ZEROSECONDE.COM: février 2012 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

La tyrannie du temps libre

Le tissu qui forme la masse des médias sociaux ne prend sa source qu'à un seul endroit: notre temps libre.

Pour la vaste majorité d'entre nous, les outils de réseautage en ligne ne sont utilisés que dans nos temps libres. 5 minutes, 15 minutes, 1 heure par jour? Parfois plus, parfois rien du tout.

Mais le maigre temps discrétionnaire, extirpé à grande peine de votre agenda surchargé, que vous tentez de consacrer à votre réseau en ligne, ne vous retournera jamais autre chose que ce constat impitoyable: celui du spectacle du temps libre de tous les autres.

Même si vous arriviez à prendre quatre heures par jour pour montrer que vous avez vous aussi du temps libre, votre réseau ne vous retournera que des pages et des pages de gens qui ont encore plus de temps libre que vous.

Tous ces films, livres, sorties que vous ne pouvez pas vous permettre, votre réseau, lui, se le permet. Toutes ces discussions, pensées, anecdotes que vous ne pouvez pas noter, votre réseau, lui, vous le balance en pleine face.

Le réseautage socio-numérique centre notre rapport au monde en nous plaçant tout au milieu. Mais si on n'y fait pas attention, il pourrait aussi complètement nous décentrer et donner l'impression au contraire de se retrouver tout en périphérie.
loisir
FOMO, Fear Of Missing Out, l'acronyme forgé pour exprimer cette angoisse générée par l'impression d'être toujours en train de manquer quelque chose, décrit bien le sentiment tyrannique de se retrouver sur la touche: le peur de manquer quelque chose.

Lorsqu' on prend conscience que les réseaux sociaux ne nous exposent que le temps libre de nos amis, on ne cède plus à cette angoisse du FOMO. Comment croire qu'on ne devrait pas être là où l'on est en ce moment. Cruel effet secondaire de la société des loisirs.

Une fonction des médias sociaux est de réintroduire du nouveau dans le système. Or ce média ne s'alimente qu'avec notre temps libre, libre des préoccupations de survie matérielle (manger, travailler, dormir).

Il est clair alors que si ce temps libre ne sert qu'à décrire notre temps libre, ou la façon de le combler, nous ne créons qu'une déformation ce qu'est le monde. Le FOMO vient alors hanter nos moindres mouvements.

Mais si le contenu de ce temps libre sert aussi à partager des stratégies de vie, à échanger comment, nous simples mortels, nous apprenons à jouer le Grand jeu sans vraiment connaître les règles, si nous évitons la tyrannie du temps libre, une partie du tissu des réseaux sociaux peut venir nous envelopper et servir à nous faire grandir.


Balado Triplex: du droit d'auteur à l'ére numérique

Voici mon troisième balado de Triplex, d’environ 40 minutes, enregistré à la librairie Le Port de Tête sur le thème du droit d’auteur et la propriété intellectuelle.




Le podcast est divisée en 8 chapitres :
00:00 – Introduction
06:25 – Législation : y a-t-il risque de censure?
10:30 – Qu’en est-il des lois canadiennes?
13:30 – Comment s’inspirer sans copier
18:20 – Légiférer sans freiner la créativité
23:25 – Creative Commons, une piste de solution
31:45 – Les producteurs de contenus premiers responsables du piratage?
38:10 – Questions en rafale

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Équipe de Triplex en balado :
Participants et blogueurs : Gina Desjardins, Laurent LaSalle et Martin Lessard
Animateur : Philippe Marcoux
Musique : Pierre Crube
Réalisatrice : Marine Fleury
Preneur de son et monteur : Martin Boulanger
Édimestre et photographe : Félix-Antoine Viens
Infographe et intégratrice web : Marie-Anne Seim


Pour voir les autres balados de la série «Triplex en balado»

5 liens pour bien commencer la semaine

Petits liens pour bien commencer la semaine, question de partager mes restes de tabs (onglets) avant de les fermer.

Le numérique comme objet d'échange (et pas seulement de copie), une habitude culturelle qui va s'installer?

Pinterest, le réseau qui monte, qui monte! 
Deux liens pour mieux le comprendre:

Je vous en avais parlé à l'émission La sphère il y a quelques semaines. Wired fait un bon papier là-dessus (c'est le dossier du mois et fait la couverture du magazine)
Mais les questions que je me pose sont celles-ci: Que voudra dire cette immense quantité de temps cerveau libéré quand les voitures se conduiront toutes seules? Que ferons-nous? Que consommerons-nous comme contenu durant ce temps? Que produirons-nous? Énorme potentiel pour récupérer de l'attention.

C-11 : le projet de loi sur le copyright controversé
Mon billet sur Triplex pour vous dire que le projet de loi sur le copyright canadien n'est pas offensif. Ne me prenez pas au mot et cherchez par vous même afin de vous faire votre propre idée.

