ZEROSECONDE.COM: mars 2011 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Prêt pour un Fab Lab au Québec?

Mercredi prochain, Jean-Michel Cornu, de la FING, sera à Montréal pour participer à une présentation sur ce que pourrait être un Fab Lab québécois. Il parlera des expériences en cours de création et du type de structuration du réseau des Fab Labs en France.

L’évènement est organisé par Communautique et Procédurable, et est animé par l’équipe de Grisvert. Il s’adresse à tous les gens qui souhaitent participer à la création du mouvement des Fab Labs au Québec. L’événement est gratuit et ouvert à tous.

Dans mon billet sur src.ca/triplex voici ce que j'en dis:

«Un « Fab Lab » (de la contraction en anglais de fabrication laboratory) est un lieu où se retrouvent des gens cherchant à développer une « culture de fabrication DIY » (Do it yourself, faites-le vous-même). C’est un atelier où l’on met à la disposition du public des machines industrielles, comme des découpeuses laser ou des imprimantes 3D, pour lui permettre de construire ou d’assembler des objets qu’il ne lui serait pas possible de fabriquer autrement sans s’équiper à grands frais.»

La première rencontre a lieu mercredi prochain en matinée à l'Usine C et abordera les points suivants

- Qui sont les acteurs et les organisations qui souhaitent faire partie de l’aventure des Fab Labs au Québec?

- Dans quelles conditions pouvons-nous créer et soutenir ces laboratoires citoyens?

- Comment ces Fab Labs peuvent-ils se construire dans nos milieux et se connecter?

J'irai faire un tour et je vous en dirai des nouvelles...


Plus d’info ici



L’événement est gratuit et ouvert. Si possible, confirmez votre participation au (514) 948-6644 poste 234 ou 1 877 948-6644 ou par courriel à l’adresse : yasmine.ben-letaifa@communautique.qc.ca.

30 mars 2011, de 9h à midi

À l’Usine C

1901 rue de la Visitation, Montréal



Qui suivra votre page FB si vos employés ne le font pas?

Je vous présente Mitch Joel, un des 8 incontournables du Montréal 2.0 Il écrit sur le marketing numérique sur son blog Six pixels of separation depuis 2003. Il a donné récemment une conférence à Burlington, à la frontière américaine, et les organisateurs ont eu la présence d'esprit de prendre quelques notes pour notre plus grand plaisir.

Voici quelques citations que j'ai retenues dans le billet (je n'étais pas à Burlington), avec mes commentaires, question de jongler avec les concepts.
“Don’t blog to be known, blog to be knowable.”

Ne cherchez pas à être connu, célèbre, cherchez simplement à être «connaissable», «découvrable». Si on ne vous trouve pas sur internet, si vous n'y laissez pas des traces, vous n'existez pas. Bloguer pour devenir au top? Peut-être. Mais bloguer pour qu'on sache ce que vous avez dans le ventre, c'est mieux.

“Doom on agencies that just start off with pretty websites and don’t use analytics.”

Les agences qui font de jolis sites sans se soucier de l'analyse de la mesure sont condamnées. Ce n'est pas un concours de la plus belle brochure. C'est un outil relié aux objectifs de votre entreprise. Utilisez les données pertinentes (les analyses statistiques et quantitatives de la fréquentation) pour prendre une décision d'affaires éclairées.

"The problem with most analytics initiatives is that they are essentially a boring report once a month–wrong metrics that aren’t meaningful (aka vanity metrics)."

Les mesures qui montrent des chiffres séduisants (visites, bounce rate) sont finalement ennuyantes et inutiles s'ils ne sont pas rattachés à des objectifs et des actions. Oui, il y a du monde qui voit votre site, mais que faites-vous avec eux ensuite. Oui, vous voulez monter le nombre de fans sur votre page Facebook, mais pour faire quoi? Les «mesures de vanité», ces chiffres pour concours de popularité, font bien paraître ceux qui les colligent, mais pas prospérer votre business.

"Don’t get trapped in worrying about “how many people” because that’s a mass media thing."

