«RIP Facebook» est un mot clé qui domine ce soir sur Twitter, partout sur la planète, avec plus de 8000 tweets à l'heure. Pourquoi? Probablement à la blague. «RIP Facebook Say Hi To Myspace For Me, Sincerely Twitter.» Depuis que Facebook est sortie qu'on annonce sa mort! Mais il y a un fond de vérité pour que le mème ressorte ces temps-ci.
Dans sa chronique de mercredi Michel Girard, de La Presse, section Affaires, y va d'un titre mordant: «Farcebook». Il nomme ainsi les soubresauts à la bourse des actions de Facebook qui ont perdu entre 25 et 30 % de leur valeur. Regardons de plus près.
Mise à jour du lendemain:Il faut croire que je ne suis pas le seul à penser ça,«Farcebook»
Fred Cavazza vient de faire suivre sur Twitter un lien vers l'article du Business Insider:
«Facebook Looks Weak To Rivals, And They Are Going In For The Kill» (1er juin)
où on dit que, maintenant, c'est le temps de commencer le pillage de talent chez Facebook!
"Facebook is no longer the upstart. It is now the middle aged man with a stock crisis. [...] Now is the time for all the other companies to strike against Facebook in the war for talent."
Dans sa chronique de mercredi Michel Girard, de La Presse, section Affaires, y va d'un titre mordant: «Farcebook». Il nomme ainsi les soubresauts à la bourse des actions de Facebook qui ont perdu entre 25 et 30 % de leur valeur. Regardons de plus près.
«Farcebook» parce que M. Girard déplore le «visage à deux faces» des principaux actionnaires de Facebook dans le cadre de l'introduction du titre en bourse il y a deux semaines.
Pourquoi les qualifie-t-il de visages à deux faces?
- Parce que l'appel public à l'épargne à 38 $ l'action avait pour but premier de «permettre à ses hauts dirigeants et importants actionnaires de passer à la caisse»
- Parce que les dirigeants ont vanté «à tour de bras le potentiel extraordinaire de leur entreprise auprès des investisseurs potentiels alors que l'objectif ultime était de liquider une partie de leurs actions à prix exagéré»
- Parce que les dirigeants n'ont pas hésité à vendre leurs actions (57%, plus exactement) dans les premiers instants -- se débarrasse-t-on de 57% de la poule aux oeufs d'or?
- Parce que les principales banques d'affaires et maisons de courtage (Morgan Stanley, J.P. Morgan, Goldman Sachs&Co) «devaient se douter qu'à un prix de 38,00$US, l'action de Facebook allait tôt ou tard faire l'objet d'une sévère correction.» (ce qui leur a permis de rapporter la «jolie somme de 176 millions US, juste en commissions.»)
- (source)
L'appât de gain sans effort a séduit ceux et celles qui croyaient investir dans l'eldorado numérique.
Dessin de Tom paru dans Trouw (via) |
Mais que va-t-il se passer avec Facebook maintenant qu'il est coté en bourse?
Tentons un pronostic:
- La pression énorme et démesurée des actionnaires, pour retrouver leurs billes, fera en sorte de chauffer à blanc la compagnie afin qu'elle produise de revenus, vite.
- Immanquablement ces revenus ne seront pas à la hauteur des attentes démesurées des actionnaires
- Cette déception fera probablement baisser le prix des actions
- La baisse sera telle, qu'elle suscitera l'envie d'un géant d'acheter Facebook
Concrètement, qu'a Facebook pour éviter un tel scénario?
La publicité? Peut-être, mais pas sûr.
Les revenus ne sont pas encore à la hauteur des attentes démesurées des actionnaires. Un article du WSJ rapporte que plusieurs compagnies émettent des doutes sur la valeur des pubs sur Facebook. GM, 3e publicitaire aux É.-U. a carrément cesser de mettre de la pub sur Facebook (lire mon billet sur Triplex). Et encore, PCWorld ajoute même que les publicités sur Google sont 10 fois plus efficaces que celles de Facebook.
Le mobile? Peut-être, mais pas sûr.
Des rumeurs circulent sur le rachat d'Opera, le navigateur chouchou sur les mobiles. Mais qui vient avec une facture salée de plus de 1 milliard $. Ou, encore, cette rumeur d'un téléphone Facebook. Rumeurs qui n'ont pas convaincu les marchés. En fait, ces deux solutions sont des "solutions achetées", donc qui demandent de disperser les ressources financières. À une semaine après l'entrée en bourse, il est un peu tard pour annoncer que les solutions ne sont pas à l'interne…
Face.com? peut-être, mais pas sûr.
La rumeur d'acquisition du logiciel de reconnaissance faciale a peut-être du bon pour les investisseurs : associer ce logiciel avec la plus grande base de données d'individus sur Terre, c'est probablement de la musique aux oreilles des investisseurs. Mais pour les usagers, je ne sais pas, c'est peut-être le début d'une intrusion dans la vie privée insupportable (une de plus).
Je mets toujours en garde mes clients quand je les vois se précipiter pour ouvrir une page Facebook. Premièrement, ce ne doit pas être un objectif en soi, mais une tactique qui découle d'une stratégie qui découle des grandes orientations de l'entreprise. Et s'ils y vont, je fais toujours attention pour bien leur faire comprendre qu'ils ne doivent pas tout miser sur cette plateforme sur le long terme. Et je sais que je ne suis pas le seul à penser comme cela
Est-ce un bon signe pour Facebook que ce genre de recommandation circule de plus en plus?
Que conclure de cette farce à la bourse de Facebook.
- Que la bourse suive un chemin qui est différent de la réalité des usagers est un fait.
- Que ceux qui ont investi dans Facebook sur la base du succès populaire de la plateforme n'ont pas nécessairement tout compris les enjeux
- Que, oui, évidemment le mobile est l'avenir de Facebook (s'ils arrivent à prendre le tournant).
Mais qu'un titre qui se voit négocié entre 75 et 100 fois les bénéfices est assurément surévalué. C'est à l'image du temps. Avoir ou se faire avoir.
Liens:
«Farcebook» (La Presse)
Un Facebook Phone en 2013 ? Ce serait un pari très risqué (Nouvel Obs)
GM fait un pied de nez à Facebook (mon billet sur Radio-Canada)
The inside story: How Facebook panicked and botched its IPO (merci Sylvain pour le lien)
«Farcebook» (La Presse)
Un Facebook Phone en 2013 ? Ce serait un pari très risqué (Nouvel Obs)
GM fait un pied de nez à Facebook (mon billet sur Radio-Canada)
The inside story: How Facebook panicked and botched its IPO (merci Sylvain pour le lien)