" PDF Glasgow Caledonian University, UK dont il existe une présentation courte : "Myth Of Digital Native: Students' use of technologies"

[*] Note ajouté le 13 janvier 2009
Rioux a plus tard précisé chez Mario Asselin:"Si ce type de lecture devait remplacer le journal et le livre, alors oui, s'en suivrait une grave régression intellectuelle" parce que "la lecture de longs articles sur internet [étant] tellement fastidieuse qu'elle favorisait le zappage au lieu de la concentration". Je laisse entendre dans mon billet que c'est "l'épidémie blogueuse" qui crée cette régression intellectuelle. L'épidémie entraînant la lecture en ligne, et dans mon cas, pour de longs articles, je ne crois avoir trop déformé sa pensée. La lecture en ligne, particulièrement avec les écrans que nous avons encore, affecte oui la lecture, mais moins dans la régression que dans le développement d'un autre mode de lecture. D'autres ont développé davantage sur ce point; Rioux préfère y voir une perte.

Plus de lecture [ajouté 19 janvier 2009] sur la notion de ville
Interfaces : comprendre ce qu’est le contexte (H.Guillaud, InternetActu) : avec les technologies ambiantes, nous aurons les moyens de ne pas déambuler pus dans les rues dangereuses, car elles n’apparaitront même plus sur nos cartes électroniques.
Comment la ville nuit-elle à notre cerveau ? (H.Guillaud, InternetActu) : le simple fait de vivre dans un environnement urbain à des effets sur nos processus mentaux de base

9 commentaires:

lundi, janvier 12, 2009 5:41:00 a.m. Clément Laberge a dit...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
lundi, janvier 12, 2009 5:42:00 a.m. Clément Laberge a dit...

Merci beaucoup Martin pour ce texte qui pourra, peut-être, rééquilibrer les échanges sur le sujet — et, de façon certaine, alimenter les réflexions de chacun.

Clément
www.remolino.qc.ca

lundi, janvier 12, 2009 8:15:00 a.m. Rastofire a dit...

Merci Martin. Je n'ai jamais eu le temps d'écrire un billet sur ce thème, mais comme je le disais @marioasselin, il y a dans la position de Prensky native/immigrant quelque chose de gênant. Je pense que l'idée a eu du succces parce qu'elle est en phase avec l'imaginaire américain. Et puis il faut dire qu'il y a bien quelque chose de vrai dans cet imaginaire : nous colonisons les mondes numériques. Et faudrait sans doute essayer de voir aussi les choses de ce coté la.

Je connais des enfants qui ne savent rien de Facebook et d'autres qui sont hyperconnectés. Je connais des enfants qui ne connaissent qu'une parcelle des mondes numériques - par exemple Counter Strike - et qui ne connaissent rien de ce qui se fait a coté : on est FPS ou MMO. Point.

Cela n'est pas grave. S'il y a bien un moment ou il faut avoir des positions définitives, c'est bien pendant l'enfance. Ce qui serait plus embêtant, c'est que le monde des adultes faillisse a sa tache de formation et de transmission.

Non, les mondes numériques ne sont pas un monde de jeunes. Ils ont maintenant une cinquantaine d'année, ils sont gérés par des adultes, et ils ont des logiques profondément enracinéees dans des idéologies et des économies.

Comme psychologue, je recois des enfants qui sont en mal d'apprendre. Et je voudrais témoigner du fait que pour ceux là, ce ne sont pas les techniques pédagogiques qui sont mauvaises. Il est des enfants dont les difficultés psychologiques sont un obstrable à l'apprentissage. Vu sous un autre angle, aucune médiation n'est magique. Tout apprentissage, même avec le coté "sexy" du numérique, nécessite un travail qui peut être pénible. Enfin, laisser entendre a un enfant que l'on peut apprendre sans travail est lui préparer un futur difficile.

Je ne dirais pas que Internet est un territoire. Un territoire est quelque chose qui est géré par un état ou un groupe ethnique. Les états voudraient bien que cela soit le cas - voir par exemple l'Estonie qui a estimé que son cyberespace était violé et en a appelé à l'UE et à l'ONU alors qu'il s'agit d'une bête histoire de hackers.