Le jeu du nombre est un jeu des médias de masse. Avoir 1000 admirateurs sur Facebook, c'est peu par rapport à une pub traditionnelle, mais on ne parle pas de 1000 personnes, mais bien à 1000 réseaux. Ce n'est pas une relation à court terme, mais sur le long terme.

"If you can’t get your own employees to follow your Facebook page why should anyone else?"

Si vos propres employés ne suivent pas votre page Facebook, pourquoi les autres devraient le faire? Vous êtes votre première communauté, comme dit souvent Bruno Boutot, vous devez être intéressant pour vous-même en premier. Et le reste suivra...

Je vous invite à écouter en passant son récent podcast avec Seth Godin.

Les 3 points forts de Twitter

On trouve de tout sur Twitter. Par exemple, la centrale de Fukushima au Japon, sur laquelle se trouvent rivés tous les yeux du monde, a un compte Twitter officiel «certifié». Il y a aussi des comptes pour suivre des météorites qui frôlent la terre ou pour suivre l'état du Pont Jacques-Cartier ou celui du Pont Champlain . On peut même y voir Mitsou faire la conversation avec ce dernier.

Aujourd'hui Twitter a 5 ans, et c'est devenu un phénomène avec à peu près 200 millions d'abonnés, soit le tiers de Facebook. Le début de la courbe exponentielle a commencé au printemps 2009. J'explique dans mon billet aujourd'hui sur le site de Radio-Canada comment la collision de trois sphères, celle des geeks, des people et des médias a donné naissance à ce nouveau «média personnel». L'étincelle a été la révolution verte de Téhéran.

Je considère que c'est à ce moment-là, en 2009, que l'écosystème médiatique a réellement mesurer l'importance des réseaux socionumériques. Les premiers signes avant-coureurs de la mutation sont apparus beaucoup plutôt (voir ma série sur le nouvel écosystème de l'information en 2008), mais la greffe a commencé à prendre lors de couverture des événements en Iran.

Les 3 points forts de Twitter

Pourquoi utiliser Twitter et non Facebook, qui fait la même chose, tout en offrant toutes sortes de services, et sans cette limite de 140 caractères? Pour trois raisons, qui plaisent aux infoboulimiques:

1- Twitter est un réseau asymétrique. Facebook demande la symétrie. Vous ne pouvez qu'être "ami" avec quelqu'un qui vous accepte en retour comme "ami". Sauf à être en mode privée, tout le monde peut vous suivre sur Twitter. Ce qui est la définition même d'une audience pour quelqu'un de populaire

2- Twitter favorise les «liens faibles». En théorie des réseaux, les liens forts sont ceux que vous entretenez au premier degré. Comme sur Facebook. Les «liens faibles» (weak ties) sont ceux qui vous relient à d'autres groupes auxquels vous n'avez pas accès. La «viralité» est plus forte, un message peut se propager plus loin.

3- Chaque gazouillis peut être lié. On peut exactement pointer un «tweet» avec une URL et donc le citer. Contrairement à Facebook où il faut être un «ami» pour accéder à l'information...si vous arrivez à le retrouver.

Ce qui étonne c'est de voir que Twitter, dans son usage «échange et découverte d'information», recoupe ce que fait le RSS. Twitter est un fil RSS construits par des humains.

Le RSS humain

On est tenu au courant des derniers développements de son domaine ou des informations publiques. Malgré le faible ratio sens/bruits, Tweeter a une courbe d'adoption plus à pic que celui des fils web. Selon les pays industrialisés occidentaux, 10% grosso modo de la population utiliserait Twitter. Ce qui est loin de la pénétration du RSS dans le grand public, aux environs de 2%, alors que la technologie existe depuis 2 fois plus longtemps.

À lire aussi

Voir mon billet sur Triplex (Radio-Canada)
Dossier sur le phénomène Twitter (La Presse)
Twitter a cinq ans: la petite existence d'un grand concept (Le Devoir)

Le cri silencieux

Gina raconte sur Triplex l'histoire d'une photo qui a fait le tour du monde. Le photographe, évidemment pas au courant, fait contre mauvaise fortune bon coeur. L'illustration d'un cas du pouvoir d'autopublication pour se faire connaître.

