ZEROSECONDE.COM: août 2011 (par Martin Lessard)

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Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

BookCamp Montréal 2011

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«On ne peut pas balayer aussi vite la question»

Plusieurs commentaires de qualité à propos de mon (mes) billet(s) sur la soi-disant disparition des (grandes) idées, critique de «The elusive big idea», publié dimanche dans le NYTimes.

Comme j'ai écrit ma critique sur Triplex, Zéro Seconde et sur G+, les commentaires sont un peu dispersés. J'ai tenté de répondre quand je pouvais.

«Ta démonstration serait plus convaincante si»

Un commentaire a retenu mon attention, pour sa critique, sa pertinence (et l'autorité du commentateur). Et je la reposte ici pour mémoire (en donnant des fragments de réponses, tout en sachant qu'ils ne closent pas la question)

Sur Triplex, Jean-Michel Salaün, la première partie de son commentaire se lit comme suit:


«Ta démonstration serait plus convaincante si les exemples que tu donnes ne tournaient pas tous autour de la même question du rôle social d'internet. Et malgré leur intérêt - ce sont des blogues que je lis aussi régulièrement - ils sont difficilement comparables aux auteurs cités. Dès lors, il me semble que tu confortes plutôt involontairement l'argumentaire que tu critiques.»


J'avais cité Olivier Ertzcheid, Hubert Guillaud, Mario Asselin, Sébastien Paquet et Marie D. Martel. J'aurais pu citer aussi Vincent Olivier, Rémi Sussan ou Enkerli ou Lemire  Ou, pourquoi pas, Jean-Michel lui-même.

Mais son point reste toute fois encore valide. Ils sont tous très proches de ma sphère d'intérêt personnel (impact d'internet sur la société, avec un faible pour la science de l'information).

Par contre, je suis moins convaincu qu'ils ne produisent pas de grandes idées.

Mais si je me mets sur son terrain d'argumentation, je ne devrais pas enligner Asselin et Einstein sur le même niveau (si le premier a révolutionné une école primaire dans la ville de Québec, le second a redéfini le temps et l'espace pour toujours). Soit.

Par contre, si j'avais cité des auteurs anglophones, disons Shirky, Anderson ou Tapscott, je serais déjà au niveau de McLuhan. Et je ne conforterais pas nécessairement involontairement l'argumentaire que je critiquais.

Shirky, Anderson et Tapscott ont les caractéristiques requises, je crois, pour être de ces intellectuels qui pondent des grandes idées. Mais principalement parce qu'ils sont anglophones et qu'ils intéressent déjà les grands médias -- ils ont donc une plus grande portée que ceux de ma liste.

Dans l'argumentation initiale, la notion de «grande idée» découlait de sa popularité -- donc de sa grande diffusion. Et ceux qui ont accès aux grands médias ont de grandes idées? Ou ne serait-ce pas un effet autoréalisateur?

Les idées qui ne plaisent pas au centre restent en périphérie et n'acquièrent pas le statut de grande idée...

«on ne peut pas balayer aussi vite la question»

La deuxième partie de son commentaire sera pour moi matière à réflexion future --probablement des billets à venir sur Zéro Seconde.


«Même si la nostalgie d'une génération pour la grandeur passée de ses idées est un classique de toutes les époques. Il me semble que l'on ne peut pas balayer aussi vite la question de la rapidité de lecture, du déplacement de l'autorité et du rôle de l'intellectuel sur l'internet.»


Bon, je vois qu'on ne me laissera pas m'en sortir aussi facilement ;-0

Pour amorcer la réflexion, je me mets quelques notes, qui sont des pistes de départs (et non des conclusions). J'essayerai d'y répondre plus formellement une autre fois...

Rapidité de lecture

Lire et écrire Internet : définition, enjeux et évaluation des littératies numériques, Emmanuel Duplaa


Déplacement de l'autorité

Autorité et pertinence vs popularité et influence : réseaux sociaux sur Internet et mutations institutionnelles, Olivier Le Deuff, 2006


Rôle de l'intellectuel sur Internet

Rencontre débat : Les intellectuels s’engagent-ils sur Internet ? Avec Jean-Marie Colombani et des sociologues des médias réunis le 16 novembre 2010.