Les fournisseurs internet ne sont pas des radiodiffuseurs
Le rêve de taxer les FAI pour redonner aux créateurs semble s'évanouir. Les tuyaux s'enrichissent quand les créateurs génèrent de l'abondance de contenu. La Cour suprême du Canada a tranché.

Balado Triplex: Les technologies rendent-elle dépendantes?

Voici la deuxième balado de Triplex avec Philippe Marcoux, Gina Desjardins, Laurent Lasalle et moi-même.

«Si la technologie nous rend aujourd’hui plus efficaces au travail ou dans nos communications, est-ce qu’elle est pour autant essentielle à notre existence? Sommes-nous dépendants, voire accros, à nos divers appareils intelligents?»

L’émission est divisée en 8 sections :

00:00 – Introduction
01:34 – Sommes-nous dépendants des nouvelles technologies?
05:32 – Nouvelles technologies : les dangers et inconvénients
12:14 – La pression de suivre le rythme
17:04 – À quand les syndicats de l’esprit?
22:56 – Google nous rendrait-il stupide?
32:59 – Questions en rafale
34:14 – Fin

 

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Une nouvelle dépendance?
«Dépendance» est probablement un mot trop fort. C'est un mot valise dans lequel on peut mettre beaucoup de choses, et je crois que nous avons évité de tomber dans une définition «bon versus mauvais»
La médecine décrit la «dépendance» comme un «besoin de continuer à absorber certaines substances toxiques pour chasser le malaise dû au sevrage» (source Antidote), c'est à dire, la consommation de substance (ou l'usage) devenue nécessaire due à une pression physiologique malsaine. Une drogue, quoi.
Par extension, on dit alors que dépendance s'applique à ces trucs dont «on ne peut se passer». Dans le cadre de notre balado, on peut se demander si la techno et les nouveaux gadgets ne sont pas une dépendance. Il aurait été insensé d'y répondre par l'affirmative tout de go. La technologie apporte beaucoup de bienfaits et pas seulement des malaises. D'où la bifurcation à un moment donné dans la balado vers la notion de «risque».
La dépendance aux jeux ne date pas de l'arrivée du web, donc la technologie n'est pas une condition unique pour générer cette dépendance; il faut toutefois reconnaître que la technologie a créé ces jeux en ligne (les MEUPORG) qui peuvent toucher et affecter des gens --vous trouverez toujours un média pour nous le rappeler--. Donc oui, dans ce cas, il y a des risques. Mais la technologie est-elle la cause.
Une dose d'intraveineuses d'info
Moi, la question qui m'intéresse le plus concerne cette addiction à l'information devenue soudainement plus accessible, plus abondante.
Il me semble que cette «dépendance» à l'information touche deux choses:  


(1) le web vient répondre et provoquer à la fois notre soif de savoir, notre curiosité infinie. L'accès à une infinité de documents ne fait qu'empirer notre soif comme l'eau salée que l'on boit en pensant étancher sa soif.
 


(2) une information quand elle est associée à nos réseaux sociaux me semble plus qu'une nouvelle, plus qu'une simple donnée, c'est le liant entre des gens, un liant qui donne sens à l'actualité, à la culture et à la vie. 
Ce deuxième point est particulièrement fascinant. Il est à mon avis vraiment nouveau d'avoir si facilement et si abondamment accès à une information sociale qui vient remplir tous nos interstices de nos vies. 
Le poids des infos, le choc du social 
La raison de la dépendance pourrait être la peur de passer à côté de quelque chose, de ne pas être dans le coup. Les médias sociaux nous mettent au courant d’événements que nous sommes «en train de manquer»! En fait les médias sociaux ne sont que des traces que nous laissons dans nos moments libres (quand on est occupé, on n'est pas en train de tchatter). Les réseaux sociaux nous envoient en pleine face tout le temps libre (et seulement celui-ci) de toute notre communauté. Il y a de quoi être effondré en fait devant ce fait surtout quand on le compare à son propre agenda
Dans nos sociétés hyperproductives, le temps libre, c'est notre vie. Les réseaux sociaux donnent l'illusion que la vie (le temps libre) s'y trouve, comme une bouffée d'air frais, vitale au milieu de l'asphyxie productiviste.
Et comme les réseaux socionumériques reposent plutôt sur la notion plaisante de gratification (notoriété, échange) et nourrissante (apprentissage croisé et mutuel), on a tendance à être en manque quand on n’y a pas accès...
Quand on fini par comprendre que le sens minimal des échanges dans un réseau social comme Facebook c'est l'appartenance, alors on associe le manque d'échange de message à une perte de sens et de lien...
«Social media addiction»
Je vous donne quelques liens pour lire davantage sur le sujet qui intéresse de plus en plus les scientifiques et les académiciens (quoi que peut-être pas assez encore):

Social Network Addiction – A Scientific No Man’s Land? (Brain Blogger) où on s'interroge sur quelques cas où l'addiction à Facebook a fait perdre tout sens rationnel à des quelques personnes et où on se demande si en tant que drogue il n'y aurait pas aussi des effets positifs.