«En 2006, le photographe Noam Galai publiait sur son compte Flickr quelques photos de lui en train de crier. Quelques années plus tard, il apprenait que quelques-unes de ses photos, dont une plus que les autres, étaient utilisées dans une vingtaine de pays.»

C'est en utilisant un outil en ligne appelé Tineye, qu'il a pu trouver les copies partout sur la toile. «Noam Galai affirme ne pas avoir de problème avec ceux qui ont utilisé sa photo pour des projets artistiques, mais être frustré que de grosses compagnies lucratives, des artistes signées ou des éditeurs aient utilisé sa photo pour vendre leurs produits.»

Copier, copier, il en restera toujours quelque chose

Le billet de Gina est assez éloquent sur la problématique des droits d'auteurs et montre à quel point Internet est un puissant outil de redistribution, mais laisse les artistes plutôt impuissants devant la copie...

Voici la vidéo où il explique ce qui s'est passé.

La reproduction de la photo elle-même est évidemment condamnable. Mais c'est probablement un peu plus compliqué pour ce qui est de l'image au pochoir. La technique du pochoir est considérée comme un art et ici la ligne est mince.

Oui, on reconnait la photo, mais le traitement (le haut contraste noir & blanc) en fait une oeuvre probablement distincte, un peu dans l'esprit des conserves de soupe Campbell ou de Marilyn Monroe par Warhol...

Mais ici je ne mettrais pas ma chemise en jeu, les avocats ont les dents longues aujourd'hui...

Che, icône pop

L'histoire ressemble à Alberto Diaz Gutierrez, («Korda») qui avait pris un cliché du Che qui est devenu une icône pop durant les années 60 à 80. Lui non plus n'a jamais vu les royalties. (voir et lire ceci [EN])
Che Guevara icon

Dans le cas de Noam Galai, c'est principalement le pochoir qui a fait le tour du monde. C'est cette image qui est devenue iconique et emblématique. C'est l'artiste du pochoir, qui est probablement celui qui aurait dû peut-être demander la permission à Golai, qui est vraiment celui qui a vu son oeuvre redistribuée.

Autoproduction

Golai, au lieu de poursuivre la planète entière, geste autant ridicule qu'impossible, a eu l'intelligence de faire cette vidéo pour récupérer tout le crédit, y compris celui de l'artiste du pochoir qui, maintenant, est réduit au silence.

Alors que Korda est resté inconnu comme auteur de l'image du Che la majeure partie de sa vie, Golai retourne la fameuse machine internet à broyer les droits pour retrouver au moins sa paternité de son oeuvre.

L'image n'aurait jamais connue une telle notoriété sans la force d'internet, qui en même temps, malmène tellement la notion de copyright, Golai a su refaire une ultime pirouette pour se retrouver au sommet d'un vague viral complètement crée de toutes pièces par le réseau.

Il n'a pas attendu ni les médias, ni la justice; il n'a pas pleuré sur son sort, ni attaqué le monde entier. Il a simplement pris le micro et s'est autopublié pour se faire connaître...

Le dico du futur

Les nouvelles plateformes font émerger de nouveaux objets, usages et concepts. J'ai écrit ce matin sur Triplex sur le possible passage de La Presse au tout numérique. La production et la consommation d'information évolue. Qu'en est-il de la langue?

Le dico du futur invente des mots. Et justement Anne-Caroline Paucot est de passage à Montréal cette semaine pour vous inviter à concevoir les mots du futur pour exprimer le présent, et ainsi éviter les «médiocres anglicismes dont l’usage abusif amoindrit la qualité de notre réflexion».