L'Internet n'est pas non plus une ville. Nous avons bien sur des choses qui ressemblent a des villes : Facebook par exemple. Nous avons même des villes champignon : twitter, et l'on pourrait trouver des villes fantômes : tumblr. Mais si l'on regarde de plus près, comparer Internet a une ville ne marche pas bien. Très rapidement, la ville, c'est le "dedans" a l'intérieur duquel se trouve, le "bon", le "civilisé", la loi. A l'extérieur, le "sauvage", le "mauvais", l'incertain. Nous n'avons pas de telle opposition dans le cyberspace. Nous avons UN espace qui relie TOUT alors que la ville introduit une rupture dans l'espace.

Ce sont des pistes qu'il serait intéressant de travailler, à mon avis. Qu'en penses tu ?

lundi, janvier 12, 2009 9:18:00 a.m. Martin Lessard a dit...

Yann,

L'idée d'un territoire limité à la ville peut sembler restrictive. Je suis bien prêt à l'ouvrir. J'avais évoquer un hinterland en 2005 pour montrer que ce monde est vaste.

Ma métaphore de la ville pouvait aussi englober le "sauvage" à l'intérieur (il y a toujours quelque part des quartiers coupe-gorges).

Mais au-delà du choix de la métaphore, c'est la "co-existence non-exclusive" des divers modes d'expressions (ou de vie) qui important à retenir, non ?

lundi, janvier 12, 2009 9:49:00 a.m. Rastofire a dit...

Martin Lessard :
Mais au-delà du choix de la métaphore, c'est la "co-existence non-exclusive" des divers modes d'expressions (ou de vie) qui important à retenir, non ?


Oui, cela me semble très important, et meme peut être particulier aux mondes numériques qui ont cette capacité de faire coexister des choses opposées. En ce sens, le numérique a réussi a transplanter les villes à la campagne :-)

Le cyberspace comme ville est une belle métaphore. Elle est utile pour nous aider a penser ces espaces que nous arpentons. Mais la ville est un imaginaire de la cloture - cette cloture peut avoir du sauvage dedans comme tu le relève - alors que le cyberspace est porté par l'imaginaire du zero limit et même zero second :-) Le lag est insupportable, de même que les liens brisés. Il faut que le cyberspace soit d'un seul tenant, et tout brisure nous gêne et nous angoisse.

C'est à ce niveau, qui me semble etre aussi une caractéristique forte du cyberspace, que je trouve que l'imaginaire de la ville est ne correspond pas bien à l'internet

L'idée de l'Hinterland est a retenir : le cyberspace n'est il pas le cul de basse fosse de l'espace géographique ? Après tout, l'internet comme espace social a été largement imprégné des cultures beatnik and co (Cf. Rémi Soussan) c'est à dire de personnes en marge et marginalisées ? A l'origine, les communautés en ligne se sont formées à l'abris de la Great Divide. L'internet s'est formé en marge. C'est un espace de frontière, si ce n'est la Frontière elle même

Bien sûr, c'est a pondérer : le néolibéralisme se sent dans le web 2.0 comme un poisson dans l'eau (cf. le numero de First Monday sur les mythologies du web 2.0).

Cela dit, sur le fil du billet : pour en finir avec digital/migrant, nous sommes plus que d'accord

lundi, janvier 12, 2009 12:29:00 p.m. Martin Lessard a dit...

Yann, très intéressant comme développement. Internet comme Frontière elle-même, hum. Ça implique donc un endroit-focal dont Internet serait la périphérie extérieure.

Je suis bien familier avec cette utopie du far web et je connais bien les limites du mythe -- je suis prêt à parier qu'Internet sera beaucoup moins libre dans une décennie que maintenant...

Pour le combat Natif/immigrants, mon constat suivant mon contact avec les jeunes recoupe le tien.

Ils ne mangent pas du FaceBook au déjeuner, ni ne couchent avec leur portable. Chacun l'utilise comme il le peut/veut sans nécessairement avoir une "vision" au-delà de leur nez. En général. Car en particulier, comme pour les plus vieux, si leur intérêt propre comprend les outils du web, ils sont les premiers à l'utiliser...

lundi, janvier 12, 2009 5:04:00 p.m. Rastofire a dit...

Martin Lessard : Yann, très intéressant comme développement. Internet comme Frontière elle-même, hum. Ça implique donc un endroit-focal dont Internet serait la périphérie extérieure.

