Ce que j'aime de Jill, maintenant professeure à l'Université de Bergen, Norvège, c'est qu'elle représente l'essence d'un bon blog pour moi. Professionnel, personnel. Pas trop, ni pas assez. Jamais hermétique, jamais impersonnel. Le ton sincère et la candeur qui font les bons blogs. Une blogueuse qui inspire les autres à bloguer.
Mais voilà qu'elle déclare "not doing student blogging"!
Ne pas bloguer avec ses étudiants
Quand elle avait 30 étudiants, elle faisait en sorte qu'ils puissent blogger. Avec 70 étudiants, voilà qu'elle fait un pas en arrière. Parce que le temps manque. Parce que, aussi, peut-être, le sens de blogguer aurait dérivé. Dérivé d'un but de "communication" vers un but "d'auto-représentation".
Effectivement, sous cet angle, on se pose la question de la pertinence pour ses étudiants. Est-ce que le blog en classe peut être à géométrie variable: peut-on suivre 70 étudiants comme on en suivait 30.? Et est-ce que bloguer n'a pas évolué pour devenir autre chose?
Des commentaires éclairés
Un lecteur (Shaded) ajoute un commentaire : un forum ferait aussi bien l'affaire (car, rajoute-t-il, les carnets ne sont en fait que des forums qui authentifient une personne et qui est bien optimisé pour les engins de recherches)
Un autre lecteur (AndreSC) rappelle que le phénomène des blogs n'est plus l'apanage des "early adopters" et qu'il faut considérer le tout sous son angle de communication..
Ce sur quoi un dernier lecteur, François Lachance, ajoute : l'approche pédagogique ne devrait-il pas nous dire que si le but est de provoquer la discussion en réseau, le choix de l'outil importe peu?
Il propose de laisser, en tant que prof, le choix des outils aux étudiant, le blog étant une façon de répondre aux objectifs. L'étudiant devient responsable de former ses propres archives (de documenter ses interactions sur le réseau). Car en fait, ce qui compte, c'est la création d'un portfolio qui les suivra toute leur vie, s'ils le veulent...
Le partage des idées
Jill, qui vient justement de gagner unprix pour Blogging research, bravo, a le don de créer un billet qui est la quintessence de la conversation, qui prouve que le blog sert à communiquer même si le thème du billet porte sur le doute du contraire.
Ce que son billet m'a permi de réaliser, c'est que les académies sont l'avenir du blog. Du blog ou de tout autre outil d'archivage ou de présence sur le réseau. Et je parle sur le long terme. 50 ou 100 ans.
Le carnet est un outil d'auto-représentation de soi sur le réseau qui permet d'authentifier un individu dans ses communications avec ses pairs.
Le réseau incarné
Tous les travailleurs du savoir se doivent d'entretenir un réseau de contact et une réputation. Le blog est une des façons de le faire. Les cocktails en est une autre. Les professionnels ont mille et un trucs pour "réseauter"
Les universitaires, s'il veulent démarrer et s'ils veulent réussir, devront publier. Publish or die. Un carnet correspond à la première étape. Plus tard, quand ils auront un réseau, seront connu ou se consacreront aux livres, ils pourront abandonner leur blog.
La flamme de la relève
Chaque blog personnel suit un cycle de vie (de la naissance à la mort). Mais la blogosphère, elle, qui en sera la relève? Le grand public en général n'a pas un intérêt marqué pour le réseautage. Du moins pas via Internet. Seul les académies ont un bassin renouvellé et motivé pour reprendre le flambeau, d'une génération à l'autre.
Oui, il y aura toujours des blogs "d'ado". Il est difficile de dire si cela n'est pas une mode passagère (un effet de génération). D'une certaine manière, oui. Mais pour les étudiants, qu'il veuillent devenir professeurs à leur tour, ou qu'ils se prédestinent comme travailleurs du savoir sur le marché privé, conserver la trace de ses interactions sur le réseau sera une bretelle d'accès à leur cercle de connaissance présente et future.
Le blog est l'outil le plus probable pour y arriver....
5 commentaires:
Yes!