Elle propose cette semaine trois ateliers de deux heure où les participants s'aident «d'innovations et de recherches détonantes pour jouer ensemble à créer les mots de demain», comme

- Amedéseuleur (Consultant spécialisé dans la rencontre d’un partenaire en ligne),
- Dépuciéreur (Technicien qui élimine la poussière intelligente),
- Espaceur (Professionnel de l'élimination des objets superflus dans les appartements), et
- Numéropathe (Praticien qui observe, analyse et soigne les dommages commis par l’abus de numérique)

Les ateliers auront lieu

Mercredi 16 mars à 18 heures (inscription Amiando http://fr.amiando.com/OXVILDS)
Jeudi 17 mars 20 heures (inscription Amiando http://fr.amiando.com/LSOGWMF)
Vendredi 18 mars 18 heures (Inscription Amiando http://fr.amiando.com/FWKPXHY)

à la Coopérative de solidarité Ecto 880, Rue Roy Est
Montréal, QC H2L 1E6, Canada
(514) 564-8636 (Métro : Station Sherbrooke)

Café amer

Gina, sur Triplex, pose une bonne question: les sites d’achat groupé : mode passagère ou là pour rester? Il y a probablement de la place pour tout type d'usage sur Internet, donc les Groupons de ce monde ont leur place. Leur étoile baissera probablement en brillance quand le buzz sera passé. Mais il en restera toujours des traces.

Gina raconte une mésaventure d"un commerçant avec Groupon, le Café Posies en Oregon, qui tenté l'aventure avec un rabais de 50 % sur les achats de 13 $ pendant les 6 mois suivant l’offre.

«Cette aventure lui avait finalement coûté près de 8000 $ en coûts de production pour fournir à la demande des milliers de gens qui avaient payé pour bénéficier du bon de réduction».

Lost seller

Les coupons, c'est une logique de vente à perte («loss leader»), il faut donc connaître la probabilité que quelqu'un fasse des achats complémentaires pour retrouver son argent. Ce que le café Posies a sous-évalué...

Faire son épicerie avec des coupons, ça marche parce que ce sont des marchandises de base essentielle et répétitive. Et basé sur une habitude (une fois l'habitude prise de «connaître son épicerie» on est moins porté à changer). Faire son épicerie pour une seule denrée (celui du coupon) ne fait pas beaucoup de sens, encore moins de se déplacer dans 3 épiceries différentes pour bénéficier des rabais. Du moins, pas sur le long terme.

Un café, c'est une dépense discrétionnaire. Donc le risque était plus grand dans cette expérience...

Pour utiliser les achats groupés du point de vue du commerçant, on peut trouver de la valeur de 3 façons:

- visibilité (pour la marque ou le lieu),

- écouler du stock de fins de série avant inventaire,

- achat impulsif sur le lieu de vente.

La tragédie du pauvre commerçant vient du type de partage de recette en leur défaveur... Groupon ayant gardé le gros des recettes... et peut-être le manque d'offre «impulsif» chez le commerçant pour «compléter la transaction»...

Il doit y avoir adéquation entre le nouvel outil d'achat groupé et le type de produit à vendre. Ce commerçant a servi de cobaye...

En triplex de Radio-Canada

Bonne nouvelle. Zéro Seconde prends de l'expansion et ouvre une succursale à radio-canada.ca/triplex ;-)
Martin Lessard, chroniqueyr techno à Radio-canada.ca
Triplex, le nouveau blogue techno de Radio-Canada, qui fait suite au départ de Bruno Guglielminetti, accueille trois blogueurs de la scène québécoise. Je suis le troisième locataire de ce triplex, terme consacré au Québec à ces bâtiments à trois logements, modèle sur lequel est bâti ce blogue: je partage l'édifice avec l'ineffable Laurent Lasalle et la geekette Gina Desjardins.

Tout en continuant sur Zéro Seconde, j'ai maintenant une nouvelle audience qui s'ajoute sur src.ca/triplex avec ma chronique régulière d'une demi-douzaine de billets par mois.

Je compte aussi, dans ce triplex, continuer à relater l'ampleur des impacts d'internet sur notre société et nos vies en particulier sur les thèmes qui me sont chers: l'éducation, les médias, le travail, la politique, le marketing, la communication, la philosophie, l'environnement, les médias sociaux...


Et qu'est ce ça changera pour moi? ( à part un look radio-canadien comme sur la photo :-)

Le rythme.

Écrire un billet tous les trois jours diffère de mon habitude de bloguer ici (j'écris quand je veux), c'est en fait une chronique sur la technologie malgré le nom de "blogue" juxtaposé au nom Triplex. Un rythme impose une contrainte particulière, l'agenda en est le moteur. Un blogue dans sa caractéristique originale du moins, suit l'impulsion du moment: on écrit quand il y a quelque chose à écrire, comme je le fais depuis 7 ans.