Je pensais plutôt à l'intuition de Foucault qui parle d'espaces hétérotopiques, c'est à dire des utopies qui ont un lieu.[http://foucault.info/documents/heteroTopia/foucault.heteroTopia.fr.html]

Bien évidement, Foucault n'avait aucune idée de l'internet, mais ce dont il parle correspond assez a ce que nous appelons aujourd'hui l'internet. Il rappelle que nous ne vivons pas dans un espace neutre, mais dans un espace avec des zones claires et des zones sombres, avec des creux et des bosses; certains sont des régions de passages, d'autres des haltes transitoires. Certaines régions sont fermées : on y est au repos et chez soi. Mais il y a aussi des espaces occupés a effacer les autres lieux. Ce sont des utopies réalises : la tente d'indien, le lit des parents sont ce type de contre espaces

Ce texte de Foucault est un texte clé pour comprendre le cyberespace. Il faut y ajouter les reflexions de Marc Augé sur les Non-lieux. En ce sens, Internet serait le non-lieu des non-lieux. Pour le dire autrement : il serait ce que notre société aurait produit de plus inhumain. Et qu'il soit devenu aussi un lieu de socialisation est une mesure de la nécessité absolue de créer des liens et des rapports sociaux. Même là, même dans un espace sans lieu appauvri du point de vue des sensations, nous avons réussi a trouver/créer de l'humain


Bien sûr, le far-web est une utopie. Elle s'est d'ailleurs renversée. Avant, le cyberespace, c'etait loin, compliqué, difficile. Il fallait réaliser des signes cabalistiques pour accéder au réseau. Il n'y avait pas encore d'internautes, mais uniquement des hackers. Nous sommes tous fils et filles de sorciers.
Maintenant, Internet, c'est près. C'est dans ma poche avec mon téléphone, sur mes genoux avec mon laptop. Mon réseau social, mes réseaux sociaux, sont toujours a porté de message.
Proche ou lointain, ce sont des représentations portées par des imaginaires. Le premier est celui de la grotte accessible a quelques intrépides explorateurs, de la communauté secrete le second est celui de du toujours là, du à porté de main, de l'inséparation. C'est un imaginaire de la passion.

mardi, janvier 13, 2009 5:41:00 p.m. Anonyme a dit...

Tant qu'à utiliser les métaphores, dans mon billet d'aujourd'hui, je mentionne que l'Internet(Web) s’apparente "/...davantage à un environnement où de multiples espaces sont influencés par ses habitants, la température ambiante, la pression atmosphérique, les écosystèmes environnants, …" http://aryane.com/2009/01/13/internet-ou-le-web-des-paradigmes-a-faire-evoluer-pour-transiger/

Dans le monde physique, un visiteur se transforme momentanément ou de façon permanente en "immigrant" selon le nouvel environnement dans lequel il a choisit de vivre pour des motifs divers.

Même s'il devient résident légalement, il demeure immigrant moralement s'il ne contribue pas à la synergie de la collectivité ou s'il vit dans un ghetto ou si le peuple de la "terre" d'accueil ne souhaite pas qu'il s'intègre complètement. À l'inverse, il peut perdre son statut d'immigrant après un certains temps s'il s'implique et que sa "terre" d'accueil le lui permet.

Dans le Web, c'est la même chose. Il existe évidemment des touristes qui visitent et qui se transforment en immigrants jusqu'à ce qu'ils adoptent les sous-environnements choisis.

Cela n'a rien à voir avec l'âge. Les jeunes sont entourés et moins réfractaires aux technologies de l'information qui les entourent, mais sont tous aussi immigrants des nouveaux sous-environnements Web qu'ils visitent avant de les adopter.

Les technologies ne cessant d'évoluer, c'est la notion de "natif" qui est peut-être inappropriée. Une personne sera toujours l'immigrant d'un environnement étranger qui souhaite l'accueillir et qu'il visite s'il n'investit dans son intégration, dans sa formation; peu importe l'âge, l'origine, le sexe, la langue, ...

mardi, janvier 13, 2009 11:07:00 p.m. Martin Lessard a dit...

Luc, ce qui est bien dans cette métaphore de l'environnement / écosystème Internet(Web) c'est qu'ici aussi il n'y a pas de 'natif', terme qui prête à confusion.

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