Facebook, Twitter Are Harder to Resist Than Cigarettes, Alcohol (Medical Daily) où une étude récente démontre qu'il serait possiblement plus facile de se priver d'alcool, de cigarette et de sexe que de Facebook. Je ne suis un peu dubitatif --et suspicieux, surtout à la veille du lancement en bourse de Facebook, j'ai tendance à voir de la manipulation médiatique pour rentre attractif les futures actions.


5 Signs of Social Network Addictions (GeekSugar) où on donne une idée des symptômes pour que vous puissiez vous auto-diagnostiquer et 1 ou 2 trucs pour que vous puissiez vous en sortir.
Réseaux sociaux : La maladie des temps modernes, un (trop) court extrait de "L'éloge de la vitesse" de Rafik Smati, qui va, dans ce texte, à mon avis, un peu trop vite pour dire que les réseaux sont addictifs, mais ça permet tout de même de prendre au sérieux la question.


Pour voir les autres balados de la série «Triplex en balado»

Formation de gestionnaire de communauté

L'INIS propose un microprogramme «Devenir gestionnaire de communauté» pour transmettre les connaissances entourant ce nouveau métier, ou à tout le moins, une nouvelle compétence à l'ère des médias sociaux. J'animerai le premier volet cette fin de semaine, accompagné des meilleures spécialistes du domaine à Montréal.
C'est l'aboutissement de plusieurs mois de travail. En travaillant dès la fin du printemps dernier avec l'équipe de Véronique Marino à l'INIS et aussi avec Sacha Declomesnil, à élaborer les bases d'une formation qui serait pertinente pour l'industrie, nous sommes arrivés à mettre en place les bases d'un microprogramme en trois volets.

À l'automne dernier, s'est ajouté l'apport de quatre gestionnaires de communauté reconnue dans le domaine pour préciser les contenus et les rendre le plus proche possible de la réalité terrain du gestionnaire de communauté.

Gestionnaire / animateur

Gestionnaire de communauté («community manager») est le terme consacré pour décrire le rôle des ces gens, à l'intersection des relations publiques, du service clientèle, des communications et du marketing.

Le terme "animateur de communauté" serait peut-être plus approprié si on évitait de restreindre son sens à un aspect simplement récréationnel. Animateur, dans le sens de celui qui se pratique dans les médias (pensez à un talk-show, une speakerine ou porte-parole) est là pour faciliter les échanges, le partage, la prise de parole et le passage de message.

Un gestionnaire de communauté, c'est comme un animateur d'un show dont la ville, la région, le monde sont son studio et où cette personne gère (littéralement) les flux de conversations sur un thème donné.

Dans le cadre de cette formation à l'INIS, on entend par communauté, non pas celle qui existe dans des forums ou des groupes virtuels (ou réels) mais celle des médias sociaux. Donc via les outils des réseaux sociaux, comme Twitter et Facebook.


Buts du microprogramme

Vous trouverez la description du microprogramme ici. Je résume ci-dessous .
  • Habiletés nécessaires pour créer, développer et animer une communauté;
  • Compétences pour interagir efficacement avec les membres d’une communauté et les mobiliser autour d’une marque;
  • Connaissances et les moyens d’évaluer l’efficacité des actions, mesurer l'influence et aptitude en gestion de crise.
Contenu du premier volet : Mission et fonctionnalités (12 heures)

Ce premier volet de douze heures se veut une incursion, les premiers pas, à la fois théorique et pratique dans l’univers du gestionnaire de communauté. Définition du métier, champ d’activités, gestion d’une page fan, utilisation des outils socionumériques, etc.

Je vous invite à faire ce plongeon dans les bases du métier en compagnie de quatre spécialistes qui tour à tour vont venir vous présenter les principaux piliers du domaine.

Bianka Bernier (@biankabernier), gestionnaire de communauté au Quartier des spectacles, abordera les spécificités et traits caractéristiques des différentes plateformes de médias sociaux. Elle touchera aussi la notion de "e-reputation", cette notoriété en ligne et les diverses façon de la comprendre.

Nellie Brière (@nelliebriere), gestionnaire de communauté à Radio-Canada, quant à elle, démystifiera tout ce qui concerne le nuances de Facebook, son paramètrage et la gestion de pages de fans dans un cadre de relation avec le public.

Katerine-Lune Rollet (@katerinerollet), stratège web 2.0 et anciennement de La vitrine culturelle, précisera les différents profils que peuvent avoir un animateur de communauté (titres, tâches, "pedigree"). Elle expliquera les différences entre le domaine des arts et les organismes à but lucratif/marques commerciales
Zelia Lefebvre (@Zelia), gestionnaire de communauté au Groupe Pages Jaunes, présentera des cas concrets (autant succès comme échecs) et la veille stratégique. Elle vous proposera des exercices concrets à faire durant le week-end.



Je serai l'animateur durant toute cette fin de semaine. Je vous attends. Il reste encore quelques place, dépêchez-vous!