Ce rythme c'est partiellement celui de la société du spectacle de Guy Debord, concept caractérisant un certain rapport social médiatisé par des images, où l'information est un simulacre de la réalité. Conséquence d'une chronique régulière basée sur une fréquence éditoriale et non sur les besoins de l'actualité.

La portée.

Moi qui écris depuis quelques années sur la mutation de l'écosystème de l'information, avec l'arrimage des nouveaux outils aux médias traditionnels, je dois dire que maintenant entré dans le ventre du dragon, je dois modifier mon vocabulaire. Médias traditionnels versus nouveaux médias? Ça fait 20 ans qu'ils sont nouveaux, ils ont fini par être vieux; et les trads montrent aujourd'hui qu'ils ont rattrapé leur retard.

Si la longue traîne est l'emblème de la nouvelle économie, je serais alors enclin à utiliser maintenant "petits et grands médias". Et l'adjectif à choisir dépend de l'audience, sa portée et son influence. Il y a des blogues qui ont plus d'influence que certaines chaînes télé sur le câble. Triplex est un "plus grand média" que Zéro Seconde. Radio-canada.ca (portion web) est un «plus petit média» que la Première chaîne de SRC sur le FM ou à la télé. Les moyens ne sont pas même non plus.

Le contenu.

Probablement que j'aurai moins tendance à tenir pour acquis que les gens savent de quoi je parle, sur Triplex. J'aurai peut-être à expliquer davantage certains concepts. Mais je crois que je vais surtout faire attention à ne pas créer d'impairs. Je ne suis pas sur mon espace perso, mais bien sur un espace public restreint.

Dans un espace d'auto-production (comme la blogosphère), chacun est libre de créer du contenu. On n'a qu'à s'en prendre à soi-même si on est jaloux de ceux qui s'y trouvent. Dans un espace médiatique restreint, il y a un choix exclusif qui limite l'espace. Si c'est moi le troisième locataire du triplex, ce n'est pas un autre. On peut donc contester une présence sur la base que la personne prend la place d'une autre. Dans un espace restreint, surtout non autoproduit, ce n'est pas les mêmes attentes.

Le lectorat.

J'ai été choyé d'avoir un lectorat et des commentaires de qualité sur Zéro Seconde depuis le début. Le paratonnerre qu'est Radio-Canada attirera la foudre qui serait tombée à côté. Un auditoire plus grand attire des gens aux points de vue diversifiés, probablement contradictoires, possiblement antagonistes. Il y a une différence entre avoir des conversations de couloir et argumenter avec une foule dans la rue. J'aurai à ajuster ma voix en conséquence.

Je vais probablement faire référence sur Zéro Seconde à la plupart des billets écrits sur Triplex, donc le nombre de billets augmentera ici. Mais à travers ça, je vais sûrement affiner et tester des sujets plus pointus ou diversifiés pour tenter d'explorer les changements en cours au 21e siècle et pas seulement en techno.

Merci à tous de votre présence.

Éduquer au 21e siècle: tout reste à inventer

«Avant d'enseigner quoi que ce soit à qui que ce soit, au moins faut-il le connaître». Qui ? Ce nouvel écolier! «Ils ne connaissent ni n'intègrent ni ne synthétisent comme nous, leurs ascendants. Ils n'ont plus la même tête.» Michel Serres, dans un vibrant plaidoyer, prend acte de la rupture dans l'éducation au XXIe siècle. Un texte puissant et révélateur du basculement en cours. [lire Petite Poucette, Institut-de-France (via Le Monde)]

Michel Serres«Par téléphone cellulaire, ils accèdent à toutes personnes ; par GPS, en tous lieux ; par la toile, à tout le savoir ; ils hantent donc un espace topologique de voisinages, alors que nous habitions un espace métrique, référé par des distances. Ils n'habitent plus le même espace

Michel Serres dresse un portrait clair: «[s]ans que nous nous en apercevions, un nouvel humain est né, pendant un intervalle bref, celui qui nous sépare des années soixante-dix». La société est en rupture. Le système de l'éducation aussi.