D'autres pistes?

La longue traîne des idées

Un article dans le New York Times de dimanche, «The Elusive Big Idea»  a attiré mon attention -- et celui de bien d'autres.

C'est un constat du déclin des «grandes idées» dans la société en général : les idées qui circulent aujourd’hui seraient plus ténues que par le passé.

Une «grande idée», c'est ce qui déclenche de passionnants débats, stimule l’esprit, engendre révolution et changement de perception dans la façon de voir et penser le monde.

Par exemple Einstein et sa théorie de la relativité, ou McLuhan et son «le médium est le message».

Évidemment, et c'est la faute à la surabondance de l'information, Internet, le web et les réseaux sociaux étouffent les grandes idées et polluent celles des penseurs.

On ne se contenterait plus que de se regarder tweeter à propos de sandwich que l'on mange ou d'émissions de télé que l'on écoute.

«Où se trouvent les grandes idées aujourd'hui?» J'ai écrit un billet sur Radio-Canada/triplex pour y répondre et remettre les pendules à l'heure.

L'Ancien Monde est mort

La logique de l'auteur est fallacieuse. Ce qu'il déplore, en fait, ce n'est pas la disparition des idées, mais bien que les idées ne soient plus propagées sur une grande échelle par les médias de masse.

Ou plutôt que les grands médias n'ont plus la même influence qu'avant pour imposer leurs idées. Ce qui revient au même.

Les idées n'ont plus besoin des grands médias pour se propager. Elles se propagent par les petits médias, les médias sociaux.

Les «curateurs» trient et filtrent, bien comme mal, les informations jugées pertinentes par eux et pour leur réseau.

Ce n'est plus les grands médias qui décident de ce qui va changer le monde -- et donc de désigner les «grandes idées». Une idée n'a pas besoin d'être brandé «big idea» par les «big medias» pour stimuler l'esprit, engendrer des révolutions et changer notre perception du monde.

Continuer la réflexion ici:

The (actual) future of the Big Idea Nieman Jourmalism Lab
If Big Ideas Are Elusive, Blame The New York Times, The Faster Times
The Big Idea is Alive and Well, Rickliebling

PS: j'ai publié une précision ici suite au commentaire de JM Salaün sur Triplex

Question de ratio

Il y a 50 ans, écrivait Seth Godin cette semaine sur son blogue, le ratio était de 1 000 000 à 1. Pour chaque personne dans les médias, il y a 1 million de spectateurs. Ce ratio diminue depuis des années.

La majorité des gens étaient en mode consommation. Peu étaient des créateurs de contenu.

100000:1 Les magazines ont ramené ce ratio à 100 000 pour 1. Un rédacteur d'un grand magazine pouvait espérer avoir un impact sur beaucoup de monde.

10000:1 Les canaux spécialisés sur le câble et les magazines spécialisés font baisser ce ratio à 10 000 à 1, continue de raconter Godin. Il est possible de cerner davantage les intérêts particuliers.

1000:1 Puis vient le temps des blogues et des podcasts, de YouTube et de Twitter, où chacun peut maintenant espérer avoir une audience de 1000 personnes.

Tendre vers zéro

Godin se demande à la fin de son billet à quoi peut ressembler un ratio qui tendrait vers zéro.

Je crois qu'on peut lui répondre ceci:

100:1 ? Probablement Facebook.
10:1 ? À n'en pas douter, c'est le courriel.
1:1 ? Hé bien c'est FaceTime. Mais là, le téléphone l'a devancé depuis plus de 100 ans...

Pourquoi s'arrêter en si bon chemin?

À quoi ressemblerait un ratio inverse? C'est-à-dire zéro lecteur et un créateur?

0:1 ? Un iPod branché à un Nike! Vos baskets vous renseignent sur votre état de santé ou d'avancement dans vos entraînements...