"Blogging is the new CV"
Il faut prendre en consideration ce qui se passe avec les blogues académiques. On n'est pas tout-a-fait prêt au changement dans ce monde hermétique. J'ai colligé un pan de cette histoire l'automne dernier. Voici le lien : Academic bloggers beware
Klever, je suis d'accord. J'en avais aussi glissé un mot là dessus au début de l'automne
Blogues : Universitaires à risque?
Le milieu académique n'est pas le seul à subir ces pressions (réels ou imaginaires), le monde professionnel aussi.
Mais le besoin de faire du réseautage restera fort. Les académies s'ouvriront tôt ou tard, je crois...
Perso, je crois sincèrement que le format blogue peut être très utile en contexte académique. D'ailleurs, c'est une des choses que j'aime de ceux qui écrivent sur Language Log. Ils voient, comme moi, le blogue comme une méthode de «publication scientifique» (dans le sens de «rendre publiques les idées de scientifiques»). Olivier, de Culture Libre, a le même genre d'idée, sauf qu'il distingue blogue proprement dit et «carnet académique». Pour ma part, mes blogues sont généralement des (savoureux?) mélanges d'idées académiques mêlées à des élucubrations personnelles. Parfois hermétique, parfois impersonnel, toujours sincère, souvent candide. D'ailleurs, ça ressemble à ma façon d'enseigner. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est assez efficace.
Justement, le lien entre blogue et enseignement... Mes étudiants ont accès à mes blogues et il m'arrive de leur citer des trucs sur divers blogues. D'ailleurs, certains anciens étudiants ont réussi à me contacter à travers un blogue, à l'aide de Facebook, ou par MySpace.
Par contre, je n'ai pas encore poussé mes étudiants à bloguer pour mes cours. Moodle (que nous utilisons à Concordia, où j'enseigne en ce moment) offre un support aux blogues, mais c'est limité. De toutes façons, ma tendance est surtout de mettre des choses à la disposition des étudiants et de leur donner l'occasion d'utiliser les moyens qu'ils veulent utiliser pour communiquer avec d'autres membres de la classe.
Avec 30 étudiants ou moins, j'ai tendance à pousser le séminaire ouvert (tout le monde discute, dans la salle de cours), autant que faire se peut. Dans un tel cas, la communication en-ligne est souvent assez limitée. Avec plus d'étudiants, l'utilisation d'outils en-ligne les aide à démontrer leur engagement (ce qui est important dans mes cours).
Bon, trève de discussion pédagogique... ;-)
D'après moi, les blogues se transformeront radicalement dans les, disons, deux prochaines années. On est déjà loin de la page perso de 1994. Comme les choses s'accélèrent, on peut croire que certaines tendances vont dévier. Déjà, certains des blogueurs les plus expérimentés sont passés par diverses étapes.
Les gens du monde académique peuvent avoir une certaine influence sur le blogue, mais ça risque de prendre trop de temps et ce ne sera déjà plus des blogues qu'ils influenceront. Par contre, ça peut facilement être la partie "blog-like" de systèmes de réseautage à la Facebook/MySpace. Le point de rencontre entre le blogue, le forum, la liste de diffusion, le wiki, le système de messagerie, le système de cours en-ligne, le «mur à graffitis» et le bottin. Sakai, Moodle ou un autre "learning management system" en source ouverte risque de réaliser cette fusion.
Donc, on arriverait à Internet 7: plus des utilisateurs en tant qu'individus. Des identités fluides négociées en-ligne.
(Ok, c'est plutôt décousu, comme commentaire, mais c'est le résultat d'une réponse de Martin à un de mes propres billets.)
Merci, Alexandre, pour les liens vers les blogs "académiques".
Sur l'avenir des blogues, j'ai fait une petite -- oh vraiment petite-- prédiction sur l'expansion maximale de la blogophère. Le terme "blogue" va peut-être rester, peut-être disparaître -- et personnellement je lui préfère "carnet"-- mais l'acte d'auto-publication va rester. Il évoluera en fonction des règles politique et commerciale, mais il subsistera sous une forme ou sous une autre dans Internet.
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