Une rupture? Dans La société émergente du XXIe siècle, Michel Cartier et Jon Husband, on en donne cette définition : «Une société est en rupture quand sa complexité se modifie au point que ses statistiques deviennent exponentielles. Elle se place alors sur les bords du chaos oscillant entre la peur de faire des choix sans aucun point de repère et le bonheur de pouvoir changer sa trajectoire.» (plus de détails ici)

Depuis une décennie déjà, nous avons eu tous les signes que le monde a changé. En partie par le développement de toutes les nouvelles technologies, des avancés scientifiques et des connaissances sociales.

Michel Serres constate que la société du spectacle s'est doublée d'une «société pédagogique dont la concurrence écrasante, vaniteusement inculte, éclipse l'école et l'université. Pour le temps d'écoute et de vision, la séduction et l'importance, les médias se sont saisis depuis longtemps de la fonction d'enseignement.» Les médias n'ont pas la capacité de clarifier les débats, comme discuté dans mon billet hier, qui alors le fera? Les enseignants?

Cadre à revoir

«Voici des jeunes gens auxquels nous prétendons dispenser de l'enseignement, au sein de cadres datant d'un âge qu'ils ne reconnaissent plus : bâtiments, cours de récréation, salles de classes, amphithéâtres, campus, bibliothèques, laboratoires, savoirs même… cadres datant, dis-je, d'un âge et adaptés à une ère où les hommes et le monde étaient ce qu'ils ne sont plus.»

Michel Serres se demande ce que nous pouvons leur transmettre. Le savoir ? «Le voilà, partout sur la Toile, disponible, objectivé. [...] Désormais, tout le savoir est accessible à tous. Comment le transmettre ? Voilà, c'est fait

Internet et son imposant réservoir de contenu changent la donne. Quoi et comment apprendre quand tout est accessible? «Ne dites surtout pas que l'élève manque des fonctions cognitives qui permettent d'assimiler le savoir ainsi distribué, puisque, justement, ces fonctions se transforment avec le support et par lui.» dit l'éminent intellectuel, probablement emporté par l'enthousiasme.

(S'il a raison de souligner que le problème aujourd'hui n'est plus l'accès, il a tort de sous-estimer l'énorme défi de "recevoir" et "interpréter" toutes ces connaissances, car la problématique fondamentale, quant à moi, devient maintenant ce choix, ce tri en aval de l'information pertinente, pour à peu près toutes les couches de notre société actuelle).

Il en appelle à un redressement des institutions pour accompagner ce changement. «Je vois nos institutions luire d'un éclat semblable à celui des constellations dont les astronomes nous apprirent qu'elles étaient mortes depuis longtemps déjà.» Et il le dit sans nostalgie aucune. Cette rupture indique un nouveau départ. «Je voudrais avoir dix-huit ans, [...] puisque tout est à refaire, puisque tout reste à inventer.»

Il faut tous avoir dix-huit ans, car on doit tout réinventer.

Référence

Petite Poucette, par M. Michel Serres, de l’Académie française

"Nous sommes à un tournant" Interview de Michel Serres, dans Ouest France

Les médias sociaux augmentent-ils la "morbide obésité des points de vue" ? Martin Lessard, Zéro Seconde.

Êtes-vous prêt pour le 21e siècle ?, Michel Cartier, Constellation W

Les maîtres à l'époque des blogues Martin Lessard, Zéro Seconde

Culture et éducation:l'invention d'un medium, Alain Giffard, blogue

L'école n'est pas du tout ce qu'elle pourrait être, Mario Asselin , Mario Tout de Go

L'éducation au 21e siècle, rapport de l'UNESCO, où la Commission suggère 4 « piliers » pour l'éducation : apprendre à vivre ensemble, apprendre tout au long de la vie, apprendre à affronter une variété de situations, et apprendre à comprendre sa propre personnalité.

Les médias sociaux augmentent-ils la "morbide obésité des points de vue" ?

«Aussi curieux que cela puisse paraître, les médias n'ont pas la capacité de clarifier les débats» raconte Marc Angenot, professeur à l'Université McGill, «théoricien de l'argumentation», auteur de «Dialogue de sourds», dans un article de Stéphane Baillargeon ce matin, dans le Devoir «Dans le meilleur des cas, ils peuvent faire sortir le lièvre du trou, ce qui est déjà bien. Dans le pire, ils savent souffler sur les braises puisque, plus ça s'engueule, plus c'est excitant pour les médias. Seulement, ils n'ont pas le pouvoir de La Pravda pour dire ce qui est bien ou mal, et dans une société démocratique, c'est très bien ainsi.»

Chaud devantDans cet article portant sur le sens du débat, de la persuasion et de la conviction, il peut paraître curieux que les médias semblent impuissants à aider la population à «faciliter la réflexion».

Qui peut le faire, alors? Les intellectuels?

«Ce rôle très dernier-siècle serait pratiquement disparu avec le repli des universitaires dans leur tour d'ivoire surspécialisée.» suggère Baillargeon un temps. «Mais est-ce vraiment le cas? [...] les intellos parlent, constate-t-il, mais en vase plus ou moins clos. Ou bien ils s'y prennent mal, ou bien leur parole n'est pas relayé [en raison de] la difficulté de percer les grands médias pour alimenter les débats» conclue-il en s'appuyant sur les paroles de Dominique Garant, professeur à l'UQAM.

Le débat sur le débat

Je ne suis pas sûr de ce que Garant avance en déclarant ça, mais s'il entend que le débat manque «de personnes compétentes» pour porter un «argument vraiment convaincant», comme on apporte l'arrosoir pour remplir la cruche, je ne suis pas sûr qu'on a réellement avancé sur cette question.

Angenot, dans son livre justement, Dialogue de sourds, souligne l'aporie d'en appeler à une autorité pour faire avancer le débat. Ce raccourci ne fait que repousser le moment où on se fait convaincre.

L'argumentation d'autorité est «un expédient: on n'a "pas le temps" de tout redémontrer, on renvoie à l'autorité établie.»[p.77] Pour accepter l'autorité de l'intellectuel dans le débat, il faut avoir a priori accepté son autorité, donc son point de vue, donc il n'y a pas de débat. On n'a qu'à laisser les intellectuels discuter entre eux, «dans leur tours d'ivoire surspécialisé»

L'autorité de l'autorité

Pas que j'en ai contre l'argument d'autorité, au contraire, mais je me demande, comme Angenot dans son livre, si tout débat sociétal n'est pas «un dialogue de sourds» où chacun campe dans sa position rhétorique. Tout de même, «[l]e monde raisonné et débattu est indémontrable ce qui ne dispense pas de raisonner avec autant de force que possible justement parce qu'aucune argumentation ne sera décisive» [p.426]

Les médias sociaux pour se réchauffer avant d'agir

Si les médias «n'ont pas la capacité de clarifier les débats». Que font-ils alors? Ils sont des relais, des brasseurs d'idées, des amplificateurs de signaux.

Tout média grand comme petit, institutionnel comme social, est un vecteur de propagation d'idées dans la société. Les médias sociaux, eux, ont accéléré le processus de diffusion. Ils permettent le «shared awareness» comme le dit Clay Shirky dans Political Power of Social Media, dans le dernier numéro du Foreign Affairs, c'est à dire l'habilité de chaque membre d'un corps social de non seulement comprendre la situation en cours, mais de savoir aussi que d'autres le sont aussi.

Ce que les médias sociaux ont apporté de nouveau est l'abaissement des coûts de distribution auparavant prohibitifs de certains messages «non mainstream». De là à dire que «les nouvelles technologies [favorisent] une suralimentation du débat, jusqu'à la morbide obésité des points de vue», il n'y a qu'un pas, que Baillargeon suggère comme question dans son article.

Agir avant que ça chauffe

On devra bien y répondre un jour, à cette question, maintenant que la démocratie a bouclé la boucle en permettant à ses citoyens de s'exprimer sur tout et son contraire; comme fait-on pour faire avancer le débat? Le réchauffement planétaire n'attendra pas que le dernier humain soit convaincu pour sévir.

Photo Source (c)

Classement des meilleurs blogues au Québec

Chaque mois, Wikio.fr offre un classement des blogues les plus populaires sur le web francophone, classé par thème (techno, droit, politique, loisir, etc.), et par pays. Le Top blog Québec sortira demain. Retrouver aujourd'hui, en exclusivité sur mon blog, le top 20 au Québec du mois de mars 2011.

La liste en primeur est une gracieuseté du gestionnaire de communauté de Wikio (c'était Vincent Abry qui avait eu le «scoop» le mois dernier). Une fois n'est pas coutume (je ne suis pas dans la "business du scoop" mais plus dans l'analyse), mais comme j'apparais en 19e position, ça fait plaisir.
Une belle manière, pour moi, de fêter mon 7e anniversaire de blogue la semaine dernière! J'ai écrit au delà de 1000 billets! Merci à tous ceux qui me suivent via mon fil RSS ou mon compte Twitter (3700 followers) et qui m'encouragent!
Top 20 blog Québec Mars 2011

1 [techno] Blog Marketing Web 2.0 et Techno, de Vincent Abry, infatigable veilleur de l'actualité techno 2.0

2 [techno] Descary.com, de Benoit Descary, autre infatigable et prolifique veilleur techno, un des plus grands influenceurs, notamment avec ses nombreux admirateurs sur Twitter (36 000 abonnés)

3 [recette] Les gourmandises d'isa. Avec Isabelle on manque jamais d'idées. À ne pas rater: sa recette de macaron au caramel !

4 [recette] Les plats cuisinés de Esther B. Avec Esther, aussi, les petits plats simples à cuisiner sont accessibles à tous. Je ne sais pas si c'est un hasard, mais les top 2 des gars sont technos et les top 2 filles sont recettes ;-)

5 [actu] Blogue Patrick Lagacé. Un des premiers journalistes à embrasser la mode des blogues.

6 [techno] Michelle Blanc. Doit-on encore présenter la «papesse des blogues»?

7 [techno] DominicArpin.ca, le patrouilleur du web, à votre service, pour vous faire découvrir l'insolite et le comique en ligne (et en vidéo).

8 [recette] Les mille et un délices de Lexibule. La bouffe à l'honneur, pour ceux qui ont la dent sucrée.

9 [actu ] Richard Hétu, correspondant de La Presse à New York.

10 [Livre] La bibliothèque d'Allie. La lecture à l'honneur et en dixième place. Média trad, prenez note!

11 [design] marevueweb Inspiration et ressource pour le design et le web

12 [recette] Le plaisir de la table. Les plaisirs gourmands à la portée de tous. Remarquez que le tiers des blogues sur cette liste sont consacrés à la bouffe.

13 [recette] Doumdoum se régale! À essayer, son pain blanc d'Amadou !

14 [télé] TVQC - La télé de partout vue d’ici. Téléphages, vous voilà servi!

15 [créatif] Tchoubi. Tchoubi aime le gâteau Royal, sa couverture chauffante, la lueur des bougies, l’odeur de la coriandre et du pain frais. Vous voilà en bonne compagnie!

16 [bibliothéconomie] Bibliomancienne, de Marie D. Martel, sur la philosophie, la littérature et les bibliothèques à l’ère numérique. La preuve par dix que les blogues sont pour les gens intelligents.

17 [cinéma] Hollywood, P.Q. Cinéphiles, vous n'êtes pas en reste !

18 [actu] Blogue de Richard Martineau. Polémiste qui n'a pas son blogue dans la poche.

19 [mon favori ;-] Zéro Seconde. Sur les impacts d'internet sur la société, les communications, nos vies. Depuis 2004. Laissez-moi un commentaire !

20 [actu] Le blogue de l'édito. Où on voit que La Presse a bien saisi comment les blogues pouvaient s'intégrer dans une logique éditoriale d'un journal. Dans ce top 20, trois proviennent de Cyberpresse.

Classement réalisé par Wikio

On remarque que le top 20, les technos, les recettes et les actualités dominent.